Le Rassemblement National doit refuser de s’allier avec Les Républicains
Depuis dimanche soir, toute la France est prisonnière du chant du cygne des Républicains.
Chaque cadre du parti de droite y va de son initiative afin de répondre à la hantise de la disparition du parti que semble annoncer le score de 8,5%.
Gérard Larcher, Valérie Pécresse, Geoffroy Didier, tous en appellent à « une ouverture vers le centre » – d’aucuns les accusent de trahison.
Mais, au fait, qu’ont-ils trahis ?
En allant vers le centre, ils semblent pourtant être dans la droite lignée de ce que fut l’UMP. En allant vers le centre, ils ne font que suivre les 27% d’électeurs de François Fillon à l’élection présidentielle de 2017 qui ont choisi de voter pour la République en Marche aux élections européennes de 2019.
Ce choix est un choix de classe.
Le sort de la France, de la Nation, du destin collectif qu’est un peuple, n’y pèse rien. La bourgeoisie de droite a voulu assurer son statut social en apportant son soutien à Macron. Leur vote est un remerciement adressé au Président de la République pour la répression dans le sang des gilets jaunes.
La seule question qui se pose depuis dimanche, c’est de savoir si les cadres des Républicains suivent leur électorat, ou s’ils restent dans le no man’s land qui sépare LREM et le RN. En finissant à LREM, les cadres LR ne trahiront rien, mais feront au contraire le choix de la cohérence.
Car La République en marche, ce n’est que l’unification de l’UMPS d’autrefois.
Macron a pris les voix de la gauche en 2017, en faisant disparaître le Parti Socialiste.
C’est au tour de la droite, en voie de « solférinisation. » (Erik Tegnér)
(Source : https://twitter.com/tegnererik/status/1133061941327540224)
En lançant un appel aux maires de droite en vue des municipales, Emmanuel Macron vient de signer l’arrêt de mort des Républicains.
En 2022, l’UMPS sera enfin un Parti unique.
Ce processus est en cours depuis 2002 sous le nom de code de « Front républicain ».
À l’échelle de l’histoire, le rejet du Front National n’aura été que la justification de l’unification de la bourgeoisie de gauche, du centre et de la droite, contre le peuple.
* * *
Parmi les Républicains, d’autres personnalités semblent, en apparence, proposer une voie différente en appelant à « construire une grande alliance des populistes et des conservateurs en tendant la main au Rassemblement national. » (Erik Tegnér)
(Source : https://twitter.com/tegnererik/status/1133049998508208130)
La fameuse « union des droites ».
La question que personne ne se pose, c’est : que veulent-ils ?
Pourquoi veulent-ils s’allier avec le Rassemblement National ?
Que vont-ils venir y faire ?
Rien : ils ne veulent pas aller à la droite nationaliste, c’est-à-dire rejoindre ces idées, mais faire venir la droite nationaliste à eux, c’est-à-dire lui imposer leurs idées.
C’est Geoffroy Lejeune, sur RT France,qui a révélé la supercherie de « l’alliance avec le Rassemblement national » :
« Je pense que la seule stratégie valable, c’est d’essayer de faire exactement ce que Mitterrand a essayé de faire avec le Parti Communiste quand il a voulu créer cette Union de la gauche pour devenir Président de la République. Et lui avait réussi, c’est-à-dire s’allier avec plus fort que soi - avec le Rassemblement National qui, aujourd’hui, est plus fort que les Républicains -, proposer une alliance dans laquelle le Rassemblement National n’aurait pas de candidats à la présidentielle, mais un programme de gouvernement et un certain nombre de ministères attribués au Rassemblement National. Aujourd’hui, je pense que c’est stratégiquement, tactiquement, le seul moyen pour la droite d’essayer d’imaginer de remporter la prochaine élection présidentielle. »
Source : https://www.youtube.com/watch?v=n3X6a90fOKg (1:25-1:54).
Les partisans de l’ouverture au Rassemblement National ne le font que dans l’espoir de prendre les voix du RN sans avoir à en appliquer les idées.
Or, quelles sont les idées des Républicains ?
Libérales et conservatrices, confortablement appuyées sur le socle d’une sociologie bourgeoise.
Or, le problème, c’est que le Rassemblement National n’est ni libéral ni conservateur : il est nationaliste.
À force de les entendre tourner en boucle dans tous les médias, les Républicains ont fini par croire les calomnies de la gauche à l’encontre des électeurs du Rassemblement national : tous des réactionnaires !
Le nationalisme n’est pas par nature réactionnaire, il a bien souvent été porteur de progrès dans son histoire. D’ailleurs le nationalisme est déjà en lui-même une idéologie moderne. Par ailleurs, les idées réactionnaires (par exemple, sur l’IVG, l’euthanasie et le mariage homosexuel) ne sont pas populaires chez les français, et pas davantage chez les électeurs du Rassemblement National. À l’inverse, elles le sont chez les Républicains. En 2013, le refus de Marine Le Pen de défiler dans la Manif Pour Tous était en phase avec son électorat. Le Rassemblement national n’a pas une vision conservatrice des mœurs. Par conséquent, les réactionnaires sans parti fixe n’y trouveront pas leur place.
En outre, la droite bourgeoise et la droite nationaliste ne sont pas compatibles. Pour l’une, il faut supprimer, ou du moins abaisser drastiquement, les aides sociales. Pour l’autre, il faut les réserver aux nationaux. L’une fait primer l’appartenance de classe, l’autre fait primer l’appartenance à la Nation. Le programme thatchérien de François Fillon est le contraire d’un programme nationaliste. Rappelons la célèbre phrase de la Première ministre britannique, qui sert de titre au dernier livre de Christophe Guilluy : « There is no society ». Il n’y a pas de peuple sans solidarité, c’est la solidarité qui soude un peuple. Dans la devise de la République française, c’est le terme de fraternité qui résonne le plus avec une politique nationaliste – et non pas la liberté (du commerce), ou encore l’égalitarisme.
C’est pourquoi, en vérité, si l’on y réfléchit, les cadres républicains qui prônent un rapprochement avec le Rassemblement national en sont les pires ennemis.
Que doit faire le Rassemblement National ?
Rappeler que son principe suprême est l’intérêt supérieur de la Nation, de la France et des français.
C’est seulement à l’intérieur de ce cadre que les bourgeois de droite peuvent rejoindre le Rassemblement National : en soumettant leur intérêt personnel à l’intérêt de la Nation.
Le RN n’a rien à négocier avec LR : 8% ne doivent pas imposer leur ligne politique à 24%.
Au lieu de conclure une alliance avec un parti en décrépitude, le RN doit creuser le vide entre LREM et lui-même.
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Les Républicains nous cassent les oreilles – mais ce n’est que le chant du cygne, le dernière résistance avant la mort
Quoi qu’ils décident, les Républicains vont disparaître définitivement de la vie politique française.
Et ça ne peut être qu’une bonne chose pour la France.
Le Rassemblement National n’a qu’à « laisser les morts enterrer leurs morts » (Matthieu 8, 21).
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