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Accueil du site > Tribune Libre > Le Thorium, perspectives et stratégie

Le Thorium, perspectives et stratégie

Les dirigeants de nos pays industrialisés font tous montre du même défaut ; le digital nous a fait entrer dans l’ère de l’instantanéité et que ce soit Mme Merkel, Mr Hollande, ou autres, tous réagissent à chaud en permanence autant aux vindictes populaires qu’aux diktats sondagiers.

J’en veux pour preuve, la gestion de l’affaire ALSTOM sur la place publique alors que tant d’entreprise avec au moins autant de salariés ferment tous les jours dans notre beau pays sans que le gouvernement ne s’en préoccupe.

Au-delà du constat, nous ne pouvons que regretter le manque de vision des mêmes dirigeants.

Le XXI ème siècle sera le siècle de la bataille de l’énergie ; la fin de l’utilisation des combustibles fossiles arrivera dans les prochaines décennies par épuisement des stocks alors que les solutions renouvelables peinent toujours à vraiment démarrer. Rajoutez à cela le besoin croissant des pays émergents qui visent à atteindre le niveau de confort de l’occident et les appétences exponentielles de l’homo digitalus en électricité, et vous comprendrez aisément que nous dissertons sur les flancs d’un volcan au bord de l’explosion.

Deux autres éléments sont également à intégrer dans cette problématique, l’hégémonie militaire et économique des Etats Unis, ainsi que la toute-puissance stratégique et financière des pays du golfe qui se retrouvent unis dans le même intérêt du « pourvu que rien ne change ! »

Pourtant la solution existe, scientifiquement du moins. La Chine étouffe sous la combustion du charbon fossile, la France ne sait plus que faire de ses déchets nucléaires à longue durée de vie ni de ses centrales en fin d’exploitation, les américains ont détruit avec l’exploitation des gaz de schistes leur sous-sol et leurs nappes phréatiques. Pour pallier à tout ceci, il faut redéfinir le problème du point de vue citoyen.

Nous avons ainsi légitimement droit à espérer trouver un nouveau mode de production d’énergie respectueux de la planète, ne dépendant ni des aléas climatiques, ni de contraintes politiques, ne produisant pas ou peu de déchets, et sans risque d’accident en cas de tsunami ou d’attaques terroristes.

Depuis les années 60, la communauté scientifique s’accorde, du moins sur le papier, pour reconnaître qu’il est possible de répondre à ces diverses contraintes avec le réacteur nucléaire à sels dissous.

Le carburant, tout d’abord. Pour remplacer l’uranium, peu abondant (demandez à Areva), utilisable dans l’industrie militaire et qui produit dans le processus de fission des actinides à longue durée de vie (plusieurs centaines de millions d’années), on pourrait utiliser du thorium. Présent naturellement à la surface de l’ensemble de la planète, il éviterait la mainmise de pays producteurs sur l’économie mondiale et permettrait de couper certains circuits de financement du terrorisme. On trouve du thorium en abondance et il est considéré aujourd’hui comme un déchet produit lors de l’extraction des terres rares. La France disposerait d’un stock immédiatement exploitable de près de dix milles tonnes soit plusieurs décennies d’exploitation.

La sécurité ensuite. Point besoin de circuit d’eau pressurisé comme sur les réacteurs traditionnels, qui induisent des problèmes d’explosion comme à Tchernobyl ou Fukushima, ainsi que des casses têtes constants en termes d’entretien. Le réacteur à sels dissous fonctionne à pression atmosphérique normale. En cas de problème, le carburant liquide de ce type de réacteur se fige instantanément sans diffuser d’effluents nocifs dans la nature.

Les déchets enfin. Certes, les matériaux issus de la fusion ne peuvent être totalement éliminés mais leur durée de vie est considérablement réduite, revenant à échelle humaine, ce qui évite de transmettre à des centaines de générations futures le poids de nos inconséquences. De plus, ce type de réacteur peut être amorcé avec les fameux actinides évoqués plus haut, les mêmes qui sont stockés actuellement en baril pour des millions d’années….

