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Le temps des cerises

Le problème Grec dévoile comme j’ai eu l’occasion de l’écrire, la fin d’une illusion entretenue que l’Europe économique constituait une force capable d’assurer la prospérité de ses peuples.

Je ne reprocherais jamais aux citoyens leurs ignorances qui les conduisit à cela, car l’on ne peut être à la fois au four et au moulin, mais il appartient au meunier de ne pas tromper son monde, même s’il faut admettre que rien ne le destine à disposer d’une vérité inaliénable.

Pourtant pour vivre il faut espérer, et c’est dans le pain qu’il nous propose que nous nous nourrissons. Force est donc de constater qu’il y en avait deux sortes, un pain blanc pour les riches et un noir pour les plus pauvres. L’illusion que nous mangeons du pain blanc s’est achevée avec la fin des trente glorieuses, seul notre désir d’espérance nous a poussés à croire que nous continuerions à en manger en nourrissant les plus riches pour qu’ils le partagent.

Ne pensez pas que j’en veuille aux riches, je veux seulement dire qu’il ne faut pas compter sur eux pour le devenir. L’évolution du marché financier l’a démontré et c’est oublier même la pratique du marché baissier qui consistait à vendre des produits financiers puis les jouer à la baisse contre ses clients, entre autres duperies qui ont cours.

Si à cela nous rajoutons les scandales politiques, dont quelques affaires ont émaillé les dernières semaines, je comprends le désespoir et l’inquiétude de nombre de citoyens, qui de plus est fondé.

Néanmoins il ne peut y avoir de porte de sorti sans espérance, et il me semble que cette dame soit au plus mal.

Les actions conjuguées de la communauté pour venir en aide ne ramèneront pas la confiance des marchés qui ne peut se fonder que sur un retour à la croissance qui n’aura pas lieu, sauf si le coût du travail devient inférieur à celui des pays émergents.

C’est la seule chose qu’il y a à comprendre au fond, et qui constitue la transformation profonde qui va s’engager, et ce ne sont pas les marchés financiers qui pourront fonder ce renouveau car ils n’engageront jamais un kopeck pour cela, s’il ne peut lui être rendu au centuple.

Ce défi de l’avenir concerne les entreprises et les populations qui ont à innover dans des secteurs qui ne seront pas rentables immédiatement pour réaliser d’une part, de nouveaux produits, de nouvelles énergies, et qui auront à gérer ensemble une décroissance inévitable.

Dans ce cadre, l’action de la puissance de l’état est indispensable, pour financer des projets innovateurs. Or ils n’ont pas ces moyens du seul fait qu’ils doivent emprunter sur les marchés à des gens qui ne veulent courir des risques que s’ils peuvent le vendre, et quand ils ne peuvent le vendre, par exemple devant une grande catastrophe, ils refont appel à l’état qui va leur emprunter la monnaie, et la lui restituera.

Avec la Grèce les marchés font la démonstration, qu’ils ne peuvent pas être un instrument de gestion unique des états, ils font ce que nous connaissons tous, c’est aider les riches. Ce n’est donc pas avec ces gens là que nous allons pouvoir construire le renouveau de la société capitaliste qui se réforme face à ces propres dégâts dans les sociétés vieillissantes comme celle de l’occident.

Je serais tenté de dire l’avenir se trouve dans le BRIC, mais je n’y crois pas, ils vont seulement chercher à s’approprier le pouvoir ou partager le pouvoir mondial, est-ce que cela sera bénéfique, je n’en ai aucune idée. Mais je ne pense pas qu’il y ait là une solution à l’immédiateté que nous allons vivre.

À l’examen de nos désirs il existe un marché de croissance sans limite pour plus de 6 milliards d’individus et demain plus de 9. Sur la base de nos indicateurs de croissance en une année nous aurions épuisé toutes nos ressources et pourri la planète au point d’en affecter la vie biologique.

De fait le futur sera fait d’une décroissance éthique qui posera un problème existentiel, que feront de leur existence les individus s’ils ne peuvent s’épuiser à consacrer une partie de leur vie à produire.

