Le scorpion et le choléra
L’alitement forcé et prolongé pour cause de sciatique, m’a éloigné quelque peu de la chose politique. Aujourd’hui que je me sens plus ou moins en forme, plus ou moins d’aplomb, je reprends mon clavier - quoique cette position assise soit déconseillée par les neurologues et les neurochirurgiens- pour donner mon point de vue sur un certain nombre de points.
En fait, le peu de choses que j’ai lu ça et là dans les différents titres de la presse nationale ou sur des sites électroniques ne m’incite guère à la réflexion.
Mais commençons d’abord par cette histoire de choléra et son cortège de commentaires et de réactions des « autorités compétentes » frisant parfois le ridicule. Heureusement que le ridicule ne tue pas, dit le dicton. Deux hauts responsables en particulier ont provoqué l’ire de la blogosphère et des réseaux sociaux. Il s’agit en l’occurrence de l’ex wali de Blida qui a été filmé alors qu’il implorait un infirmier de ne pas ouvrir « la cage » dans laquelle étaient enfermés les malades du choléra. Sa panique n’avait d’égale que son cynisme envers ces citoyens qu’il était pourtant censé servir. Il avait peur d’être contaminé alors que le commun des mortels sait que la contamination du cholera est due plutôt à l’ingestion d’aliments ou d’eau souillés par le vibrio cholerea. Le wali n’ayant probablement aucune notion de médecine, on retient ce fait comme étant un élément à sa décharge. Nous ne pouvons qu’être compréhensifs et indulgents à son égard. Mais, l’image des malades enfermés dans une cage comme des bêtes féroces est là ; elle est gravée à jamais dans la mémoire de tous ceux qui l’ont vue. Ce fait n’et pas banal. Ce fait n’a aucune circonstance atténuante. De ce fait, ce wali mérite amplement son limogeage.
Le deuxième personnage de l’Etat qui a été haut en couleur, qui a brillé comme un astre haut dans le ciel, par ses déclarations parfois contradictoires, n’est autre que le Ministre de la santé. Ce qui rend ses déclarations incompréhensibles, face à ce fléau des temps anciens, ce qu’il annonce le matin est vite remis en cause le soir même par l’apparition d’autres cas de choléra dans d’autres régions. Et même la source de cette contamination s’était avérée fausse et sans fondement. Pendant plusieurs jours, on a pataugé dans les marres nauséabondes de Sidi El Kébir et d’ailleurs. Par ailleurs l’incrimination de certains fruits, la pastèque en particulier, dans l’apparition de cette infection gastro intestinale, sans fondement ni preuve bactériologique sérieuse, a ruiné les commerçants des fruits. Vont-ils être indemnisés, les pauvres ? Pas que je sache. Comme un malheur ne vient jamais seul, quelques jours après la soi-disant éradication du choléra, une jeune enseignante universitaire est morte, à Ouargla, à la suite d’une piqure de scorpion. Ce fait divers a encore enflammé la Toile. En guise de réponse à la plèbe qui commençait à se mettre en colère et qui risquait même de se soulever, notre ministre n’avait pas trouvé mieux que d’étaler ses « connaissances en matières de zoologie et d’écologie » pour dire, in fine, que la faute incombait à la défunte qui, par son comportement irrationnel, a dû provoquer « l’animal ». Des propos indignes d’un Ministre qui plus est professeur en médecine.
Voilà ce qu’on peut dire de l’actualité de ces derniers jours. Mais cela ne fait que commencer. La rentrée sociale risque d’être très chaude et très perturbée d’autant plus que les partis au pouvoir (FLN, RND et d’autres micro partis) sont déjà entrés dans une sorte de campagne électorale avant l’heure en faveur du président Bouteflika et que, de l’autre partie, le mouvement « Mouwatana » appelle à des marches à Constantine pour contrer cette initiative.
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