Le revirement polonais pour l’achat de sous-marins Scorpène...
Le gouvernement polonais a sollicité la DCNS pour la fourniture de trois sous-marins Scorpène 2000, des corvettes Godwin 2500, et des dragueurs de mines pour un contrat estimé à plusieurs milliards d'euros assortie d'une fabrication locale et d'un transfert de technologie..., alors que son vice-ministre de la Défense a déclaré en octobre 2016 : « Ce sont les gens [les Français] à qui nous avons appris il y a quelques siècles à manger avec une fourchette, ce qui explique peut-être leur comportement aujourd'hui » ; déclaration faisant suite à l'annulation de l'invitation officielle adressée à Varsovie au salon Naval du Bourget en rétorsion à l'’annulation du contrat signé avec Airbus Helicopters pour la fourniture de 50 Caracal d'un montant de plus de 3 milliards d'€.

La francophilie polonaise a vécu. Après avoir été membre du Pacte de Varsovie et nous avoir espionné (réseau Z), espérons que l'engagement polonais auprès de l'OTAN est plus fiable et sincère que les contrats que la Pologne signe avec leurs partenaires, à moins d'en revenir à la politique de la marine à voile et à vapeur ;-)). La Pologne qui consacre 2.1 % de son PIB au budget de la défense, participe au renforcement du verrou maritime nord-ouest de l'OTAN, mais la doléance n'est pas dénuée d'arrière pensée mercantile. La Pologne espère mutualiser sa demande d'achat (programme Orka) avec celle de la Norvège qui souhaite, de son côté, acquérir six sous-marins...
Au début des années cinquante, l'URSS était quasiment absente des mers et océans. Il faut attendre 1956 pour que les thèses de l'amiral Gorshkof sur l'importance d'une puissance maritime, soient suivies d'application. Au début des années soixante, la flotte soviétique reste encore cantonnée à proximité de ses côtes, en 64 une escadre soviétique permanente s'installe en Méditerranée, quatre ans plus tard elle est pénètre en Océans Indien, et en 74, la marine soviétique est présente sur toutes les mers et océans du globe.
L'URSS est enclavée entre l'Arctique et l'Asie méridionale, et ses débouchés maritimes sont limités. Pour rejoindre l'océan Atlantique, elle se doit de franchir les détroits des pays baltes et emprunter la mer de Norvège - l'accès à l'océan Pacifique passe par la mer du Japon - l'océan Indien lui est accessible par le canal de Suez et le Golfe d'Aden - la mer Noire reste tributaire de la mer Méditerranée. La flotte de la Baltique (Leningrad) et celle de la mer Noire à Sébastopol (Crimée) sont tributaires des détroits. Seule la flotte du Nord (Mourmansk), et dans une moindre mesure, celle du Pacifique (Vladivostok), peuvent être considérées comme de véritables flottes océaniques de par leur force et leur emplacement donnant accès à la haute-mer. Les flottes de la mer Noire, de la Baltique et la flottille de la Caspienne n’ont qu’une importance régionale et la dispersion des flottes s'oppose à des actions communes rapides.
Au vu de ces quelques éléments, on comprend l'importance de : souveraineté, de la géographie, de l'hydrographie, de la météo, des réserves halieutique, énergétique (l’océan Arctique, avec 2 millions de km² non attribués, représente 30 % de réserves mondiales de pétrole !) et des accords politiques. Ce n'est pas sans arrière pensée qu'une expédition russe a planté, le 2 août 2007, un drapeau sous le pôle Nord. Des zones entières sont disputées entre la Russie, le Canada, les États-Unis, la Norvège, le Danemark et le Groenland. L’intérêt stratégique du verrou Arctique Nord-Ouest (13 500 km) reliant les mers de Béring et du Labrador s'est renforcé avec la fonte de la calotte glacière qui a ouvert une nouvelle voie. La présence de bases russes en Arctique lui permet d'augmenter le rayon d'action de sa flotte.
La zone scandinave délimitée par la Baltique (bordée par : la Finlande, la Suède, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, l'Allemagne et le Danemark), la mer de Norvège, et la mer de Barentz, représente le point névralgique du flanc Nord-atlantique, et la Pologne pourrait représenter une force d'appoint. En mer Baltique, la flotte est obligée d'emprunter le Sund et les détroits situés entre le Danemark et la Norvège, et plus au nord, l'océan Arctique recouvert une grande partie de l'année par la banquise, où seuls les sous-marins peuvent y opérer en permanence, la flotte de surface se devant d'emprunter le canal de Barentz baigné par le Gulf Stream. Il n'est donc pas étonnant que les Russes misent sur leurs SNA et SNLE, pour accéder à l'océan Atlantique, dont le taux de disponibilité et de rotation reste très faible, aux environs de 10 % contre 50 % pour les États-Unis.
Si la Russie est devenue la deuxième puissance navale, elle a perdu dans les années quatre-vingt-dix : 80 % de ses SNLE, 50 % de ses bases, 40 % de ses navires, et accumule les incidents et retards de mise en service de ses bâtiments. Les « Faucons » entendent-ils renouveler le coup de poker de la Guerre des étoiles qui a contribué à l'implosion de l'URSS ? La Russie de Vladimir Poutine s’est lancée dans un programme de modernisation qui a englouti près de la moitié du budget dans la construction de trois sous-marins de la classe Borei, du missile intercontinental Boulaya, et la modernisation des sous-marins Delta IV (missile Topol-M) ! Les dépenses sont soutenables en fonction des revenus tirés des hydrocarbures, car la moindre baisse d'un dollar sur le baril d'or noir entraîne une perte d'un milliard de dollars...
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