Le sexe des mots
Au Québec, la pression ressentie pour la féminisation des noms communs est bien plus forte qu’ailleurs dans la francophonie. La tendance existait déjà ici (pour cause de société matriarcale ?) avec l’utilisation fréquente du féminin pour les mots empruntés à l’anglais (une job, une gang). Cependant, c’est un tort de vouloir modifier une langue à cause d’un courant idéologique, féministe dans le cas présent.
Les réformes linguistiques, notamment celle de l’orthographe en 1990, ont pour but d’améliorer la langue en supprimant des exceptions, en simplifiant des formes, etc. Le phénomène de féminisation des termes ne vise pas à simplifier mais à rajouter de nouveaux dérivés féminins, formés à partir des mots existants, augmentant le nombre de règles et donc d’erreurs possibles. Cette complexification de la langue est le reflet du militantisme féministe transposant son combat dans le domaine linguistique.
Outre l’augmentation des vocables féminins à apprendre au cas par cas (auteure ou autrice ?), s’y ajoute le ridicule lié à la redondance des termes (« …les professeures et professeurs… »). Dans chaque phrase, le mot s’écrit deux fois de suite, au féminin puis au masculin. Cela vaut aussi pour les sigles.
Cette redondance pose aussi le problème de la préséance, qui bien que conforme à la galanterie français, n’est pas égalitaire. Même si la forme unique était dite auparavant « masculin singulier », cette dénomination, qui était le reflet d’une société où l’homme avait plus de droits que la femme, était erronée. Une forme unique, qu’on le veuille ou non, ne peut pas être considérée comme masculine ou féminine, mais neutre. Que ce soit pour un couteau ou pour une fourchette, il n’y a aucune idée de genre chez le signifié. Quant aux termes désignant des individus, une forme unisexe telle que un professeur ne peut être que neutre si elle fait référence indistinctement à un homme ou à une femme. La forme retenue dans la macrostructure des dictionnaires n’est d’ailleurs pas le masculin ou le singulier au détriment du féminin ou du pluriel : on retient la forme et pas le sens.
La suppression de la dichotomie masculin/féminin dans la langue aurait été préférable au dédoublement lexical actuel. Une forme unique pour un seul genre, le neutre, est le choix de l’égalité entre les sexes.
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