Les américains et l’ISI ont toujours su où était Ben Laden (XVIII)
Nous avons dégagé une idée à propos du trajet probable des hélicoptères responsables du raid. Mais nous allons voir aujourd'hui qu'il existe une autre théorie possible, qui nous ramène à une expédition beaucoup plus simple que celle imaginée. Les alentours d'Abbottabad étaient bien connus des hélicoptères US, qui, lors de deux catastrophes successives, avaient survolé la région au nom de l'apport d'aide humanitaire. Connaissant l'USAID, ces transports avaient été l'objet d'une étude photographique d'espionnage, comme l'a souvent fait l'organisation humanitaire américaine, qui a trop souvent confondu soutien aux populations et surveillance de ces mêmes populations. Les hélicoptères US à Abbottabad n'ont donc eu aucun mal à se repérer dans le secteur, même par nuit noire complète. Leurs radars sophistiqués et les repérages menés au préalable leur ont ouvert une voie royale. Un endroit clé émerge de notre recherche : l'aéroport de Tarbela, endroit où avaient été découverts les premiers drones tueurs installés sur le sol pakistanais, armés par les mercenaires de Blackwater.
Logique, pour en revenir à notre opération héliportée, donc de retrouver un point de rendez-vous en évitant les Black Mountains, juste avant d'attaquer le dernier tronçon pour arriver à Abbottabad. Sur la carte, cela donne donc ceci comme trajet supposé :
Sur la première partie du trajet, les américains n'ont pas trop à s'en faire : ils suivent la route reliant Jalalabad à Asmar, qui longe la vallée de la Kunar : ce sont eux qui avaient proposé de la refaire, sous l'égide de l'USAID ! Un projet signé en 2007. 121 km, vite parcourus. Après, il suffit de suivre la vallée de la Dir, et de la descendre pour trouver celle de la Swat. Ensuite, deux trajets sont possibles pour rejoindre Mingora, (ici la vue sur Sur Ghar, la montagne rouge, au sud de la ville) sur les bords de la rivière Swat, ou au sud de Charbagh, pour retrouver l'Indus et redescendre ensuite vers le barrage de Tarbela (sans y arriver, et bifurquer ensuite à l'est vers Mansehra, où semble-t-il une deuxième pause sera effectuée (pour attendre l'heure exacte prévue, ou s'assurer que l'autre équipe de ravitaillement est prête. Celle-ci à dû prendre le même chemin, avant les deux machines attaquantes, mais bifurquer au sud sur l'arrivée pour se positionner à peine à 10 km de la cible, laissant ses hélices tourner.
Le second appareil "stealth" encore en état effectuera bien un aller-retour vers Abbottabad et cette aire de ravitaillement, pour aller rechercher l'équipe restante, très certainement "repêchée" à quelque distance de la villa et non dedans. Là encore les voisins ont décrit en détail exactement cette situation là ! Le passage de la vallée de la Swat vers celle de l'Indus emprunant la passe de Karakar (ici en photo ci-dessous à droite). La vallée de l'Indus est bien connue des hélicoptères US, comme on l'a dit, et la région où a eu lieu la deuxième pause avant l'attaque tout autant, à Kandar. Là, les américains avaient déjà survolé la région le 8 octobre 2005 ; lors du terrible tremblement de terre dont l'épicentre se situait à Muzaffarabad. Un tremblement de terre effroyable, d'une force équivalente à celui qui avait touché San Francisco en 1906 ! Ils y étaient revenus en masse l'année suivante, pour apporter de l'aide aux sinistrés. A cette occasion, de nombreux hélicoptères Chinooks américains dépêchés par USAID avaient survolé à maintes reprises Abbottabad même. La veuve présumée de Ben Laden en aurait fait part lors de son interrogatoire (et surtout pour spécifier que son mari était bien présent...) en affirmant qu'ils avaient survolé la villa.
