Législatives 2022 : Prendre la main
Que s’est-il s’est passé ?
Nous allons pouvoir redevenir bientôt pleinement citoyens. C’est une très bonne nouvelle. C’est la première fois depuis l’inversement des législatives (passage au quinquennat et inversion en 2004 : Chirac/Jospin) qui suivent de près dorénavant la présidentielle, qu’un président nouvellement élu n’obtienne pas la majorité en voix au 1er tour.
Le mérite nous en revient à tous. Chacun selon notre situation, nos moyens et contraintes, notre expérience, notre santé, notre persévérance et l’impondérable aussi dont nous avons su tirer visiblement collectivement le meilleur puisque nous y sommes. N’oublions pas, la clef. Ce fut comme toujours, le rassemblement, les points communs bien sûr, les convergences quand on prend sérieusement le temps de se comprendre et qu’on travaille ensemble et aussi les différences qui en réalité nous enrichissent et nous font avancer y compris par la controverse quand le respect, la curiosité, la responsabilité et l’honnêteté sont là. C’est la dynamique de l’intelligence collective quand une authentique démocratie en est le moyen et la fin et qu’il s’agit de partager des connaissances, des valeurs, se donner des objectifs et des moyens et avoir la volonté de faire les arbitrages nécessaires. Si nous ne voulons pas de nouveau être la proie des démagogues si habiles pour semer et entretenir la confusion et nous diviser.
C’est une très bonne nouvelle. Mais cela aussi nous oblige. De bonnes choses indispensables et urgentes vont être faites très vite. Cependant chacun sait que dans la vie tout ne peut pas être prévu et que des choses inattendues qui s’imposent arrivent. Qui demanderont du travail, de la réflexion, de nouveaux efforts. Rien de vraiment nouveau. C’est la vie, nous savons, nous avons l’habitude et nous sommes prêts. Nous en avons vu d’autres comme on dit. Et nous savons que nous en verrons d’autres. Mais entre subir et se retrousser les manches et construire nous avons choisi.
Les enjeux
Bien entendu, nous allons déranger des intérêts très importants et puissants qui surplombaient nos vies et l’ensemble de la société avec des gens habiles, intelligents, résolus, possédant des moyens de communication énormes et qui vont tout faire pour tenter de nous affaiblir et diviser. C’est déjà ce qu’ils faisaient et dont nous supportions les conséquences dans nos vies ainsi que la domination de leurs discours et explications qui nous ont si longtemps tenus dans l’ignorance. La soumission et la résignation plus ou moins consenties, le respect contraint de ce qui faisait notre mise à l’écart des affaires du pays et du respect de nos avis étaient notre lot quotidien et le fonctionnement normal de notre société. La démocratie indépassable expliquait-on au pauvre gilet jaune sorti de son rond-point. Et qui voulait en discuter. Domination qui entretenait le pays dans un système de redistribution des richesses produites de plus en plus inefficace et injuste et une démocratie d’apparence protégée par sa propre mise en scène médiatique.
La leçon doit dorénavant absolument être retenue. Ne déléguons plus sans contrôle ni bilan sérieux ni débats authentiquement démocratiques la conduite des affaires du pays. Si individuellement nous négligeons cette dimension de notre vie collective, alors immanquablement de nouveaux Sarkosy, Hollande, Macron et Le Pen ou Zemmour, discrètement soutenus par des puissances d’argent, tout en dissimulation et séduction, nous embarqueront à nouveau derrière leurs drapeaux et dans leurs mésaventures. Ils sont déjà là en pire. Nous sommes seulement en train d’en sortir. N’oublions plus jamais cette leçon qui doit être entretenue et transmise. La démocratie n’est pas un devoir de mémoire avec bouquets de fleurs et sourires de circonstance. C’est le seul air que le citoyen doit dorénavant accepter de respirer s’il veut le rester. Ce n’est pas un cadeau. C’est un droit à gagner. À prendre et conserver précieusement et fermement est plus conforme à la réalité. Et bien entendu nous n’oublions pas que sommes montés sur les épaules de ceux qui nous ont précédés. Et combien sans vigilance ni volonté tout cela peut être fragile et remis en cause. C’est une exigence qui s’impose à nous, un effort personnel à faire qui nourrit le collectif et réciproquement si on veut en disposer et se faire respecter. Une transmission intergénérationnelle indispensable et salutaire est requise.
