Le vampirisme d’état
« La raison du plus fort est toujours la meilleure ! »…enfin c’est ce qu’en a dit Jean de La Fontaine en morale dans l’une de ces mémorables fables dont l’humanité, en crise d’éthique apparemment, est en train de renier le patrimoine…

Dans le conflit civisationnel secouant le monde actuellement, si des années d’orientalisme n’ont abouti qu’à peaufiner l’action des médias en tant qu’arme préférée de la manipulation à grande échelle, « le droit des minorités » ne fut pas en reste. Dans l’édification de ce grand mensonge en train d’investir la mémoire collective humaine dans sa lutte pour la liberté de tous, l’action y est légitimée par une soi-disant universalisation du droit.
Dans les pays arabes en ébullition, par quelle inversion des valeurs les minorités sont-elles arrivées à renverser la vapeur du consensus national ?
Côté rue, ce renversement s’appuie sur une collusion naturelle entre la force et le devoir chez les nations dominantes dépositaires des seules valeurs hautement morales certifiées vraies et se sentant spontanément, investies de la noble mission « humanitaire » de pacifier le monde en protégeant les minorités… même si cela se fait contradictoirement, et de manière très sélective, par une prolifération de guerres à l’issue incertaine.
Côté cour, ça chlingue l’entourloupe à plein nez. L’inversion ne s’opère pour l’instant que pour des régimes qualifiés de « non droit » par d’universels dicteurs se déclarant, sans vergogne, comme seuls et vrais détenteurs de ce supposé droit universel. Un ramassis de mafieux beaux parleurs subjuguant leur monde par l’aisance dans leurs discours mensongers pour redéfinir, à leur guise, ces gouvernances pointées du doigt.
La méthode relève d’un nouveau genre que l’on peut aisément qualifier de « vampirisme d’état » vu qu’il s’appuie sur le bien établi axiome hollywoodien faisant qu’un vampire ne peut s’introduire chez vous sans y être invité. Voila donc ce à quoi nous a mené tant d’années de mobilisation, pourtant bien intentionnée au départ, pour le respect du droit des minorités : à servir de levier pour déloger tout régime jugé nuisible à la grande œuvre du nouvel ordre mondial. C’est selon ce principe que dans les pays visés, comme précédemment la Libye et la Syrie actuellement, les minorités sont haranguées à la révolte, armées, et lancées contre les régimes en place pour les « acculer » à commettre l’irréparable justifiant l’intervention « pour des besoins humanitaires » des forces de l’ordre mondial.
Juste pour l’exemple, j’aurais bien aimé que ce nouveau chancre chantre de la démocratie, qui s’impliqua fébrilement dans l’armement de la résistance libyenne, fisse preuve d’autant d’enthousiasme pour « prôner » une intervention, même illégale, au rwanda où pas loin de deux millions de tootsies se sont fait massacrer. Pour les besoins de l’histoire rappelons que Comme l’ensemble des responsables français, il considérait que la dictature de Juvénal Habyarimana était légitime car issue de l’ethnie majoritaire : ” Comment accepter que le FPR, s’il emporte la guerre, puisse imposer sa volonté à 80 % de la population ? Le régime Habyarimana constituait un barrage contre l’irruption de la barbarie “. Il reçut en visite officielle Jean-Bosco Barayagwiza et Jérôme Bicamumpaka, deux responsables du génocide, le 27 avril 1994, alors que celui-ci durait depuis vingt jours…
Si l’alibi humanitaire relève lui de la pure fabulation, la crise des valeurs morales- qui ne semble inquiéter personne- est elle, une réalité bien amère en train de ronger une humanité accaparée à recomposer sa raison d’être entre révisionnisme et bombes.
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