Les américains et l’ISI ont toujours su où était Ben Laden (IX)
Plusieurs exemples de storytelling se succéderont l'un après l'autre après le raid d'Abbottabad pour tenter de le rendre un peu plus crédible (*). Pas une seule de ces fables ne résiste à la critique. L'histoire de la jeune veuve servant de bouclier humain, celles des deux autres veuves jalouses de la précédente et celle du médecin ayant tenté une recherche d'ADN par des moyens détournés, qui vient juste de se voir infligé 30 années de prison par les autorités pakistanaises (locales)... pour avoir ainsi "aidé la CIA", rien ne tient debout comme explication, rien pour cautionner de façon indubitable la présence de Ben Laden a cet endroit. Comme pilier de l'entretien du mensonge, il y a bien cette "nouvelle" veuve, dénichée sur le tard, mais indispensable pour expliquer les pérégrinations d'après 2002 de son époux -donc bien vivant- tant recherché, et dont on découvrira le visage à partir de son passeport... qui se révèlera être un fake grossier, un montage photo numérique amateur. Montrant le visage d'une épouse fantôme à laquelle on ajoutera des naissances multiples tardives, en rien vérifiées pour démontrer une présence effective de son mari prétendu sur place. Pas un des médias européens ou américain ne se penchera sur la véracité du document original fourni attestant de son existence, c'est d'ailleurs bien cela le déprimant de l'histoire : et comme la dame restera invisible après le raid, qu'elle ne pourra être approchée ou interviewée, seul ce bout de papier particulièrement trafiqué demeure, aujourd'hui encore comme "preuve" de sa réalité et de sa présence à Abbottabad. Pas davantage visible que le corps de son défunt mari, visage flou sans corps, elle ajoute encore à l'idée d'une fabrication totale, d'une fable à tiroirs sans fin véritable. La dernière femme de Ben Laden n'a pas davantage d'existence que lui-même depuis 2002.
Le coup de la cinquième épouse très jeune (la sixième exactement selon la biographie du mari à examiner un peu plus loin en illustration) est bien une création de toutes pièces, ce qui est aisé à démontrer tant les "preuves" de sa présence à Abbottabad ne reposent sur rien de bien concret. Lorsque nous la découvrirons pour la première fois, ce sera sous la forme d'une photo minuscule, granuleuse, le plus souvent montrée en noir et blanc (ici à gauche en couleur), issue d'un document officiel, voir photo d'identité ou passeport. Une photo (ici à gauche) rendue floue la plupart du temps, par l'imposition d'un logo : celui de la chaîne d'information pakistanaise qui la diffusait. Etrange apparition : avant son décès, personne n'avait fait état de l'existence de cette énième épouse... pourtant interviewé paraît-il dans un journal saoudien en 2001 sous son nom d'Amal Abdul Fattah Salah Ahmed. L'une des choses les plus étonnantes de sa biographie visiblement montée à la hâte, à la fois par l'ISI et par la CIA (ce qui explique les disparités que l'on pourra trouver ici et là), est par exemple l'annonce de la naissance de deux enfants, nés de son union avec Ben Laden, prénommés paraît-il "Aasia et Ibrahim", qui seraient "nés en 2003 et en 2004", la jeune mère s'étant rendue pour leur donner naissance à l'hôpital public d'Haripur, où elle aurait donc accouché à deux reprises. Selon les indications officielles, "elle n'y serait restée que fort peu de temps", alors qu'à ce moment là la famille Ben Laden aurait été installé dans la vallée de la Swat, ce qui semble assez incompréhensible de prime abord. On parlera de deux enfants, tout d'abord, puis même de quatre, en plus de la première fille née l'année suivante de son mariage en l'an 2000...