C’est à l’antipode de ce que souhaite faire de nous ceux qui vivent de la publicité et de toutes les chaînes de valeurs qui y sont associées en nous proposant leurs modèles de vie de consommateurs fébriles et conformistes et de ceux qui espèrent bien capter toute notre vie dans une toile d’araignée numérique qui nous rend la vie aussi facile que le contrôle qu’ils en ont. Redoutons le genre de politiciens et de communicants qui pourraient émerger ici.
L’action en cours
Un rappel.
Je répète ici encore une fois comment on nous mène par le bout du nez en pensant que cela va durer le plus longtemps possible (jusqu’à épuisement ?) puisque nous nous sommes si souvent déjà fait avoir. Combien de fois nous a-t-on promis une dose de proportionnelle, la prise en compte du vote blanc comme suffrage exprimé, la possibilité aussi généreuse que floue du référendum d’initiative citoyenne, une réflexion sur le fonctionnement (déontologie et financement) des médias et de la presse, une réglementation encadrant l’usage des sondages (600 sondages cette fois-ci pour l’essentiel payés indirectement par des fonds publics), un financement juste des partis qui dépendent actuellement essentiellement de ceux qui en ont les moyens et qui du coup empochent une remise d’impôts pour ce qui concerne la contribution personnelle, la nécessité d’un casier judiciaire vierge pour un élu ? Les gens qui sollicitent nos voix et voudraient bien être la majorité présidentielle sont directement responsables de cet état de fait ou le cautionne et feront tout ce qu’il faut pour que nous restions leurs obligés soumis et résignés autant que possible. Ils ont juste besoin encore du laissez-passer que représente notre voix ou au besoin notre découragement et résignation traduits en abstention pour à nouveau légalement nous mettre au pas comme ils l’entendent en douceur tant que nous nous laissons faire.
Les règles du jeu en cours.
Attention, nous avons affaire à des gens habiles, rompus aux combinaisons électorales et aux discours d’influence dont ils distillent en même temps plusieurs versions afin de tenter de nous influencer dans nos différences en jouant sur différentes valeurs, différents comportements observés et bien sûr en pariant sur nos lacunes et absences d’expérience (qui sait tout sur tout ?). Ils nous influencent à partir de contre-vérités ou éléments de langage mis en circulation dans les médias et de tout ce que sont capables de fabriquer et amplifier certains médias ou réseaux sociaux. Et aussi avant tout, ils se jouent de notre bonne volonté en défaut de méfiance quelquefois et de notre supposée naïveté très souvent. Qui n’a jamais été pris dans ces pièges ? Le fait qu’il ne nous soit pas facile de l’avouer est un ressort bien connu de ces gens pour mieux nous tromper. Ils jouent aussi sur la répétition incessante de contre-vérités (ici nous avons des champions), le gage que donneraient une référence plus ou moins savante ou pertinente ou un lien en escomptant que nous ne vérifierons pas et serons abusés. Soyons particulièrement vigilants et attentifs. Ayons ces repères en tête. L’enjeu est déterminant et notre choix, notre voix, un bien précieux. Autrement ils ne se donneraient pas tout ce mal pour tenter d’influer sur nos votes y compris à l’occasion en nous détournant de voter quand ils les craignent.
