• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Le spectacle glaçant de nos faiblesses

Le spectacle glaçant de nos faiblesses

Le 'chaud' doit continuer !

Le sport Français de plein air n'aime pas les rigueurs météorologiques mais les injonctions de la télévision et des partenaires imposent à tous de jouer à 21 heures au plus froid de cette nuit glacée. Les quatre-vingt mille spectateurs sont les oubliés de cette absurdité d'un système qui méprise les humains. Les joueurs quant à eux sont des gladiateurs modernes, ils sont payés pour tous les caprices qu'exigent leurs fabuleux contrats.

Tout eut été différent si notre pays avait eu à organiser dans les années précédentes deux grands évènements sportifs. Mais voyez-vous, deux coupes du monde plus tard, nous n'avons aucune enceinte couverte, aucun stade chauffé malgré des bénéfices substantiels réalisés lors de ces deux compétitions qui n'ont vu que la construction de deux stades ( Montpellier et Saint Denis).

Ce constat illustre l'incompétence de nos élites, la stupidité de nos structures sportives qui attendent toujours du secteur public le financement des structures pour des sociétés totalement privées, l'absence de vision à long terme et la frilosité des décideurs. D'ailleurs, ceux-là sont à l'abri dans des loges où le champagne coule à flot et où l'on se moque des joueurs comme des spectateurs.

C'est la parfaite illustration d'une caste qui fonde sa domination sur le mépris et l'absence de perspective. Je n'entends aucun responsable politique parler du modèle allemand. Pourtant, eux ont des stades qui permettent de tenir les engagements médiatiques tout en respectant les acteurs et un public qui ne risque pas la pneumonie. Puisque le chaud (show) doit continuer autant qu'il se déroule dans des conditions dignes. Au lieu de quoi, on bâche nos pauvres pelouses et on gaspille des milliers de litres de gaz oil pour chauffer le froid glacial d'un hiver qui prend toujours au dépourvu les chantres de la planification nationale. Mesure parfaitement inutile quand la mince protection illusoire est retirée plus de deux heures avant la rencontre.

Ce cirque n'est pas que le seul fait du Rugby. À ce petit jeu stupide le football est même en première place de cette course folle au gaspillage et à la stupidité sociétale. Quant à reporter le match pour le jouer ultérieurement dans des conditions humaines, il n'est même pas question d'évoquer cette hypothèse absurde et hors de saison. La dimension humaine n'est plus prise en compte dans ce Monde gouverné par des financiers et des banquiers au sang froid.

Pour sacrifier au Dieu argent, nous en sommes revenus au temps des machines à vapeur. Une curieuse locomotive crache la fumée au bout de sa cheminée. Une bouche chauffe un modeste mètre carré quand tout un stade devient dur comme du béton. C'est dérisoire ! On palabre sur le pré, des hommes plus raisonnables que les autres cherchent à repousser cette folie. On s'interroge, on discute, on se concerte. Les oreilles chauffent plus sûrement que la pelouse et les médias s'inquiètent.

Les gugus de la télévision veulent que le match ait lieu. Il faut que le spectacle se déroule à toux prix. Mais il fallait le mettre avant le prix du confort et de la modernité. Je vous rappelle que le Stade de France est un espace privé qui appartient à un consortium fort gourmand. Une petite clause opportune pourrait facilement contraindre ces chers commerçants à faire le nécessaire, chauffer la pelouse, couvrir le toit par exemple. Mais il faudrait être en mesure de négocier et pas être étranglé par des contrats léonins.

Un arbitre, honnête homme, prend la décision la plus sage. Il se moque des contrats et des médias, il ne veut pas mettre les hommes en danger. Il jette un froid dans les tribunes. Personne ne remboursera les frais engagés par les quatre-vingt mille spectateurs, seuls dindons de cette farce moderne. Honneur à monsieur l'arbitre et sans doute au sélectionneur tricolore peu favorable à la tenue de la rencontre. Ceux qui ont décidé de l'heure du match auront-ils l'élégance d'assumer leur stupidité ? C'est naturellement peu probable, ce sont toujours les mêmes qui trinquent dans ce système en surchauffe.

Hibernationnement vôtre


Moyenne des avis sur cet article :  2.33/5   (9 votes)




Réagissez à l'article

7 réactions à cet article    


  • easy easy 13 février 2012 12:34

    Vous courez assister à un match par des conditions météos limites et vous braillez ensuite de tomber des nues.

    Débattez-en entre seuls fanatiques.


    • C'est Nabum C’est Nabum 13 février 2012 13:00

      Easy


      Je ne pense pas que ce texte soit celui d’un braillard fanatique.
      Mais de la distance, un sportif ne peut avoir.

      Merci de me traiter en imbécile !

      • easy easy 13 février 2012 14:19

        Je vous vois d’abord fanatiques

        Ce n’est que quand vous vous adressez à la masse globale (où l’on trouve des fanatiques de toutes sortes de choses mais pas forcément de cette sorte de jeu qui exige de pouvoir se pratiquer quel que soit le temps) que je vous trouve imbécile.

        Tout fanatique devrait au minimum prendre conscience qu’il est fanatique et qu’il ne peut donc exiger d’une masse qui ne l’est pas (ou l’est d’autres choses) qu’elle plie à ses exigences fanatiques particulières. La nation peut concéder à tous les fanatiques divers qui la constituent la juste part de structures délirantes qu’ils exigent. Seulement la juste part et à due proportion de leur importance numérique.

        Notre peuple a d’autres gens à servir qui n’ont pas même un lit chaud, pas même un repas chaud.



      • pierrarnard 13 février 2012 14:19

        Et une pensée émue pour tous ceux qui dorment dehors sans arbitre pour juger qu’il fait trop froid.....


        • C'est Nabum C’est Nabum 13 février 2012 18:00

          pierrarnard


          Ne croyez-vous pas que je sois pas conscient de ce décalage monstrueux. Que faire ? Vous avez raison, tout cela est bine dérisoire et il se peut qu’il faille n’en rien dire.
          Mais je crois nécessaire de souligner qu’en acceptant un fonctionnement absurde, notre façon de penser les stades et les investissements n’est pas à la hauteur. Que le traitement de ce dossier en laissant de braves gens traverser la France pour un match qui en étant un peu sérieux ne pouvait se jouer est une aberration qui elle aussi démontre le mépris des élites.

          Dans ce contexte, on comprend plus facile qu’il reste des gens à dormir dehors.

          • pierrarnard 13 février 2012 20:54

            « en acceptant un fonctionnement absurde »
            Tout le problème est là....

            Si chauffer des pelouses pour qu’une poignée de guignols aux salaires éhontés puissent jouer a la baballe devant un parterre de somatisés complices pendant que des gens dorment dans la rue et meurent de froid devient une revendication normale, j’espère que la fin de notre monde est bien pour cette année....


          • C'est Nabum C’est Nabum 14 février 2012 06:00

            Pierrarmard


            Si l’on accepte que le sport participe à l’économie et est en cela un enjeu, l’état de nos stades pose problème d’autant plus qu’ils sont presque tous publics pour des bénéfices privés. !

            Maintenant dans le contexte humain du moment, chauffer une pelouse est une aberration, je vous le consens mais respectez les braves gens 

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès