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Accueil du site > Tribune Libre > Le « terrorisme intellectuel » à plein régime

Le « terrorisme intellectuel » à plein régime

Effet secondaire de la crise que traverse la France ces jours-ci, une question, et aussi un vrai problème, sont mis à jour de manière criante : l’abîme entre ce que nous ressentons et ce qu’on veut nous faire croire.

Dans les discussions, souvent passionnées, que nous pouvons avoir avec notre entourage à propos de la crise actuelle, les avis sont certes partagés, mais il semble qu’une interprétation simple de tous ces propos consiste à ramener l’origine de la crise dans les phénomènes que subissent, nolens volens, la catégorie qu’il est de bon ton d’appeler « les jeunes d’origine étrangère ». On parle pudiquement et hypocritement de rejet du monde du travail (le taux de chômage), on parle de rejet de l’école (l’échec scolaire), on parle de non insertion (échec de l’intégration), etc. De fait, et de manière certes brutale, c’est bien d’un rejet par la communauté nationale dont il faut parler, le taux de chômage, l’échec scolaire ou la non insertion n’étant que des conséquences de ce rejet. Sinon, comment expliquer, tout à la fois, ces échecs et la persistance du taux d’adhésion aux idées de l’extrême-droite depuis bientôt 20 ans ?

Or, que nous disent les prétendus spécialistes, les politiques, les journalistes ? Tous supports confondus, si on peut s’exprimer ainsi, ils n’ont de cesse de nous répéter, encore et encore, que l’origine de la crise est économique et sociale. On veut à tout prix nous faire croire qu’avec un taux de chômage touchant cette catégorie de jeunes repassant dans la moyenne, des logements remis en bon état, une assistance scolaire appropriée, des équipements collectifs en nombre suffisant, tout redeviendra normal. Le spécialiste du genre est un grand quotidien qui paraît le soir à Paris et qui n’a de cesse de publier des analyses démontrant que l’on a à faire, ici, à une démonstration politique d’un genre nouveau, sorte de Mai 68 à l’envers, ou bien, là, dans un cahier spécial, nous montre que le sous-emploi de ces jeunes explique à lui seul « la révolte de ces enfants d’immigrés » (dixit ce quotidien). Les politiques de tout bord ne font guère mieux. Le terrorisme intellectuel tourne à plein régime.

Qui ne voit, qui ne sent, que la vraie question est ailleurs ? Pourquoi l’establishment médiatico-politique s’évertue t-il avec tant d‘obstination à vouloir nous faire croire des choses, à nous obliger à penser d’une certaine manière ? Quel est son but ?

La France est confrontée à une double urgence.

Celle, d’abord et avant tout, d’accepter sa diversité, c’est-à-dire sa richesse, et de ne plus vivre dans un passé idéalisé qui n’a jamais existé ailleurs que dans certaines têtes. Ce problème n’est ni économique, ni social.

Celle ensuite de la transmission d’un pouvoir trop longtemps détenu par cette génération de « soixante huitards » qui nous a menés là où nous en sommes, et qui ne semble pas vouloir lâcher prise.

Il est pourtant plus que temps, dans les deux cas.


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10 réactions à cet article    


  • PascalR 15 novembre 2005 15:16

    J’ai eu le malheur d’aller un peu dans votre sens dans un article, avec mes propres propos, et j’ai subi le fameux terrorisme intellectuel dans lequel baigne la France. Ne pas dire ce que nous ressentons, parler la langue admise, le règne de la censure est revenu, mais en beaucoup plus sournois. J’étouffe. Trop de liberté tue la liberté, nous y sommes en plein dedans. Effectivement, le problème ne sera pas réglé pour autant avec tous les pansements prévus par docteur Chirac. Et si nous avions tous peur tout simplement d’un possible guerre civile ou de religion ? Les événements des cités n’ont-ils pas révéler quelque chose qui sommeille et qui ne demande qu’à se réveiller ? Moi, je l’avoue, le musulman me fait un peu peur, et c’est certes un peu irrationnel. Mais qui pourrait me blâmer d’être humain ?


    • Malek T. (---.---.101.176) 15 novembre 2005 17:08

      D’accord avec vous. Le problème est psychologique (ou mental ?) avant tout. Vous parlez de « terrorisme intellectuel », c’est presque trop doux. Je dirais plutôt de « stalinisation de la pensée »... C’est une amie qui m’a soufflé le terme et je la trouve tout à fait adaptée.