Scrutin à deux tours où les reports de voix sont déterminants et l’électeur convoité et courtisé. Ne nous attendons pas à un véritable débat démocratique puisque le tandem extrême-droite/macronie a tout fait dès le début de la présidentielle pour le truquer et l’empêcher avec le résultat que l’on sait. Afin de tenter de contourner un mouvement social qui traverse toues les couches de la société qui n’en peuvent plus de cette confiscation politique et électorale et cette concentration de richesses qui fait bois de toutes les circonstances et moyens pour étouffer les aspirations de démocratie en vue d’un usage raisonné, responsable et d’un partage équitable des richesses produites.
Non, nous avons droit sans surprise aux mêmes procédés et arguments encore plus caricaturaux et à un engagement encore plus partial des médias notamment sur le service public de l’information étant donné l’urgence et l’alarme. Pourquoi ? Parce qu’une masse critique de nos concitoyens est sortie de la domination du discours économique et politique que le pouvoir réussissait à imposer dans les esprits tout en suscitant un immense découragement menant à l’abstention, ultime défense pour certains de leur dignité de citoyen. Cela nous a menés trop souvent à des votes contre nos intérêts par abus de confiance et de bonne volonté puis à des votes sous contrainte et chantage ou carrément à l’envie de jeter l’éponge.
L’abstention est encore forte et ceux qui ayant gagné de justesse les dernières présidentielles et législatives de 2017 n’ont bien entendu rien fait en 5 ans pour en faire une réflexion démocratique ni tenu la mission de service public dans l’accompagnement du processus électoral en cours (les médias non plus). Parce que pour eux, c’est, l’aubaine cachée (inavouable), l’issue de secours qui leur a sauvé la mise jusqu’à présent. Et donc, ils agitent les tambours les plus grossiers et une démagogie débridée parce qu’ils sont persuadés de l’absence de recul, de compréhension de leur situation et de qui en est responsable, de la part de ceux qui se sont tenus dans l’abstention. Comme si nous étions éternellement dupables à peu de frais quand ils savent compter sur une indéfectible présence aux urnes de leurs soutiens qui eux votent consciemment pour la préservation d’un système inégal qui les avantage et garantit leur domination. Ils, c’est bien sûr l’alliance de fait de l’extrême-droite à travers son encadrement et ses élus et de l’ensemble des droites dont la macronie est le centre de gravité. La première ayant besoin de quelques mandats pour entretenir la fiction d’une opposition de gouvernement crédible et l’autre voulant à tout prix se maintenir en charge des affaires. Un peu de rivalité ici ou là pour beaucoup de convergence dans la tactique et les intérêts à moyen et long terme. Ici bien entendu LR est quasi dans la même posture sous la réserve qu’il entretient encore (avec de moins en moins de convictions) la fiction d’une opposition de gouvernement. D’un sursis toujours bon à prendre.

Jouons notre propre partition
Donc, soyons concrets. La manœuvre consiste pour eux à tenter d’influencer les reports de voix et de séduire les abstentionnistes avec de grossières épuisettes empoisonnées adaptées selon eux à nos concitoyens qui leur ont résisté jusqu’ici.
La macronie jure ses grands dieux qu’il ne faut donner aucune voix à l’extrême-droite , en tentant "en même temps" de faire croire que le mouvement social qui a abouti à la mise en place de la Nupes aurait quelque chose à voir avec l’escroquerie politique qu’est l’extrême-droite qui dupe ses propres électeurs à son profit. Tout en l’alimentant tranquillement en voix lorsqu’elle y trouvera l’intérêt de se protéger contre la NUPES. Parce qu’un député d’extrême-droite de plus, si on se fit à l’exemple donné, ce n’est ni travailleur, ni dangereux pour le pouvoir en réalité et cela garde son potentiel de nuisance pour tenter de semer confusion et divisions dans une opposition authentique et résolue. La lepénie dans une situation similaire fera ou plutôt tentera d’entraîner les électeurs à faire la même chose au bénéfice de la macronie et ses composantes y compris LR. Renaissance, l’excroissance grande-bourgeoise de l’extrême-droite, coulera naturellement vers la macronie et LR avec peut-être dans la rancœur, un petit croche-pied pour l’agaçante cousine. Laissons ces gens préserver entre eux leur théâtre d’ombres, ne confondons pas les électeurs abusés un temps avec les militants et les cadres qui distillent toujours le même poison.
