Le vote Front National : message subliminal aux partis de gauche
La détestation systématique et inlassablement réitérée par la classe politique dite de gouvernement (PS, EELV, UMP, UDI) envers le Front National ne fait pas baisser celui-ci dans les résultats électoraux et les sondages. TOUS font chorus sur la position populiste, aventuriste, dressant les uns contre les autres par la désignation de "boucs émissaires". On ajoutera dans le casting du "politiquements correct" les plumes de Mme Parisot du MEDEF et Mme Kosciusko-Morizet de l'UMP, lesquelles ont écrit un bouquin à charge en diabolisation sur ce parti, en 2012 avant les présidentielles.
Mais aussi quid de la gauche "radicale" dans cette affaire, à l'heure des déceptions du Hollandisme ? eh bien, le paradoxe, est qu'ils n'en profitent pas non plus. Le FDG, le NPA, LO n'engrangent même pas les points gratuits que le PS met à disposition sur la table compte tenu de la déception des électeurs par la politique de rigueur, les plans de licenciement, et la soumission à Bruxelles. Le système des vases communicants ne marche pas. C'est LA question qu'il faudra bien mettre à plat.
POURQUOI ?
Dans l'ensemble, la gauche, la droite, les médias compris, il y a toujours eut un procès en "légitimité" vis à vis de ce parti marginalisé à 2 sièges sur 587 à l'assemblée alors que Mme Le Pen réunit -sur son nom- 18% des votes. Et cela, sans que personne n'y trouve à redire. Il y a un effet "système" du vote majoritaire à deux tours qui permet le vote "utile" appelé "front républicain" qui fédère les voix - au nom de la patrie en danger- sur deux partis de gouvernement qui se font la courte échelle au Parlement pour se partager le pouvoir. Hum, cela sent sent quand même la consanguinité, non ?
Plus globalement il s'avère que le logiciel de lecture gauche/droite est devenu obsolète sous l'effet de cette loi inique dite "représentative" neutralisant tout référendums d'initiative populaire qui ne peut-être déclenché que par un vote préalable de l'assemblée nationale. C'est tout dire.
Récapitulons simplement : il y a ceux qui subissent la crise (les classes populaires) et ceux qui profitent de la crise (les élites). On en a eu confirmation tant en Grèce qu'en Espagne, les peuples ont reconnu que les dirigeants -pourtant "socialistes"- ne les avaient pas protégé de la crise financière ; pas plus évidemment que leurs successeurs de droite pro-Bruxelles, atlantistes, qui s'accommodent de l'oligarchie et du lobbyisme des cartels des sociétés multinationales toutes puissantes. Autre question : dans l'électorat du PS, n'y a t-il pas une part importante de bourgeois, de notables, faisant partie des élites lorsqu'on parle de "gauche caviar" ? évidemment que oui. Par conséquent il conviendrait de ne pas être trop caricatural dans les étiquetages d'aujourd'hui, sachant que les clivages ne sont plus du tout pertinents.
LE PANORAMA
Le PS n'est plus le parti libéral-humaniste promu par Jaurès, celui des déshérités du début du XX e siècle. Il convient de repenser à ce segment traditionaliste, républicain, emprunt de laïcité et/ou de filiation chrétienne et qui sont souvent des gens dit des "classes laborieuses". Il est urgent de rebattre les cartes du jeu. Reconnaître la recomposition du champs des victimes de la crise, ceci dans sa version universaliste. Les slogans des Indignés de Wall-Street ou de Madrid, mouvement global de protestation, en étant les révélateurs lexicaux (nous sommes les 99%, vous êtes les 1%).
Passer notre temps à marteler le F.N.en défouloir, en exégèse de chasteté est un aveux de faiblesse, une simplification ; c'est réducteur. C'est jeter l'anathème froidement sur beaucoup de français (20%) pour les exclure en légitimité dans la lutte des classes authentique qui a muté avec la mondialisation. Les analyses de Marx -ou de Proudhon- restent plus que jamais pertinentes sur la compréhension de la crise actuelle qui plonge les plus faibles dans la misère. Souffrance qui s'exprime par une mise en concurrence des peuples de la planète pour maximiser le profit des firmes multinationales. C'est à dire délocaliser toujours plus pour faire fabriquer "à façon" des produits aux coûts de production le plus bas possible, avec un blanchiment par les paradis fiscaux.
