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Accueil du site > Tribune Libre > Les 52 couvertures de Paris-Match en 2007, ou l’information (...)

Les 52 couvertures de Paris-Match en 2007, ou l’information édifiante

Rien n’est plus cruel pour la presse écrite que de la relire quelques semaines plus tard. Forcément, « verba volant, scripta manent », disaient les Romains, « les paroles s’envolent et les écrits restent ». Les choix des titres et des photos deviennent souvent moins pertinents qu’ils ne le paraissaient à leur publication, si tant est qu’ils le fussent alors. Cette relecture est particulièrement ravageuse pour un magazine comme Paris-Match qui s’est arrogé un magistère moral en hissant chaque semaine sur ses autels les héros et les martyrs offerts à la dévotion de ses lecteurs.

Un coup d’œil sur les 52 couvertures de l’année 2007 est un amusement salutaire. Il suffit à approcher les procédures profanes de béatification et de canonisation « paris-matchiennes » qui ouvrent droit à figurer sur sa couverture pour l’édification des naïfs.

Les saints canonisés

Sur les 52 possibilités offertes dans l’année, on constate d’abord qu’il n’y a guère qu’une quarantaine de personnalités à avoir bénéficié de cet honneur, du moins si l’on ne compte que pour une seule des personnes portant le même patronyme, comme M. et Mme Chirac ou M. et Mme Sarkozy. Ceci signifie que certaines d’entre elles ont connu le privilège de « faire la couverture » plus d’une fois : ce sont les « saints » du Panthéon « paris-matchien ».

- La palme du martyre revient au président Sarkozy, avec son épouse Cécilia, sa famille recomposée et sa nouvelle compagne : on relève dix couvertures « Sarkozy », soit une sur cinq ! L’élection présidentielle n’en est le prétexte que pour quatre d’entre elles, dont deux sont partagées avec d’autres personnalités ; les six autres relatent surtout la saga d’une vie privée agitée et mise en scène pour régaler un public frustré, avide de vivre par procuration la vie des grands.

- Mme Royal bénéficie elle aussi d’un traitement de faveur avec quatre couvertures, dont deux pour sa candidature à l’élection présidentielle jusqu’au second tour, partagées avec M. Sarkozy, et deux autres pour une vie privée presque aussi agitée.

- Enfin, Paris-Match a réservé à six autres personnalités le privilège de faire sa couverture à deux reprises :

* Un homme politique s’imposait d’abord : c’était le président Chirac. Son long règne de douze ans valait bien que l’on saluât son départ par deux fois.

* Parmi les cinq autres, certaines surprennent. Il ne s’agit pas bien entendu des « poids lourds » de l’hommage médiatique à répétition. Ils ont en commun une particularité patriotique : ils vivent en Suisse pour y planquer leur fortune à l’abri du fisc. L’étonnant, c’est que ça ne les disqualifie pas pour venir à l’occasion donner des leçons à leurs pauvres admirateurs obligés, eux, pour leur ruine patrimoniale, de demeurer de l’autre côté de la frontière. L’un est Johnny Halliday qui, parti en Suisse pour « de bonnes raisons » à la fin de 2006, revient signaler qu’ « (il) reste français » : la nation française mesure-t-elle sa chance, si on songe qu’au surplus, il a une fille, Mlle Laura Smet, dont Paris-Match sonde « le mystère » ? L’autre est un réfugié de longue date, Alain Delon, qui entretient de toute urgence le lecteur de ses amours : une ancienne, Mireille Darc, et une nouvelle, sa famille.

La promotion de deux speakerines de télévision, en revanche, est inattendue, sauf à oublier la place de ce média dans la vie quotidienne. Il s’agit de Flavie Flament qui conte ses amours et de Claire Chazal qui nage dans le bonheur sous le soleil ou entend faire connaître à sons de trompe ses bonnes œuvres. Enfin une sportive, Laure Manaudou, rejoint ce « gotha » pour les aléas d’une vie sentimentale bien tourmentée elle aussi.