LR va tenter de sauver ce qui peut l’être. Ce parti est d’accord sur l’essentiel avec la macronie (LR a voté la plupart des textes comme toujours avec c’est vrai à l’occasion au sénat des amendements apportant une meilleure technicité et moins de brutalité) mais il aimerait bien avant tout avoir plus de lumière et de mandats.
Ne perdons pas de vue l’essentiel. Tout ceci qui sera complaisamment entretenu par les médias, militants et petites-mains dans les réseaux sociaux, repose sur des réflexions et méthodes d’états-majors et de "spécialiste de plateaux-télé "qui pensent encore et toujours que nous sommes des pions influençables à l’infini et peu doués et peu curieux des affaires publiques et que nous ne savons pas à quel point en réalité elles encadrent et pèsent au quotidien sur nos vies et que des alternatives viables existent. D’autant plus sûrement que tout a été fait pour que nous n’ayons pas droit une fois de plus à une discussion et un débat sur le fond. En principe cela se fait en démocratie se souviennent les plus anciens. Justement, ce qui est proposé c’est de le faire à l'avenir. Nous n’allons plus nous en passer maintenant après tout ce chemin parcouru et cette sainte patience que nous avons eue. Et c’est pour cela qu’il faut voter NUPES pour s’extraire de cette impasse et en cas d’impossibilité laisser ces gens se débrouiller entre eux puisque les députés de la macronie et de LR sont des béni oui oui et ceux de l’extrême-droite les champions de l’absentéisme et de la fanfaronnade.
Renvoyons ces gens à leurs responsabilités et leurs pratiques anti-démocratiques quand ils ont le front de dire maintenant qu’un large mouvement social touchant toutes les composantes de la société se donnant une représentation politique à travers une union populaire rassemblant toutes les composantes d’une gauche authentique s’appuyant sur un programme économique et social le plus clair et le plus élaboré de tous ne serait pas dans le champ démocratique selon leurs vœux alors qu’ils se maintiennent depuis des années au pouvoir par des jeux de provocations et de chantage avec l’extrême-droite. Agitant des peurs archaïques et des caricatures anachroniques sorties des caves et greniers. Que chacun en conscience dimanche prochain prenne ses responsabilités. Un bulletin de vote n’est pas qu’un simple bout de papier. Ce peut-être un laissez-passer sans condition pour Macron ou un billet nous engageant à participer à ce que sera notre avenir sans plus jamais si nous sommes vigilants nous laisser dicter le contraire de ce que la majorité a décidé.
Renvoyons ces gens à leurs responsabilités lorsqu’ils prétendent donner des leçons de laïcité en entretenant la confusion entre des croyances religieuses et les récupérations de l’islam politique qu’ils nourrissent en entretenant des ghettos de pauvres et d’immigrés et faisant de la surenchère électorale une pompe à voix nauséabonde régulièrement réamorcée le temps d’un tour de piste (n’est-ce pas messieurs Bolloré et Zemmour). Bien plus simple et plus immédiatement rentable électoralement qu’une réelle politique de la ville transpartisane dont la nécessité s’impose comme le savent pertinemment les responsables politiques et ceux qui tiennent les médias dans leur immense hypocrisie.
Renvoyons ces gens à leur suffisance et absence totale de honte de prétendre taxer d’incompétences et d’illusions d’autres propositions économiques que les leurs nous ayant menés là où nous en sommes et qu’ils ont bien l’intention de perfectionner en nous demandant de voter pour eux sans vouloir nous apporter plus de précisions et pour cause.

Continuons notre chemin ensemble. Avançons.