Yéménite, son mariage avait été arrangé à distance, les deux mariés ne s'étant jamais rencontrés auparavant. "La femme de Ben Laden dit qu'elle l'a rencontré à Peshawar,qui est la principale ville de cette région, vers la mi-2002, qu'ils ont déménagé au nord dans les montagnes dans l'Hindu Kush, dans la vallée de la Swat. Ils ont passé un certain temps là-bas avec dans deux maisons avec les parents d'un proche associé de son mari. Puis ils ont déménagé dans une autre maison dans un endroit appelé Haripur, comme vous le dites, où la plus jeune épouse de Ben Laden a donné naissance à deux enfants dans un hôpital public local, en restant apparemment à l'hôpital pour une courte période de deux ou trois heures à chaque fois". Il va sans dire que le simple fait de donner naissance à des bébés expose les personnes à des contraintes administratives, ou au minimum à un suivi médical, même restreint, avec par exemple prise de sang à la clé, au Pakistan comme ailleurs. Ce qui aurait été suffisant par mesure de l'ADN pour retrouver la piste de Ben Laden... le coin étant comme on l'a vu truffé d'espions, comme on l'a vu, et de recruteurs de talibans, difficile d'imaginer qu'on ait pu laisser passer la chance de mettre en fiches la présence de cette étrangère (ce qu'on sait grâce à son passeport) au profil si particulier ; une yéménite, marièe à un "riche commerçant" de la région qui joue les hommes invisibles. Et qui habite dans une villa où les déchets sont incinérés, nous a-t-on appris, ce qu'il doit être l'un des rares à faire dans le quartier : juste de quoi élever les soupçons, pour sûr. Pour tous les voisins, les gens qui habitaient la villa n'étaient... que des trafiquants de drogue, qui ne voulaient laisser aucune trace derrière eux.
Mais les différentes histoires à son sujet s'entremêlent vite. Dans d'autres biographies, Osama Ben Laden et Amal Ahmed, c'est le nom simpllifié de cette fameuse dernière épouse, sont censés avoir eu seulement une... fille, prénommée Safiyah. Pourquoi deux versions des naissances, cela reste indéterminé : l'une de la CIA et l'autre de l'ISI, sans doute ! Cette jeune enfant aura aussi droit à sa dose de description du raid : selon la presse, en effet, "elle a vu son père mourrir". Ces informations provenant de "various news agencies", précisait-on pour raconter cette énième fable du récit des événements. Les journalistes, en panne d'inspiration pour la décrite ressortant des pans entiers d'un livre, "The Looming Tower" de Lawrence Wright, évoquant en détail le rôle paternel de Ben Laden, bien documentée, au Yemen notamment. Dans le même article, on précisait que le nombre d'enfants au sein de la villa variait selon les informations entre 6 et 23 (on verra quel chiffre sera donné au final)...au sujet de la nouvelle favorite, on lui ajoutera 2 naissances, après 2006, portant le nombre de ses enfants à 5 !!! Encore un flou plus que conséquent. Appartenant à qui exactement, les 23 enfants, en ce cas, rien n'est alors précisé. Le magazine qui relatait l'histoire à faire pleurer de la fille de Ben Laden et d'Amal (c'est Time !) commettra un bel impair en précisant bien que "son âge a été plusieurs fois modifié dans le récit", et en ajoutant pour clore qu'elle "avait aujourd'hui 12 ans" (en 2011). Ce qui faisait remonter sa naissance à 1999, un an avant que Ben Laden n'épouse sa mère, décrite complaisamment dans d'autres journaux comme... vierge, bien sûr, avant son mariage en 2000. La presse, et l'administration américaine ressortant un cas probant de parthénogenèse fort intéressant. Manque de coordination entre services de storytelling évident, là !
On rectifiera à la volée l'impair : selon Paris-Mach reprenant CNN, en revanche, la fille de Ben Laden et d'Amal Ahmed serait née pile poil APRÈS les attentats (bien entendu !). "Amal lui a néanmoins donné une fille, Safiyah, à Kandahar, en Afghanistan, quelques semaines après les attentats du 11 septembre 2001" selon CNN. Un seul enfant, et non pas... trois, ou cinq ! Pourquoi donc une telle insistance à transformer la plus jeune épouse en véritable poule pondeuse à répétition ? C'est simple : donner naissance à un enfant étant évidemment une preuve de vie déguisée du géniteur venant fort à propos pour quelqu'un présenté comment fort mauvaise santé sur les clichés du moment. Donner naissance à trois (et même cinq on l'a dit !), cela devient une prouesse physiologique...