Tels sont « les saints » que Paris-Match a canonisés en 2007 en les bombardant à au moins deux reprises sur sa première de couverture. À chacun d’y glaner les hautes vertus offertes à sa méditation et à son imitation, s’il le peut !

Les bienheureux béatifiés

Quant à ceux qui ont accédé au statut de « bienheureux » pour une seule figuration, la distribution se fait cette fois au profit exclusif du personnel du « show-biz », de la télévision et du sport.

Les places des politiques ont été toutes prises : il n’y a guère que Mme Rachida Dati, Garde des sceaux, qui tienne à révéler sa seconde activité d’ambassadrice de la maison Dior pour une saine administration de la Justice sans doute. Quant à M. François Hollande et Mme Mazarine Mitterrand, ce n’est qu’en tant que doublure, l’un d’une ex-épouse, l’autre d’un père célèbre, qu’ils font une apparition. L’industrie du spectacle se taille, en revanche, la part du lion : dix-huit couvertures sont réservées à des personnes du « show-biz » quand quatre et trois le sont respectivement à celles de la télévision et du sport. Hors de cette micro-faune d’amuseurs publics, la France est un désert.

- Un décès ou son anniversaire favorise cette élévation. La mort, c’est bien connu, fait taire les querelles, « On pardonne à tous ceux qui nous ont offensés, chante Brassens. / Les morts sont tous de braves types ». Paris-Match salue ainsi les disparitions de Michel Serrault, Jacques Martin, Jean-Pierre Cassel, Jean-Claude Brialy, et à nouveau celle de Dalida dont on fête le 20e anniversaire de la mort.

Deux religieux doivent à leur mort de partager, eux aussi, la même gloire. L’un est un monument du monde médiatique à lui tout seul ; sa pèlerine et son béret sont vivement disputés pour se faire valoir par ceux mêmes dont la vie est en contradiction avec la sienne : c’est l’Abbé Pierre. L’autre est un prince de l’Église, ancien archevêque de Paris, membre de l’Académie française, le cardinal Lustiger.

- Quant aux vivants, leurs titres pour figurer en couverture sont changeants : ils sont à la discrétion d’un magazine à l’écoute de son lectorat dont on ne sait lequel entretient l’ébriété de l’autre.

* Offrir un leurre d’appel sexuel en s’exhibant nu est, par exemple, un argument apprécié : Polnareff en a déjà éprouvé l’efficacité en 1972 pour promouvoir son spectacle en montrant ses fesses. Il remet ça cette fois, mais dans les préliminaires d’un coït avec une compagne. Arielle Dombasle lui emboîte le pas, mais en présentant l’autre versant avenant de sa virginité. Dans le même ordre d’idées, le fait d’avoir par sa poitrine avantageuse promu autrefois une variété de soutien-gorge, accorde à Eva Herzegova une priorité bien compréhensible.

* Se distinguer en agressant sexuellement des hôtesses de l’air lors d’un voyage en avion n’est pas mésestimé non plus, pourvu qu’on soit un pilier de la télévision qui « ne se discute » pas : l’homme Delarue peut ainsi être retenu pour parler de « ses démons ».

* Être l’épouse d’un ministre en exercice est un atout appréciable qui donne du piment à une speakerine de télévision désireuse de révéler qu’ « il y a une vie après le 20 heures ». Qui en aurait douté ?

* Avoir une tronche chevelue d’homme des bois comme Chabal vous désigne tout naturellement pour représenter l’équipe de France de rugby à laquelle Paris-Match adresse sa bénédiction dans une parodie sûrement involontaire de la salutation liturgique catholique : « Que la force soit avec eux !  »

* À l’exception du duo Noah-Zidane, sacré personnalités préférées des Français depuis que l’Abbé Pierre s’en est allé, les autres ont à vendre qui un nouvel album, qui un nouveau film, qui un nouvel enfant, qui un nouvel amour toujours plus fort que le précédent jusqu’à ce que le suivant le détrône en puissance. Et Paris-Match s’empresse de recueillir de leur auguste bouche leur « confession » pour satisfaire le voyeurisme de ses lecteurs.