Pas une voix pour ceux qui assoient leurs pouvoirs sur une concentration des richesses jamais vue, l’entretien des ghettos de pauvres et d’immigrés, le refus de la mixité sociale concernant l’accès au logement et à la diversité des parcours scolaires et professionnels, l’affaiblissement vertigineux des services publics, l’insécurisation des trajectoires d’emploi, la concentration de la propriété des médias, la comédie et l’irresponsabilité de promesses écologiques jamais tenues. Pas une voix pour l’extrême-droite qui récupère cette misère et cette colère en en faisant l’appoint électoral de la division et la confusion dont la démagogie du pouvoir a besoin pour se maintenir. Et qui est finalement la championne de l’absentéisme à l’Assemblée Nationale.
Libérons-nous de la tentation vénéneuse de l’abstention qui sert si bien nos adversaires.
La situation de l’abstention est gravissime. C’était déjà le cas en 2017.Cinq ans se sont passés. Avec de la part du pouvoir chichement élu, une politique d’arrogance, de désorganisation et de brutalisation menée à l’encontre du pays. Le recours provocateur à des prestataires privés et étrangers venant se substituer aux administrations centrales. Un traitement méprisant et menant à la violence des mouvements sociaux puis l’entourloupe d’un débat à la fois étouffoir et catharsis médiatique se terminant par l’enterrement des " cahiers de doléance" dans les archives départementales. Réitération autour d’un débat sur le climat conclu en queue de poisson. Des résultats économiques en trompe-l’œil. Les responsables politiques ont laissé pourrir la situation. Aucune ouverture, aucune réflexion de fond sur cette désertion politique inquiétante de la part de nos responsables ni des médias qui ont pourtant beaucoup de leçons à nous donner chaque matin dès l’aube.
Dimanche dernier, premier tour des législatives, 70% des moins de 35 ans n’ont pas voté. Et pourtant dans nos pays, le vote délivre le pouvoir exécutif et législatif qui s’impose ensuite à nous par la contrainte si besoin. Peu importe les comédies qui ont été jouées et l’écœurement qui en découle, ne perdons surtout pas de vue que tous les pouvoirs légaux et la disposition des outils du pouvoir se trouvent concentrés dans quelques mains en réalité ici sans réels contre-pouvoirs opposables. Nous sommes arrivés dans une situation où l’obtention du pouvoir se trouve concentrée dans un fortin de + ou – 20% d’électeurs assidus, les plus nantis qui ont pris l’habitude de se passer de notre participation et approbation. La représentativité semble un vieux concept sur lequel on coule une larme pour bien nous faire sentir qu’il est révolu et nous préparer à d’autres tutelles.
En réalité, en quelques années, une poignée d’hommes et de femmes politiques ont réussi à fracturer notre pays et le faire douter de lui. A bousculer notre identité culturelle et notre manière de vivre ensemble en contournant allégrement le pacte démocratique. Référendum bafoué, engagement géopolitique (intégration au commandement intégré de l’OTAN ) pris à la sauvette, politique économique à l’inverse du contrat électoral passé.
Le groupe générationnel que nous évoquons n’a pas de recul sur ce dont nous parlons. Ils n’ont connu dans leur éveil à la politique et le rapport à la citoyenneté que ce monde là. Et visiblement ils n’ont pas confiance en nos institutions politiques ni dans les manières dont s’exercent les pouvoirs. Ils aiment (en dehors de leur vie professionnelle) communiquer et user des technologies sans avoir le recul de qui a vécu dans le monde d’avant. Ils éprouvent un sentiment d’y avoir une liberté inouïe dans des formes qui s’imposent par l’effet de groupe mais dont on ne discute pas. Ou alors bien après quand la situation est déjà installée.Le vrai pouvoir se cache dans les usages qui deviennent difficilement réversibles et contournables. Dont nous ignorons pour une bonne part les effets et la sociologie contrairement à ceux qui les contrôlent. Ils vivent comme aucune génération auparavant dans un monde médiatisée caractérisé par la vitesse et l’obsolescence d’une grande partie des informations qui circulent et une délivrance quasi sans visibilité des données les plus personnelles de leurs vies.