Il est clair que les marchés ne seront jamais partie prenante d’une pensée existentielle et réformatrice de notre société, ils ne concourent pas aux mutations, ils prêtent aux riches.

Si quelques-uns en doutait, le voile est levé, mais au-delà se pose le problème de la candidature de Strauss Kahn pour une éventuelle candidature du PS, nous serions au moins assuré d’avoir une législature récessive. Il est clair qu’en votant pour lui nous nous assurerions la mise en place de mesures d’austérités du genre de celles qui se mettent en place brutalement en Grèce, et qui se sont installées chez nous petit à petit dans l’amertume et en générant des manifestations sans lendemain, autres que le vote de défiance des régionales.

Pour autant, cette austérité se poursuivra puisque à moins d’un miracle la croissance ne reviendra pas, alors sus aux critères de Maastricht et un retour à un pouvoir régalien de la BCE si l’on ne veut pas que l’Europe éclate ou agonise.


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14 réactions à cet article    


  • dupont dupont 5 mai 2010 14:30

    Et si nous étions trop riches en Europe, en Occident ? Riches, globalement s’entend, bien sûr, pas en voulant me démontrer le contraire en me montrant les SDF qui vivent sous le pont Machin.
    Et si la stagnation voire la récession de la richesse globale chez nous était la condition cine qua non pour que des peuples miséreux se relèvent, créent de la richesse et en aient quelques retombées ? Et si l’équilibre passait par là, sachant que les riches le seraient toujours mais que les pauvres le seraient moins ?
    Et si c’était ça la grande idée d’EN HAUT ? Cette grande idée qui nous conditionne au métissage, à la mixité au nomadisme à l’internationalisme.
    Et si quelques centaines de millions de « privilégiés quasi saturés » incapables de croissance car repus devaient se faire fondre le lard pour que les autres puissent manger à leur faim, avoir des autos, des télés, des ordis... ?
    On repartirait pour un tour, ici où ailleurs. Ici en les faisant venir à qui mieux mieux, ailleurs en déplaçant l’outil, avec les conséquences qu’on connaît dans les deux cas.
    Les riches ainsi deviendraient plus riches mais pourraient se targuer d’égalitarisme (eux hors statistiques, bien entendu) et de générosité, ce qui ne serait pas totalement faux.


    • ddacoudre ddacoudre 5 mai 2010 18:05

      bonjour dupont

      nous sommes en occident des pays riches, nous avons réalisé assez de richesses pour les pays émergeant en profitent, car seul il n’auraient pu faire en quelques années ce qui nous a demandé des siècles. et je n’ai rien contre cela, et c’est même une bonne chose, sauf que nous le faisons de manière lucrative sinon nous développerions, ou aurions développé l’Afrique plutôt que l’exploiter.
      il n’est pas utile de nier les intérêts égoïstes, l’erreur est de croire qu’ils concourent à l’intérêt collectif.

      nous savons par le principe de l’impossibilité, que la masse des intérêts individuel ne fait pas l’intérêt collectif depuis la révolution au moins. c’est pourtant cela que l’on nous a vendu ce a quoi nous nous sommes accrochés et nous sommes surpris de ne plus avoir de projet de société, en constatant les méfaits de nos intérêts individuels qui sont réalisés par le marché financier, auxquels nous avons confier toute notre monnaie depuis 1973.

      cordialement


    • zelectron zelectron 5 mai 2010 15:08

      « mais il appartient au meunier de ne pas tromper son monde » :
       encore faudrait-il que les « ceusses » qui se présentent en tant que « meuniers » ne soient pas en réalité des « équarrisseurs ».


      • ddacoudre ddacoudre 5 mai 2010 18:07

        bonjour electron

        très certainement entre temps il s’est convertie à un nouveau métier.

        cordialement.