dans l'état plutôt détérioré dans lequel les clichés de début 2002 le montraient, marchant en s'appuyant sur sa canne, dans un décor qui ressemble déjà fort aux contreforts montagneux d'Abbottabad (qui fait aussi office de station de ski !). La photo à gauche le montrant en 1996, interviewé par Abdel Bari Atwan d'Al-Quds Al-Arabi,dans ce qui semble être une région d'Afghanistan le montrait déjà utilisant une canne, six ans avant sa fuite de Tora Bora. Selon la presse américaine, après le raid, il était taxé par ses proches de... sénile. Un sénile de 54 ans, ce qui est peut-être un peu tôt pour en faire un vieillard, faisant des enfants avec une régularité de métronome malgré deux opérations aux reins. Au point qu'on a bien du mal à se retrouver dans sa propre généalogie, le doute subistant sur le "fils" abattu lors du raid, au corps lui aussi emporté par les 'Marines".
Et ce n'est pas le document montré sur Al Arabiya le 10 avril dernier, censé montrer l'intérieur de la maison provisoire des trois veuves de Ben Laden, envoyées dans une autre demeure (luxueuse) après l'assaut, qui aurait pu nous rassurer : on n'y distinguait véritablement aucun visage, et les bambins qui y circulaient n'en disaient pas davantage. Leur âge ne correspondant pas non plus à celui indiqué pour les naissances d'Amal : ils devraient avoir respectivement 12 ans, mais aussi 8 et 7, a-t-on dit, en 2011, logiquement, pour les deux suivants : or on nous montrait...que des bébés.
Mieux encore : les trois veuves étaient bien visibles (enfin le mot est large, elle demeurent engoncées dans leur niqab noir d'où ne sont visibles que leurs yeux) apparemment en bonne santé toutes trois : or selon la théorie officielle de l'assaut, la plus jeune, censée avoir fait "bouclier" avait hérité d'une balle dans la jambe, visiblement oubliée dans la démonstration télévisuelle pakistanaise des trois veuves détenues ; dont une sagement en train de lire, bien entendu, un Coran. Pour faire plus vrai, est-on fort tenté d'ajouter. A part qu'un internaute curieux avait remarqué le même phénomène que celui que j'avais pu constater chez le grotesque Adam Gadhan : "Regardez la video a 1minute 35 vous la verrez en pleine lecture du coran en suivant le texte de la gauche vers la droite !!!". Décidément, les techniques d'enfumage sont toujours les mêmes !
Qu'a voulu faire l'ISI responsable de cette deuxième mascarade ? A-t-elle voulu "rattraper" un événement qui lui avait échappé en continuant le même thème, dont elle ne pouvait s'extraire à moins elle aussi de se déjuger ? En tout cas, au vu de ses images, la CIA comme l'ISI partageaient bien le même mensonge entretenu sur le personnage, à ce stade. Comme depuis des années, serait-on tenté de dire. Depuis 2002, date de tous les récits de la jeune veuve complaisamment étalés dans les médias... Personne ne s'était non plus aperçu d'un détail important donné pourtant dès 2002 par la première femme de Ben Laden (Najwa Gadhem), retrouvée (en Syrie) par le journaliste Khalid Nasr, du Guardian : à la question "viviez vous avec les autres épouses dans une maison ? Comment vous traitait-il, elles et vous ? Elle avait répondu : non, nous ne vivions pas dans une seule maison. Chaque femme vivait dans sa propre maison. Il y avait deux épouses dans la province de Kandahar, chacune avec sa propre maison. La troisième épouse avait une maison à Kaboul, et la quatrième dans les montagnes de Tora Bora...". Ce qui correspond exactement à la biographie connue de Ben Laden et de ces quatre épouses (Najwa Gadhem, Khadijiah Sharif, Khairiah Sabar et Siham Sabar, la seconde ayant demandé le divorcef dans les années 90. Et aussi aux différentes maisons que j'ai pu ici-même décrire
Or, dans tous les récits sur la vie de Ben Laden à Abbottabad, tous les textes tournaient autour des trois épouses savamment réparties chacune sur un des étages ou du rez de chaussée de la villa. Ce que n'a jamais fait jusqu'alors Ben Laden avec ses épouses ! A finir par croire que les récits des storytellers sertont bâtis autour de trois femmes, uniquement pour justifier l'architecture de la maison à 3 niveaux, sur laquelle on constate qu'il est difficile de faire du dernier étage (à deux pièces seulement) un lieu de vie complet avec enfants et aussi peu d'ouvertures (à moins d'en faire un génération de claustrophobes). Le grand organisateur du plus grand réseau terroriste au monde aurait été une bille en économie et architecture domestique en se résevant le pire endroit pour vivre ! Comment donc expliquer ce "regroupement familial" subit reste un mystère en effet. D'autant plus qu'en 2002, trois épouses manquent déjà à l'appel. La première est en Syrie et la troisième se retrouve coincée en Iran, après avoir été abandonnée en Afghanistan, et la seconde a divorcé depuis longtemps. Seule Siham Sabar semble encore avec lui... mais sans ses enfants, eux aussi réfugiés en Iran. L'histoire de la maison à étage répartis pour chaque épouse ne tient donc pas debout.