      • Senatus populusque (Courouve) Courouve 15 novembre 2005 17:36

        Stalinisation de la pensée, oui, ou encore « censure idéologique ».

        L’expression « terrorisme intellectuel » est mal vue parce que Adolf Hitler fut le premier à l’employer.

        Cette censure idéologique, ou police de la parole, vise à empêcher de parler de tout ce qui ne rentre pas dans les grilles de l’idéologie.


        • Sylvio (---.---.13.250) 15 novembre 2005 18:27

          Je suis d’accord avec ton article mais attention toi aussi tu fais un peu du politiquement correcte, tu tournes autour du pot en disant que les personnes des cités sont rejetés de la population, certes mais tu ne dis pas pourquoi même si forcément tu as ta réponse là dessus qui est la cause initiale.

          Pourquoi ? les conséquences sont évidements des différences économiques et sociales. Mais quels sont alors les causes du rejets de cette population ? Ce sont entre autre ces conséquences (c’est pour ça qu’il y’a une réaction en chaine), c’est à dire les différences en générales qui inclues les différences économiques et sociales mais aussi les différences culturelles causés par la ghéttoïsation.

          Disons le franchement, ces différences mène au racisme à des degrés divers : peur de l’autre que tout le monde peut avoir quand il croise une personne à la peau matte et qu’il assimile à des jeunes émeutiers (alors que certains ne le sont pas), certes cette peur n’est pas la plus grave des choses. Viennent ensuite les préjugés né de la généralisation : un beur a brûlé une voiture donc tous les beurs sont violent ; un beur a dealer du shit donc tous les deals de shit sont fait par des beurs... Enfin, nous avons le racisme primaire et assumé : « ils sont différents donc nous n’en voulons pas » (pour telle ou telle raison).

          Une partie des français est raciste, dans des degrés divers (une majorité ont peur de l’autre, une minorité se disent raciste).

          Ohh que je suis vilain ! Ohh que je ne suis pas politiquement correct de dire ça ou même d’employé ce mot. Que ce mot est tabou !

          Je vais être considéré par certains pour un traitre, un enemmi de la France en prononçant celà.

          Il ne faut pas avoir de tabou là dessus c’est indéniable, le racisme éxiste, partout, il fait presque partit de la nature humaine (et c’est peut-être là que ce trouve la cause initiale). Mais le but ultime d’une société est de rassembler les hommes et de les faire vivre ensemble et de gommer ce default de l’homme.

          Dans ces « racistes » on trouve des français de toutes origines (françaises ou étrangères) et c’est vrai qu’il ne faut pas seulement combattre le racisme anti-beur mais aussi le racisme anti-blanc.

          Pour s’en sortir il faut savoir reconnaître, comprendre et combattre ce racisme avec les mots et les lois.

          Alors Sarkozy n’est-il pas aussi politiquement quand il n’en parle pas ? Je veux bien qu’il dénonce certains problèmes mais pas que ceux qui l’arrange et lui permettent d’avoir les voix de l’extreme droite.

          Le terrorisme intellectuel, oui il ne faut pas être trop intellos, savoir décrire pleinement sans tabou ce qu’il se passe (la formation de 2 communautés racistes l’une envers l’autre) et agir plutôt que de trouver des idées. Mais les idées qui nous sauveront, il faut quand même qu’elles soient intélligentes, débattues, discutés et non véhiculés par la haine, le populisme ou par une quelconque élection...


