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Le socialisme et l’écologie sont-ils compatibles ? Dialogue avec Pierre Moscovici

Parmi les ténors socialistes, Pierre Moscovici, un proche de DSK, est un des seuls à s'interroger profondément sur les liens entre écologie et socialisme. A l'heure où la victoire des socialistes paraît possible l'an prochain, il semble utile d'aller voir ce que les socialistes proposent réellement en matière d'écologie. Partons de deux chroniques récentes que Moscovici a écrites pour Terraéco, "Pour une social-écologie" (novembre 2010) et "le Nucléaire à la croisée des chemins" (mars 2011), pour lui répondre avec quelques réactions et réflexions.

Le premier principe qui doit fonder nos réflexions est celui du lien entre crise sociale et urgence climatique, dans un cadre budgétaire souvent contraint. Préparer l’avenir de ne donne pas pour autant le droit aux gouvernants d’occulter la détresse sociale d’aujourd’hui au nom de celle de demain. Je pense ici à la taxe carbone, mais également à une stigmatisation des modes de déplacement souvent trop simpliste et déconnectée de la réalité : offres de transports limitées, horaires décalés, prix des véhicules propres, mobilité réduite.

Notre société a autant à craindre d’un accès à l’énergie à deux vitesses, d’une qualité de l’air et de l’eau qui varie selon les catégories sociales que d’émissions de gaz à effet de serre qui affectent uniformément l’ensemble de la population. Il nous faut lutter contre le cumul de toutes les précarités, qu’elles soient économiques, sociales, environnementales ou énergétiques. C’est cette colonne vertébrale du socialisme qui différenciera la social-écologie de l’écologie « classique » : poursuivre un objectif de sobriété énergétique nationale sans jamais remettre en cause un accès pour tous au service énergétique minimum.

Mes réactions : Moscovici tente la synthèse : garder l'accès pour tous à l'énergie tout en combattant le réchauffement climatique. Mais son propos révèle surtout la puissance des obstacles que nous rencontrons : la dette limite les marges de manoeuvres. Pourtant l'efficacité énergétique réclame des investissements, la nécessaire sobriété exige l'augmentation des prix de l'énergie, Pourtant la pauvreté croissante de pans entiers de la population les enferment dans l'impossibilité d'agir et d'échapper à des logements et à des modes de déplacements énergivores.

Moscovici prétend lutter contre ces "précarités". Mais il n'explique pas comment les socialistes vont s'y prendre. Comment construire un cercle vertueux innovant qui va permettre à la fois d'investir et de soutenir les plus pauvres ? Comment démarrer ce cercle vertueux alors que les armes traditionnelles de la relance et de la croissance se révèlent inopérantes ?

 

Je crois à l’efficacité des marchés carbone ; encore faut-il que les quotas ne soient pas distribués gracieusement et en nombre excessif. C’est dans le cadre de la vaste révolution fiscale à laquelle nous appelons que doivent naître ces nouveaux outils économiques : si les différentes contributions et taxes (telles que la TVA) sont correctement éco-modulées, alors nos modes de production et de consommation changeront durablement. A ce titre, je milite pour une contribution climat-énergie forte, qui pourra porter de manière alternative sur les niveaux ou l’évolution de la consommation. Mais cette contribution devra être générale, socialement juste et efficace – à travers la redistribution pour des produits de reconversion ciblés « verts ».

 Mes réactions : Moscovici a un niveau de réflexion sur l'écofiscalité largement supérieur à la plupart de ses pairs. Il a compris que c'est toute la variété des taxes qui doit être touchée par la fiscalité environnementale. Il a compris que la réussite d'une écotaxe n'est possible que si elle est redistribuée. Je ne comprend pas ce qu'il veut dire par une contribution climat-énergie forte, ce qui me semble antinomique avec l'idée de ne pas pénaliser les plus faibles. Je ne comprend pas ce qu'il entend par "qui pourra porter de manière alternative sur les niveaux ou l'évolution de la consommation", car on peut s'inquiéter du mécanisme d'alternance, du risque de dérives et du manque de régulation d'un système de contribution climat-énergie.