Un dernier point concerne la contrainte industrielle de fabrication. La technologie est si complexe sur un réacteur traditionnel que très souvent la construction se fait sur l’emplacement même de la future centrale, ce qui interdit toute économie d’échelle et entraîne des dépassement de budget constant, ce ne sont pas les financiers de l’EPR qui me contrediront. Le réacteur à sels dissous, de par la nature même de sa technologie peut être fabriqué sur une chaîne de montage et regroupé en unité de production par simple transport routier.

La Chine, qui a investi massivement ces dernières années sur ce type de réacteurs manque de scientifique de haut vol capable de mettre au point le système d’exploitation. Plusieurs entreprises privées américaines sont aussi en train de développer la recherche sur ce secteur.

Et en France me direz-vous ? Nous sommes le seul pays au monde, avec une aussi riche histoire nucléaire, qui compte dans ses rangs la poignée de scientifique capables de résoudre tous les problèmes de cette énergie du futur. Il ne manque plus que la vision de l’avenir et la volonté politique. Lorsque je vois les saupoudrages financiers à basse vision électoraliste, il est évident que le financement d’un tel projet ne devrait pas poser de problème. C’est au bas mot un milliard d’euros qui serait nécessaire pour construire un réacteur expérimental et valider l’ensemble du process, soit l’équivalent de la création de 60.000 postes d’enseignants ou bien le passage de la consultation chez le généraliste de 23 à 25 euros.

Les électeurs ne croient plus dans les vaines promesses de nos politiques et les veilles techniques ne font plus recette ; parmi les candidats aux diverses primaires, souhaitons vivement qu’il y en ait au moins un qui soit porteur d’un projet d’avenir, fédérateur, créateur d’emplois et de richesse.


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23 réactions à cet article    




    • Gieller Gieller 27 septembre 2016 10:48

      Le problème est que nous avons en France un des lobby nucléaire parmi les plus puissants.
      Les membres éminents de cette confrérie préfèrent continuer à construire des gouffres à subventions plutôt que de se pencher sur des solutions plus simples, moins coûteuses et qui au final seraient maitrisées par une foultitude d’experts du privé au lieu d’un petit clan élitiste dépendant du bon vouloir de l’état et de sa générosité.

      Tant qu’il y aura des lobbys, il ne pourra y avoir d’avancée, j’y inclus l’industrie pharmaceutique, pétrolière, agroalimentaire, du tabac, ainsi que les sciences qui hélas subissent aussi à plus petite échelle la pression de ceux qui détiennent le savoir et refusent d’accepter les théories autres que celles déjà admises... Combien de jeunes scientifiques aux théories révolutionnaires se font renvoyer dans leurs 22 pour ne pas bousculer la hiérarchie ?


      • xc (---.---.78.220) 27 septembre 2016 18:59

        @Gieller
        Nous avons aussi des écolos avec une grande capacité de nuisance. Il faut s’attendre à ce qu’ils s’opposent au nucléaire au thorium.


      • CN46400 CN46400 27 septembre 2016 12:09

        "Point besoin de circuit d’eau pressurisé comme sur les réacteurs traditionnels, qui induisent des problèmes d’explosion comme à Tchernobyl ou Fukushima,"

        Attention Tchernobyl n’était pas une centrale à eau pressurisée, mais à eau bouillante...(pas de pb de pression)


        • baldis30 27 septembre 2016 13:20

          @CN46400
          Tchernobyl était un réacteur « à boulets » dont la stabilité n’est pas l’apanage ...


        • CN46400 CN46400 27 septembre 2016 13:52

          @baldis30
           « à boulets » ?
          Thorium = plus de sécurité, moins de déchets et pas de plutonium militaire mais évacuer 900° toutes les 6 secondes dans des échangeurs primaires, c’est pas une sinécure. Les chinois ont promis un réacteur pour 2017....