      • xray 5 mai 2010 21:27


        Les
        Français sont revenus à la situation du début des « années 40 ». 
        Ils sont soumis à : 

        - Une monnaie d’occupation ; 

        - Des journalistes d’occupation ; 

        - Des mœurs judiciaires dignes du nazisme ; 

        - Des collabos financés et au service de qui ? L’Europe,  les Américains, ou le Vatican ? 

        Néanmoins, dans les moyens mis en œuvre par l’Europe pour asservir les foules on reconnaît les méthodes de curés : 

        - « Générer l’incompréhension, les désordres, la délinquance, la criminalité, l’injustice,  la misère, les maladies, les épidémies, les conflits,  les guerres, les famines, etc. » 
        Le tout reposant sur l’ignorance permanente et des flots de mensonges sous lesquels les médias noient les individus. 

        Menteur comme un journaliste 
        http://n-importelequelqu-onenfinisse.hautetfort.com/archive/2010/05/03/menteur-comme-un-journaliste.html 

        L’EUROPE des curés
        http://mondehypocrite.midiblogs.com/ 

        Le bourbier européen 
        http://n-importelequelqu-onenfinisse.hautetfort.com/archive/2009/05/09/le-bourbier-europeen.html 

        La loi 1905  (France) 
        http://mondehypocrite.midiblogs.com/archive/2008/05/06/moralistes-par-devant-sans-scrupule-par-derriere.html



        • ddacoudre ddacoudre 5 mai 2010 22:12

          bonjour xray

          merci pour les liens que je suis aller lire.
          cordialement.


        • fifilafiloche fifilafiloche 6 mai 2010 03:33

          J ai aimé votre article.


          Au delà de la stigmatisation du mythique « riche », comme un indigène pourrait stigmatiser un européen, il pose une bonne question. Face au constat que nous avons épuisé tous les relais de croissance, quelle sera la recette du bonheur dans la décroissance que nous allons vivre pendant les 30 ans à venir ?

          Y a t il dans l’histoire européenne une période similaire à laquelle nous pourrions nous référer ? Les décroissances jusqu’ici ont toujours été gérées par des guerres, sortes de purges ritualisées permettant de redistribuer les cartes et repartir de plus belle. Une décroissance dans la paix. Je serais intéressé par l’avis d’historiens sur la question. Il y a bien le Japon qui depuis 20 ans connait une décroissance régulière, mais il s’agit d’une culture différente, de traditions distinctes.

          Ce qui est sûr, c’est qu’il faudra revoir entièrement notre modèle de société, de redistribution, de solidarités, créé sur des hypothèses de croissance éternelle forte. Les déficits qu’ils génèrent en décroissance mènent à une ruine certaine.

          Je regrette que ce débat ne soit pas plus ouvert dans notre société. Au lieu de se gaver d’illusions jusqu’à l’implosion, préparer les esprits à cette période et essayer de la positiver permettrait de la traverser de façon plus sereine.

          • colza 6 mai 2010 11:26

            Je suis d’accord avec vous et avec l’auteur.
            Il s’est dit depuis longtemps que la décroissance est inévitable et que si nous ne la mettons pas en oeuvre de notre plein gré, elle nous sera imposée par les évènement et que ce sera beaucoup plus dur.
            Je pense que nous n’allons pas tarder à en voir les premiers effets.
            Ce qui m’inquiète, c’est que j’entends beaucoup trop souvent parler de la guerre comme d’une sorte de conséquence inévitable et nécessaire pour remettre l’économie sur rail, comme un enfant qui casserait tous ses jouets pour en avoir de nouveaux.
            J’aimerais beaucoup entendre des responsables politiques déclarer avec conviction que la guerre n’est pas une solution, mais une abomination à condamner absolument.
            Evidemment, lorsqu’un pays tire une bonne part de son PIB de la vente d’armes de guerre, ça fait un peu « faux-cul » de se céclarer contre la guerre.