Un auteur plus curieux que d'autres propose un trajet plus au sud, au départ de... Peshawar (en fait de Jalalabad lui aussi)."Je ne suis pas vraiment dans les théories du complot, pas du tout - lorsque le raid a eu lieu, d'abord, il y a eu des suggestions que les hélicoptères aient pu décollé de Tarbela, qui est à environ 30-35 kilomètres à l'est d'Abbottabad - ou si ils étaient venus d'Afghanistan, la plus proche base connue aurait été celle de Jalalabad - cette ville est un peu au nord de Peshawar s'ils étaient venus de là, ils auraient dû soit de survoler Peshawar au nord - par le biais de Charsadda (voir graphique accompagnant) - puis passer à Mardan - au nord de Mardan la densité de population est relativement faible, mais la route Mardan-Mingora se trouve ici - puis en allant dans la direction est par ce point, on passerait au nord de Swabi et dépasserait ensuite Tarbela (à l'installation dans le pays du plus grand barrage hydroélectrique) et vers l'est à Abbottabad - l'autre option étant de voler légèrement sur une trajectoire de vol au Nord signifierait que les hélicoptères ont survolé la zone moins peuplée de Lower Dir (elle borde l'Afghanistan), puis ont volé vers l'est la pointe sud de la Swat et de la Buner (c'est la photo ci-dessu à droite) et de l'Alla, en passant à Batgram (ou Batagram), au quartier nord de Tarbela (cela pourrait être la zone nord d'Oghi Tarbela, qui abrite les Black Hills, ou le Kala Dhaka) et après au sud-est arrive Abbottabad". Notre bloggeur continuant son analyse : "Cette dernière voie a pu être prise, car ils traversent des zones généralement moins peuplées et éloignées - certainement le Lower Dir, le Buner et le nord et l'ouest de Mansehra et de Batgram sont tous montagneux - aussi il a été rapporté que deux hélicoptères se sont arrêtés dans la région de Kala Dhaka, qui est au nord-ouest d'Abbottabad - si les hélicoptères volaient à 30-35 mètres (selon le chef adjoint de l'air qui en a informé le Parlement) comment se fait -il qu'ils ne se sont pas écrasés sur le flanc de montagne - c'était la nuit - bien sûr, ils peuvent voler de nuit, mais les risques sont importants" note notre bloggeur, ignorant des techniques de vision nocturne. Le hic de sa version, c'est qu'elle ne correspond pas au témoignage vidéo cité au tout début avec l'arrêt sur les rives de l'Indus (on peut voit ici les paysages traversés, dont une partie croise le trajet)...
Pour finir le trajet à Abbottabad, donc, qui était donc devenu en quelques semaines le fief des Chinooks anglais et américains. "Les survivants meurtris et sans-abri de nombreux villages environnants ont marché des kilomètres pour atteindre Abbottabad où ont été initialement mis en place des camps de fortune de réfugiés, l'un d'entre eux dans les motifs du complexe médical d'Ayub, l'hôpital local d'enseignement. Beaucoup de réfugiés ont apporté leur blessés et même des morts avec eux. Les médecins locaux, en particulier spécialistes des traumatismes, les chirurgiens orthopédiques et les autres personnels de santé, ont pris cette charge de travail ont travaillé pratiquement tout autour de l'horloge au cours des premières semaines pour traiter les malades et les blessés." Dans le même rapport, on ajoutait : "Les hélicoptères Chinook américains les ont atteint le lendemain pour entreprendre les opérations de sauvetage nécessaires, avec beaucoup de transport aérien de masse des personnes blessées et fragiles descendues des zones inaccessibles. L'équipe britannique spécialement qualifiée était la première à arriver à Islamabad et a fait un travail énorme, avec le travail techniquement difficile de chercher des corps enterrés sous les décombres de la Magalla Tower dans la partie affectée de la capitale." J'avais évoqué ici-même leur présence. Il va sans dire que lors de ces opérations de l'USAID, un bon nombre de photos aériennes avaient été prises... d'Abbottabad même. Des photos prises à très basse altitude, renforçant celles prises des drones Predator en maraude ou de la "bête de Kandahar", le RQ-170 Sentinel de Lockheed-Martin, ce drone lent spécialisé dans les photos et les transmissions (l'engin aurait été mis à contribution pour l'expédition Ben Laden "pour une dizaine de missions" déclarera Léon Panetta). Largement de quoi alimenter une base de donnée au cas où l'une des villas de sa banlieue était "pointée" par des espions comme susceptible d'être intéressante. Même de nuit, ou Abbottabad, éclairée, est superbe (on comprend mieux à voir cette vue pourquoi le quartier où était censé habiter Ben Laden avait été plongé exprès dans le noir... sauf sa villa ! *) :
"Car le mieux reste à venir", avais-je écrit ici-même : "En août 2010, la CIA trouve enfin où habitent ces deux frères, cette résidence d’Abbottabad, quelques 50 kilomètres au nord d’Islamabad, au Pakistan, où Ben Laden a finalement été tué dimanche. « Un ensemble vraiment unique », près de huit fois plus vaste que les autres résidences du quartier, et entouré de « mesures de sécurité extraordinaires ». A chouette alors : mais deux ans avant, en 2008, des camions militaires US passaient tous les jours devant la maison de Ben Laden, qui avait déjà été survolée pendant des mois, rappelons-le par des Chinooks d'USAID apportant l'aide humanitaire après le tremblement de terre. Car au bout de la rue de Ben Laden (si c'était lui !), "d'après des câbles diffusés par WikiLeaks, l'armée américaine était stationnée en octobre 2008 à Abbottabad, à seulement quelques centaines de mètres de la résidence d'Oussama ben Laden", révèle le Guardian. "Des forces américaines se trouvaient en effet dans l'académie militaire de la ville afin de former des troupes pakistanaises. Elles y seraient même retournées quelques mois plus tard" précise 20 Minutes. L'académie militaire qui se trouvait, rappelons-le, à un peu plus d'un kilomètre et demi de la villa où se serait caché Ben Laden ! Et l'on aurait ignoré qui habitait dans cette villa intensément surveillée ? Impossible à imaginer ! D'autant plus que les hélicoptères américains ont peut-être choisi un parcours beaucoup plus simple pour aller à Abbottabad ! Un trajet quasi direct !