Aussi il ne faut pas se pétrifier -par confusion- dans le nouveau champs du XXIe siècle avec les codes du passé. On sait qui ont été les dirigeants du F.N. canal historique, mouvement nationaliste réactionnaire, populiste et poujadiste, mais certainement pas fasciste, tel que le confirme Lionel Jospin par ailleurs. Les dirigeants actuels du Front resteront les héritiers de Jean Marie, celui-ci ayant eut des fréquentations avec l'extrême droite européenne néo-fasciste. Et qu'il restera toujours des nostalgiques de l'Algérie française.
Mais les électeurs d'aujourd'hui du FN ne sont pas dans ces mouvances datant d'un demi siècle. Et faire cette équation avec le fascisme serait aussi pertinent que d'assimiler Hollande à Jaurès, ou Coppé à De Gaulle. Il n'y a pas de commune mesure.
LA FRANCE TERRE D'ACCUEIL
Chacun sait que les gens ne sont pas racistes en tant que tels. Pourquoi donc le seraient-ils d'ailleurs ? Le rascisme est une dérive de l'octroi de privilèges, pour signifier des avantages de rang ou de classe ; sinon il faut convenir que c'est un pathologie mentale. La révolution de 1789 a aboli l'esclavage et donné un statut de citoyen français aux juifs de religion. Nous ne sommes pas des héritiers descendants d'un Etat du Sud des E.U. D'ailleurs les USA ont produit Obama. Tout peut changer heureusement.
La France a largement été une terre d'asile remarquable pour accueillir les populations : Italiennes, Espagnoles, Portugaises, exposées au fascisme européen de l'entre deux guerres, puis ensuite des Polonais et des travailleurs Africains, et Nord-africains. Tous le monde à -dans ses amis- des personnes issues de l'immigration. Mais il existe à présent un problème de pondération, de nouvelle DENSITE installée dans un périmètre constant, sachant que l'indépendance acquise par les ex-colonies n'a pas dissuadé l'immigration.Y compris après le printemps arabe. Et que c'est peut-être un problème "d'équilibre" pour nombre d'autochtones.
Du coup, devant ces signes de changement, faire vivre sa culture, son mode de vie, sur sa terre natale d'élection n'est pas un crime. Le droit d'asile est reconnu par la République ; mais il doit rester un champ d'hospitalité accordé avec discrétion par celui qui reçoit. Pour autant, la Constitution incluant le droit d'asile ne peut pas se transformer en machine automatique d'agrément de nationalité, au prétexte du pays des droits de l'homme et des citoyens.
L'avènement à la nationalité par le "droit du sol" est un choix d'exception qui doit confirmer les traditions du pays d'accueil ; et pas seulement pour les matches de foot de l'équipe de France ou les Jeux Olympiques.
LE POSITIONNEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL DU FN
Reconnaissons que dans ce registre, le F.N. présente de nos jours des options de justice sociale telles : la retraite à 60 ans, la défense du smic, la lutte contre les dérives financières, de fermeté contre les paradis fiscaux et une dénonciation des excés de la mondialisation. Il y a bien une évolution très nette sur le contenu social qui parle aux gens ; contrairement à la première génération FN qui était poujadiste et contre un Etat redistributeur.. Et qu'il ne sert à rien de dire que cela n'est pas vrai. Les gens écoutent, entendent et lisent. Ils s'emparent des programmes visibles sur les sites internet.
Sur le plan économique il prône le retour au Franc, pour se réapproprier la souveraineté nécessaire de la monnaie. Il préconise un protectionisme ciblé afin de rééquilibrer les termes de l'échange à l'international. A récupérer les cadeaux fiscaux et subventions pour les entreprises quittant le territoire, etc.... Il y a donc un changement de lattitude. Et un message de rupture sur l'U.E. (ce machin qui confirme sans cesse ses carences à amener la prospérité promise dans ses nombreux traités). La vérité, c'est que l'U.E.est devenue inssuportable aux peuples, pour le seul bénéfice des lobbies marchands et des financiers.
Ceci étant, le mouvement nationaliste n'est pas appelé historiquement parlant à représenter exclusivement l'étendue des classes populaires.
LES FLUX MIGRATOIRES
Doit-on être d'accord avec les simplifications de Mélenchon ? Il croit dur comme fer que l'avenir est à une mixité continue, bien comprise ; les travailleurs de la classe ouvrière de souche se métissant automatiquement avec ceux des quartiers de l'immigration. Sauf que, sans avoir d'apriori, les choix sont toujours personnels, comme les goûts et les couleurs. Il fait selon moi un présupposé sur le ressenti des classes populaires. Il est dans un déni de réalité. Le problème c'est l'assimilation économique.
Manquons nous de postulants aux offres d'emplois (pas assez de chômeurs disponibles) ? N'est-ce pas plutôt le travail qui fait défaut ? Qu'est-ce qui attire régulièrement des masses d'immigrés sur le sol français ? Sommes-nous perçu comme un Eldorado ? Pour quelles raisons accepte-t-on ce phénomène ? Il faut pourtant répondre à ces questions liminaires.
Ces populations peuvent-elles (veulent-elles) s'intégrer dans les traditions françaises ou bien ne colportent-elles pas des oripeaux identitaires et communautarismes ? Ceux qui décident des visas, sont-ils ceux qui cohabitent avec les populations nouvelles ? Ceux qui régularisent les sans papiers, sont-ils ceux qui offrent du travail de façon planifiée pour s'intégrer ? D'ailleurs, une planification est-elle faite en amont ? Y a-t-il une automaticité entre le travail disponible et les nouveaux arrivants ? Y a-t-il assez de possibilités d'hébergement avec des loyers modérés ?
Ainsi les français des quartiers des grandes villes, comme des villes péri-urbaines, ne se sentent-ils pas délaissés au total par cet arbitrage provoquant de la concurrence à la baisse sur les salaires ?
LE CARCAN DE LA RELIGION
La question de l'affirmation religieuse de l'Islam déboussole nos traditions par la surenchère de son exposition comme les codes vestimentaires, le menu des cantines, la diffusion du Hallal, le milieu hospitalier, les piscines, la construction inévitable de mosquées.Il s'agit bien d'une place à trouver pour une religion constituant un choc civilisationnel et le nier n'y change rien. On peut y inclure le passé colonial qui est clivant pour les deux "sociétés", celle de souche, comme celle des immigrés ayant acquis la nationalité ce qui fait revisiter les manuels de l'éducation nationale. Car il y a sans doute de la part des immigrés une cicatrice post-coloniale les poussant à ne pas s'assimiler facilement avec nos codes, différents des leurs par évidence.
L'activisme de SOS racisme, de la LICRA, ou du CRAN, s'ajoutant à la discrimination positive menée par les directives aux entreprises, les services publics, n'est-il pas révélateur de la problématique d'harmonisation face à l'importation des traditions, des coutumes, religions, tabous et totems, dans un pays en plein dans la modernité ?
L'IDENTITE ET LA MIXITE
Il s'avère que l'on n'a pas pris en compte les "signaux", ni de François Mitterrand (le seuil de tolérance) ni de Georges Marchais ( l'immigration est en concurrence avec les travailleurs autochtones) ni de Michel Rocard (on ne peut accueillir toute la misère du monde). Les "bisounours" Mélenchon, Besancenot, Harlem Désir, la presse, les chaines de TV, telles Canal+, France 2, la 3, la 5, Arte, bref la lucarne médiatique, nient le problème existentiel dans les quartiers et confondent la promotion de la mixité du show biz -ou du foot- avec le "ressenti" des classes laborieuses déboussolées.
Ces bien-pensants veulent expliquer uniquement par le chômage les difficultés de l'intégration. Ils ne veulent pas voir le facteur des "racines identitaires" qui se supportent (ou se repoussent) les unes les autres. Phénomène d'appartenance selon Maslow, représentant l'ancrage sur l'ensemble du champ des valeurs, des croyances, des moeurs, qui restent un paramètre de singularité des ethnies et des cultures ; sinon à faire un homme "unidimensionnel" sans propriétés de différenciation .
Je crains (souhaitant me tromper) que le paroxysme peut conduire -à retardement- à des tensions d'abord, voire des affrontements communautaristes. Qui aurait pu penser à une guerre fratricide en Yougoslavie surgissant en 1992 (catholiques, orthodoxes, musulmans) ? Exemple frappant de la résurgence des valeurs communautaires qui "résistent" même au sein du "socialisme réel" de Tito qui prônait pourtant depuis 50 ans des valeurs de fraternité.
Aujourd'hui on voit bien la prégnance de l'Islam face à la Laïcité à la française. La Laïcité n'étant pas appréciée face aux modèles religieux en général mais surtout d'avec l'Islam qui contient le prisme de la Charia dans son fondement wahabbite ..
FRACTURE SOCIALE ET SOCIETALE : QUEL AVENIR ?
Le curseur tourne autour de l'équilibre de la cohésion économique et sociale. Il faudra bien considérer le poids du vote ouvriers/employés/artisans/paysans et fonctionnairesn (et chômeurs) dans l'électorat F.N. Ce qui donnera une indication du tropisme des classes populaires vis à vis de ce parti. Et sur la légitimité de ces classes à chercher des voix de représentation (à travers le FN par exemple) pour porter ses inquiétudes de l'avenir que l'on nous dessine. J'ai tendance à penser que ce poids électoral va devenir encore plus important. En réaction d'une fracture sociale et sociétale.
Pour avoir nié cette réalité face à l'accueil de l'immigration, les acteurs politiques -TOUS les partis - auront un jour à répondre aux préoccupations existentielles liées non seulement à l'injustice sociale et l'avenir des retraites mais aussi à la mixité imposée, donc aux références identitaires, dès l'instant ou l'on a "greffé" sans cesse des populations étrangères sur les quartiers de la république, sans consultation des populations autochtones.
Cette question -dérangeante- touche au consensus du vivre ensemble c'est à dire à la COHESION SOCIALE de la société française. Et ces phénomènes n'ont pas de résilience dans leur programmation... Bien entendu, ces questions ne seront pas abordées par les partis de la gauche traditionnelle, encore moins par la gauche radicale.Ce que les français majoritairement ne veulent pas c'est une régularisation massive (automatique) des sans-papiers. Car ceux là s'ajoutent au quota d'immigration légale de 200.000 environ/an, jugé déjà excessif pour les finances publiques de nos jours. Ce n'est pas du détail.
Et que ce tropisme à générer des flux migratoires (qui ne posaient pas de problème jusqu'en 1970) s'est retourné petit à petit en désaveu de la gauche, radicale et notamment du Parti Communiste qui a perdu sans cesse du terrain. Quel est d'ailleurs le score actuel du PC au sein du FDG ?
On peut s'étonner que les voix des électeurs déçus par des politiques de gouvernement -défendant surtout la caste bourgeoise- ne se retrouvent pas automatiquement au FDG, au NPA ou à LO , alors qu'ils sont pourtant une alternative programmatique sociale "supposée".
Y a-t-il un feuilleton que l'on aurait manqué ? Quelle est la force d'un discours se voulant fédérer les problèmes des "classes populaires" lorque son impact réel électoral -à trois partis- ne réunit au total que 15% des voix ? Alors que nous sommes en face d'un "boulevard quasi révolutionnaire" dans une société disqualifiée par des affaires franco-françaises, l'alignement sur Bruxelles, l'échec de l'U.E. envers les pays de la méditerranée, la mainmise des banques envers les Etats, les révélations sur les paradis fiscaux, l'alignement prochain de l'U.E. avec les standards U.S. etc...
Avec environ 15 % des voix des électeurs -sur trois partis- peut-on parler légitimement "au nom du Peuple" ? voilà une question à se poser. Ne faut-il pas reconsidérer des orientations anachroniques (à ne pas confondre avec les valeurs républicaines) compte tenu d'une évolution en cercle vicieux sur un demi siècle ? sauf à se prendre pour une ONG caritative du type de l'Abbé Pierre. Il ne faut pas confondre la charité et les valeurs républicaines.
Et au nom de la charité on va droit vers le système américain : peu d'impôt citoyen, pas de cotisations donc pas de protection sociale sinon privée. La mendicité en dernier ressort. C'est le don qui fait office de compensation. C'est la ruse de l'oligarchie pour maintenir son pouvoir de domination par l'accumulation du profit pour certaines élites, lesquelles sont dans le don et la charité. Avec Dieu, le communautarisme, le sport spectacle et la drogue, comme opium du peuple.
Alors, passer son énergie sur la promotion du mariage gay (tellement essentiel) ou encore le droit des femmes au travail, etc... C'est toujours un os à ronger de plus. Pendant ce temps on nous dit que la finance n'a pas de visage... Il n'y a rien à voir de ce côté. Occupez-vous du mariage pour tous...
L'équité sociale et la satisfaction des besoins entrainent le sociétal. Ce n'est pas l'inverse. Sinon cela veut dire que l'on nous entraine dans un leurre. Vraiment, il y a du mourron à se faire pour apercevoir dans l'horizon français un parti de gouvernement s'occupant concrètement du social et nous sortir de la nasse. Faudrait-il donc recourir au Front National ? Comment en est-on arrivé là ?
Ma conclusion est qu'il ne faudra pas en accuser les électeurs, ce serait trop facile. J'en déduis que mallheureusement il doit manquer "quelque chose" dans le focus des partis de gauche normalement qualifiés pour être en phase avec le Peuple. Non point le Peuple qu'ils "s'imaginent". Mais le PEUPLE TEL QU'IL EST.
Qu'il y a bien une dissonnance cognitive entre le diagnostic et le message qu'on lui adresse.
Et que c'est peut-être cela le problème...
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