          • ddacoudre ddacoudre 6 mai 2010 11:47

            bonjour fifilafiloche.

            la décroissance ne signifie pas l’appauvrissement..il y a a faire pour trouver des énergie propre et des produits de renouvellement. la récupération et le recyclage sont une nécessité. mais ne seulement pour cela, l’on ne peut indexer cette activité sur des taux de productivité et de rentabilité identique, a une production industrielle, également créer des université d’enseignement du savoir pour les adultes peut être une source d’activité pour le futur et fournir une rémunération aux populations, plutôt que de les laisser au chômage. mais tout ceci exige, que ce ne soit pas la puissance des marchés financier qui détiennent le pouvoir économique.
            notre intelligence est le plus sur des placements. l’histoire nous apprend que nous n’en disposons pas comme bon nous sable, mais aujourd’hui nous avons plus de moyen de réflexion que hier.

            et l’avantage de l’intelligence c’est qu’elle est une richesse inépuisable, dommage de ne pas la développer tout au long de l’existence.

            cordialement.


          • LE CHAT LE CHAT 6 mai 2010 10:10

            oui, espérer la venue de DSK comme un sauveur , ce pantin sioniste atlantiste et chouchou des banquiers , c’est juste bon pour les crétins ! il vous fera passer la rigueur budgétaire avec d’autant plus de vaseline que les syndicats ne bougeront pas en croyant que ce type est de gauche !!


            • ddacoudre ddacoudre 6 mai 2010 12:15

              bonjour le chat

              cette crise éclaircie au moins les choses, il me parait acquis que l’alternative que voulaient représenter le PS au lendemain des régionales, a du plomb dans l’aile puisqu’ils sont partisans d’une austérité, en l’absence d’une croissance forte, cela va être amusant a suivre d’ici 2012.
              je m’interroge également sur la position que prendra le front de gauche qui n’est pas au diapason avec le PS sur le sujet.

              il n’y a pas de solution en dehors de donner le moyen à la BCE d’éponger la dette de l’Europe, mais cela n’a un intérêt que si l’on réforme la formation du capital et la rentabilité financiére.
              en quelque s’il y a un projet de société, ce qui ne me parait pas exister de manière structuré, pour emporter une adhésion populaire.
              en l’état les populations ne veulent être riche qu’a la place du riche, elles entretiennent de fait le marché financier dont elle se plaigne, alors que ce marché ne détient son pouvoir que de l’accumulation de monnaie que leur confie les populations et sur lesquelles, elles n’ont plus aucun pouvoir de décision, décission qui en plus joue contre elles.

              réformer le marché ne consite à lui retirer le moyen de contraidre les états, il faut comprendre a un momment que leur monaie c’est la notre ils n’ont pas de monnaie en valeur propre en de hors de leur capitaux propres, ils détiennent leur pouvir du renoncement au notre en 1973. et aujourd’hui il me semble bien difficile qu’un état le retrouve seul ; nous sommes donc dans la merde.

              cordialement.


            • Francis48 6 mai 2010 11:13

              Bonjour DDacoudre,

              Encore un trés bon article....

              Mais je reste beaucoup plus pessimiste.....

              Cordialement

              Francis


              • ddacoudre ddacoudre 6 mai 2010 12:17

                bonjour francis 48

                merci de ton passage à bientôt.

                cordialement.


              • sisyphe sisyphe 6 mai 2010 12:28

                La seule solution à la progressive décroissance, est une plus juste redistribution des richesses, grâce à l’indispensable REFORME MONETAIRE, telles celles prônées par Maurice Allais ou Robertson :

                Il rejoint les idées de Maurice Allais et propose en particulier de créer immédiatement toute la monnaie centrale en contrepartie de toute la monnaie déjà en circulation, en considérant que celle-ci a été empruntée à la Banque Centrale et en exigeant que les banques de second rang (banques commerciales) versent à la Banque Centrale les intérêts annuels en cours, aucune autre pratique financière n’étant modifiée (au moins au début...). Ces intérêts sont reversés à l’État, la Banque Centrale étant (ou devenant préalablement) l’une de ses institutions. En d’autres termes, le gain généré par la création de monnaie (seigneuriage) ne devrait plus revenir aux banques commerciales mais être attribué aux recettes publiques.

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