Le tsar, c’est moi
Prendre du recul pour comprendre le monde dans lequel nous vivons, c'est la clé que propose Claudio Sergio Ingerflom, directeur de recherche au CNRS, dans son livre énormément documenté Le Tsar, c'est moi.
On y découvre une foule d'imposteurs, depuis Ivan 4 et Pierre le Grand, qui se font passés pour le tsar ou son fils officiellement morts et qui auraient survécu.
En Russie, il n'y avait pas d'état. Chaque nouveau tsar remettait à plat les accords internationaux.
Il n'y avait pas non plus de séparation entre l'état et l'église.
Comme le peuple ne peut remettre en cause dieu parce qu'il est croyant et que le tsar est le représentant de dieu, il ne conteste pas le concept de tsar. Il lui reste à contester l'entourage du tsar qui le conseillerait mal et à accepter un individu qui se prétend le tsar ou son fils.
Le pouvoir en place s'en inquiète et punit à tout va de coups de fouet, de tortures, de massacres.
L'auteur s'attache beaucoup à la partie religieuse, aux liens entre le sacré et le politique et aux côtés psychologiques.
Parfois on regrette de ne pas maitriser l'histoire politique russe avec ses règnes, ses successions, ses filiations et ses coups d'état, que l'auteur désigne à l'anglaise du terme « coup ».
On regrette de ne pas avoir une perspective de ces impostures avec d'autres faits, comme les crises économiques. Quand ont-elles été les plus nombreuses ? Quelles ont été les éléments déclencheurs ?
Le livre est aussi intéressant que touffu. Les avertis seront enchantés, les autres le liront en plusieurs fois, ou, comme moi, sauteront certains passages en se promettant d'y revenir.
Pour l'auteur, on ne peut pas comprendre la Russie d'aujourd'hui sans connaître le poids historique de la relation des individus avec le chef de l'état, du côté sacré de sa personne physique et de leur absence de conscience politique telle que nous la possédons.
Caractéristiques
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Titre : Le Tsar, c'est moi
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520 pages
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29.00 €
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Numéro ISBN : 978-2-13-065218-2
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Collection "Hors collection"
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N° d'édition : 1
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Date de parution : 14/10/2015
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Discipline : Histoire / Géographie / Arts
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Sous-discipline : Histoire Europe
Interview de l'auteur
Prière d'insérer
Entre le début du XVIIe et le XXe siècle, la Russie a connu plusieurs centaines de faux tsars et tsarévitchs dont l’un fut couronné. L’imposture s’est répandue dans toutes les sphères de la vie politique, sociale et culturelle du pays : fausse législation, faux dignitaires de la cour et de l’Église, faux révolutionnaires, faux Lénine, faux fils de Staline…
Dans la plupart des cas, l’accueil de la population leur fut favorable, et trois grandes insurrections généralisées à l’échelle de l’Empire se déroulèrent sous la bannière d’un faux tsar. L’imposture russe étonne par sa démesure, car les faits ici racontés tantôt arrachent un sourire franc, tantôt laissent un goût amer, dans tous les cas, ils surprennent.
Ce livre reconstitue pour la première fois toute l’histoire de ce phénomène, sous la Russie autocratique puis communiste, avant d’identifier les composantes anciennes qui pèsent lourdement sur le présent.
Parce qu’il montre que l’imposture a été sa norme politique pendant plus de quatre siècles, ce livre offre une histoire nouvelle de la Russie, soulignant ce qu’elle a en commun avec l’histoire européenne, mais aussi, en élucidant la spécificité de son histoire politique, ce par quoi elle est depuis toujours radicalement différente de la nôtre.
L'auteur
Claudio Sergio Ingerflom, directeur de recherche au CNRS, est l’auteur de nombreux travaux sur l’histoire russe, parmi lesquels Le Citoyen impossible. Les racines russes du léninisme (Payot, 1988). Actuellement, il dirige le Centre d’études sur les mondes slaves à l’université San Martín de Buenos Aires.
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