- C’est à cette même fin de voyeurisme que seuls quatre faits divers ou politiques sont retenus : un suicide qui endeuille la princesse d’Espagne, une otage retenue dans la jungle colombienne que ses enfants attendent depuis cinq ans, la disparition d’une fillette dont les parents sont accusés de son enlèvement ou de sa mort, une tentative d’enlèvement d’enfants en Afrique.

Tels sont les ingrédients de la pâtée « paris-matchienne » qui a été offerte à plus de 600 000 acheteurs en 2007 et donc à plus de 2 millions de lecteurs si l’on admet qu’un exemplaire est lu par au moins 4 lecteurs sinon plus, en famille ou dans les salles d’attente. Par sa pauvreté nutritive et ses éléments toxiques, cette pâtée fait penser à de la « fast-food » qui enlise et paralyse le corps dans l’obésité. Mais le « prêt-à-penser paris-matchien » vise la paralysie de la réflexion dans la gelée des idées convenues dominantes dûment calibrées.

Il y est fait à cette fin un usage répétitif de trois procédés principaux :
1- Tout d’abord, par l’apologie outrancière et incessante des princes, le premier est le leurre de l’argument d’autorité qui doit déclencher un réflexe de soumission aveugle à leur égard.
2- Ensuite, par l’entremise d’une feinte proximité propice à la confidence, le second procédé favorise la stimulation du réflexe d’identification à une star, qui joue en retour le rôle d’un prescripteur de conduite auprès de ses fans : Johnny Halliday en est l’exemple emblématique.
3- Enfin, le troisième procédé tend à susciter le réflexe du voyeurisme qui, par la sidération que provoque l’exhibition du plaisir ou du malheur d’autrui - ou leur simulation -, laisse le lecteur hagard et sans défense face aux idées qui lui sont inoculées à son insu.

Et c’est ainsi que les profanes canonisations et béatifications de Paris-Match n’ouvrent sur rien d’autre que sur « la bêtification » réfléchie du citoyen.

Documents joints à cet article

Les 52 couvertures de Paris-Match en 2007, ou l'information édifiante Les 52 couvertures de Paris-Match en 2007, ou l'information édifiante Les 52 couvertures de Paris-Match en 2007, ou l'information édifiante Les 52 couvertures de Paris-Match en 2007, ou l'information édifiante Les 52 couvertures de Paris-Match en 2007, ou l'information édifiante

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27 réactions à cet article    


  • roOl roOl 8 janvier 2008 14:58

    Quelqu’un ici doutai que Paris Match c’etait de la merde ?

    Levez la main !!

     smiley


    • Paul Villach Paul Villach 8 janvier 2008 16:44

      On ne peut pas se contenter de pareil jugement sommaire, si l’on veut comprendre le fonctionnement de tels médias. Paul Villach


    • Napakatbra Napakatbra 8 janvier 2008 17:07

      ... ou Politique de pipolisation ?

      Il faudrait surtout compter le nombre de pages, parce que Sarkozy doit exploser tout le monde à ce petit jeu là, rien que 16 pages dans le numéro du 19 décembre...

      http://lesmots.freelatitude.net


    • Thomas Thomas 8 janvier 2008 17:00

      Bravo pour ce travail si simple et pourtant si pertinent !


      • Thomas Thomas 8 janvier 2008 17:08

        Cela dit, pour la qualité et la pertinence de vos conclusions, il serait intéressant d’établir des comparaisons avec les années précédentes, particulièrement les précédentes années d’élection présidentielle.

        Combien de fois Chirac ou Mitterand sont-ils apparus les années de leurs élections ?


      • docdory docdory 8 janvier 2008 18:05

        Cher Paul Villach

        Merci de cette brillante analyse d’une entreprise de décérébration du peuple français , entreprise dont on voit ainsi encore mieux à quels intérêts elle peut profiter ...


        • morice morice 8 janvier 2008 18:21

          Faux en faire des vitraux, la France manque de religion a dit notre petit timonier...


          • docdory docdory 8 janvier 2008 19:03

            @ Morice

            « le petit timonier » ! Que voilà une excellente appellation , bonne trouvaille !


