Le scandale Duhamel
Scandale à France2 : sous couvert de pseudo-objectivité des médias audiovisuels, on limoge de l’antenne Alain Duhamel pour avoir ouvertement donné son soutien à F. Bayrou. Comble de l’ironie, ce soutien date du mois de novembre, et l’affaire explose aujourd’hui.
Quelle splendide hypocrisie ! "L’affaire Duhamel" est un scandale qui veut se parer des vertus de l’angélisme. Parce que M. Duhamel a ouvertement déclaré son soutien au candidat F. Bayrou, il s’en trouve sanctionné. Mais ce scandale en cache un autre. En effet, ce soutien annoncé n’est pas nouveau. M. Duhamel s’est prononcé en novembre dernier, il a plus de trois mois sur le sujet. Pensait-on alors que cet aveu était obsolète, tout au plus gentiment amusant ? Et pourquoi s’offusquer aujourd’hui de propos tenus il y a plusieurs semaines ? Parce que M. Bayrou grimpe dans les sondages ? Parce qu’il y aurait bien un effet Bayrou dans l’opinion publique ?
Mais alors, ce limogeage tardif, en guise de respect du droit de réserve des journalistes, de la volonté de donner une image lisse et d’afficher une neutralité des médias, créerait ce qu’il dénonce. En remerciant M. Duhamel tardivement, France 2 montre ainsi implicitement son soutien au duel vendu par avance. C’est au moment même où Bayrou prend une place de plus en plus importante dans la campagne qu’on remercie M. Duhamel. Coïncidence ?
Toujours est-il qu’il semble préférable de pratiquer l’hypocrisie dans le monde journalistique que la franchise. Quid des soutiens de certains grands autres journalistes politiques ? On sait très bien où vont leurs préférences.
A l’heure où certains candidats remettent au goût du jour la délation, en l’affublant d’un consensuel sobriquet de "transparence citoyenne", toujours est-il qu’un propos avoué se voit totalement réprimé.
Mais l’essentiel n’est pas là. Le scandale majeur de cette sobre histoire politico-médiatico-parisienne est à rechercher ailleurs, en se replongeant quelques semaines en arrière, au moment où un certain "illustre" présentateur de la télévision publique avait tenu des propos diffamatoires, à tout le moins fortement teintés de racisme à peine masqué, qui lui valut de la part de M. de Carolis un simple "blâme".
Voilà où se situe pour moi le véritable scandale : entre le "blâme" pour propos raciste d’un côté et le limogeage pour soutien affiché à un candidat de l’autre, nous voyons où sont les priorités. Il semble moins risqué et plus légitime en France de critiquer les Noirs que d’afficher sa préférence politique à l’antenne. A moins que ce ne soit qu’une question économique : Pascal Sevran concentrant une plus grande part d’audience qu’Alain Duhamel. Mais peut-être suis-je trop cynique ? L’aspect économique ne doit certainement pas primer sur l’éthique et la morale pour la télévision publique !
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