Le symbole du 17 octobre 2007
Le 17 octobre 1987, le père Joseph Wrésinki lançait la Journée internationale du refus de la misère. Cela fait vingt ans et rien n’a vraiment changer. A l’autre bout du monde un moine Prix Nobel de la paix recevait les honneurs pour son engagement mondial pour la paix et le compassion envers les plus faible.
La journée du 17 octobre 2007 restera une journée symbolique.
Journée internationale du refus de la misère, le calendrier a voulu que ce soit aussi ce même jour que sa sainteté le Dalaï Lama, ait une nouvelle fois, une reconnaissance mondiale.
Les États-Unis d’Amérique (encore et toujours une des grandes puissances mondiales, régissant les idées), par la voie de son président Georges Bush, bien que contestable sur beaucoup de dossiers, a eu le courage de décerner la plus haute distinction du congrès à notre infatigable marathonien de la paix, envoyant ainsi un signal très fort au Parti communiste chinois, huit mois avant le début des JO de Pékin.
En même temps, de partout dans le monde, des hommes, des femmes, des militants, des anonymes, ont manifesté, par leur présence, leur refus de l’inéluctabilité de la misère.
Leur négation de la mondialisation globale économique capitaliste, génératrice des plus grandes précarités.
Cette misère, de plus en plus croissante dans notre Occident malade, nous renvoie à de nombreuses interrogations. Les fondements même de nos manières de vivre en sont ébranlés. Prise de conscience économique, politique, civique, écologique, spirituelle, en vu de remettre l’homme à sa place au centre de la vie sociale. Mais pour l’instant ce ne sont que des idées ou des souhaits, la réalité concrète n’en est pas là.
A Toulon, la Ligue des droits de l’homme était sur le terrain. Sous l’égide du collectif du 17 octobre (ATD quart monde, Amnesty international, Secours populaire), les manifestations officielles se sont déroulées sur le parvis des Droits de l’homme de la faculté de droit.
Mais ce qu’il faut en retenir, ce sont les témoignages de ces hommes, de ces femmes, jeunes ou vieux, que vous croisez tous les jours, de plus en plus nombreux, à la sortie des supermarchés, des administrations, des édifices religieux. Ces sans-nom que certains dirigeants politiques veulent nous cacher, voire faire disparaître de notre milieu urbain.
Il nous ont dit, avec leurs mots, avec leurs angoisses ou leurs colères, leur indignation, la très grande souffrance de vivre dans la rue. Le sentiment de rejet qu’ils ressentent, dans les regards, les agressions verbales ou physiques qu’ils subissent chaque jour.
Oh ! Ils n’en veulent à personne, il sont conscient d’avoir un jour pris la direction de la non-normalité, de la voie qui ne mène pas dans le sens de la majorité collective.
Mais derrière ces visages déformés par la peur, l’angoisse, l’alcool, la drogue, et les agressions, il y a des humains, avec chacun une histoire propre mais qui, collectivement, les a menés à la rue. Il étaient, prof, ouvrier, comptable, commerçant, attaché de direction, étudiant, retraité, et un jour tout à basculé. Ces témoignages, ils les ont fait en public pour une fois, pour un jour, ils ont pris la parole devant 300 personnes, on les a écoutés, en silence, ils ont existé.
Ce qui m’a le plus interpellé, et c’est là toute la richesse des humbles, c’est que malgré tout ils ont encore de la générosité, de la fraternité. Malgré leur vie minable, ils pensent encore aux autres. Des SDF témoignent de leur grande tristesse, non pour eux car leur vie est déjà engagée, mais pour ces jeunes, de plus en plus nombreux qui vivent dans la rue (à partir de 18 ans, voire parfois 16 ans). Désocialisés, coupés de leur famille, de leurs racines, sans repères livrés à eux-mêmes. Ils nous ont dit leur grande souffrance de voir cela, car certains sont parents ou grands-parents. Ils sont ceux que l’on ignore, ceux que l’on refuse de voir, et qui nous renvoient à notre propre crainte de l’avenir, à notre propre vision de ce que les accidents de la vie pourraient nous faire devenir, et ça nous terrorise.
Alors la société se pare de l’indifférence, c’est son luxe.
Les services sociaux et les associations sont saturées, impuissantes devant l’ampleur du phénomène.
Avec ces témoignages, nous sommes quelques-uns à prendre conscience de notre chance.
Ils nous ont fait mal ! Mal à notre ego de privilégiés.
OUI, nous sommes des privilégiés, par notre situation même parfois difficile, par notre histoire familiale, par notre parcours de vie. Les écouter, ça vous prend aux tripes, ça vous remet en question, ça bouleverse votre fondement.
Pour la première fois à Toulon, on leur donne la parole. On les concrétise.
Cyril Cossu, jeune SDF lui aussi, en a fait un film, Culture d’exclu. Comme quoi, même dans la rue on peut créer, témoigner culturellement. Ils étaient là, tous, dans la salle, au premier rang, les acteurs de leur propre misère. Et nous aussi !
Et à la fin du film, ces deux monde se sont parlé, ont renoué le dialogue, se sont respectés.
J’ai fini la soirée avec eux, assis parterre, comme eux, ils m’ont accepté, et on a encore parlé, toujours parlé, ils en ont tant besoin. Et la j’ai compris !
Pour ceux qui me connaissent, j’avais ressenti ce besoin de relations humaines tant demandé, avec les pauvres en l’Inde l’année dernière en octobre. La misère est bien internationale, c’est le fléau du XXIe siècle.
C’est la même partout, avec ces mêmes conséquences inhumaines.
Alors mes amis, je suis convaincu de votre compassion, mais si vous croisez ces miséreux donnez-leur ce qu’ils nous ont le plus demandé.
UN SOURIRE, UN BONJOUR, UNE PAROLE pour leur montrer qu’ils existent et que vous considérez qu’ils font encore partie de la famille humaine. et puis accessoirement, donnez-leur une petite pièce...
Jacques Mejean
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