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Accueil du site > Tribune Libre > Lendemain de grève

Lendemain de grève

La vague monte, elle enfle, on sent la société palpiter « là comme une petite bête », la jeunesse s’en mêle et tout un chacun se retrouve éveillé, comme si ce souffle juvénile pouvait donner le « petit coup » d’aile suffisant pour abattre les murs d’airains que les puissants ont dressé depuis des siècles pour défendre leurs privilèges..
 
Je ne sais plus qui disait que l’histoire bégaye…est-ce l’âge mais toutes ces images, ces paroles, ces mouvements semblent se « raconter » par échos successifs une même histoire. C’est un peu comme dans ce film où le personnage central se réveille tout les matins pour vivre la même journée… sans fin. Il tente, avec sa connaissance et son expérience d’influer sur les événements, mais toutes les journées s’achèvent de la même manière, la chute est inexorable et résonne comme l’écho froid d’une caverne.
 
J’entends bien l’espoir, la conviction, la détermination de certains… mais ils ne voient pas l’immense majorité des « incertains », cette masse immobile et qui n’avance qu’à pas lents…tout glisse sur eux, seule la répétition les rassure. Parfois « la rumeur de la colère » parvient jusqu’à leurs oreilles, mais impavides ils la laissent passer vaquant invariablement à leurs occupations. Ils ne sentent pas vraiment le poids des infamies qui pèsent sur eux, ils sont les « résignés ».
Longtemps ils m’ont été invisibles tant la foi en un monde meilleur possible était vivante en moi. Je n’avais d’yeux et de cœur que pour ceux qui me ressemblaient, mes sœurs et mes frères, mes camarades.
 
J’ai vécu longtemps dans ce monde clos peuplé de rêves et de longues marches dans les rues des villes, j’ai encore le souvenir frémissant sur ma peau de ces foules qui avançaient animées d’une force incroyable, celle de vaincre.
 
Je ne dis pas que tous ces combats ont été vains. Les « yeux invisibles « des puissants savent toujours relâcher légèrement ce qu’il faut pour garder la main.
 
Mais « dans le vieux parc solitaire et glacé » de Paul Verlaine ce ne sont plus que « deux âmes qui évoquent leur passé ». Je me sens aux rendez-vous de ces deux âmes et j’aime à me souvenir du soleil qui rayonne sur la foule et « des merveilleux nuages » de Charles Baudelaire qui couvrent leurs têtes. J’entends avec plaisir le chant des slogans rouler comme le tonnerre, je ressens encore l’heureuse fatigue de toutes ces longues marches, et les longues nuits de veille et d’espoir. Je revois les soirs d’élection magiques et électriques, je n’ai pas oublié la longue nuit du 10 mai 1981.
 
Mais je suis là… éveillé, les yeux grands ouverts, la mémoire riche, le cœur encore ouvert et je SAIS tout ce qui a suivi, les beaux moments n’ont été que de instants de fièvres. Et comme sur un écran géant je vois en noir et blanc la longue file des gens fatigués et résignés qui envahissent mon monde en couleurs et plein d’arc ciel.
 
J’ai si peur que tout devienne gris… si gris.

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16 réactions à cet article    


  • ousuisje 14 octobre 2010 11:10

    So what ????? je ne comprends rien de ce que veut montrer l’auteur....

    Par contre, il n’y a pas que des résignés... Une majorité sait qu’il faut faire quelque chose si on veut maintenir les retraites.
    Et face à une opposition aussi bornée que ridicule, incapable de faire des propositions crédibles, pas d’autre solution que d’espérer que la loi passera et que tous les gauchistes arrêteront cette résistance absurde et ruineuse !!!!!


