Le sommet de Djeddah : L’Arabie saoudite donne le ton
Le 32e sommet de la Ligue arabe, qui s’est tenu au niveau du sommet, s’est distingué des précédents, et je ne tire pas de conclusions hâtives. Cette affirmation est étayée par de nombreux éléments et preuves, qui dépassent le simple fait que la Syrie a réintégré les institutions arabes après en avoir été isolée et éloignée pendant plus de dix ans. D’autres facteurs entrent en jeu, notamment le rôle prépondérant de l’Arabie saoudite, qui s’est manifesté avant et pendant le sommet.
La scène du sommet ne s’est pas matérialisée sans les efforts politiques et diplomatiques saoudiens au cours des mois précédents, en particulier depuis le sommet d’Alger en novembre 2022, dans le but d’aboutir à cette scène. Elle clôt un chapitre malheureux de l’effort collectif arabe et ouvre un nouveau chapitre, qui n’apportera peut-être pas de nouveauté significative en termes de résultats institutionnels, mais qui sera certainement différent, au moins, en termes de cadre organisationnel et d’apparence générale, en mettant fin à l’ère de désunion et de désintégration qui a assombri le paysage arabe au cours de la décennie précédente.
Le retour de la Syrie dans le giron arabe, malgré les critiques et le rejet de l’Occident, a des implications cruciales. Certaines d’entre elles concernent l’approche divergente adoptée par la diplomatie saoudienne dans la gestion des relations et des partenariats avec les principales capitales occidentales. D’autres impliquent la réalisation d’une percée notable qui ouvre la voie au traitement de la crise syrienne, à sa résolution et à l’ouverture de discussions avec Damas dans le cadre interarabe.
Cela revêt une importance particulière pour les questions et préoccupations essentielles, telles que les réfugiés syriens, notamment si le candidat de l’opposition en Turquie sort vainqueur du second tour de l’élection présidentielle prévu pour le 28 de ce mois. Il s’est engagé à rapatrier tous les réfugiés syriens en Turquie dans un délai de deux ans, ce qui constituerait un défi pour la Syrie, tant pour le gouvernement que pour l’organe dirigeant, et nécessiterait une coopération arabe avec Damas afin d’éviter une catastrophe humanitaire.
En outre, il y a des questions concernant le trafic de drogue, l’élimination du terrorisme du sol syrien, la tâche de reconstruction, et beaucoup de ces questions sont interconnectées et ont des conséquences réciproques. Les retarder ne ferait qu’exacerber leur menace et leur influence négative.
La phase actuelle de l’effort collectif arabe a vu la remarquable proéminence des dirigeants saoudiens soulignée avant le sommet, puisqu’ils ont accueilli les discussions entre les factions belligérantes au Soudan et ont obtenu une déclaration importante.
Face à l’incapacité de tous les intermédiaires régionaux et internationaux à simplement réunir les parties autour d’une même table, il s’agit là d’une réussite majeure. L’implication saoudienne dans ce contexte constitue une bouée de sauvetage vitale dont le Soudan et la population soudanaise ont désespérément besoin dans cette crise qui s’approche rapidement d’une phase irréversible.
Un autre élément notable du sommet de Djeddah a été la réception du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Malgré les réserves et les critiques de certains, il s’agit d’une manœuvre politique astucieuse qui, à mon avis, transmet un message significatif à la communauté mondiale, à savoir que la diplomatie arabe, menée par le Royaume d’Arabie saoudite, n’est ni soumise ni partiale envers une partie au détriment des autres dans la crise ukrainienne. Elle met à mal de nombreuses propositions et hypothèses occidentales concernant l’orientation spécifique de la politique étrangère saoudienne et, plus largement, celle des pays du Golfe à l’égard de la crise.
C’est ce qui ressort des propos tenus par le prince héritier Mohammed bin Salman, représentant le gardien des deux saintes mosquées, le roi Salman bin Abdulaziz, dans lesquels il déclare expressément : « Nous assurons à nos pays voisins que nous poursuivons la paix, la bonté, la coopération et la construction, afin de réaliser les intérêts de nos peuples et de sauvegarder les droits de notre nation. Nous ne permettrons pas que notre région devienne un terrain de conflits ». Alors que nous laissons derrière nous les années pénibles de conflit dans notre région, nous nous souvenons des épreuves endurées par ses habitants, qui n’ont fait qu’entraver le progrès, a-t-il ajouté.
Ce message clair indique que les Arabes ne participent à aucun conflit impliquant d’autres personnes et qu’ils ne prendront pas part à des batailles au nom d’autres personnes. Ils ne laisseront pas leur région se transformer en champ de bataille pour des guerres par procuration, et l’objectif arabe évident est la paix, la coopération et le développement.
Le leadership de l’Arabie saoudite dans les efforts collectifs arabes ouvre de nouvelles possibilités, en raison de l’influence stratégique régionale et internationale substantielle du Royaume. La phase actuelle de la diplomatie saoudienne est marquée par l’efficacité, l’adaptabilité et un rythme rapide et dynamique, ce qui contribue à la résolution de questions complexes.
Cela a été démontré de manière évidente et catégorique dans des cas comme celui de la Syrie, qui a renoué avec ses frères arabes grâce aux efforts diplomatiques saoudiens qui ont transcendé les différends interarabes et favorisé une position unifiée à l’égard de la Syrie.
En outre, l’Arabie saoudite a réussi à engager des dialogues constructifs entre les factions soudanaises, tout en lançant des initiatives comparables au Yémen, au Liban et dans d’autres pays arabes complexes qui exigent une véritable volonté arabe pour sortir du cycle de crises en cours.
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