Le syndrome du Titanic revisité
« J'ai pas le temps de me dépêcher ! » Mimie*, 4 ans déjà

La collapsologie n'est pas en règle générale un thème très en vu, un peu comme les cheveux sur la soupe, ou la fraise du chirurgien-dentiste, à laquelle on ne pense seulement que quand on doit s'y rendre, en l'occurence, le moins souvent possible...
Il faut dire que les émeutes, les couvre-feux, les rationnements, les épidémies, les hivers nucléaires, ou autres "réjouissances" d'un autre âge que certains oiseaux de mauvais augure voudraient nous remettre sur le tapis, çà fait pas très envie, quand aujourd'hui on caracole en SUV, qu'on est en train de s'épargner une belle retraite, ou qu'on vient de se marier avec un smartphone et qu'il vient même de nous faire un enfant...
Pourtant, entre la "perfection des moyens", et la "confusion des fins", Einstein nous mettait déjà en garde contre l'obnubilation excessive par la technique de notre société, capable, tel un poulet, de courir vite, tout en ayant malheureusement perdu la tête.
Notre ami Nicolas Hulot avait appelé cela le « syndrome du Titanic », le fait de continuer à se consacrer exclusivement aux affaires courantes comme si de rien n’était sans réfléxion cohérente aucune, et ainsi de discuter ad vitam aeternam du sexe des anges sur BFM et de faire mumuse chacun dans son coin tandis que la civilisation tout entière est en train de sombrer plus ou moins rapidement dans le vide inter-sidéral…
Il y avait au passage encore une certaine noblesse d’usages à l‘époque du naufrage du célèbre « insubmersible », qui tendait à considérer que les femmes et les enfants étaient prioritaires pour quitter le navire, peut-être un réflexe inné d’auto-préservation de l’espèce, teinté d’un certain humanisme et d’une forme de galanterie encore désintéressée, aujourd’hui gisant pour toujours à 20 000 lieues sous les mers...
C’est donc, vous l’avez compris, une toute autre histoire actuellement, dans le « paquebot monde », qui n’a même pas eu besoin d’être percuté par un iceberg ou une malencontreuse météorite pour partir en vrille. S’il s’agissait d’un seul homme on aurait dit couramment qu’il a « pété un câble » et on l’aurait gentiment ramené dans un endroit où il peut délirer tout seul sans déranger personne, dans le cas de l’humanité tout entière, il ne semble pas y avoir d’autres solutions que de mettre un panneau géant sur la Terre « Attention : il y a quelques déséquilibrés », des fois que des pacifiques cousins venus du ciel souhaiteraient par hasard nous rendre visite…
Ainsi la grandeur d’âme souvent théorisée des Hommes a-t-elle cédé la place aux instincts les plus primaires de nos possédants, et de ceux qui les suivent aveuglément, c'est à dire l'essentiel du troupeau, invitant les rats à quitter le navire fiscal et démographique, et chacun à jouer sa propre partition sans se soucier véritablement de la sauvegarde et la cohésion de l’ensemble, les haut-parleurs mass-médiatiques nous assurant que chacun pouvait vaquer à ses occupations, car la planète ne peut pas couler, la croissance est forte, les produits laitiers, c'est des sensations pures, et l’Homme sera de toute façon invincible pour toujours.
Pourtant, nos responsables ne se souviennent que trop bien comment une simple coupure de courant de 36h à New York en 1977 avait suffi à provoquer panique et anarchie dans la population...
"Les possesseurs de Rolex et les csp+ d’abord, les gauchistes et les altermondialistes dehors"
La préservation de l’espèce a ainsi fait l’objet d’une réinterprétation aujourd’hui assez différente de la part des castes supérieures, consistant à prioriser la « race », qui ne doit plus être spécifiquement blanche ou aryenne, mais bien plus "idéologique" cette-fois, à quelques variantes près.
On arrosera ainsi les plus riches ou autres forces vives de la nation, qualifiées religieusement de "méritantes" de par le simple fait d'être un peu plus avides ou chanceuses que les autres, de réductions d'impôts ou autres liquidités boursières, tandis que les opposants au régime, traités publiquement de « fainéants, d'extrêmes, ou de cyniques seront invités courtoisement à passer par dessus bord ! ».