    • Pelletier Jean Pelletier Jean 14 octobre 2010 12:42

      Cher Par ousuisje,

      Vu votre réaction, il n’est pas étonnant que vous n’ayez rien compris...vous appartenez soit « aux puissants » soit aux « résignés »....
      votre acceptation en l’état de cette réforme des retraite démontre que « le camp du progrès » vous est étranger, mais c’est votre parfait droit.
      Bien à vous.
       smiley

      http://jeanpelletier.blogspot.com/


      • ousuisje 14 octobre 2010 14:25

        Le seul problème de cette réforme est qu’elle est incomplète et qu’il faudra aller encore plus loin...
        Quelques personnes, y compris de l’opposition, ont essayer d’en parler, mais ils ont vite été baillonés. Il est plus facile de faire partie de Yakafokon dont vous faites partie...

        Alors arrétez de faire croire que vous avez tout compris contre tout le monde...

        Donc malgré cette loi, il faudra remettre ça en 2018...

        Ce n’est pas de la résignation mais de la lucidité et du pragmatismes. Il faudra bien un jour que vous atterrissiez dans le monde réel, et non dans l’utopie et le rêve.


      • Pelletier Jean Pelletier Jean 14 octobre 2010 15:05

        Heureusement que dans le passé il y a eu des gens pour croire aux rêves sinon les enfants de 6 ans travailleraient encore dans les mines et les ouvriers œuvreraient 7 jours sur 7....

        Je vois bien que le mot "progrès social » pour vous ne rencontre aucun échos. Je ne sais toujours pas si vous faites partie des « résignés » ou alors nouvelles catégories des « enfumés », j’ai le pressentiment que vous ne faites pas partie des « puissants »

        Bien à vous


      • Yohan Yohan 14 octobre 2010 19:37

        Mais mon bon monsieur, !!!!

        -Le progrès ce serait déjà d’arrêter de creuser les dettes dans ce pays, car c’est la seule chose que l’UMPS sait faire.

        -Le progrès ce serait de voir les français cesser de braire et de tout attendre de l’Etat providence gaspilleur

        -Le progrès ce serait se battre pour faciliter la création d’entreprise, se sortir les doigts du fion pour exporter et cesser de cantiner sur le dos des masses laborieuses.

        - Le progrès ce serait d’oser tendre le micro à ceux qui en ont ras le bol des grèves menées par des irresponsables qui ne sont même pas concernés par la réforme des retraites, et qui anticipent les grèves qui feront quand on leur demandera de partager les sacrifices et un peu de leurs bonus

        - Le progrès ce serait qu"aucun représentant politique ne puisse faire carrière plus de 10 ans dans la politique ou pantoufler ensuite dans les grandes entreprises publiques

        - Le progrès ce serait de punir les Kerviel d’hier, d’aujourd’hui et de demain et leurs responsables
         
        - Le progès serait de devenir lucide sur la situation réelle d’un pays, hier riche et aujourd’hui en voie d’appauvrissement car dirigé par une banded’ incapables 

        - Le progrès ce serait d’avoir des journalistes qui savent ce que déontologie veut dire

        - Le progrès serait de mettre fin aux Bac + 5, 6, 7 dont l’économie n’a plus rien à foutre

        - Le progrès, ce serait de reconnaitre que 68 n’a été qu’une parenthèse enchantée, et que ce n’était qu’une parenthèse

        - Le progrès, ce serait d’êtreplus humble et de cesser de se croire plus malin et de voir en la France est le centre de l’humanité

        - Le progrès, ce serait d’être capable de vivre à l’étranger au milieu des étrangers et non de se contenter d’aller en vacances au Club med à l’étranger

        - Le progrès, ce serait déjà de progresser même un peu sur cette prise de conscience


      • Pelletier Jean Pelletier Jean 15 octobre 2010 12:29

        Cher Yohan,

        le problème n’est pas tant d’établir un programme aussi soit-il aguichant (que le vôtre), le problème c’est celui de l’éducation, de permettre aux « rèsignés » de reprendre du courage et de se mettre en mouvement.

        je fais le pari que le mouvement actuel va s’étioler dans les semaines à venir ... dèsolé d’être d’aussi mauvaise augure d’où une certaine mélancolie de ma part.

        bien à vous

        jean


      • Rodolphe 14 octobre 2010 13:25

        Joli texte, assez poétique, mais d’une tristesse infinie. Le seul moyen de faire décroître le nombre de résigné est de démutiplier les actions sur tout le territoire et surtout d’en parler partout avec tous. Courage ! Mais ça fait le plus grand bien.

