Le ver de terre, moteur de la transition écologique
Hubert REEVES rappelait il y a quelques semaines : « La disparition des vers de terre est un phénomène aussi inquiétant que la fonte des glaces. »
Sachant que 95 % de notre alimentation dépend des sols nourriciers, et qu'aujourd'hui ils disparaissent sous les effets de l’érosion ; une érosion fortement accentuée par la disparition des vers de terre, y'a effectivement matière à s’inquiéter. D’autant qu’1/4 des terres agricoles sont actuellement victimes d'érosion en Europe, entendez, les sols disparaissent.
UNE DISPARITION INQUIÉTANTE
Et quand le sol disparaît, il ne s'évanouit pas par enchantement, il part polluer les ruisseaux et les rivières avant de rejoindre la mer. Et derrière lui, il ne reste que les cailloux, un désert minéral. Raison pour laquelle le ver de terre est le premier marqueur de la bonne santé des sols, car, quand ses populations s'effondrent, c'est le sol qui s'effondre, c'est le sol nourricier qui s'éteint. Et comme les plantes et les animaux que nous mangeons dépendent des sols nourriciers, et que ces sols sont principalement fabriqués par quelques espèces de vers de terre, chacun comprendra que de son avenir dépend notre futur.
Aussi, le ver de terre doit être le moteur de la transition écologique, car sans lui, il n'y en aura pas. Raison pour laquelle il est urgent de le remettre dans le système agricole, parce qu'il n'y aura pas de transition sans une agriculture durable et économe en énergie.
Et là encore, le ver de terre est au cœur de cette agriculture de la même manière qu'il est l'un des premiers marqueurs de la biodiversité. Une biodiversité où 71 % des poissons et 42 % des espèces animales et végétales ont diminué en seulement 10 ans en Europe. C'est d'autant plus dramatique que l'effondrement est brutal et que rien ne semble l’arrêter.
AU COEUR DU SYSTEME NOURRICIER
Alors pourquoi ce petit animal quasi insignifiant est-il si important ?
Parce qu'à lui seul, il représente la première masse corporelle terrestre, autrement dit, il pèse le plus lourd. Et beaucoup d'êtres vivants vivent sur son dos et en sont dépendants. Donc, s'alléger de sa présence, c'est effondrer l'ensemble du système écologique avec en premier les sols nourriciers qui lui doivent la fertilité pour plus de moitié.
Pour illustrer sa puissance de feu, dans une prairie permanente Normande, les vers de terre pèsent aussi lourd que 5 vaches Limousines à l'hectare. En revanche, dans un champ cultivé en agriculture de conservation, l'agriculture qui coopère avec la biodiversité et qui nourrit ses vers de terre, ils pèsent l'équivalent de 2 vaches ; mais ils ne pèsent guère plus d'un veau en agriculture conventionnelle. Et pour le quart des sols agricoles victimes d'érosion, le veau est mourant ou mort !
Le paysan Breton, André Pochon, disait très justement qu'une vache est une tondeuse à l'avant et un épandeur à engrais à l'arrière. Dans cette dynamique, le ver de terre vaut 5 vaches ! On pourra toujours mettre en place toutes les plus belles alternatives du monde, mais il n'y a pas d'alternative au ver de terre. Parce qu'il est le seul à pouvoir rajeunir en permanence les sols nourriciers, parce qu'il est le seul à pouvoir les labourer en profondeur pour les faire respirer. Pour toutes ces raisons et bien d'autres, l'avenir de l'humanité est entre les mains de notre auxiliaire le plus précieux.
ÉPILOGUE
Dans le cadre de l'élection citoyenne organisée par le ministère de la Transition écologique, Mon projet pour la planète, et qui s'est clôturée le 11 mai dernier, le projet que nous portions avec le Jardin-vivant, Sauver le ver de terre, l'un des premiers marqueurs de la biodiversité, est arrivé en tête de la catégorie biodiversité, et 2ème projet préféré des Français.
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