        • popov 27 septembre 2016 14:15

          @CN46400 

           
          La phrase « évacuer 900° toutes les 6 secondes » n’a aucun sens. On évacue des calories, pas des degrés.

        • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 27 septembre 2016 14:27

          @CN46400

          Tchernobyl ne fut pas un accident mais une manipulation délibérée et criminelle :
          les manipulateurs ont sciemment désactivé les systèmes de sécurité ! ! !


        • CN46400 CN46400 27 septembre 2016 16:43

          @Jean-Pierre Llabrés
          Exact, mais on parle ici de thorium pas de l’accident de Tchernobyl


        • CN46400 CN46400 27 septembre 2016 16:50

          @popov

          Vous avez raison mais avec des calories, il fallait tant de zéros....Alors 900° çà parle mieux au profane


        • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 27 septembre 2016 17:27

          @CN46400

          CN46400 27 septembre 12:09

          « Point besoin de circuit d’eau pressurisé comme sur les réacteurs traditionnels, qui induisent des problèmes d’explosion comme à Tchernobyl ou Fukushima, »

          Attention Tchernobyl n’était pas une centrale à eau pressurisée, mais à eau bouillante...(pas de pb de pression)

          Alors évitez vous-même de parler de Tchernobyl ! ! !


        • CN46400 CN46400 28 septembre 2016 13:00

          @sarcastelle

          Et c’est pourtant un peu cela puisque la circulation du sel fondu doit être si rapide que cela pose des pb d’érosion dans les tuyauteries...


        • sasapame sasapame 29 septembre 2016 10:08

          @CN46400,

          vulgariser en employant des formules qui n’ont aucun sens reste une pure escroquerie, ou la marque d’un gars qui ne comprend rien du tout mais ne se prive pas de la ramener.

          Accessoirement, quand ça fait beaucoup de zéros en calories, on utilise le Joule, le kilo-Joule, le méga-Joule. Une calorie, c’est 1 degré sur 1 cm cube de flotte. Même les « calories » des diététiciens sont en réalité des kilo-calories... Qui aurait l’idée d’employer cette unité, la calorie, pour de pareilles applications ?

          Comme ça ne veut encore rien dire, bien sûr, on le rapporte au temps écoulé, donc on parlera en kilo-Watts ou en méga-Watts - en unités de puissance (dissipée).

          Mais manque de bol, ça ne veut encore rien dire ici : il faut encore rapporter cette puissance au volume du corps dont on veut stabiliser la température, ou à sa masse, ou, mieux encore, à sa capacité calorifique totale, mais aussi à la surface de l’interface le séparant du corps au travers duquel on dissipe la puissance à évacuer, puis à la section minimale de ce corps dans le trajet. Selon ce que l’on veut dire. Dissiper un méga-Watt autour d’une noisette via une peau de 0,1 mm d’épaisseur, ou autour d’un réacteur de 100 mètres cubes via une pellicule d’eau de 1 m d’épaisseur, ça change tout.

          Bref, il n’y a rien à vulgariser... Tu crois simplement le faire parce que tu ne comprends même pas le sens physique de grandeurs élémentaires.


        • popov 27 septembre 2016 14:12

          @Mika2 

           
          Les recherches sur des modèles de réacteurs à sels fondus ont débuté dans les années ’50. L’idée d’utiliser du thorium au lieu d’uranium dans de tels réacteur date de 1965-69. 
           
          Pourquoi ce genre de réacteurs a-t-il été abandonné ? Pour des raisons militaires. 
           
          L’uranium naturel ne contient qu’un très petit pourcentage d’uranium fissible (U235) et ce dernier ne peut être extrait de l’uranium naturel que par un processus lent et très coûteux. L’uranium 238 qui est l’isotope de loin le plus abondant dans l’uranium naturel n’est pas fissible. On ne peut en tirer directement de l’énergie. Il est cependant « fertile », c’est à dire qu’il peut se transformer en plutonium fissible dans un réacteur à uranium. 
           
          L’avantage du plutonium, c’est qu’il peut être facilement extrait par de procédés chimiques. Les réacteurs tels que nous les connaissons ont été adoptés parce qu’ils produisent du plutonium qui peut être facilement extrait et utilisé dans des armes nucléaires. 
           
          Les réacteurs au thorium, par contre, ne produisent pratiquement pas d’isotopes fissibles utilisables pour construire des armes nucléaires.
           


          • Odin Odin 27 septembre 2016 19:53

            Des sources d’énergies alternatives, comme celle indiquée par l’auteur, existent bel et bien mais ne verront jamais le jour en occident tant qu’il y aura du pétrole.

            Que des consortiums mondiaux, aux mains des 1 %, puissent

            scier la branche sur laquelle ils sont assis est un doux rêve.

            De plus, ils ont fait, font et feront le nécessaire pour que de telles énergies ne voient le jour, ils en ont les moyens et ne se gênent pas de les utiliser.

            La liste des 10 plus grandes entreprises du monde par CA se passe de commentaire.

            http://www.journaldunet.com/economie/magazine/1159250-classement-entreprises/


            • Ruut Ruut 28 septembre 2016 07:06

              Il est vrais que les centrales a sel de thorium sont moins dangereuses, mais elles continuent a produire des déchets nucléaires.
              même si elles sont largement préférables aux centrales actuelles qui ne servent qu’a faire des bombes.


              • zzz999 28 septembre 2016 09:21

                Il y a plein de pistes :

                - Mettre des serpentins d’eau pour absorber la chaleur (puis génération d’électricité à partir de thermogénérateurs Seebeck quasiment inusables ou de moteurs stirling à bas gradient de température) ,

                - mettre des générateur piezo électriques sous les endroits de forts passage routiers et piétonniers,

                - développer partout où c’est possible les écogénérateurs stirling,

                - le solaire à concentrateurs optiques dernières génération (on approche des 40% de rentabilité)

                - la fusion froide qui se débat depuis des années dans l’ombre avec des moyens techniques et financiers ridicules,

                - La Z machine, une alternative de fusion nucléaire à plus bas coût et de loin qu’ITER

                - l’énergie du champ électrique terrestre,

                etc.

                Si on voulait s’en donner la peine, il y en a des pistes à creuser mais les chèques versés par les pétroliers dans les poches de nos politicards sont encore trop importants.


                • zzz999 28 septembre 2016 09:22

                  @zzz999

                  J’ai oublié de dire « mettre des serpentins d’eau pour absorber la chaleur sous les routes »


                • albertobono (---.---.35.217) 28 septembre 2016 09:26

                  Encore faut-il que le candidat qui va faire une telle promesse puisse 1) Devenir Président 2) Trouver les soutiens politiques pour mener à bien sont projet (bon courage pour cela chez Areva smiley). Et 3) Simplement tout mettre en oeuvre pour tenir sa promesse.

                  Car on le sait tous : « Les promesses n’engage que les naïfs et crédules qui les écoutent et JAMAIS les malhonnêtes qui les font. »


                  • zzz999 28 septembre 2016 11:42

                    A l’auteur :

                    Une bonne série de politique fiction qui s’appelait OCCUPIED est passé l’année dernière à la télé et décrivait précisemment ce qui arriverait à un politique et à son pays s’il s’aventurait à vouloir parier sur le Thorium (rien de bon en vérité tant les autres lobbies énergétiques sont puissants) et je trouve que c’est très réaliste.

                    En fait les innovations de première grandeur comme une nouvelle source d ’énergie ne sont tout simplement pas possibles avec la pourriture politico-économico-médiatique actuelle, même si elles étaient scientifiquement et économiquement viables.

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