        ALLO LES RÉSIGNÉS VENEZ DONC FAIRE UNE BALADE URBAINE SAMEDI...ET SUR LA ROUTE !!

        SAMEDI, PAS D’EXCUSES, IL FAUDRAIT 70% DES FRANCAIS DANS LA RUE


        • Pelletier Jean Pelletier Jean 14 octobre 2010 14:57

          et le mot est dit alors que nous sommes 64,7 millions d’habitants et en prenant le chiffre des syndicats 3,5 millions de manifestants il y a de la marge pour arriver au grand soir !!!


          « Un petitsoir » de 10 millions de manifestants me suffirait....mais il faudrait donner beaucoup de souffle à notre pouvoir du rêve pour y arriver

          bienà vous.


          • LE CHAT LE CHAT 14 octobre 2010 16:30

            les français sont résignés parce ce qu’ils savent que si l’UMP part et n’est remplacée que par le PS , ça ne changera rien du tout pour eux , tant ce parti est entiérement dévoué aux politiques ultralibérale ! sa récupération politique du mouvement social est pitoyable , il ferait encore pire , comme tous les gouvernements socialistes en Europe appliquant servilement les consignes du FMI de DSK  !

            Quand l’opposition n’est plus une alternative mais une simple alternance , no future !


            • Ariane Walter Ariane Walter 14 octobre 2010 19:07

              @ Le chat
              malheureusement juste. C’est une des grandes difficultés de cette partie.
              Mais mieux vaut partir de rien que de rester nulle part !!!!


            • Ariane Walter Ariane Walter 14 octobre 2010 19:11

              @L’auteur

              J’ai voté positivement pour votre article même si je le trouve d’une extrême mélancolie. Vous avez tort d’ailleurs. Il est bien évident que les actions des hommes désespérés ont souvent débouché dans l’histoire sur des victoires. Même david avait peu de chnaces de s’en sortir.
              Toutes les manifestations ne sont pas efficaces. Et encore...
              mais du moins toutes témoignent d’une volonté qui tient le pouvoir en éveil..


              • Pelletier Jean Pelletier Jean 15 octobre 2010 12:39

                Chère Ariane,

                Vous êtes une bouffée d’oxygène et je vous envie....il ne m’était pas venu à l’esprit de nier la possibilité de faire avancer le progrè social, de la fin du XIXième au XXième siècle il y a une certaine évidence...mais pour autant « le pouvoir » celui de l’argent bien entendu a su lâcher pour conserver l’essentiel.
                je constate que ma génération (j’ai 58 ans) le baby boom a connu avec l’après guerre une période royale, c’est d’autant plus facile pour nous de constater combien les reculs sociaux ont été considérables ces trentes dernières annèes. Etre jeune aujourd’hui est d’une bien plus grande difficulté que hier.... tant de choses se dégradent et disparaissent, et le plus douloureux sans doute c’est de constater l’impuissance de la gauche :

                - impuissance de l’extrême gauche qui n’a pas vocation à gouverner
                - impuissance de la gauche dite de gouvernement qui ne fait pas grand chose pour nous rassurer ou nous motiver.


                Oui du coup vousavez raison la mélancolie me guette :
                Définition : état de tristesse, vague et indéfinie synonyme en anglais Spleen.


                désolè j’ai beaucoup donné c’est tout ce qui me reste.
                bien amicalement
                Jean


              • Salsabil 14 octobre 2010 19:47

                Bonsoir Jean,

                Presque un fatalisme au travers de vos jolis mots. Le fatalisme face au fatalisme. Alors ils se repoussent comme les deux faces négatives d’un aimant...

                Et pourtant vous savez, n’est-ce pas ?