J'avais en effet noté la présence US en 2008 à cet endroit précis : "Le 717 Special Operations Squadron de Floride, lui-même inclus dans le 919 th SOW est comme par hasard présent… au Pakistan. Un article du 2 mars 2008 d’Eric Schmitt, dans le New York Times, nous apprend en effet qu’un document de 40 pages classé défense “Plan for Training the Frontier Corps,”indique que des forces de l’American Special Operations sont en train d’entraîner les Frontier Corps, une force "paramilitaire" de près de 85 000 membres (?) tous recrutés dans les zones ethniques susceptibles de cacher des talibans". Des gardes en forme de mercenaires équipés de matériels... américains. A Tarbela, de biens étranges mouvements avaient été détectés le soir même de l'opération par des journaux locaux pakistanais : "à environ 20 km d'Islamabad s'étend Tarbella, le quartier général des brigade du Pakistan de la Special Operation Task Force (SOTF)". La SOTF possédant comme appareils des des Mi-17 Hip, des Bell 412 auxquels se joignent les Cobras AH-1F de l'armée pakistanaise. "Récemment, 300 fonctionnaires américains ont atterri sur cette installation, avec la désignation officielle de « groupe consultatif sur la formation" (training advisory group), selon des documents vus par l'Asia Times Online." L'Asia Times révélant une étrange l'installation sur place : "les États-Unis ont acheté une grande parcelle de terrain de plusieurs kilomètres carrés, à Tarbela, selon des sources chargées directement de l'organisation du projet. Récemment, 20 grands conteneurs sont arrivés sur cette installation. Ils ont été manipulés par les américains, qui ne permettent pas aux autorités pakistanaises de les inspecter. Compte tenu de la taille des conteneurs, on croit qu'ils contiennent des armes spéciales, des réservoirs de munitions et même des véhicules blindés - et cela n'a certainement rien à voir avec tout programme de formation ".
L'idée d'amener un ou deux hélicoptères de la sorte pourrait aussi se tenir, remarquez. On a bien envoyé un S-92 dans son cocon aux canadiens ou aux philippins au fond d'une cale de cargo (comme le montre ici la photo à gauche). Au quel cas la mission aurait été plus que facilitée, mais un container, même de 40 pieds ne peut dissimuler un tel engin qui est avant tout trop large pour y entrer !!! Un UH-60, comme un S-92, tient dans une cale de bateau mais ne rentre pas dans un container. Même s'il tient en revanche dans un C-130, on l'envoie plutôt en ce moment via C-17, bien plus large et plus pratique. La piste de Shamsi-Tarbela fait en effet 2700 m de long, alors que 2300 m lui suffisent ! En forum, d'aucuns rappellent que Tarbela aurait en effet fait un point parfait... de départ de la mission : "c'était une piste d'atterrissage négligée et branlante en mauvais état qui a été abandonnée jusqu'à environ 2005. Puis elle a été donnée aux États-Unis comme base d'hélicoptères, et peut-être pour le lancement opérations spéciales au Pakistan. Il est également possible que cette base lance également des drones Predator et des Reaper. Toute la construction, les pistes, les hangars, les logements ont été pour la plupart construits à partir de 2005 environ. C'est un endroit également revendiqué pour être l'un des points de lancement de l'opération pour éliminer Oussama Ben Laden. Cela pourrait ne pas être surprenant, si cette base est complètement en la possession des forces américaines, et ils lancent régulièrement des opérations d'assaut héliportés au Pakistan à partir d'ici. Si la base est complètement dans la possession de l'armée américaine, alors peut-être la seule solution ici serait d'avoir sur place quelques officiers pakistanais de liaison." Beaucoup d'indices laissent entendre en effet que le long trajet imaginé des hélicoptères n'ait même pas eu à être assuré : Tarbela est un site parfait pour cette opération !