          • Relka Candide 8 janvier 2008 20:07

            Rien a dire, tout ceci est aussi bien vu qu’effrayant... Mais la roue tourne si vide et, dans la foulée, les casaques de se retourner...


            • ZEN ZEN 8 janvier 2008 20:19

              On est encore loin du sulfureux Bild allemand...

              Que voulez-vous ,mon bon Monsieur,il faut bien vendre du papier...


              • Dalziel 8 janvier 2008 20:38

                Il y est fait à cette fin un usage répétitif de trois procédés principaux...

                C’est possible, mais pour avoir travaillé dans un hebdomadaire (non français) de ce type, je puis vous dire que les couvertures sont décidées en fonction d’un rapport « actualité/ventes » systématiquement recherché.

                Or, une couverture Johnny Halliday est plus « vendeuse » qu’une couverture Aznavour, et une couverture Royal, plus « vendeuse » qu’une couverture Delanoë !


                • Dalziel 8 janvier 2008 23:25

                  En cinqante ans, on est passé des unes sur la chute de Dien Bien Phû aux unes sur la garde-robe de Rachida Dati... Est-ce bien sérieux ? ? ?

                  On est surtout passer de Raymond Cartier à « ça ne m’intéresse pas de savoir qui » !


                • Le péripate Le péripate 8 janvier 2008 20:46

                  Quel courage ! Même chez le dentiste je viens avec mes propres lectures......


                  • corbelr 8 janvier 2008 20:46

                    Bonsoir M. Villach,

                    Félicitations pour cette brillante analyse de ce magazine tristement célèbre, dont vous démontez (dans un français impeccable, quel bonheur !) les mécanismes les plus tordus.

                    Permettez-moi d’ajouter à la collection 2007 une couverture qui, bien que datée du 13 au 19 avril 2006, recoupe parfaitement vos commentaires. Celle-ci présente un splendide portrait de Mme Béatrice Schönberg, épouse à la ville de M. Borloo, à l’époque ministre de M. de Villepin et, si j’en crois les accroches de la « couv », « pris dans la tourmente du CPE » (je vous laisse vous remémorer le contexte). Plus bas, toujours sur la couverture mais cette fois en gras, on peut lire : « la présentatrice du journal de France 2 victime d’une chasse aux sorcières »...

                    A l’époque, j’avais été outré par la partialité, la mauvaise foi et le poison distillé par cette manière de présenter les choses. Et de me demander si Paris-Match oserait la même accroche dans l’hypothèse où une célébrité de la télévision classée à gauche et épouse d’un ministre du même bord subirait un traitement identique (à supposer qu’il soit avéré, naturellement)...Ou bien le magazine est-il d’un cynisme si achevé qu’il en est irrécupérable ?

                    Paris-Match est l’une des hontes du journalisme français. Merci de l’avoir souligné avec tant de clarté et de précision.

                    Bien à vous,

                    RC


                    • maxim maxim 8 janvier 2008 22:17

                      rendez vous compte du cubage de bois mis à terre par la tempête de l’hiver 99 ,non utilisable en menuiserie ,et qu’il faut écouler en pâte à papier .....

                      et cette pâte à papelard ,il faut en faire quelque chose ,et sur ce quelque chose,on doit en faire autre chose ,des journaux ,si on peut appeler ça comme ça ?

                      des trucs pour foutre dans les salles d’attente du médecin où du dentiste ,qu’on feuillette à l’envers ,distraitement pour ne pas avoir l’air trop con aux yeux des autres patients ,pour faire le détaché ,et pour ne pas tomber sur d’anciens,le Point,sur le Nouvel Obs,ou l’Express ,vieux de plusieurs années ,écornés ,et faits eux aussi de pâte à papier !


                      • ouroboros202 8 janvier 2008 22:45

                        Ah ? Paris-Match fait du people ? Je ne savais pas. C’est nouveau, non ? Ah bon ? Le people est fait pour décérébrer ? Je croyais que c’était pour informer. Merci pour cet article très impressionnant.


                        • Cher Paul VILLACH,

                          Comment n’avez-vous pas été tenté de reprende leur fameux slogan « le poids des mots, le choc des photos » . Car au-delà des photos ...d’ailleurs de plus en plus nombreuses, vous auriez pu, et dû, parler aussi de l’indigence des textes qui les accompagnent !!