                Vous savez que ce mouvement est utile, vous savez que ces mouvements furent utiles et vous savez aussi sûrement qu’en France, dans l’Histoire, certains mouvements ont apporté un souffle de vie au monde entier, vous le savez ! smiley

                Cette masse ne peut que grossir tant il est devenu angoissant de penser, non pas à demain, mais simplement à aujourd’hui.
                Il y a dans ce qui se passe actuellement une colère profonde qui s’exprime dans une volonté d’espoir et de renouveau, pas dans celle d’une auto-destruction et c’est ce qui est important.

                Sans aucune réaction, alors oui, petit à petit nous serions arrivés à un peuple souffrant tant et tant qu’il s’en serait pris à son voisin plutôt qu’aux vrais responsables de cette situation inique.

                Mais voilà, ici, nous avons toujours eu cette fronde de liberté, ce refus de soumission, ce respect de l’homme.

                Nous pouvons être travailleurs, nous pouvons être solidaires, nous ne pouvons pas être emprisonnés dans des doctrines qui dépassent nos racines profondes.

                Il y a 20 ans, j’entendais déjà, encore toute jeune, des gens dire « ça va péter ». Il est temps que cela soit effectivement.
                Nos dirigeants trop imbus de leurs fonctions, pensant sans doute qu’ils nous tiennent par des moyens serviles, n’ont pas compris la profondeur du peuple français.

                Le peuple français qui aime la gaudriole, déteste le conflit et voue une passion pour ses charentaises, sa baguette et son camembert (!), ce peuple ne supporte pas qu’on vienne l’emmerder jusque dans son foyer.

                Non les élites n’ont rien compris et ces imbéciles s’entêtent dans leur paternalisme outrancier et leurs leçons de morale. Ils continuent bêtement l’excès qui a amener à cette explosion.

                Alors, je vais vous dire, j’ai peur aussi, parce qu’on ne sait jamais comment les choses peuvent tourner, mais je ressens aussi un formidable élan d’espoir ces jours-ci.

                Nous sommes justement en train de nous éloigner de ce « gris » que vous redoutez, et c’est tant mieux !


                • Pelletier Jean Pelletier Jean 15 octobre 2010 12:18

                  Salsabil,


                  Merci pour votre tèmoignage.... je vous rassure d’ici d’où je vous parle tout n’est pas encore gris et d’une certaine manière vos propos très en couleurs m’ont apporté un peu de lumière.

                  mais je vous met en gare sur votre espoir sur « tout va péter ».... ; c’est bien parceque ma vie durant j’y ai cru et croyez moi il y a eu des mouvements comme celui contre la privatisation des universités voulue par Mme Alice Saunier Saïté Ministre des universités de Giscard d’Estaing qui ont soulevé des foules.... au mieux (c’est déjà pas si mal) cela a permis de ralentir le phènomène, pour autant quant on voit où en sont les universités aujourd’hui et la condition faite au plus grand nombre des étudiants c’est à pleurer.

                  En tout cas courage pour votre engagement, mon propos n’était en aucune manière de nier la possibilitè de faire avancer le progrès social par les luttes, mais simplemnt de dire oh combien cela est difficile et l’âge avançant je vois mes espoirs de jeunesse se flétrir et surtout ma confiance envers les politiques s’évanouir.

                  mertci pour tout

                  jean


                • Salsabil 14 octobre 2010 22:25

                  Calmos,

                  Vos peurs ne sont pas les miennes.

                  Vous avez le droit absolu de penser ce que vous pensez, mais permettez-moi de ne pas être en accord avec vous.

                  Pour ma part, la pire violence et la pire privation d’une liberté individuelle légitime est assez exactement représentée par la marche du monde tel qu’il va actuellement et plus particulièrement par la politique pratiquée par le gouvernement d’aujourd’hui et ses sbires serviles. Rien ne me ferait changer d’avis désormais, pas même un moinssage ! smiley

                  Nous sommes au moins en accord sur un point, les choses vont mal tourner. Je souhaite seulement que cela soit uniquement au détriment des abrutis qui ont cru pouvoir s’asseoir confortablement sur le dos du peuple sans ressentir la moindre secousse. Que ce dernier se cabre et ils voleront....comme d’habitude...


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