Le suffrage universel
N’est-il pas consternant de constater qu’en ce 21ième siècle et deux siècles et demi après les révolutions américaine et française, on ne soit pas encore parvenus à trouver un système qui permette de choisir pour diriger ces nations, lesquelles comptent forcement en leur sein des hommes ou des femmes possédant les qualités requises, celui ou celle qui en serait digne. Si nos systèmes de sélection ne peuvent produire que des Bush, des Trump, des Hollande ou des Macron, c’est que ces systèmes de sélection, car il s’agit bien de sélection, sont forcément mauvais et sous l’influence de forces extérieures, en l’occurrence la presse.
Condorcet lui-même avait démontré en son temps la stupidité du suffrage universel. Des nombreuses conversations que j’ai pu avoir autour de moi, il en ressort un certain consensus que j’ai pu constater sur quelques noms dont : René Monory ou Pierre Beregovoy, par exemple. Le premier fut ouvrier garagiste et le second ouvrier à 16 ans. Tous deux gagnèrent l’estime des français. Ce constat démontre que la conduite d’un état ou d’une entreprise ne nécessite en rien, bien au contraire, des hommes issus de la méritocratie et encore moins des politiciens de carrière issus des grands partis ou de grandes écoles. Il m’arrive souvent de penser que le cantonnier de mon village pourrait faire un excellent premier ministre, pourvu qu’il ait courage, intégrité et avant tout souci de l’intérêt public.
En 2002, paraissait un livre « Les conquérants de l’invisible » de Alain Jamais ; ce livre racontait l’histoire d’un des fleurons de l’industrie française, AIR LIQUIDE. L’ouvrage paraissait au moment où cette société célébrait son centenaire ; elle a depuis toujours conservé son statut de placement de père de famille, bien que son histoire et même son existence soit inconnues de la majorité des français. Alain Jamais, dans la conclusion de son livre, donnait une explication au succès d’Air Liquide : pas d’énarque ni de parachuté de la Haute Administration. Autre explication, ces 3 patrons avaient fait un parcours à l’anglaise au sein d’Air Liquide, en franchissant progressivement les différentes étapes de responsabilité ; ils comptèrent successivement un polytechnicien, un diplômé de l’Ecole Supérieure de Commerce, et un centralien en la personne de Benoit Potier l’actuel PDG.
En comparaison, deux énarques furent mis à la tête de deux autres prestigieuses entreprises que furent la Compagnie Générale des Eaux et la Société SUEZ.
Le premier Jean-Marie Messier, J2M, l’homme aux trous dans les chaussettes, parachuté de l’administration, convertit la CGE en la Société VIVENDI aujourd’hui en grande difficulté. Le second énarque Gérard Mestralet, après un passage à la Direction du Trésor, se chargea de transformer SUEZ en la fusionnant avec GDF, l’ensemble aujourd’hui rebaptisée ENGIE. Demandez aux anciens actionnaires de la CGE et de SUEZ ce qu’ils pensent de leurs investissements. Le cours de ENGIE qui plafonnait à 46 euros en 2008 en vaut 12 aujourd’hui.
Pour quelle raison ai-je fait cette digression ; simplement pour montrer qu’à de rares exceptions, que ce soit dans la gestion des affaires de l’Etat comme d’une entreprise, les énarques sont totalement inadaptés.
Comment donc procéder, afin de choisir d’une façon juste et rationnelle l’homme ou la femme correspondant au meilleur profil, sans contrarier les sensibilités démocratiques d’un peuple aux opinions souvent très diverses et changeantes, sensibilités et opinions qui sont pourtant à la racine du problème.
Une solution serait de déléguer le vote populaire à une sorte de conclave ou comité restreint et faire un appel d’offre au sein de la société civile afin d’y recruter des candidats répondant à des exigences strictes : longue expérience dans le monde de l’entreprise privée en exercice ou retraité avec préférence donnée aux PME ; dossier judiciaire vierge ; afin que le profit ne soit pas la SEULE motivation de la candidature, l’indemnité accordée devant répondre à des besoins et dépenses justifiées et raisonnables.
Tout cela peut paraitre utopique mais il faudra bien trouver rapidement une solution autre que le système actuel qui ressemble trop à une loterie ou un jeu de foire où il faut descendre des vieilles boites de conserve.
Pour mon part, j’opinerais pour la monarchie constitutionnelle dont les meilleurs exemples sont sans conteste, les 3 monarchies scandinaves. Mais l’attachement totalement irrationnel des français à leur république, a été entretenu soigneusement par 2 siècles d’enseignement et d’esprit jacobins. Je suis assez tenté d’en donner une illustration par le court récit d’une conversation que j’avais entendue dans un train de banlieue : le premier envisageait l’éventualité d’une restauration, à cela le second répondit : si nous avions une restauration, il faudrait à nouveau s’éclairer aux chandelles.
Aussi stupide que puisse paraitre un tel raisonnement la Monarchie, dans l’esprit de la majorité des français, est un anachronisme et un retour en arrière.
Qu’importe le fait que les 3 monarchies déjà citées pourraient nous donner des leçons en matière de démocratie.
Reste le pouvoir personnel représenté par Franco qui fut le seul dictateur à repasser la main de son plein gré à un régime démocratique et dont l’australien Brian Crozier a fait une excellente biographie. Mais là, mieux vaut ne pas en parler puisque les français semblent donner la préférence à une démocratie totalitaire.
Pour conclure, et dans le contexte actuel, le système une fois de plus va payer sa survie pour quelque temps encore. L’anarchie rampante, un pouvoir qui ne s’exerce plus que pour taxer ceux qui travaillent, un pouvoir en complète déliquescence et dont la devise est « Fort avec les faibles, faible avec les forts » nous conduira infailliblement à une dictature, qu’on le veuille ou non.
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