Le vote blanc est révolutionnaire !
Quel est le point commun à des partis aussi différents que le FdG, le FN ou le MODEM ?
Ce sont des partis réformateurs, car militant pour une réforme en profondeur des institutions de la république, c'est à dire pour une 6 ème république.
Face à l'impatiente grandissante d'une majorité des français et à l'incurie des partis politiques au pouvoirs, incapable d'apporter des réponses aux problèmes posés par la mondialisation et à la perte de souveraineté de la France, la question de l'urgence d'une réforme constitutionnelle s'impose.
La question posé aujourd'hui est de savoir s'il est possible de faire chuter le monopole des partis conservateurs ou UMPS. Le passé nous enseigne qu'à moins d'événements amenant une crise majeure, les deux partis monopolistiques n'ont pratiquement rien à craindre des autres formations politiques. Ceci en raison de leurs divergences idéologiques inconciliables, interdisant toute alliance et les maintenants dans la minorité.
Quel changement de stratégie pour renverser la majorité actuelle ?
Il est coutume de considérer le clivage politique autour de l'axe droite/gauche. S'il existe un centre, celui ci devra toujours pencher soit à droite soit à gauche. De la même manière on parlera d'extrême droite et d'extrême gauche.
Cependant, l'examen des élections législatives et présidentielles depuis le début de la 5ème république, montre que la gouvernance est monopolisée par deux formations politique incarnant la gauche et la droite dite modérée. De fait, même si les extrêmes sont parfois crédités de scores allant jusqu'à plus de 20 % des votes, ils se heurtent systématiquement à un front dit républicain, voyant les partis modérés s'unir de manière tacite ou bien affirmé.
Dans cette configuration, de plus en plus de gens se demandent si, volontairement ou non, les partis extrémistes n'ont pas pour seule fonction de servir d'exutoire aux rancoeurs et mécontentement de certains électeurs déçus par les partis modérés. Où les adhérents par conviction politique seraient les dindons de la farce, faussant ainsi le débat démocratique.
Si les alliances de circonstances font partie du jeu démocratique, on est en droit de s'interroger, au vue de l'expérience acquise, sur les véritables motivations des chefs politiques des partis extrémistes. Notamment sur le fait désormais bien établi de la connivence des partis modérés pour défendre un seul et même intérêt. Un seul et même modèle socio-économique. Celui imposé par la doxa néo libérale.
Aussi, est il temps de prendre acte de cette vérité là, montrant qu'aucun changement réel n'est possible face à cette union des partis modérés. Que l'on peut appeler « le centre bicéphale », ou ce que beaucoup désignent sous le sigle UMPS. Conservateur de son monopole du pouvoir.
Ainsi, le clivage droite-gauche n'est plus pertinent pour tracer une ligne de partage politique, du moins pour tous ceux qui posent comme priorité absolu une rupture avec la ligne politique du parti bicéphale ou UMPS. Pour tous ceux qui n'acceptent plus la soumission des politiciens et donc de la démocratie, envers un pouvoir oculte incarné par la finance internationale. Pour tous ceux qui veulent une révolution sociale, nationale et économique, qui de nos jours ne peut se faire que par les urnes. Pour tous ceux enfin, qui veulent voir se mettre en place une assemblée constituante pour une nouvelle république.
Regard sur le décompte des votes.
Maintenant, avant d'aller plus loin, il convient de jeter un œil sur la manière de traiter les résultats des élections. A savoir, les votes électifs, les abstentionnistes, les votes blancs et enfin les votes nuls. Ceci afin de voir si un changement de clivage basé sur l'opposition entre conservateurs et réformateurs, donne des résultats différents.
Les votes électifs : Ce sont ceux qui choisissent un candidat, les seuls qui sont actuellement pris en considération pour valider un résultat. En désignant un candidat, ils acceptent implicitement de reconnaître le vainqueur même lorsque celui ci est du camp adverse. C'est la condition nécessaire et intangible au bon fonctionnement de la démocratie, l'acceptation de soutenir l'élu même et surtout en cas de défaite. De ce fait, ils forment le bloc représentatif de la légitimité du vote. Ils doivent représenter impérativement au moins la moitié des inscrits pour valider démocratiquement le résultat. Donc, avoir la légitimité démocratique. C'est ce principe qui permet à un candidat d'être élu avec une majorité relative.
Les abstentionnistes : Sont ceux qui refusent d'exprimer un choix, de ce fait, ils acceptent le résultat quel qu'il soit. Certes, si une part non négligeable d'entre eux s'abstiennent pour exprimer leur mécontentement, ils ne peuvent êtres considérés comme tel, car la contestation doit s'exprimer par le vote blanc et ce, même si le vote blanc n'est pas reconnu comme signifiant un rejet des candidats présentés. Toutefois, la reconnaissance du vote blanc amènerait une grande partie des abstentionnistes vers les bureaux de vote pour signifier leur rejet de tous les candidats. Enfin, une partie des abstentionnistes (environ 10%), concerne les personnes empêchés, quelle qu'en soit la raison (santé, déplacement, accident, oubli, autres).