Car comme cela ne suffit toujours pas ; semble-t-il pour convaincre les masses, il y aura plus fort encore... avec cette toute jeune veuve, donc, qui fait donc bien figure de pilier principal du storytelling : car sans elle, ne nous leurrons pas, il n'y a pas de vie familiale à raconter après 2002 chez Ben Laden. Une jeune femme, épousée et on l'a vu "achetée 5000 dollars", toujours selon les américains, toujours prompts à chercher à rabaisser le fugitif, alors que la dot est une pratique culturelle propre au Yemen dont provenait l'élue, élue dont on découvrira le visage via un envoi de la chaîne pakistanaise de télévision Geo News.... à part que là encore, le photomontage fourni sera vite débusqué, au point que les medias européens et américains n'allaient présenter que le minuscule visage figurant sur la photo de la pièce d'identité,
en prime margement flouté pour qu'on ne s'apercoive pas trop du faux document qui a servi au départ. Un "fake" grossier, au doigt maintenant le livret ouvert surajouté et découpé sous Photoshop... une main découpée "au carré" sans trop de souci de qualité de détourage : un montage digne d'un débutant, comme on le démontrera facilement sur plusieurs sites critiques de photographie ! La photo de "l'épouse" ne rentrant même pas dans le cadre original prévu à cet effet dans le passeport ! Et c'est ce document, envoyé aux médias du monde entier qui prouverait la présence sur place de cette épouse surgie de nul part ??? Difficile de croire à son existence ou à sa présence sur place, et par extension... à celle de son (vigoureux) époux, annoncé comme ayant enfanté avec elle quatre bambins supplémentaires depuis 2002. Selon le très sérieux International Business Times "il n'y a pas de preuve concluante pour savoir si Amal et Ben Laden ont eu plus d'enfants (cf que Safiya). Cependant, il est plus ou moins clairement établi que le cerveau de la terreur au eu au moins 20 enfants de cinq femmes".
Car c'est bien là l'escroquerie fondamentale, sur laquelle aucun média digne de ce nom n'a sursauté, en gobant tel quel le seul document offert. Je m'étais moi-même étonné personnellement de la petite taille de la seule photo existante de cette fameuse épouse, qui plus sera partout montrée largement floutée dans les médias. A l'analyse, on découvre vite en effet que le document de base qui a servi a fournir ce cliché minimal est un passeport largement trafiqué et largement remanié sous Photoshop. Résultat : rien de probant ne prouve l'identité de la personne décrite ! La fameuse cinquième épouse n'a aucune existence réelle autre qu'un documenté trafiqué en amateur ! Et si elle n'a pas d'existence réelle sur place, on est en droit de se demander qui donc a été abattu : pas son mari, en tout cas ! A noter aussi que même si le passeport montré soit assez fidèle, la comparaison avec un autre original fabriqué à la même époque utilise un Helvetica à la place d'un Times pour remplir les données personnelles.