                          Hélas cette presse là a de beaux jours devant elle.


                          • perlin 9 janvier 2008 04:36

                            Bon article et bien torché

                            Ca fait plaisir de temps en temps de sortir du droite - gauche sur AV

                            J’ai cherché dans l’OJD si je ne pouvais pas trouver quelques chiffres réconfortants. Hélas !

                            Tirage utile 2002 : 873 000 ex

                            Tirage utile 2006/2007 : 868 000 ex

                            Trop fort Lagardère !


                            • VudeLoin VudeLoin 9 janvier 2008 11:27
                              Franchement je pense que certains poussent le bouchon un peu loin :
                               
                               
                              « « la bêtification » réfléchie du citoyen. »
                               
                              « une des hontes du journalisme français »
                               
                              « c’etait de la merde »
                               
                              « décérébration du peuple français »
                               
                              « Les 52 couvertures ou l’information édifiante »
                               
                               
                              Vos CV ont été refusé chez PM ?
                               
                              Tout d abord je suis surpris d apprendre que l info de PM soit que sur la couverture … auriez vous oublié de lire les autres pages ?
                               
                              Résumer un magasine d’actualité à ses seules couvertures plus ou moins racoleuses n est il pas aussi bêtifiant que le dit magasine ?
                               
                              « les couvertures sont décidées en fonction d’un rapport « actualité/ventes » » … heureusement ! Car si un magasine d actualité faisait de ses couvertures l antithèse de l actualité ou de l anti-vente à quoi servirait il de l imprimer !!
                               
                              Et limiter votre « papier » à un seul magasine d actualité me semble quelque peu monopolistique … serait ce le seul ou les autres ne méritent pas d être cités ?
                               
                              J aurais plus apprécié un comparatif des couv et sommaires de 3 ou 4 mag d actu que votre vomi monophasique sur l un d entre eux …
                               
                              Et puisque ce mag ne vous convient pas : libre à vous de faire mieux (mais là, la route sera longue) ou de ne pas le lire !! (ou de lire plus que les seules couvertures)
                               
                               
                              A bientôt
                               
                               

                               


                              • corbelr 9 janvier 2008 15:11

                                Bonjour,

                                Puisque une phrase de mon commentaire est cité dans le vôtre, je me permets de répondre. Votre critique ne manque pas de justesse : on peut effectivement s’offusquer qu’une critique aussi violente de Paris-Match se limite, apparemment, à ses seules couvertures, qu’on peut défendre par la nécessité d’accrocher l’oeil du consommateur et ainsi se différencier quand la publication est noyée au milieu des autres sur les présentoirs.

                                Non, je n’ai pas oublié de feuilleter le contenu, ce qui m’arrive environ une fois toutes les six semaines depuis au moins dix ans. Il me paraît inutile de détailler, mais je prétends que le contenu est à l’image de la couverture, conforme à l’analyse de M. Villach et globalement assez répugnant, tendancieux, partisan, ennemi manifeste de tout esprit critique. Il est vrai que bien d’autres magazines mériteraient une volée de bois aussi vert que celui employé par M. Villach. Mais ces titres (France Dimanche, Voici,...etc.) n’ont certes pas l’aura de photo-journalisme encore drainée par Paris-Match...qui en joue beaucoup pour conserver une respectabilité vendeuse.

                                Quand je parle d’une des "hontes du journalisme français", je le dis avec conscience. Nous parlons d’une publication qui a osé faire paraître les images de sapeurs-pompiers découpant à la scie égoïne les corps brûlés des enfants victimes du terrible accident de car à Beaune, au début des années 1980. Ou encore de ce soldat américain brûlé vif en Irak par quelques fanatiques, suspendu à un câble, les os des jambes déjà apparents. Ou encore ces images d’un truand marseillais criblé de balles, il y a un an, extrait de sa voiture par la police scientifique. Ou même de ces deux femmes, touristes russes, abatues de plusieurs balles dans le dos par un activiste sur une plage thaï (ah quelle belle image que ces femmes mortes aux yeux ouverts, couvertes de sang, trouées de partout, les seins nus, affalées dans des transats sur une plage de rêve !)...etc...etc...Et tout cela, surmonté de titres et d’annonces dévastateurs, tire-larmes, destinés à l’instinct du lecteur plus qu’à son cerveau.