          • PascalR 15 novembre 2005 21:39

            Je pense qu’il va un jour arrêter de se gargariser avec le mot « raciste », car il ne veut rien dire dans le contexte. Hitler l’était, bien que personne ne connaîtra un jour ses véritables motivations à vouloir exterminer les Juifs. Bref. Je ne crois pas qu’il existe des français racistes dans le vrai sens du terme. Ce que je crois, c’est que les gens vivent une époque complètement folle et que cela à réveiller en eux les peurs archaîques : vont-ils m’enlever le pain de la bouche ? Vont-ils détruire mes biens et ma famille ? Vont-ils me prendre mon travail, donc mon argent ? Les êtres vivants du règne animal dont nous faisons partie fonctionnent sur ce mode depuis la nuit des temps, mais nous l’avons oublié, voire sciemment effacer. Chacun de nous, sans exception, fonctionne à chaque seconde en se demandant « qu’est-ce que j’ai à perdre ? » pour faire ses choix et structurer sa pensée. Le reste, c’est de la philosophie stérile. L’être humain est avant tout BIO LOGIQUE. Ne l’oublions pas. Que la société bien pensante ait élaboré des règles de bonne morale, certes, elle essaie de canaliser les instincts profonds des êtres humains. Mais placés dans un contexte fou et extrêmement complexe, l’être humain redevient ce qu’il est vraiment au fond, l’animal. Et cela n’est sûrement pas péjoratif. Demandez à ceux qui ont fait la guerre, ils vous raconteront leurs comportements. Nous sommes en guerre pour défendre notre assiette car vide, c’est la mort.


            • caramico (---.---.227.249) 15 novembre 2005 22:00

              Dire les melons, les bics...et autres gracieusetés, appelez ça comme vous voulez, si ce n’est pas du racisme !

              j’ai entendu ça à longueur de journée de travail dans une entreprise de 900 salariés ou aucun, je dis bien aucun, n’était d’origine nord-africaine.

              Bravo pour l’insertion.

              Tous ces imbéciles, adeptes du NIMBY, ont le retour de manivelle.


              • Didier Vincent Didier Vincent 15 novembre 2005 22:25

                Hitler ou Staline ? Peste ou choléra ? Laissons de côté ces références douteuses.

                Appeler un chat un chat est souvent nécessaire, très souvent. Mais il faut quand même le faire avec attention. Je ne sais pas si ma comparaison a un sens mais je vous la soumets. Le mot « cancer » a longtemps été évité car porteur de signes forts, trop forts. On a donc tourné autour pendant des années. Depuis quelques temps, la maladie semblant faire l’objet d’une meilleure maitrise, ce mot a perdu l’unique symbolique de mort qu’il contenait et on parle aujourd’hui de cancer plus facilement. Peut être en est il ainsi pour certains mots que nous ne voulons pas employer, non par peur du mot lui même, mais par peur de bloquer encore plus une situation qui est déjà pas mal bloquée. Dans ces conditions, je ne pense pas que l’emploi du mot exact aide dans la recherche de la solution.

                Le pouvoir exercé par quelques uns se base sur la peur. On a donc cultivé cette peur (peur de l’autre, peur de manquer, etc.) et sans s’en rendre compte nous sommes devenus des machines à exclure par peur de l’autre, des machines à construire notre bien être matériel (peur de ne pas avoir assez) sur le dos des autres (l’Afrique par exemple)

                Quel fondement à tout cela ? C’est la question qui nous est posée aujourd’hui.

                Je ne partage pas l’assimilation du comportement de l’homme avec celui de l’animal. Sans nier la part animale de l’homme, je veux croire qu’il y a autre chose. La Raison, si chère à nos ancêtres, nous l’enseigne.

                Il est juste de dire comme caramico que « tous ces imbéciles » au pire et je dirais aussi toutes ces autruches, au mieux, nous ont mis dans une sale situation dont nous n’avons pas à être fiers. Ce n’est pas facile à dire.


                • Loran (---.---.137.74) 16 novembre 2005 09:55

                  Animal oui... Mais animal SOCIAL  !!

                  Et cela fait une grosse différence de le dire... L’homme n’est pas qu’un agent économique qui agit pour son intérêt exclusif.

                  Comme quoi en denoncant des non dits dogmatiques, on en arrive a des non dits tout aussi dogmatiques (et encore plus dangereux car ils sont peu connus)...

                  Rien est blanc, rien n’est noir. Tout est gris.


                  • claude (---.---.21.25) 16 novembre 2005 10:41

                    oui on est dans l’animalité dans l’immédiat, comme si il n’y avait pas de place pour tout le monde ; chomage,pauvreté,vie vide de sens et bien sur, le travail des médias vers le sensationnel qui se vend mieux que les bonnes nouvelles (il y en a)... nous allons de gré ou de force réapprendre à nous parler autrement qu’au travers du matérialisme qui est en train d’étouffer nos pays « développés » pendant que les pauvres partagent dans leur coin...


                    • www.jean-brice.fr (---.---.7.204) 20 février 2006 22:18

                      Voir le site www.jean-brice.fr et vous aurez la réponse...

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