Le sage et son doigt
Un proverbe chinois dit : « quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt ». Oui, mais qu’arrive-t-il quand le sage est un idiot ? Réponse : il montre son doigt.
Voici donc Zemmour, notre nouveau Savonarole. Pisse vinaigre, moine incendiaire, excommunié puis à son tour jeté au bûcher. Tout ce que le PAF compte d’intellectuels flambeurs et de donneurs de leçons en pyromanie se met à crier au feu. Ils ont chaud aux fesses. Ils crachent tout ce qu’ils ont de salive sur les flammes pour les éteindre. Si Zemmour ne peut plus parler (alors qu’on entendait plus que lui depuis des mois) c’est donc la liberté qui brûle !
Car on l’accuse d’avoir dit ce qu’il n’a pas dit ! Et, comble du stalinisme, on l’accuse de ne pas le regretter. Mais qu’a-t-il dit ? En substance : c’est peut-être irréaliste de penser mettre des millions de personnes dans des bateaux, mais l’histoire est parfois surprenante... Et que l’a-t-on accusé d’avoir dit ? D’avoir appelé à la déportation des musulmans.
Il l’a dit ou pas ? Non, il ne l’a pas dit. Enfin, il l’a dit sans le dire… Mais on ne peut pas l’en accuser ! Il a fait un peu comme ces blagues qui servent à dire sans dire. Vous savez, du genre : « tu connais le triathlon pour les arabes ? C’est Paris-Melun à pied, Melun-Marseille en vélo et Marseille-Alger à la nage. Ouarf !
Bon, avouons-le : on n’a pas lu le livre de Zemmour, « Le suicide français ». Mais on a pu lire certains extraits, et franchement, ça ne donne pas très envie. Allez, au hasard : « L’avilissement des soldats dans la boucherie de la Première Guerre mondiale encouragea les hommes à jeter aux orties le fardeau qu’ils avaient entre les jambes. » Ah, d’accord… Les anciens combattants de 14, ils sont revenus non seulement mutilés et gazés (quand pas morts) mais en plus ils avaient perdu leur virilité en se battant. Mais bien sûr.
Ce qui est drôle, c’est que Zemmour est finalement un pur produit de son époque, notamment à travers une tare qui s’est tellement généralisée qu’on n’y fait même plus attention : il psychologise. Un exemple : « A partir du moment où la puissance paternelle est abattue par la loi, le matriarcat règne. L’égalité devient indifférenciation. » Et plus loin : « Le capitalisme détruit toutes les limites et les contraintes érigées par le nom du père autour de la cellule familiale ». Indifférenciation, nom du père… Bon sang, mais c’est bien sûr ! C’est du Lacan ! En même temps, on se dit que Freud aurait suffit. Vous savez : la petite fille qui désire le pénis de son père pour être un garçon et lui faire un enfant. Ou l’inverse, enfin bon…
Le souci, avec cette tendance à vouloir tout psychanalyser n’importe comment, c’est qu’on finit par se prendre les pieds dans le tapis et par parler… de soi ! Pour Zemmour, la vie s’est arrêtée en 1969, à la mort du général. Il avait 14 ans. Plus de chef, plus de père. Hmmm… C’est intéressant... Monsieur Zemmour, et si vous nous parliez un peu de ce néant, de ces idées de suicide qui vous obsèdent ?
17 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON