Le Touquet retoqué
Demain jeudi, le 35ème sommet bilatéral franco-anglais se tiendra à l'académie militaire de Sandhurst. A cette occasion, Theresa May et Emmanuel Macron signeront un nouveau traité pour empêcher les migrants de Calais indésirables de traverser la Manche et accélérer le processus d'asile pour ceux qui sont éligibles au Royaume-Uni. A cette occasion et pour rétribuer comme il convient le transfert de cette sale besogne, la contribution britannique sera réévaluée.
En fait, ce traité doit renforcer l’accord du Touquet, signé en 2003, qui a déplacé la frontière britannique vers le littoral français, pratique qui sera maintenue en vigueur. Les deux chefs d’états annonceront également une coopération plus étroite dans les domaines de la défense, de la sécurité et des échanges culturels, peut-être même, si tout se passe bien et si son retour est garanti, un prêt de la Tapisserie de Bayeux par la France, une initiative qualifiée de "très symbolique" par les deux pays.
Macron avait demandé une refonte de l'accord du Touquet, affirmant que la France ne pouvait plus être le « garde-côte » des Britanniques sans contreparties de la part du Royaume-Uni pour aider à atténuer les effets de la crise migratoire de ce côté-ci de la Manche.
En vertu du nouveau traité juridiquement contraignant, la Grande-Bretagne devra accélérer les procédures d'acceptation des demandeurs d'asile actuellement bloqués à Calais, à commencer par ceux qui doivent rejoindre leurs familles au Royaume-Uni et les enfants non accompagnés.
L’Elysée a déjà fait savoir que l'élaboration d'un nouveau traité pour remédier aux "faiblesses importantes" de l'accord du Touquet était préférable et plus rapide que la révision du document existant. Le nouvel accord devrait déboucher sur des discussions pour un "soutien financier britannique à la région de Calais" : "Nous devons envoyer le signal que la frontière [à Calais] n'est ni ouverte ni poreuse".
Les responsables ont déclaré que la France était soucieuse de ne pas compromettre les négociations sur le « Brexit » à propos des relations futures entre le Royaume-Uni et l'UE, et que les liens franco-anglais ne devaient pas être affaiblis. Ils espèrent que la Grande-Bretagne, qualifiée de partenaire de défense "vital", continuera à jouer un rôle important dans la coopération européenne de défense après le « Brexit », soit à travers un "statut spécial" avec l'UE soit à travers des relations bilatérales entre les deux pays.
Macron se rendra à Londres avec sept ministres ou secrétaires d'État chargés de la défense, de l'intérieur, des affaires étrangères et européennes, de l'Europe, de la culture, de l'économie et de l'écologie. L'Elysée a déclaré que les représentants des deux pays discuteraient "de la défense, du renseignement et de la sécurité ... pilier des relations bilatérales".
La Grande-Bretagne et la France réaffirmeront leur volonté de coopérer au développement conjoint du matériel militaire, y compris les drones de combat. Ils doivent annoncer une augmentation "très significative" (de quelques millions d'euros) à l'Alliance Sahel pour le soutien opérationnel britannique aux opérations militaires françaises dans la région du Sahel en Afrique..
L'Elysée a déclaré que les discussions sur le « Brexit » n'étaient pas à l'ordre du jour, mais un conseiller présidentiel a déclaré que la France "examineraient vorablement" toute décision de la Grande-Bretagne qui aurait pour but d'inverser le cours du « Brexit » afin de rester dans l'Union européenne : "Si demain, ou après-demain, le Royaume-Uni décidait de changer d'avis, il est clair que nous regarderions cela avec bienveillance. Mais ce n'est pas à nous de dire si le Royaume-Uni veut changer d'avis. "
Nous voilà rassurés. De ce côté-ci de la Manche, tout le monde craignait qu’après le « Brexit », le continent ne fût isolé. Ce rapprochement amical montre que les effets de la tempête provoquée par le référendum britannique ne devraient pas bouleverser les relations entre états européens quoi qu’on en dise. Les conceptions d’Albion n’ont pas varié d’un iota depuis que Churchill déclarait : « Nous sommes avec l’Europe, mais sans faire partie de l’Europe [with Europe, but not of it]. Nous avons des intérêts communs mais nous ne voulons pas être absorbés. »
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