 

Nous devrons mettre ces sujets à plat, faute de quoi le dialogue sera éphémère. Mais pour dépasser ces débats politiques autant que techniques, nous devrons surtout veiller à ce que ces questions qui façonnent le visage d’un pays soient rendues au débat public : les choix du « mix » énergétique, du modèle agricole et alimentaire, doivent sortir des cercles d’experts pour donner lieu à une discussion citoyenne publique. Nous savons le faire dans nos collectivités depuis de nombreuses années, nous devons l’instaurer pour ces sujets nationaux. Le changement de modèle économique et technique est un enjeu majeur : les citoyens doivent être associés et concernés, et leurs aspirations au changement incarnées.

Mes réactions : On ne peut être que d'accord avec l'idée d'un débat public sur ces thèmes. Il faudra être vigilant pour que les lobby les plus puissants, ceux du nucléaire et de la chimie par exemple, n'en profitent pas pour continuer d'imposer leurs idées sur la société et l'opinion française. Moscovici doit savoir aussi que nombreux de ses camarades ont été, par le passé, entraînés dans des eaux douteuses de la compromission sur le dos des concitoyens de ce pays. La capacité des leaders d'un pays à s'affranchir des influences néfastes et des petits arrangements "entre amis" sera essentielle si nous voulons avancer et sortir de l'impasse du nucléaire ou de l'agriculture "chimiquement assistée".

Le dégoût de la politique, par une partie croissante de la population, révèle aussi l'importance de remettre le débat sur la place publique. Mais les Français ne vont pas se satisfaire de quelques débats médiatiques dans un grand hôtel parisien : la population a un niveau d'étude et des moyens d'informations largement supérieurs à ceux qui pouvait exister il y a trente ans. La blogosphère est devenue le lieu privilégié de cette pensée collective qui émerge aujourd'hui. Un simple débat sans lendemain, sans conséquences sur les décisions, "pour la galerie" serait vécu comme une trahison de plus.

 

Qu’en penser, ensuite, sur le fond ? D’abord, que sortir de cette hypertrophie est indispensable, mais prendra du temps. Le nucléaire est à ce stade une énergie de compromis, qui nous permet une certaine indépendance énergétique tout en participant des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et en assurant une certaine sécurité des prix. Ce « rééquilibrage maitrisé » est d’autant plus nécessaire que si les énergies renouvelables (EnR) représentent l’avenir, elles ne sont pas encore des technologies totalement matures. La possibilité qu’une sortie brutale du nucléaire aboutisse ainsi à la victoire du… gaz n’est pas à négliger. Ceci avec des conséquences considérables : un impact en CO2 quatre à cinq fois plus élevé et l’obligation d’importer une grande part de notre consommation depuis la Russie ou le Moyen-Orient. Les nouvelles énergies n’ont par ailleurs rien à gagner à s’aliéner l’adhésion populaire par une augmentation brutale et inconsidérée du coût de l’électricité.

Mes réactions : 

Je ne suis pas d'accord avec cette expression d'"énergie de compromis". L'importance du nucléaire en France n'est pas dû à un compromis, car à l'époque de sa montée en puissance, la question du réchauffement climatique n'existait pas. Cette invention d'un compromis bénéfique est une invention qui date de la fin des années 90, à posteriori, des écologistes pro-atomique pour re-légitimer le nucléaire.

Moscovici sait parfaitement que la sortie brutale du nucléaire est demandée par une minorité infime et irréaliste d'écologistes. La grande majorité sait parfaitement que cela se fera de manière progressive. La position de Moscovici interroge ici : en se positionnant face aux extrémistes, il prend une posture médiane qui légitime encore le nucléaire. Il oublie les écologistes qui défendent, comme Négawatt, des positions lucides, réalistes et solides de sortie du nucléaire en 20 ou 30 ans.

Bref, écrits en pleine horreur nucléaire nippone, ce texte montre bien que, en filigrane, Moscovici n'est pas convaincu par la sortie du nucléaire. 

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Il nous faut donc investir significativement et durablement dans la technologie industrielle liée aux énergies renouvelables afin qu’elles puissent prendre la relève au plus vite – à l’opposée du stop-and-go délétère du gouvernement. Mais sortir du nucléaire passe aussi et surtout par une meilleure isolation de nos bâtiments et une modification substantielle de nos habitudes de consommation. On oublie trop souvent que l’essentiel des gains potentiels passe par la maitrise de la demande. La France doit enfin, autant que possible, aligner le niveau de sureté des centrales sur les meilleurs standards mondiaux, y compris dans son choix de technologies.

Mes réactions :

La dernière phrase montre encore une fois la croyance de Moscovici en un monde nucléaire sûr. Mais il a trop l'esprit de compromis pour ne pas mettre tous "ses oeufs dans le même panier". Il parle donc d'investissements dans les énergies renouvelables. Mais il sait bien que, à l'heure de l'argent rare, du surendettement de l'Etat et de la Nation, devant l'efficacité du lobby nucléaire, ces investissements resteront marginales et ne permettront pas d'inverser la tendance.

Conclusion : je suis un lecteur régulier du blog de Pierre Moscovici car j'apprécie son intelligence politique (au sens noble du terme). Dans celui-ci, il ne parle pratiquement jamais d'écologie. Ses articles dans Terraéco n'ont-ils pas alors pour seul objectif de labourer le filon de l'électorat écologiste ? Cette hypothèse serait regrettable : Pierre Moscovici est un des seuls socialistes capables aujourd'hui d'intégrer la problématique écologiste dans sa pensée politique. Or, les socialistes au pouvoir vont affronter des difficultés énormes liées à l'entrelacement des crises économiques et écologistes, ils auront bien besoin de personnalités capables d'affronter la complexité du monde et d'en imaginer des solutions innovantes.


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11 réactions à cet article    


  • Capone13000 Capone13000 19 avril 2011 11:30

    Que Mr Moscovici retourne lécher le cul des américains, c’est là où il est le meilleur.

    Il n’y pas de place pour lui ici.


    • L'Auvergnat L’Auvergnat 19 avril 2011 11:38

      Oh !!!! que cela est primaire.......

      Bien au contraire il nous faut des SOCIALISTES et en grand nombre comme lui.


      • non666 non666 19 avril 2011 11:54

        Bien que les sondages annoncent des scores Chiraquiens a DSK, en tout cas dans les chiffres fournis au public, le résultatne semble pas si sur.

        Moscovici fait donc des ballons d’essais sur divers sujets.

        Aujourd’huyi, il vends du socialisme ecologique ...mais responsable.
        Y a t’il les bonnes doses d’ecologie, de responsabilité et de rigueur ?
        Un peu plus de sel, peut etre ?
        Au vue de l’impact de cette puissantissime declaration du clone, un nouveau sondage sera fait dans une semaine pour voir les effets realisés .
        Alors, alors, il decolle « pour de vrai » ou toujours pas ?

        Pierre le moscovite reussira t’il a vendre l’homme des etats unis ?
        Mosco Vici n’est toujours pas dans la victoire, malgrès son nom.
        Il faut dire que les sionistes de l’UMPS ont finit par etre vu par tous.
        Fabius le converti, Moscovici, DSK, Hollende, Sarkozy, Copé, Lelouche : que du beau linge et d’honnetes hommes, non ?

        Ils n’ont plus que deux mois pour convertir, apres ce sera la panique dans tous les etats majors et il devront jouer les attentats...


