Le solaire : énergie vedette du XXIe siècle ?
L’énergie solaire représente sans nul doute l’une des énergies renouvelables privilégiées par les pays industrialisés au lendemain immédiat du premier choc pétrolier. Après avoir souffert quelques années de la concurrence du nucléaire, surtout en France, elle bénéficie aujourd’hui de l’engouement pour les énergies propres, à la faveur concomitante de l’augmentation du prix du baril de pétrole et du réchauffement du climat.
Le solaire, une énergie encore chère ?
Des années de recherches et d’investissement sur le nucléaire ont ainsi contribué à rendre la filière de l’atome particulièrement compétitive, maintenant le solaire dans des coûts de production élevés. Un article de L’Agefi de janvier 2007, présentant une étude réalisée en octobre 2006 par Goldman Sachs, en montre bien le résultat : entre 150 et 245 €, c’est à peu près le coût d’un MégaWatt/heure produit par une source solaire, contre 47 € pour le même MWh produit par une centrale nucléaire (voir le tableau)
L’énergie solaire, une production en pleine expansion !
Quelques mois auparavant (septembre 2006) The Economist publiait les résultats d’une étude conduite par la compagnie BP, laquelle montrait combien la production d’énergie d’origine solaire avait progressé : les derniers chiffres vérifiables, nous apprenait l’étude, mettaient en évidence une multiplication par 17 du nombre de GigaWatts produits en dix ans, entre 1994 et 2004. Ce chiffre est à mettre en parallèle avec l’étude précédente de Goldman Sachs, laquelle prévoyait une progression de 27% du nombre des installations solaires entre 2006 et 2015. Un succès grandissant laissant supposer une diminution certaine du coût de cette énergie dans un avenir proche.
Des applications de plus en plus diversifiées
Davantage encore que toutes les autres énergies renouvelables, le solaire semble donner des ailes à la communauté mondiale de la recherche appliquée. Le journal helvétique Le Courrier rendait ainsi compte en février dernier de l’utilisation dans un village situé en Inde (Panjkosi, province du Pendjab), d’une nouvelle technologie de désinfection de l’eau fonctionnant à l’énergie solaire, la technologie "Naïade" (voir la "fiche technique" ci-dessous), mise au point par les Hollandais. "Si ce système se généralise, titrait le journal, il pourra sauver des milliers de vies." "Avec cette technique, note l’article, l’Inde des villages pourrait faire un bond prodigieux. Sans compter les bénéfices potentiels pour les autres personnes comptant parmi les 1,2 milliard d’habitants de la planète qui n’ont pas accès à l’eau potable." Moins d’une roupie par litre, c’est le coût de cette installation, "c’est-à-dire environ trois fois moins que l’eau embouteillée par les multinationales de l’or bleu", actuel fournisseur du village.
- NAÏADE : fiche technique
Système de filtrage de l’eau inventé par la société néerlandaise Nedap, Naïade ne pèse que 75 kilos et n’utilise aucun combustible ni énergie électrique autre que les 75 Watts qu’elle produit à l’aide d’un panneau solaire. 2 500 litres d’eau sont purifiés en 10 heures, par filtration de l’eau à dépolluer au travers de deux sacs lavables. Une lampe UV assure la désinfection de l’appareil.
Autre exemple de cette course à l’ingéniosité, l’article du Red Herring, présentant en janvier 2007 l’annonce de lancement sur le marché, en janvier 2008, d’un modèle de voiture, l’Astrolab, intégralement propulsée à l’énergie solaire. Ces développements montrent, bien au-delà du louable intérêt du consommateur français pour les applications domestiques des technologies solaires (production d’électricité pour le chauffage résidentiel), combien l’avenir du solaire est en pleine construction, dans des domaines d’application parfois fort surprenants.
