Le sourcil de Dominique Sphinx Kahn

Le JT de la Deux s’est offert DSK pour un buzz en prime time. A moins que ce ne soit DSK qui ne se soit offert le JT pour une bise aux Français en première partie de soirée. Eh oui, les Français manquent à DSK et c’est réciproque, enfin, disons que DSK est surtout très apprécié par quelques notables du PS ainsi que par les militants socialistes qui voient dans cette figure planétaire du FMI l’homme de la situation pour bouter hors de l’Elysée le prince Sarkozy et sa dulcinée. Mais au fait, DSK sera-t-il candidat ? Etant dans l’impossibilité de se déclarer, tel un résistant émettant depuis radio Londres, DSK ne peut qu’envoyer des messages codés. Nous Français, qui sommes sous la pré-occupation de Sarkozy, devons faire un effort pour savoir si le maître du FMI affrontera Nicolas le petit. Et ce n’est pas simple. « Les violons du toit du monde sont dans la cellule de dégrisement ». Tel devait être le message de DSK envoyé aux Français mais l’ennemi étant dans la place, il fallait trouver autre chose plus anodin. « George Bush a des problèmes de transit intestinal ». Pas terrible, à éviter. Nous ne saurons même pas à quels signaux reconnaître une éventuelle candidature de DSK aux primaires. Alors il va falloir jouer très fin. Examiner le moindre mot de travers laissant accroire à une divulgation de l’intéressé. Les éditocrates et autres réactants des salles de rédaction sont sur le qui vive. L’attention est soutenue. Le suspense est à son comble. L’apparition de DSK, c’est un peu comme l’alunissage des cosmonautes. Les journalistes demandent la lune. Il veulent titrer la une. Atterri ou pas, satellisé ou non, le DSK sur l’orbite présidentielle ?
Laurent Delahousse, affublé de sa tignasse blonde et de son affabilité, a bien tenté de faire parler DSK, Dominique Sphinx Kahn. Mais l’intéressé a su marquer son mutisme de manière fort gracieuse. Son interlocuteur apparaissant tel un puceau questionnant sa conquête pour savoir si elle le rejoindrait dans le lit et si elle serait vêtue d’un porte-jarretelles et de bas nylon. Emoustillé notre Delahousse. Franchement craquant avec ses tentatives pathétiques d’extorquer avec toutes les ruses visibles le scoop universel du moment. Incommensurable, historique, aurait été la déclaration de DSK. Hélas, incommensurable et historique, ces vocables n’ont été appliqués qu’à la victoire de Jean-Baptiste Grange par des journalistes aussi ridicules à sanctifier un événement assez banal qu’à vouloir obtenir une révélation du sphinx du FMI. Un DSK fort à l’aise du reste et chose assez étonnante, pas du tout ridicule et même fort à propos puisqu’il a ridiculisé son interlocuteur qui n’a cessé pendant un quart d’heure de louvoyer autour du pot avec des questions et des allusions si visibles qu’elles ont campé le pathétique de la situation. Voulez-vous couchez avec moi ? Telle aurait été la question directe du puceau face à sa belle. Etes-vous candidat aux primaires ? Telle aurait dû être la question directe posée par Delahousse. Mais c’était la question interdite, du moins dans la formulation, mais qui a été posée, comme dans tournez manège. Auparavant, des questions détournées. Du genre, ça vous fait quoi la non candidature de Delors ? Eh bien rien de spécial, c’est de l’histoire passée rétorque DSK. Il aurait voulu quelle réponse, le maître du JT de 20 heures, que DSK avoue avec force contrition que Delors avait raté son rendez-vous avec l’histoire mais que lui, directeur du FMI, prendrait, en héros gaullien du socialisme, la mesure de sa décision et allait réfléchir de près à cette affaire ? Eh bien non, raté, DSK a juste dit que c’était du passé. Répondant sans fioriture et avec une ruse de sphinx au journaliste. La suite fut du même acabit. Delahousse évoquant le lien entre DSK et les Français, piètre ruse dialectique qui était vouée à l’échec, comme du reste les conseils de son épouse et la tentative ultime jouée avec la crise sociale. Eh bien DSK ne s’est pas laissé prendre à cette ficelle, assurant avec aplomb qu’au FMI, il s’occupait de la vie des gens, ayant à son crédit le sauvetage de l’Islande, la Grèce et l’Irlande, ce qu’on peut supposer être exact, sans questionner plus loin la critique du système. C’est donc raté, cette tentative du JT d’extorquer une déclaration de DSK pour 2012 mais pas forcément vain puisque le directeur du FMI a été assez clair en exposant la crise financière résolue, la crise économique en voie de l’être sauf en Europe, et la crise sociale qui pointe son nez. Ces constats sont pertinents. Sauf que les populations moyennes devraient se demander si elles n’ont pas été entubées, pas forcément par DSK mais par tous les gouvernants occidentaux qui ont sauvé les banques en enfonçant une partie de leurs peuples.
Alors, candidat ou pas DSK ? Nous n’en savons rien et nous pouvons douter de l’utilité de cette candidature tant le système va à sa perte d’ici 20 ans. Les éditorialistes ne pourront qu’ajouter au ridicule de leur confrère Delahousse leur propre comique décliné en commentaire de tel ou tel passage choisi comme oracle mais signe de débâcle journalistique. Mais en insistant, nous pourrions consulter Stéphane Lecrane, Jean-François Dumenton et Régis de la Machoire, respectivement spécialistes en neuroscience, physionomie et phrénologie. Ils ont étudié le faciès et les mimiques de DSK. Surtout les mouvements de sourcil, mesurés avec un computer capable de détecter une orientation vers la gauche, significative de candidature. Leurs conclusions sont avérées mais pour les divulguer, ces trois scientifiques exigent d’être invités au JT de la Une moyennant subsides. Ah, que le monde est cupide ! Et insipide ?
37 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON