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Accueil du site > Tribune Libre > Le vote hispanique, un enjeu qui ne craint pas le ridicule

Le vote hispanique, un enjeu qui ne craint pas le ridicule

Non non, ce n’est pas une parodie, cette vidéo est vraiment visible sur le site de Barack Obama. Le vote hispanique est tellement important dans certains Etats que les candidats ont dû rivaliser d’imagination. Les chants de campagne sont donc aussi un terrain de bataille. Evidemment Hillary Clinton a aussi sa chanson traditionnelle mexicaine.

Outre le côté folklorique désuet, notons tout de même que les paroles montrent les enjeux, et les atouts mis en avant par les candidats.

J’ai tenté une traduction approximative qui vaut ce qu’elle vaut.

Pour la chanson Viva Obama, les paroles sont :

Au candidat qui s’appelle Barack Obama,
Je chante cette chanson avec une âme humble
Qu’il a aussi puisque il est né sans prétention.

Il a commencé dans les rues de Chicago
Travaillant pour protéger les travailleurs
Et nous unir, tous, dans cette grande nation.

Vive Obama, vive Obama !
Des familles unies, sûres grâce au plan de santé
Vive Obama, vive Obama !
Un candidat qui lutte pour notre nation.

Peu importe si tu es de San Antonio
Peu importe si tu es de Corpus Christi
De Dallas,...
Ce qui compte c’est que nous votions pour Obama
Parce que sa lutte est aussi la nôtre
Et qu’aujourd’hui il y a urgence.
Pour que ça change, soyons unis
Avec notre ami, Barack Obama.


Les paroles de la chanson pour Hillary Clinton sont plus simples encore :

Hillary, Hillary Clinton, c’est pour elle que je vote. (bis)
Mes amis, c’est Johnny Canales, je voudrais dédier une chanson à notre amie, Hillary Clinton... Nous avons besoin de changements, il y a tant de choses à améliorer, et il n’y a qu’une candidate qui peut réussir. Elle a l’expérience, son mari a gouverné, et ensemble ils rendront les choses meilleures. Hillary, Hillary Clinton, c’est pour elle que je vote. Une présidente forte, peut mettre fin à la guerre et assurer les soins aux personnes de cette terre, des lois migratoires justes et une économie meilleure. Je n’y réfléchis pas à deux fois, pour Hillary, je vote. Hillary, Hillary Clinton, c’est pour elle que je vote, Hillary, Hillary Clinton, c’est pour elle que je vote. C’est pour Clinton que je vote.

Dans ces paroles, deux choses me marquent immédiatement, l’utilisation du terme "ami(e)" pour désigner le ou la candidate et l’utilisation du terme "changement". J’avais déjà parlé du second point dans un précédent billet, n’y revenons pas. Mais ce terme d’"ami(e)" est tout de même marquant. On imagine mal, même avec sa familiarité lexicale, Nicolas Sarkozy se faire appeler "l’ami". La campagne américaine est vraiment différente et c’est probablement ce qui justifie des clips aussi désuets que ceux que l’on peut voir ici, ou comme la désormais célèbre parodie de la mythique série Soprano tournée par Hillary et Bill Clinton en personne. Difficile d’analyser cette proximité factice avec les électeurs, espérons simplement que dans ce domaine nous n’imitions pas trop vite les Etats-uniens. Ce serait vraiment étrange que pour la campagne 2012, Nicolas Sarkozy tourne avec Carla Bruni un épisode de Plus belle la vie, et que le candidat du PS fasse un rap pour obtenir le vote des jeunes des banlieues, non ?

En dehors, des points communs que l’on vient de voir, nous pouvons noter une vraie différence entre les candidats. Pas entre leurs programmes, ils défendent tous les deux les travailleurs et leur système de santé, n’oublions tout de même pas qu’ils sont du même camps à la base. Non, la différence vient de la personne, Hillary est compétente, elle joue sur la popularité et l’expérience de son mari alors qu’Obama est près du peuple, il est humble et a le même combat que celui de la minorité espagnole (est-ce parce qu’il est noir ?). On joue uniquement sur l’image, le programme n’est quasiment pas évoqué...

Tout cela pour dire que sous un petit air innocent et totalement kitsch se cache une vraie arme de communication électorale, ils sont forts ces Américains.


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6 réactions à cet article    


  • tvargentine.com lerma 29 février 2008 09:56

    Le spectacle lamentable que ce livre les 2 représentants "démocrate" est à l’image de la politique américaine.

