Le(s) erreur(s) de Copé
Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy se trompent ou veulent tromper quand, méconnaissant la règle du scrutin uninominal à 2 tours - « au premier tour on choisit, au second on élimine » - ils affirment qu'au premier tour, il y avait 9 candidats contre 1 et qu'au second tour, l'équilibre serait rétabli, ce serait 1 contre 1.
Au premier tour, 10 candidats se disputaient l'ensemble des électeurs, chacun essayant d'en séduire ou d'en convaincre le maximum. Pour cela, chacun devait faire entendre sa différence non seulement avec Sarkozy mais avec tous les autres candidats... Ce n'était pas 9 contre 1 mais « chacun pour soi ».
Sarkozy, en tant que sortant, pouvait être une cible de choix. C'est ce qu'il a voulu en neutralisant les autres candidats éventuels de la majorité les Borloo, Morin et autre de Villepin... Heureusement d'ailleurs car, s'ils avaient été candidats, il aurait été éliminé dès le premier tour.
Quant aux candidats en piste, ils n'avaient pas à combattre seulement Sarkozy. Marine Le Pen et François Bayrou s'en prenaient également à Hollande et Sarkozy, Mélenchon attaquait autant Marine Le Pen que Sarkozy. Et les « petits » candidats, dans les quelques minutes dont Sarkozy regrettait de les voir bénéficier, ils avaient fort à faire pour se faire enfin connaître et dénoncer tous les autres...
Au premier tour, 75% des électeurs ont préféré un autre candidat que Sarkozy.
Au second tour, les choses sont bien différentes. En dehors du candidat Hollande, parmi les cadres politiques, rares sont ceux qui ont intérêt à un succès de Sarkozy même s'ils le soutiennent du bout des lèvres.
Marine Le Pen et François Bayrou ont tous les deux, pour des raisons semblables et de sens opposé, intérêt à l'échec de Sarkozy qui entraînerait, espèrent-ils, un éclatement de l'UMP entre la droite extrême et la droite plus modérée. Marine Le Pen, dédiabolisation réussie, pense devenir la colonne vertébrale de la droite dure qui regrouperait l'extrême droite et la droite extrême. Ce qui semble correspondre aux désirs d'une bonne partie des membres de l'UMP.
François Bayrou rêve de regrouper tous les centristes. Ceux de l'UMP, ceux qui n'ont pas osé faire le saut au premier tour... Aura-t-il l'autorité nécessaire ? En tout cas, l'éclatement de l'UMP après une défaite de Sarkozy lui donnerait une chance...
Pour le moment Jean-François Copé tient le parti... mais devant sa droitisation qui risque de mener à l'éclatement, déjà, Alain Juppé s'est proposé pour lui succéder et essayer de renouveler son expérience et maintenir l'unité de l'UMP...
En tant que candidat déclaré, depuis longtemps déjà, pour 2017, Jean-François Copé a tout intérêt à une défaite de Sarkozy. En 2017, il n'aurait pas à assumer, même avec modération, le bilan de ce second quinquennat de Sarkozy. Il serait plus à l'aise en attaquant le bilan d'un quinquennat de gauche...
Encore faudrait-il qu'il soit capable de maintenir l'unité du parti, tiraillé entre une vrai droite dure à laquelle il colle et où il sera concurrencé par Marine Le Pen et un centre rénové avec François Fillon, François Bayrou....
Que ce soit par une victoire ou une défaite de Sarkozy, l'aventure de Copé est risquée...
Alors Copé collé ?
Il faut attendre d'abord le 6 mai et les mois qui suivront avant le nouveau verdict de 2017. Mais tout cela est spéculation de cadres. Restent les événements économiques et sociaux et le choix des électeurs qui peuvent être inattendus.
Au premier tour les électeurs ont désigné leur candidat préféré. Au second, ils diront quel candidat, ils ne veulent absolument pas !
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