Le passeport yéménite de la dernière épouse était pourtant bien informatisé, et le Pakistan lui aussi a choisi cette voie il y a un bon bout de temps (en 1998) pour ses cartes d'identité avec un organisme d'état le NADRA. Or il s'avère que les deux propriétaires de la maison présentaient eux aussi de faux documents. "La carte d'identité nationale du propriétaire de la maison où Al-Qaida Oussama ben Laden se cachait s'est révélée être fausse. Selon une chaîne de télévision privée, la carte d'identité portait le nom du propriétaire de la maison Arshad Khan, dit-on, un résident de Tangi Fas, dans la région de Charsadda (dans la province du Khyber-Pakhtunkhwa). Selon le bureau local du NADRA, la carte était fausse. Les résidents de la zone Tangi ont également déclaré qu'aucun homme avec un nom semblable ne résidait dans la zone. " Bien qu'Arshad Khan s'est dit pakistanais, Golfe News a indiqué que la maison avait été louée par des ressortissants afghans, et que la villa a été une fois détenue par le gouvernement pakistanais, car autrefois utilisé comme une planque de l'ISI." Trafiquants, et falsificateurs de carte d'identité élaborée... ils avaient tout de la mafia, ces deux locataires ! Ou d'informateurs-trafiquants protégés de l'ISI !
Cela ne suffit donc pas pour convaincre, vis à vis de la plus jeune épouse, et manifestement, alors on va aller jusqu'à évoquer une tentative avortée des talibans, conduite par le Mollah Omar en personne pour aller la délivrer, et la faire sortie de la nouvelle (luxueuse) maison-prison, un storytelling sans fin !!! Un raid prévu regroupant "500 militants," avait affirmé paraît-il à la presse "un officier des services secrets" pakistanais. Un "danger tel qu'il aura fallu la déménager (la jeune veuve) trois fois de suite lors des dernières semaines" insistait-on, en ajoutant une couche encore plus grotesque sans sourciller en faisant de la dernière épouse un danger public potentiel : "Amal se vante qu'elle peut utiliser des armes et même des lance-roquettes. Elle dit qu'elle veut mener une guerre aux infidèles et former ses enfants pour en faire des moudjahidine, " ira-t-on même jusqu'à ajouter !!! Elle est vraiment parfaite, en mère de terroristes, la nouvelle épouse surgie du désert yémenite, dites-moi à se montrer plus vindicative encore que son époux ! On s'enfonce une nouvelle fois dans le grotesque absolu : en quoi les bébés montrés auraient-ils pu devenir des "combattants", en culottes courtes, ou même plus tard ? Dans l'idiotie de propos, il n'y a pas de limites dans le cas Ben Laden : plus c'est gros, et plus c'est censé passer, et les médias pakistanais pas à la remorque des américains pour en rajouter des tonnes, abondamment nourris par les services secrets désireux de brouiller les pistes ! Pour donner un peu plus de consistence au personnage, on ajoutera même qu'elle aurait donné une interview en 2002 à un "journal saoudien" de "renom". En fait, il s'agirait de al-Majalla, un magazine d'Arabie Saoudite dirigé par Adel Al Toraifi... basé à Londres, plus tenté ces dernières années à faire la chasse au opposants au régime qu'à s'intéresser à la politique extérieure. Ben Laden, chassé du pays en 1994 aurait vu son épouse faire la une du journal surveillé de près par le régime avec lequel il était en guerre ?
Mais ce n'est pas tout. Une fois le raid terminé, les enfants et les épouses évacuées, un autre problème se pose aux autorités pakistanaises, qui ont vite décidé de raser la maison où était censé habiter Ben Laden (une destruction bien trop rapide pour ne pas ajouter au doute sur la présence en ses murs du fugitif le plus recherché au monde). Que faire, donc, en effet après le raid de toute cette smala encore vivante ? Sans oublier que l'on a aucune trace tangible des corps ensanglantés qui avaient été laissés sur place, lors du raid, dont on ne donnera aucune information officielle, ce qui est aussi à noter. Ils sont purement et simplement escamotés, pas la peine de parler de recherches d'ADN pour savoir qui ils étaient. A croire qu'ils ne présentaient aucun intérêt, ceux-là : résultat, le plus jeune d'entre eux n'était donc pas un des fils abattus comme d'aucuns l'avaient laissé entendre ! Pas un média ne se sera penché sur leur sort, pas un média, à part une enquête télévisée qui concluera, selon les témoignages des plus proches voisins, que s'il y avait quelqu'un d'important sur place, c'étaient deux frères trafiquants de drogue, et non le leader d'Al-Qaida.