                                Peut-on encore parler de journalisme dans ces conditions ? Bien sûr, occulter l’horreur de la guerre ou la réalité d’un monde très dangereux ne vaudrait pas mieux. Mais le recours systématique à ces images accompagnées de textes haineux destinés à provoquer des réactions animales relève de l’intention la plus infecte qui soit. Et enfin, qu’apporte donc la vision sans cesse répétée de toutes ces souffrances abominables quand elles sont déconnectées de toute réflexion - comme c’est théoriquement le rôle du journaliste ? J’essaie de ne pas fermer les yeux devant la souffrance de l’Autre. Mais qu’on m’explique l’origine de cette souffrance au lieu d’essayer de me faire peur. Ainsi, ce catalogue des faits divers d’un "samedi soir ordinaire en France" publié il y a un an ou deux : sur un pays de soixante millions d’habitants, aucune information d’ordre statistique n’était fournie (était-ce un samedi plus dur qu’un autre ? la tendance était-elle à l’augmentation des atteintes aux personnes à cette période, ou en diminution ? Mystère : seule la Peur de l’Autre transpirait de cet article ignoble. Ca, du journalisme ?! Allons donc !

                                C’est en ce sens que je parle de "honte".

                                Par ailleurs, je n’ai aucun lien direct ou indirect avec la presse (écrite ou parlée), et Paris-Match n’a jamais refusé mon CV ;)

                                Bien cordialement,

                                RC

                                 


                              • haddock 9 janvier 2008 20:33

                                Marie-Patch est presqu’ aussi bien que Clarie-Mère .


                                • CAMBRONNE CAMBRONNE 12 janvier 2008 11:27

                                  BONJOUR PAUL VILLACH

                                  Ne soyons pas nostalgiques , mais quand même ....... Quand j’étais gamin c’était la couverture de match qui m’informait de ce qui s’était passé d’important dans le monde .

                                  En ce lendemain de mort de Sir Edmond Hillary je revois encore la photo de la conquête de l’Everest par Hillary et Tensing et Herzog après sa conquète de l’anapurna avec ses doigts et ses pieds gelés .

                                  Dien bien Phu évidemment m’est resté en mémoire .Plus récemment l’attentat sur "le Drakkar" à Beyrouth .

                                  Ceci dit , le monde a changé en bien et en mal , l’info est partout et match n’est plus le grand hebdo qu’il fut . Avant la création de l’Express , il était même le seul , ayant remplacé l’illustration .

                                   

                                  Match c’est effectivement un hebdo qui comme gala ou voici se lit chez le dentiste .

                                   

                                  Ce qui est fabuleux c’est de relire un article vieux d’une année ou deux voire plus. J’ai relu récemment un article de Jacques ATTALI qui expliquait doctement comme d’habitude que le quinquennat ne pourrait que renforcer le parlement , le président reprennant la place qu’il avait sous la quatrième république . Ce n’était pas dans match mais dans l’express .

                                  Je ne parlerai pas d’Alain Minc qui expliquait en 1989 que le communisme en avait encore pour longtemps et que l’empire soviètique n’était pas près de tomber . Quant à la réunification allemande ? Vous voulez rire .

                                  Oui c’est très utile d’aller chez le Coiffeur , dentiste , médecin etc pour peu qu"il soit conservateur ... ;

                                  Salut et fraternité .


                                  • Yohan Yohan 12 janvier 2008 13:23

                                    Les recettes de cette presse sont archi connues. Paris Match est le Voici de la classe moyenne sup. La page de couverture doit promettre sans se montrer.

                                    Un conseil à la presse de cul. Si vous voulez vendre un poil plus, mettez du soft en couverture. 