        • barbouse, KECK Mickaël barbouse, KECK Mickaël 20 avril 2011 08:19

          hello non666,


          je serais curieux de comprendre ce que tu veux dire par deux mois pour convertir et devront jouer les attentats ? N’as tu pas remarquer la chienlit, et pour partie une avancée significative de la prise du pouvoir par la police ? 

          bon l’article ce veux sérieux, c’est au cas où le flan gauche de l’UMPS ( tout allusion a Fr Hollande étant purement fortuite) gagne en 2012, pierre moscovici brigue une crédibilité écologiste pour
          prendre une place au gouvernement, c’est vrai que sinon, on ne vois pas bien dans quel ministère on peu le loger, faire passé un homme dont l’essentiel du boulot a été de jouer l’analyste politique qui y crois a celui d’homme d’action politique dans un executif, c’est pas gagné, pour faire sortir du nucléaire dans 30 ans, bon, a ce rythme là, il peut y briller....

          sur le fond, l’écologie en politique n’est pas plus pas moins PS compatible qu’UMP, c’est un projet de société par nature transcourant puisqu’il a besoin pour se réaliser de la concorde et du concensus de force appelée de gauche et de droite, c’est une prise en charge du rapport conflictuelle entre l’humain et la nature au niveau de la régulation de la vie de la citée, en sus des autres rapports conflictuel, 

          ou au contraire capable de s’imposer comme un combat qui permet de dépasser le autres petits combats mesquins, voir de proposer des perspectives d’avenir motivantes, 

          la perception de la nature ne fait plus concensus, le rapport à la terre d’un citoyen qui grandi a la campagne et celui qui vit entourée de tour de béton planté sur bitume, ne sont pas les mêmes, la pensée PS sur la nature, une pensée de fonctionnaire et de gens de bureaux, tend vers une sorte de volonté de faire de l’écologie une morale, une éthique, la pensée activiste
          de droite, entrepreneuriale, fermière, tend a en faire un objectif concrètement rentable, un gain, un élément de compétition, un plus marketing, etc, mais dans le fond, ce sont les 2 faces d’un même besoin, et le même risque de voir la politique empiéter sur le rapport entre l’homme et la nature de façon idéologique, dès l’éducation nationale, de façon orientée politiquement, 

          ce qui étend le risque futur d’une dictature avec éthique « verte », et de guerre pour « raison écologique » ...

          amicalement, 


        • le poulpe entartré 19 avril 2011 13:36

          Combien de Pernod pour pondre un post aussi bourrin ?



        • noop noop 19 avril 2011 14:37

          Les écolos ne sont pas compatibles avec les socialos. Ca se saurait.
          Les socialos rèvent de croissance pour faire du social.
          Les verts rêvent de décroissance pour faire du vert.


          • kitamissa kitamissa 19 avril 2011 17:52

            « à l’heure ou la victoire des socialistes parait possible l’an prochain »........attendez un peu Monsieur l’Auteur..c’est pas encore dans la poche !


            • bernard29 bernard29 19 avril 2011 18:33

              En fait vous démontrez que Moscovici fait des phrases pour faire plaisir et se faire plaisir. C’est exactement ce que je pense de lui. 

              Et donc son blog, ne m’intéresse pas du tout, parce que du point de vue de l’éthique écologique et de la vertu politique, il repassera....


              • agent orange agent orange 19 avril 2011 21:43

                Moscovici (sioniste notoire) avait rendez-vous la veille du 11 septembre 2001 avec le sous secrétaire d’état Richard Armittage (ce dernier étant connu pour être dans tous les coups tordus de la CIA depuis l’opération Phénix pendant la guerre du Vietnam).
                David Manning * (autre sioniste notoire) avait lui aussi rendez-vous avec Armittage le même jour.

                * David Manning ambassadeur britannique en Israël (1995-1998), conseiller de politique étrangère de Toni Blair (2001-2003), ambassadeur aux USA (2003-2007), membre du conseil d’administration de la banque (sioniste) Lloyds TSB, un poste de direction chez Lockheed depuis 2008. Il est également membre du ca d’Hakluyt (une firme privée de renseignements créée par d’anciens agent du MI6. D’après un rapport, cette firme serait à l’origine des faux listing Clearstream....)


                • Guy Liguili Guy Liguili 19 avril 2011 22:40

                  Pourquoi interroger Moscovici sur le socialisme alors qu’il est moins socialiste qu’un assiette de Spaghetti bolognaise ?

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