    Ce pays qui a fait du communautarisme son sogle social,pourrait s’écrouler sur lui même avec cette élection car il existe un danger de haine raciale de voir ces politiciens instrumentaliser ces communautés qui ne cherchent pas à communiquer entre elles

     


    • Redj Redj 29 février 2008 11:41

      Nous voyons bien ici dans ce commentaire le côté anti-américainiste haineux de Lerma, qu’il dénonce pourtant sans relâche sur d’autres fils.


    • anvil mac lipton anvil mac lipton 29 février 2008 15:13

      Je suis bien d’accord avec vous Lerma.

      Ce n’est pas en faisant des "quotas éthniques", de "l’immigration choisie", de la "discrimination positive" (sic), en promouvant le communautarisme comme mode de gestion de la diversité culturelle, en revenant sur la laïcité - qui évite justement la crispation identitaire donc le communautarisme - qu’on arrive à une situation d’harmonie sociale et d’évitement des tensions communautaristes et de la haine raciale(1).

      Je vous félicite d’ailleurs pour cette nuance que vous apportez à votre soutien habituel au président de la République française, partisan clairement déclaré et affiché du communautarisme. Cela vous honore de reconnaître par ce commentaire que tout n’est pas blanc ou noir, et qu’il existe des pans de la politique actuelle du gouvernement français qui vous indignent.

       

      ------

      (1) Bien au contraire : utiliser les différences comme méthode de regroupement des populations et de gestion, bien que cela puisse à court terme conduire à une paix sociale, conduit à long terme à une divergence irreversible des cultures au sein d’un meêm pays, et donc génère des conflits extrêmement graves. L’histoire tant ancienne que récente est d’ailleurs un exemple de ce problème. On parlera de l’Irlande du XXème siècle, ou de la France du XVIème pour les catholiques et les protestants, ou encore du Liban actuel et de l’évolution qui est crainte par le gouvernement au Royaume Uni...


    • Cascabel Cascabel 29 février 2008 12:33

      Le clip d’Obama est réussi. Sobre, dans la tradition du "corrido" il va droit au but. Le message est fort puisqu’il travaille sur un style traditionnel, plutôt réservé à une tradition aristocrate catholique, où les valeurs de l’honneur, de la patrie et de la gloire sont mises en valeur. Cependant, chanter des odes à la nation en espagnol, dans ce style, ferait plutôt référence à la nation mexicaine. C’est très habile.

      En revanche le clip de Hillary est incroyable de maladresse. Il n’apporte aucun message subliminal, il va directement et sans finesse flatter le communautarisme. La musique appartient à un registre populacier des côtes, le bas du bas, et le public qu’il vise est celui qui aux USA s’affiche clairement et violemment anti-américain. Chose étonnante, on y voit figurer le drapeau des partisans d’Aztlàn, c’est à n’y rien comprendre. Hillary n’enfreint-elle pas gravement les lois de son pays avec ce clip ?

      En tout cas une chose est sûre, les USA sont en train de disparaître sous le poids de l’immigration ; cela ne devrait pas nous réjouir en Europe car le même sort nous attend.

      Un clip, détente tendue :

      http://www.youtube.com/watch?v=l7qKD-Ph7ds

       


      • zets zets 1er mars 2008 04:39

        Faut dire que l’espagnol est quasiment langue officielle maintenant, à NY dans tous les magasins des employés parlent espagnol, les pubs dans le métro sont en espagnol, certains menus bilingues etc etc,

        Et de plus en plus d’américains qqsoient leurs origines maitrisent les deux langues, et le spanglish est roi ! A part les "nuevos riquenos" qui ne parlent pas la langue des parents...


      • Dalziel 29 février 2008 23:49

        Ces chansons, c’est manifeste, sont destinées à des peuplades primitives, à demi, sinon complètement analphabètes.

        D’une médiocrité affligeante, elles sont l’"avenir" d’une première puissance mondiale, en route vers le sous-développement, mais pour l’heure, il est encore très choquant d’entendre ses Hispaniques chanter "Nuestra Nation", en espagnol.

        Les Pères fondateurs doivent faire de véritables cabrioles dans leurs tombes. Nous autres, du Vieux Monde, pourrions rigoler tout notre saoûl, si nous étions mieux lottis, en termes d’immigration.

        Ce n’est pas vraiment le cas...

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