                                    • gabstourna gabstourna 12 janvier 2008 23:55

                                      cette presse édifiante a réussie a faire détourner les électeurs des vrais problèmes de la france et c’est pour cela que aujourd’ui nous en sommes ou les classes moyenes sont constament raquétées et d’autres vivent dans l’abondanse


                                      • Eric Be 13 janvier 2008 11:58

                                        Le nombre de couvertures de Match représentant Sarkozy ou la premiere Dame de France est l’indicateur que nous avons choisi sur Polemus pour mesurer l’intensité de la présence du président dans les médias.

                                        Pour 2008, le vote de prédiction est en cours : www.polemus.com/Polemus.php5

                                        Pour 2007, voici les résultats du vote :www.polemus.com/Polemus.php5

                                         L’interet c’est que nous avons ainsi un indicateur chiffré et indiscutable. Quant a l’interprétation elle tient compte à la fois de l’hyperactivité du président, de sa peopleisation et aussi des liens privilégies qu’il a avec les patrons de cette revue.

                                        Eric


                                        • G.BORDES 15 janvier 2008 00:28

                                           

                                          Bonsoir à tous.
                                          Tout d’abord, c’est avec grand plaisir que je découvre ce site sur lequel je retrouve mon professeur de français de mon année de troisième (que je connaissait alors sous le patronyme de Pierre-Yves Chereul). Ayant à cet époque vu mon jeune age, et ma naïveté, eu une tendance à la moquerie envers le cours dispensé par M.Villach, j’ai par la suite regretté mon manque d’implication dans ce qui peut être considéré comme un cadeau, surtout par les temps qui courent. Cependant, ayant gardé en mémoire quelques bribes de mes cours de troisième, j’ai entrepris de continuer cet enrichissement précieux par moi même avec l’aide d’un exemplaire du code de l’information. Hélas, le livre commençant à se faire vieux, si les procédés décrits restent encore valables, les exemples illustrant ces notions étant antérieurs à ma naissances (1988), il me fut difficile de parvenir à saisir la lettre de l’ouvrage dans sa totalité. Je me suis donc résigné jusqu’au jour où, par un heureux hasard (consistant à entrer votre patronyme dans un moteur de recherche), je me suis retrouvé sur ce site. Ce qui me donne l’occasion de vous remercier pour la transmission de votre analyse que vous avez tenté d’amorcer chez bon nombres d’élèves. Merci car la fraction de fraction de cette analyse qui m’est restée et que j’ai su développer m’a par la suite beaucoup servi et dans des domaines très variés.
                                           
                                          En ce qui concerne le magazine pseudo-informatif Paris-Match, je vais évidemment dans le sens de votre analyse. Mais ce que je trouve assez grave, c’est que ce magazine est réputé sérieux chez des gens dont j’aurais pourtant pensé qu’ils savaient ne pas tomber dans les pièges grotesques de ce que, si mes souvenirs sont bons, vous appelez l’information donnée.
                                          En effet, je suis actuellement en licence de droit à l’université de Nîmes, et j’ai eu la surprise il y a de ça deux semaines, de me voir conseiller, par un membre de l’équipe pédagogique, un article de Paris-Match en vu de m’aider à commenter un article, celui ci du Monde, portant sur la situation actuelle au Kosovo. Ces membres de l’équipe pédagogique ont des niveaux qui pour la plupart atteignent le doctorat, et ils ont donc ainsi rédigé et soutenu une thèse pour être là où ils sont aujourd’hui. Je me pose donc cette question : Une presse du niveau de Paris-Match est-elle d’un bon secours pour ce qu’il est convenu d’attendre d’un élève de droit ? Est ce sur ce genre de presse que s’appuie les thésards ? J’aime à croire que non et qu’il s’agit d’un cas isolé. En effet si je conçoit tout à fait que la remarque du très sage Jean-Claude Van Damme : « Soyez aware » (Soyez au courant) doive être appliqué, je pense qu’il y a malgré tout des limites à l’ouverture d’esprit. Savoir que cette presse existe est une chose, l’utiliser comme support à un devoir de droit et la conseiller aux étudiants en est une autre bien plus malvenue.
                                           Cordialement,

                                          G.Bordes

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