Comble de chance, ils sont confrontés à un mode matériel fini (les générations précédentes en grand nombre ne se posaient pas la question) où on leur dit que rien qui se jette ne disparaît vraiment ni sans conséquence, que rien qui ne s’use ou se consomme se renouvelle à l’infini, qu’à utiliser sans réflexion, sans prévision ni prudence les ressources disponibles, à en tirer trop parti, nous risquons de déstabiliser les grands équilibres dont nous dépendons et que le cocon qui nous abrite pourrait bien nous expulser peu à peu comme un corps étranger. Des incertitudes sur les conditions de travail, l’emploi, la retraite sont entretenues en continu. En même temps, ils connaissent, plus que tous les autres avant eux, une dose d’exposition aux messages de la publicité qui les invite à consommer mieux mais plus quand même afin de protéger la planète. Il y a de quoi manquer de repères et avoir du mal à se projeter, de douter de beaucoup de choses et d’être en défiance vis-vis du spectacle de la politique et de l’accompagnement qu’en font la plupart des médias.
Cette génération est aussi bien évidemment structurée en profondeur par des inégalités et différences importantes de richesses disponibles, de moyens de vie (logements, santé, accès aux savoirs, aux formations, aux ressources culturelles), de rapport au travail et à l’emploi et d’accès aux postes à responsabilité.
Le Sondage "Veille du Vote" réalisé par Ipsos et Sopra Steria pour francetv et radiofrance (échantillon 4000, méthode des quotas, du 8 au 11/06/22) apporte des repères sur le profil des abstentionnistes. « En termes de proximité politique, le différentiel de mobilisation a été important, et favorable à la majorité présidentielle, en lien avec la meilleure participation des plus âgés. Ainsi la moitié des sympathisants de gauche (49%) ou du Rassemblement National (48%) ne se sont pas rendus aux urnes, pour "seulement" 38% des sympathisants LR-UDI et 39% des sympathisants LREM. De même, la moitié de l'électorat de Jean-Luc Mélenchon (50%) et de Marine Le Pen (52%) au premier tour de la Présidentielle ne s'est pas déplacé, pour 39% de l'électorat premier tour d'Emmanuel Macron. Cette différence pourrait s'avérer décisive dimanche prochain, dans la quête de la majorité absolue à l'Assemblée nationale. »
A l’évidence, une partie de la jeunesse, mais pas que, sous-estime le poids quotidien de la politique sur nos vies ainsi que comment se tissent petit à petit les changements progressifs mais continus qui changent les directions de nos vies à notre insu mais pas à celle de ceux qui patiemment en décident en évitant de nous faire accéder à l’ensemble du puzzle qu’ils assemblent et modèlent progressivement .
Nous devons changer de paradigme. La partition qui se prépare semble ne pas prévoir notre participation décisive et active. Au vu de ce qui s’est passé jusqu’ici, nous devons nous y mettre sérieusement toutes générations étant concernées sans plus attendre. C’est le cas me semble-t-il pour tous les peuples du monde qui cherchent un chemin et se méfient de ceux qui leur en désignent un tout prêt et cherchent à l’imposer par la force ou la ruse.
C’est un peu interpellant au début, quand on prend conscience de ses responsabilités, mais si on l’a compris, on sait déjà ne plus quoi faire et en qui et avec qui on peut, toujours dans la prudence et la vigilance, faire confiance et travailler. Au lieu de délivrer le laissez-passer dont il a besoin à monsieur Macron (attention même par défaut il prend et les trompettes des médias sonneront notre allégeance), donnons-nous les moyens de mieux vivre d’abord et de participer à la vie politique du pays autrement que comme des spectateurs sous hypnose médiatique à qui pour un temps encore il sera symboliquement demandé de déposer un bulletin dans l’urne plus ou moins à l’aveugle comme nous l’avons trop fait depuis trop longtemps. Un simple vote dimanche mais pour changer ces règles.
Quelques repères.
● Une petite citation qui va bien pour ne pas oublier nos racines.
« Plus un peuple est éclairé, plus ses suffrages sont difficiles à surprendre ...même sous la constitution la plus libre, un peuple ignorant est esclave. »
Condorcet - 1743-1794 - Cinq Mémoires sur l'instruction publique, 1791-1792.
● Rubrique "En toute subjectivité Épisode du mardi 14 juin 2022-3 mn" par Cécile Duflot. J’avoue que la dame m’a quelquefois agacé mais là, je dis bravo.
● Les résultats de la macronie soutenus par les voix de LR, MODEM, UDI tout au long de la législature, sont exceptionnels et enviables et ses projets prometteurs. Reste à savoir pour qui. Quelques indices d’ordre économique et budgétaire.
→ Législatives 2022 : Un nouveau départ ( 5/06/22)
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/legislatives-2022-un-nouveau-242013
● Législatives 2022 : Un nouveau départ.
→ Le 7 juin 2022 les économistes de la NUPES ont tenu une conférence de presse. Méthodes, programme et mesures, une nouvelle fois mis sur la place publique. Avec une proposition de débat refusée par des économistes libéraux, le gouvernement et l’institut Terra Nova préférant la diabolisation médiatique.
Jean-Luc Mélenchon a rappelé le chiffrage du programme économique de la NUPES, passé dans la matrice économique de la Banque de France, pour un total de 250 milliards d’euros injectés dans l’économie et de 267 milliards d’euros de recettes à la sortie du circuit. Il a dénoncé l’approximation habituelle des fausses promesses de ceux qui pensent encore s’en sortir avec pour toute garantie à offrir la diabolisation du programme économique de leur adversaire.
https://melenchon.fr/2022/06/07/conference-de-presse-des-economistes-sur-le-programme-de-la-nupes
● Un doute concernant la pratique équitable et responsable de l’impôt dans lequel 92 % des ménages seront gagnants ?
https://impots.melenchon2022.fr
● Plus de 170 économistes signent une tribune de soutien au programme de la Nupes (10/06/22). Un texte limpide qui tranche avec le discours officiel infantilisant qui transpire le plus souvent de nos médias.
● Myret Zaki : « Les citoyens sont victimes de désinformation économique. » par Laurent Ottavi (09/05/2022)
« Quel seraient les moyens ou les méthodes pour améliorer les choses et quels acteurs devraient être mobilisés pour cela ?
Les citoyens en général pourraient se mobiliser pour réclamer plus d’intégrité et de représentativité des chiffres. Demander que des indices comme l’inflation et le chômage n’excluent pas des facteurs aggravants mais les incluent pour prendre la véritable et honnête mesure de nos économies. C’est une question hautement démocratique : les chiffres doivent renseigner le citoyen, conserver leur utilité sociale et non pas devenir des instruments de marketing. »
● De quoi défriser ceux qui prétendent nous donner des leçons d’économie :
Histoire populaire de l’impôt. 2 documentaires de 52 mn chacun, la partie UE est dans le second (Réalisation : Xavier Villetard-France-2022)
Incontournable pour comprendre les ressorts et les intérêts qui ont modelé et prévalu à la configuration politique, économique et sociale de L’UE. Et qui en ont été les spoliés et les gagnants. Une réflexion décapante sur la finalité de cet outil géopolitique qu’est aussi l’UE et une belle illustration de ce qu’est un vaste contournement démocratique. Une rétrospective révélatrice. Quand on a vécu les choses, c’est intéressant de voir comment certains révèlent avec candeur ce qu’ils ont fait.
https://www.arte.tv/fr/videos/099709-002-A/histoire-populaire-des-impots-2-2
● Sondage Veille du Vote réalisé par Ipsos et Sopra Steria pour francetv et radiofrance. Législatives 2022 : Sociologie des électorats et profil des abstentionnistes.
https://www.ipsos.com/fr-fr/legislatives-2022/70-des-moins-de-35-ans-nont-pas-vote
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