Le vin rosé voit rouge !
Merci l’Europe !
Le vin rosé a toujours eu ses inconditionnels et ses pourfendeurs. Mais cette fois, il met tout le monde d’accord : pas touche !
Le plombier polonais, c’est presque oublié. Qu’un Espagnol ou même un Allemand puisse rafler à l’Euromillion l’argent misé par des Français de leurs propres doigts, passe encore. Mais que Bruxelles autorise la fabrication du vin rosé par un mélange de rouge et de blanc (ce que font déjà les Australiens, les Californiens, les Sud-Africains), c’en est trop.
Qu’est-ce qu’ils diraient à Bruxelles si la France se mettait à fabriquer de la bière rousse en mélangeant de la brune et de la blonde ? Que ce serait dégueulasse ? Peut-être, mais ce n’est pas le débat.
Bon, posons notre verre. Et reprenons à jeun. Fin janvier, comme le révèle Mediapart dans un article plein d’humour, les 27 Etats membres – y compris la France – ont autorisé un projet de règlement autorisant ce genre de coupage." Y compris la France ? Parfaitement, messieurs-dames. L’histoire ne dit pas si nos représentants avaient trop bu ou s’ils ont juste estimé que le rosé n’était de toute façon qu’un sous-vin pour Marseillais avides de sieste au soleil mais une chose est sûre : politiquement, ils n’ont pas eu beaucoup de nez".
Quiconque a des amis un rien bon vivants sait que « rouge sur blanc, tout fout le camp ». Mais nos représentants n’ont visiblement retenu que la première partie de la maxime : « blanc sur rouge, rien ne bouge ».
"Michel Barnier, le ministre français de l’agriculture et tête de liste (UMP) aux européennes en Ile-de-France, a cependant pris conscience de la bourde. D’autant que le rosé a de plus en plus d’avocats potentiels" : effet collatéral ou pas du réchauffement climatique, il représente aujourd’hui 22% du vin consommé en France, contre seulement 8% il y a 15 ans.
"Selon les vignerons, cette hausse s’expliquerait plutôt par la qualité d’un vin dont ils ont réussi à changer l’image, et qu’il ne faudrait surtout pas à présent standardiser. « C’est de la contrefaçon autorisée », enrage Marc Rolley", (le directeur du syndicat des vins côtes-de-provence, qui a bien évidemment signé la pétition Couper n’est pas rosé).
La commission devait se prononcer le 6 avril. Mais suite à une demande de l’organisation mondiale du commerce (OMC), la décision a été reportée au 27 juin, soit après les élections européennes. Cela laisse le temps à la France, bien isolée sur le sujet, de se trouver des alliés.
Le sujet n’en reste pas moins brûlant. Et instrumentalisé.
Toujours est-il que si la Commission avait voulu un peu plus fâcher les Français avec l’Europe, elle ne s’y serait pas prise autrement. Mais que dire de la France ? En privilégiant les négociants vinicoles par rapport aux viticulteurs et en se réfugiant derrière l’argument « C’est pas nous, c’est Bruxelles ! », elle a pris le risque de se réveiller le 8 juin avec une bonne gueule de bois. :-)
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