Les votes blancs : Sont ceux qui expriment leur rejet des candidats en lice. Le vote blanc est un vote pleinement exprimé, mais non électif. De ce fait, il devrait être compté comme vote d'opposition envers tous les candidats présentés. Autrement dit, si légalement il n'est pas compté, sa légitimité comme vote d'opposition est, elle, acquise et sa non prise en compte est un déni de démocratie. C'est celui ci qui est un vote révolutionnaire.
Les votes nuls : Concerne les bulletins invalidés pour des raisons multiples comme l'absence de bulletin dans l'enveloppe, annotations et ratures pour l'essentiel. On peut trouver le règlement sévère, mais si l'information sur les conditions de validité est bien relayée, alors, le vote est bien nul.
Cas pratique avec la présidentielle de 2012
Maintenant, prenons les résultats de la dernière élection présidentielle et regardons si avec ce nouveau clivage politique, avec la prise en compte des votes blancs et de la part des abstentionnistes réformateurs, estimée de manière arbitraire à 60 % (car il est difficile d'estimer la part des conservateurs mécontent, des réformateurs), le président actuel obtient toujours la majorité des 50 %.
Lors des élections présidentielles, les 2 candidats du centre UMPS ou conservateurs, ont regroupés au premier tour un total de 27,18 + 28,63 = 55,81 % des votants, auquel on peut rajouter les voix de Eva Joly, soit un total de 58,12 % des suffrages exprimés. Tous les autres partis politiques (y compris le MODEM de François Bayrou), affichent la volonté de réformer la démocratie jusqu'à passer à la 6ème république. Si on prend en compte les votes blancs (50/50 avec les votes nus) et la part des abstentionnistes comme vote exprimé mais non électif et faisant parti des réformateurs, on obtient alors le chiffre suivant :
(( Joly + Sarkozy + Hollande ) / ((total inscrit - (40 % conservateurs))) - vote blanc
((828 345 + 9 753 629 + 10 272 705) / ((46 028 542 – (9 444 143*0,4))) - 1 077 478 = 47.02 %
Donc, le président ne réunit pas la majorité absolu des votes. Si on baisse la part des abstentionnistes réformateurs à 50% on obtient toujours une minorité avec 48.15 %. Pour que le président réunisse la majorité, il faut descendre la part des abstentionnistes réformateurs en dessous des 35 %. Ce qui n'est pas impossible mais peu probable.
Bien entendu, ce sont des chiffres pour donner une idée, qui ne peuvent refléter la réalité. Car rien ne permet d'affirmer ce que les gens feraient dans une telle configuration. Si la peur ne les pousseraient pas vers les conservateurs ou bien si la volonté de réformer les institutions pour une 6ème république l'emporterait.
Enfin, en remontant aux élections présidentielles passées, on s'aperçoit que plus on va en arrière et plus le camp des réformateurs obtenait un faible score. Ce qui est en soi normal, puisque plus on remonte en arrière et plus on arrive au début de la 5ème république, qui fut approuvée par référendum. Il fallait laisser le temps aux institutions de la 5ème république de faire ses preuves, de montrer ses limites et enfin ses carences. Toutefois, cette dernière élection présidentielle marque une rupture de confiance d'une majorité des français envers le fonctionnement de la 5ème république et des partis au pouvoir. Elle marque le basculement net vers une volonté réformatrice des citoyens pour rénover la démocratie, annonçant la 6 ème république.
Conséquences pratiques.
S'il paraît complètement irréaliste et absurde d'imaginer des alliances entre les partis d'extrême droite et gauche, il est un cas qui dans le passé à permis une telle "alliance" ou union nationale, c'est le cas de « crise majeure », comme au sortir de la 2ème guerre mondiale. D'autant que tous ces partis se réclamant de l'ordre républicain et du pouvoir démocratique, considérer le pays en situation de crise majeure et appeler à l'union nationale, est suffisamment fort pour permettre de les faire converger, non sur les idées des choix politiques, coeur de leur identité, mais en vue de forcer les partis du centre au respect du débat démocratique. C'est à dire, à tenir compte de la volonté d'une majorité de français de réformer le fonctionnement de la démocratie par le passage à la 6ème république.
Les divergences idéologiques entre tous ces partis sont telles qu'il n'est pas envisageable, ni souhaitable, de désigner un représentant de tous ces partis et de procéder autrement que par l'appel à voter blanc pour les élections présidentielles futures. Certes, comme vu plus haut, le vote blanc n'est pas légalement pris en compte, mais sa légitimité étant incontestable, un vote blanc massif approchant et surtout dépassant la barre des 50 % des votants, entraînerait une crise de la légitimité représentative. La conséquence serait d'obliger le président élu par défaillance du système électoral, à se reconnaître illégitime ou risquer une paralysie du pays. Il n'aurait alors d'autres choix pour se maintenir au pouvoir que de décréter l'état d'urgence ou bien d'accepter la tenue de nouvelles élections. Et si celles ci confirmaient, voir accentuait la volonté réformatrice des français, il n'aurait alors d'autres choix que de signer la fin de la 5ème république et la mise en place d'une assemblée constituante.