Les autorités pakistanaises sauront ce qu'il faut en faire, des veuves et de leurs enfants, après une année d'hésitations et de tractations diplomatiques, en reexpédiant les trois femmes en Arabie Saoudite et au Yémen, leurs pays respectifs d'origine, non sans leur avoir fait faire un simulacre de procès pour entrée illégale dans le pays et une condamnation symbolique à 45 jours de détention (dans leur villa réquisitionnée) pour la même raison. Avec encore un autre récit à la clé pour expliquer pourquoi faire ainsi : "Un haut responsable du renseignement pakistanais a déclaré à Reuters que la femme et un maximum de huit enfants de Ben Laden qui étaient également en garde à vue seront interrogés par les autorités pakistanaises, puis sans doute remis à leur pays d'origine, et non aux États-Unis, conformément à la loi pakistanaise. L'équipe américaine du commando aurait eu l'intention de l'emporter, elle et les enfants, mais ils ont abandonné l'idée après qu'un hélicoptère de transport américain ait mal fonctionné ou se soit écrasé.
Le responsable pakistanais a déclaré à Reuters qu'il n'y avait pas assez de places pour le groupe sur les autres hélicoptères". Voilà un crash qui tombait à pic, en ce cas, serait-on tenté de dire pour expliquer le maintien sur place des trois veuves ! Les américains auraient donc prévu à l'origine d'embarquer tout le monde ? Ce n'est plus un commando, là, c'est un ramassage scolaire !
Et un officiel qui se trompait une nouvelle fois sur la progéniture de Ben Laden. Les huit enfants ne seraient pas tous de lui : Khalid, fils de Siham Sabar, sa quatrième femme serait mort dans l'assaut, ses deux filles, Miriam ben Laden et Sumaiya, qui sont âgées de 21 et 19 ans aujourd'hui auraient donc été sur place, elles aussi. Et Amal aurait donné naissance à une fille, puis une autre fille et un garçon... les deux derniers, "Zainab et Hussein" qui seraient nés en 2006 et 2008 n'étant comptabilisés autrement qu'après le récit de l'assaut, comme les deux précédents d'ailleurs. Bref, on ne sait d'où sort le chiffre de huit enfants donné par le responsable pakistanais. Ni d'où viennent exactement les deux autres veuves, en fait : l'une d'entre elles était censée vivre... en Iran, depuis près de dix ans, comme on l'apprendra bien après !
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![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L283xH153/chapelet-1e311.jpg)
Abdallah Laden (né en 1976)
Abdul Rahman bin Laden (né en 1978)
Saad bin Laden (1979–2009)
Omar bin Laden (né en 1981)
Osman bin Laden (né en 1983)
Mohammed bin Laden (né en1985)
Fatima bin Laden (née en 1987)
Iman bin Laden (née en 1990)
Laden "Bakr" bin Laden (né en 1993)
Rukhaiya bin Laden (née en 1997)
Nour bin Laden (née en 1999)
avec Khadijah Sharif :
Ali bin Laden (né en 1986)
Amer bin Laden (né en 1990)
Aisha bin Laden (née en 1992)
Hamza bin Laden (1989–2011)
Kadhija bin Laden (née en 1988-2011)
Khalid bin Laden (né en 1989)
Miriam bin Laden (née en 1990)
Sumaiya bin Laden (née en 1992)
Safiyah bin Laden (née en 2001)
(*) la dernière en date est le livre sidérant de Jean-Dominique Merchet, du blog Secret Défense, dont les 192 pages consistent à reprendre intégralement les thèses officielles américaines, in extenso. Aucune remise en question, aucune analyse, aucune réflexion. La seule idée force étant que jusqu'à l'intervention, les américains "n'étaient pas sûrs" que ce soit bien Ben Laden. Et aucun nom de remplacement à proposer, bien entendu. Désolant ouvrage dont la lecture n'apporte strictement rien de neuf.
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