Et entre les présidents pervers-narcissiques n’hésitant pas à menacer de rayer tout un pays de la carte en appuyant sur un bouton rouge parce que leur chef les aurait regardé de travers de par deux fois et le guide de la révolution capitalo-communiste chinoise, Xi Jinping, qui a censuré internet parce qu’on le comparait à Winnie l’Ourson, le gogo moyen ne saura peut-être plus aujourd’hui vraiment sur quel pied danser…
Pour essayer d’y voir un peu plus clair, hormis donc les farfelus tragi-comiques qui nous gouvernent et que nous classerons à part, parce-qu’ils ont somme toute un certain talent, nous nous garderons bien malgré tout de diviser l’humanité en trois types d’Hommes : ceux qui dorment, même les yeux ouverts, la tête dans le guidon, c'est à dire la majorité, ceux qui ont compris qu’il y avait un gros problème et qui essaient de colmater les brêches comme ils peuvent, et ceux qui continuent à jouer du pipeau pour distraire les foules, pendant que les premiers naufragés boivent la tasse, et pas que de thé.
Pourquoi ne pas faire la distinction ? parce qu'évidemment c’est en réalité un peu plus complexe...
Il peut paraître bien difficile en effet pour ceux qui auraient eu une soudaine illumination, de discerner l’« info du vrai », lorsque le capitaine et ses frotte-manches nous affublent de messages a priori contradictoires.
« Nous maintiendrons le cap coûte que coûte, notre détermination est absolue, « et en même temps », sur l’effet de « ruissellement » il y a un doute, bien au contraire, même si pardonnez moi de vous le dire, la France est pourtant un pays formidable qui ne veut pas changer…, blop »…
Ce novlangue étonnant, présenté ici sous forme concentrée, et qui pourrait faire dorénavant, au même titre que le phénomène "Beyonce" aux USA, l’objet de recherches universitaires en sémiologie, tout en faisant tanguer plus ou moins nos certitudes sur la physique quantique, est, il faut le dire, en réalité une resucée assez bien nauséeuse de la traditionnelle langue de bois.
Aussi, les journaux officiels qui s’amusent à créer des "décodex" pour aider les honnêtes gens à repérer les "fake news" ou autres prétendus "complotistes" yoyotant de la cafetière, qui selon eux menaceraient dangereusement la démocratie, pourraient-ils être tentés d’utiliser leurs algorithmes évolués pour décrypter le nouveau langage abscons de nos politiciens, cela nous rendrait un fier service, pour peu qu’ils parviennent à en assumer le sens et en espérant que leurs logiciels de traduction soient suffisamment fiables pour ne pas provoquer des incidents diplomatiques.
Ainsi, entre les algarades des uns et le besoin de décodeur pour les autres, bien nombreux sommes nous à ne plus faire vraiment confiance, ni aux médias ni aux hommes politiques, ni à personne d’autre d’ailleurs en cette période dont on ne sait plus très bien si elle serait pré ou post-apocalyptique tellement elle est devenue à la fois folle, chiante et confuse, exception faite peut-être de la gent féminine, hum...
Il faut dire que le langage « femme » n’ayant pas été non plus totalement décodé par la science, malgré les nombreuses tentatives et autres expériences de laboratoire avec des cochons-dindes, sans compter leurs armes de séduction massives, par lesquelles la moitié des Hommes auraient déjà été touché, certains chercheurs à l'humour douteux n'ont pas hésité à conclure qu'il était plus facile de mesurer leur tour de poitrine que d'évaluer leur bonne foi ou de sonder leurs véritables intentions, "mais que c'est çà qui faisait qu'on les aime"...
Alors nous nous fierons peut-être à la sagesse inénarrable des enfants pour comprendre pourquoi nous en sommes arrivés là :
Asna, 4 ans, parlant à sa maman,
« Ma fille met son oreille sur mes fesses et me dit :
- Bah j'entends rien
- Pourquoi tu fais ça, chérie ?
- La dame à la télé a dit que les bébés, "ça écoutait la peau des fesses", »*
Nul doute que les philologues et aspirants à la vérité des prochains siècles, s’ils naissent, auront tous leur propre interprétation de cette mystèrieuse sapience de l'an 2000 aux faux airs de koans.
Bonus spécial "fin du monde" : les cultes Titanic Park et Météo du futur de Mozinor
*citations empruntées au site enfandises, avec leur aimable non-autorisation...
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