Pourquoi une assemblée constituante s'imposerait-elle ?
Parce que, en raison même de l'incapacité à faire émerger une majorité absolu autour d'un projet venant d'un parti ou d'un leader politique. Parce que, en raison de l'appel à voter blanc par les partis et mouvements réformateurs, qui n'est pas le fruit d'une union politique. Parce que le vote blanc ne désigne personne ni aucun parti. Pour toutes ces raisons, la seule alternative serait bien de mettre en place une assemblée constituante. Ou tout du moins, procéder à un référendum sur les modalités de rédaction de la future constitution. Par lequel, la méthode d'assemblée constitutionnelle peut être imposé au pouvoir politique en usant de la même arme du vote blanc.
En effet, reproduire le coup politique de 1958 où la constitution de la 5ème république fut écrite par une personne et avalisé par une seule paraît impossible. Car en 1958, une majorité de citoyens reposaient leur confiance sur un homme providentiel en la personne du général De Gaulle. Et le référendum sur la constitution fut autant un vote de confiance envers le général, dans un contexte insurrectionnel dû à la guerre d'Algérie (donc crise majeure), qu'à une crise politique de défiance envers toute la classe politique.
De fait, l'homme ou la femme providentiel n'existe pas aujourd'hui pour imposer une constitution. Il n'y a donc guère d'autre solution que de mettre en place une assemblée constituante où tous les courants d'opinions seront représentés. A commencer par mettre au coeur de la constitution la souveraineté citoyenne. Si dégager un consensus autour d'un projet paraît difficile, il ne sera impossible qu'à ceux qui ne veulent pas d'une telle assemblée, mais continuer à décider de la vie politique en petit comité restreint. Bref, d'interdire la mise en place d'un système institutionnels véritablement démocratique. Car les avantages d'une telle assemblée sont la pluralité et la publicité des débats où à la différence de 1958, les citoyens auront un accès direct sur les débats, pouvant tout à la fois s'assurer de la transparence des débats et commenter ces derniers.
Enfin, l'assemblée constituante offre une vitrine idéale pour les citoyens des autres pays du monde entier, qui pourront suivre en direct les avancés des débats et leurs conclusions.
Possible ou irréaliste ?
Ceci est le scénario le plus optimiste, car il présuppose de voir une majorité de ces partis réclamant aujourd'hui la réforme constitutionnelle, soutenir une telle stratégie sachant qu'il n'en seront pas les maîtres. Donc, accepter que la réforme ne soit pas celle qu'ils désirent, mais parier qu'elle le soit sur l'essentiel de leur revendications. C'est même accepter le risque de ne pas survivre à cette nouvelle constitution.
A noter d'ailleurs que ces partis ne sont pas essentiels au succès du vote blanc, mais que leur accès immédiat aux médias est une caisse de résonance fort utile à la promotion du vote blanc révolutionnaire.
A l'instant où j'écris ce texte, je ne crois pas beaucoup à un tel scénario, toutefois, je penses que sa promotion et publicité permet de mettre au jour la sincérité des chefs politiques des partis affirmant haut et fort la nécessité d'une réforme des institutions démocratiques. De voir si leur profession de foi en la démocratie est vrai ou fausse, car dans cette configuration autant les chefs que leur partis devront se fondre dans la masse et accepter la souveraineté citoyenne.
C'est l'opportunité pour les adhérents ou sympathisant de partis politiques, de faire passer leur citoyenneté avant leur appartenance à une idéologie politique, de nature partisane et corporatisme. De faire passer le citoyen avant le politicien. De donner à nos institutions une véritable assise démocratique, en rupture avec toutes celles qui ont précédés.
En résumé, le vote blanc révolutionnaire est un appel au rassemblement citoyens, pour s'affranchir du joug des politiciens et de ceux qui les manipulent, les ploutocrates et initier l'âge d'or de la démocratie.
PS : Certains ne manquerons pas de remarque que j'avais posté un article intitulé « une idée révolutionnaire », concernant les moyens de forcer à la mise en place d'une assemblée constituante. Cette idée à fait un flop, les commentaires soutenant, exemples à l'appui, qu'elle était dans une impasse. Comme on remarquera que l'idée de voter blanc n'est pas neuve non plus ! Par contre, l'idée que le vote blanc puisse amener au renversement du régime parce que la majorité des français ont déjà exprimé leur volonté de réforme lors de la dernière élection présidentielle est, elle, nouvelle.
Vous trouverez d'ailleurs un petit article de Christophe Bousquet sur le blog de médiapart disant la même chose sur la force du vote blanc comme arme révolutionnaire ici :http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=le%20voteblanc%20r%C3%A9volutionnaire&source=web&cd=3&cad=rja&sqi=2&ved=0CEAQFjAC&url=http%3A%2F%2Fblogs.mediapart.fr%2Fblog%2Fchristophe-bousquet%2F200311%2Fvote-blanc-et-revolution-democratique&ei=JtxeUf7ZHMWuO-CVgXg&usg=AFQjCNFS8o8rYpm_FFJQNrgEPUJTnk5s7w
Il y a aussi le site ; vote-blanc.org
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