La désertification, une aubaine pour le solaire
Une application future des technologies solaires, cette fois à caractère largement plus industriel, pourrait bien prochainement bénéficier du phénomène pourtant désastreux de la désertification. Le quotidien londonien The Guardian, reprenant les analyses d’un "rapport alarmant de l’Onu, publié le 5 juin à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement", faisait ainsi référence, dans un article de juin 2006, aux perspectives données aux technologies solaires dans la lutte contre la rareté de l’eau en zones désertiques (un quart des terres émergées, réparties sur tous les continents). Augmentation de plusieurs degrés des températures, "assèchement des rivières dû à la baisse des précipitations, utilisation abusive de l’eau pour l’irrigation ainsi que la croissance démographique vont accentuer la pénurie en eau", rappelle l’article. En réponse à cette véritable catastrophe géographique et humaine, l’énergie du Soleil pourrait bien se révéler d’une utilité toute salvatrice : en plus de permettre la production de l’énergie nécessaire aux usines de désalinisation, "les déserts pourraient devenir des centrales électriques non polluantes pour le reste de la planète". Le Sahara répondant aux besoins en électricité du reste du monde ? C’est en effet une perspective qui ne semble pas surprendre Kaveh Zahedi, "l’un des responsables du centre de surveillance de l’environnement de l’Onu, basé à Cambridge, au Royaume-Uni", conclut l’article du Guardian.
Le solaire, nouveau moteur de la conquête spatiale
Reprenant la retranscription de communications entendues à l’occasion d’un récent CNN Future Summit, un numéro de Courrier international de novembre 2006 évoquait la permanence de l’exposition aux rayons du Soleil de "certaines parties de notre satellite", la Lune, laquelle présente en effet "les conditions (...) idéales pour exploiter une énergie solaire fournie en continu". Il n’en fallait pas plus pour raviver les rêves de conquête spatiale qui hantent l’humanité depuis son apparition. "Dans trente ans, nous aurons probablement réussi à établir une importante colonie sur la Lune", explique Ian Pearson, futurologue et membre de la Commission des nominations du CNN Future Summit.
Fol espoir ou prévision empreinte de raison ? Il semblerait en tout cas que l’énergie solaire, bien loin de ne susciter que les fantasmes de quelques esprits féconds, soit tout simplement en train de se ranger dans la catégorie des énergies vedettes du XXIe siècle. Ainsi associées, énergies éoliennes et hydroélectriques, et comme le souligne un récent rapport de la Commission pour le développement durable britannique repris par The Indépendant dans un article de mars 2006, "le solaire, qui n’engendre aucune émission de gaz carbonique, pourraient fournir de 68 à 87 % des ressources d’un pays (comme la Grande Bretagne) si elles étaient pleinement exploitées".
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Tribulation d’un riche Chinois dans le solaire
L’homme le plus riche de Chine, selon le magazine Fortune, Shi Zhengrong, le doit à l’énergie solaire (New York Times, janvier 2007). Sa société, Suntech, côté à Wall Street, fabrique depuis cinq ans des piles photovoltaïques. Elle est l’un des quatre leaders mondiaux dans le domaine. L’objectif avoué de notre homme est de “faire suffisamment baisser les prix pour que chacun ou presque puisse s’en offrir”.
Précisons que cet objectif passe, selon lui, par la réduction de moitié de ses coûts de revient pour limiter à 1,5 € le Watt produit.
Le foot, énergie plus propre que le solaire, mais... plus chère
Une récente étude de la Sheffield Hallam University montre combien les attaquants de foot renferment d’impressionnantes réserves d’énergie. En effet, ceux-ci "produisent en moyenne 6700 kilojoules par match, soit 1,86 kilowatt/heure, ce qui, comparé à un panneau solaire, est bien plus important". Cependant, en dehors des difficultés pratiques et techniques que l’on rencontrerait à vouloir convertir cette énergie "brute" en éclairage pour son salon, cette solution s’avèrerait bien trop onéreuse, compte tenu des salaires versés au meilleur attaquant : "Rooney, joueur du championnat anglais, est payé 15 000 livres la semaine."
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