Le sarkozisme est un opportunisme !
L’opportunisme prend tous les visages : celui de l’appel de Fillon à l’unité nationale, avec une Marseillaise sifflée qui vient à point nommé quand il s’agit de faire adopter les idées de Brice Hortefeux par l’Europe. Celui d’une urgence financière décrétée qui tombe à pic pour faire voter sans réflexion et sans garanties des sommes colossales pour aider les fautifs de la crise qui n’auront pas de comptes à rendre à l’Etat et géreront eux-mêmes le système.
La Marseillaise sifflée ? On savait qu’elle allait être sifflée. C’est d’ailleurs pour cette raison que les organisateurs ont procédé à des réaménagements de dernière minute, mais le match a été maintenu et, mieux, on a laissé siffler l’hymne national jusqu’au bout sans prendre de décision. Quelle aubaine pour le pouvoir qui peut légitimer sa politique d’immigration, et désigner encore des boucs émissaires ! Un petit clin d’œil au Front national à travers les propos irresponsables de Bernard Laporte. Et au bout du compte, des mesures idiotes décidées par le gouvernement et qui seront difficiles à mettre en œuvre. Si l’on voulait faire respecter l’hymne, le moyen le plus judicieux serait de réclamer le silence dans le stade avant de l’entonner, puis d’augmenter le volume des haut-parleurs progressivement pour rappeler au respect les siffleurs avant que l’incident ne prenne l’ampleur d’un phénomène de foule incontrôlable. Incontrôlable, c’est ce que sera la situation lorsqu’il s’agira d’évacuer avec renfort des forces de police. Aux abords du stade, la sécurité sera assurée, mais les supporters, déçus par l’annulation du match, risquent fort d’aller passer leurs nerfs dans les rues de la ville.
L’unité nationale ? Il est indécent d’en appeler à l’unité nationale quand la solidarité nationale est foulée au pied. Rappelons pour mémoire le paquet fiscal et le financement du RSA auquel ne prêtera pas main forte la catégorie des riches bénéficiaires du bouclier fiscal. Alors que l’argent coule à flots pour les banquiers et les boursicoteurs, la solidarité nationale sera largement sous-financée dans le budget 2009 de l’Etat. La non-politique du logement de Mme Boutin provoque une levée de boucliers (non fiscaux) au sein de la - pourtant conservatrice - assemblée du Sénat. La politique de la ville connaît le régime des vaches maigres, mais surtout elle servira les amis et desservira les opposants politiques. Tant pis pour les banlieues qui sont supposées recevoir les fonds en fonction de critères plus objectifs et plus cruciaux. Le RSA sera sous-financé, faute de recettes suffisantes votées et risque de ne pas régler grand-chose alors que l’aggravation imminente de la crise économique aurait dû inciter à mettre le paquet (non fiscal). La faim dans le monde est oubliée : un enfant meurt de faim toutes les 5 secondes (entendu à la télé ce matin) !
Il y a de l’opportunisme à vouloir resserrer les rangs en agitant la crise. Or, l’unité nationale ne repose pas uniquement sur le regroupement face au danger, mais aussi sur la solidarité des citoyens. Mais le pouvoir a gagné en recourant à la solidarité forcée des citoyens pour les banquiers. Or, la solidarité ne se force pas et encore moins unilatéralement au profit de quelques-uns ou sur exemption des plus aisés. Le pouvoir finira probablement par le comprendre à l’occasion d’un prochain retour de bâton...
Quand rien ne va plus sur le plan social (licenciements, appauvrissement), que les ménages surendettés sont de plus en plus nombreux (712 000 ménages en juin 2008), que le pouvoir d’achat est en berne avant même d’avoir abordé la crise qui nous attend, que les caisses de l’Etat sont vides parce que vidées précipitamment avec le paquet fiscal dès le début du quiquennat, que l’argent des Français est mis en gage pour permettre aux acteurs de l’économie virtuelle de continuer à jouer leur jeu dangereux, que faut-il penser ? Quand ces sommes colossales auront disparu au fond du bas troué de la finance, que restera-t-il pour aider l’économie réelle ? Plus rien sans doute sinon nos impôts !
J’ai l’impression que les politiques sont fascinés par la Bourse et sont perdus dans un monde virtuel qui les égare loin de la réalité. Qu’ils ne viennent pas encore s’étonner que la jeunesse se gave de jeux vidéo et d’internet : il y a longtemps que la jeunesse est en souffrance, qu’elle a perdu l’espoir dans le monde réel et qu’elle remédie de cette façon à sa crise.
En France, tout commence et tout finit pas des chansons, dit-on. Ce ne sera pas La Marseillaise, mais un air connu chanté par Dutronc et que je trouve étrangement d’actualité. Ce ne sera pas Krach boum hue, texte qui aurait pu servir d’illustration aux fastes indécents des dirigeants financiers des entreprises aidées par les Etats. "C’est le krach : on fait la fête avec votre argent !" Non, ce sera L’Opportuniste :
Je suis pour le communisme
Je suis pour le socialisme
Et pour le capitalisme
Parce que je suis opportuniste
Il y en a qui contestent
Qui revendiquent et qui protestent
Moi je ne fais qu’un seul geste
Je retourne ma veste, je retourne ma veste
Toujours du bon côté
Je n’ai pas peur des profiteurs
Ni même des agitateurs
J’fais confiance aux électeurs
Et j’en profite pour faire mon beurre
Il y en a qui contestent
Qui revendiquent et qui protestent
Moi je ne fais qu’un seul geste
Je retourne ma veste, je retourne ma veste
Toujours du bon côté
Je suis de tous les partis
Je suis de toutes les partys
Je suis de toutes les cauteries
Je suis le roi des convertis
Il y en a qui contestent
Qui revendiquent et qui protestent
Moi je ne fais qu’un seul geste
Je retourne ma veste, je retourne ma veste
Toujours du bon côté
Je crie vive la révolution
Je crie vive les institutions
Je crie vive les manifestations
Je crie vive la collaboration
Non jamais je ne conteste
Ni revendique ni ne proteste
Je ne sais faire qu’un seul geste
Celui de retourner ma veste, de retourner ma veste
Toujours du bon côté
Je l’ai tellement retournée
Qu’ell’ craqu’ de tous côtés
A la prochain’ révolution
Je retourn’ mon pantalon
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