Tellement parfait que d'autres ont eu la même idée semble-t-il : "Bien que les fonctionnaires civils et militaires sont bouche cousue sur la conduite de l'opération, il est apparu que les SEALs de l'US Navy qui ont réalisé l'« opération tuer Ben Laden" à bord de deux hélicoptères avaient volé à partir la base aérienne à proximité à Tarbela. "Un avion militaire américain C-130, un avion de transport, équipée avec des gadgets de renseignement salut-technologie, a également volé de la même base pour soutenir l'opération hautement secrète," a dit une source de The Express Tribune. Et l'ancien chef de la top agence d'espionnage (ISI) du Pakistan a également approuvé l'information. "Un grand nombre de troupes américaines, avec leur machine de guerre, maintiennent leur la présence à Tarbela depuis longtemps", a déclaré le lieutenant-général (ret) Hamid Gul. "En moins de deux heures les hélicoptères et les avions C-130 pouvaient voler vers la vlla, où Ben Laden se cachait, avant de lancer l'assaut, ont dit des témoins à The Express Tribune. La villa fortifiée dans la ville de Bilal se trouve pratiquement à côté de la base de l'Kakul Pakistan Military Academy. Et dans une belle ironie du sort, le chef de l'armée Gen Ashfaq Parvez Kayani a visité cette PMA le mois dernier, dans laquelle il avait proclamé "que le Pakistan avait brisé les reins des forces du terrorisme". Des témoins ont déclaré que le C-130 a survolé la zone pendant plus de cinq heures, même une fois la mission accomplie. Les fonctionnaires ont déclaré que l'armée de l'air du Pakistan et le système de défense avait suivi le C-130 sur leurs radars bien que le plan sophistiqué a eu la possibilité de brouiller tous les systèmes de communication de la défense y compris les radars." L'avion "brouilleur" est connu. C'est un C-130 équipé en soute d'un "caisson" contenant matériel et hommes pour à la fois l'obsersation et le brouillage : la théorie se tient. Car l'avion ne contient pas qu'un simple système pour leurrer les radars adverses.
Un spécialiste nous l'explique : "Une autre variante peu connue de l'omniprésent Lockheed C-130 Hercules, le C-130H2 Scathe View, est exploité par le Nevada Air National Guard de 152 Airlift Wing basé à l'aéroport international de Reno-Tahoe. L'Airlift Wing 152 exploite huit de ces appareils uniques qui sont conçus pour fournir des commandants de combat avec retour de communication et de sensibilisation accrue de ce qui se passe réellement sur le champ de bataille. Les avions sont équipés d'un vaste appareillage de communications, y compris en SATCOM. En outre, ils portent un FLIR (Forward Looking Infra-Rouge) un système de télévision la lumière du jour, une caméra Wescam (ancienne L-3) MX-15 "pentasensor," capable de filmer jour et nuit, avec un éclairage et une mesure laser incorporée" Extérieurement, seule la "boule" de la Wescam qui dépasse à l'avant de l'appareil, en dessous permet de le distinguer, avec quelques antennes extérieures. "Une capacité particulièrement importante emportée par cet avion est la capacité de fournir un lien vidéo au système ROVER de US Air Force (un récepteur vidéo à distance amélioré) qui peut fournir en temps quasi réel des images vidéo de capteur nourris à base de récepteurs au sol portables portables. L'avion qui a récemment visité Mildenhall (79-0474) est également équipé de capteurs FLIR ci-dessus et en dessous du cockpit, ainsi que quelques AN/AAQ-24 (V) tourelles DIRCM Nemesis sur la partie arrière du fuselage". On tient là avec cette description l'engin qui aurait ou retransmettre l'attaque en direct à la Maison Blanche !!! Tout l'équipement de surveillance et de retransmission a été très nettement miniaturisé et tient sur une seule palette à bord du C-130, ce qui en favorise grandement le déploiement. Bref, s'il y a un appareil à avoir ou suivre de près l'opération, c'est lui !
L'idée de faire de Tarbela le point de départ de l'opération est d'autant plus plausible qu'on y a vu des Chinooks, des Blackhawks, et des C-130. Or le Hercules a été conçu pour embarquer un Blackhawk, ou plutôt ce dernier a été conçu pour pouvoir y entrer, avec une queue qui peut se replier manuellement (en version Navy en Seahawk). Peu de temps avant le raid, un C-130 égyptien version longue avait ainsi été amené aux Etats-Unis un Blackhawk pour remise à neuf, chez Sikorsky, comme l'avait fait juste avant un C-130 colombien. Un appareil Stealth conçu aux mêmes normes aurait donc très bien pu être amené discrètement par un C-130, et entreposé dans un des cinq grands hangars édifiés sur place en un temps record. Beaucoup d'éléments font pencher pour cette version... proposée par certains responsables... pakistanais. En ce cas, les Chinooks n'auraient été là que pour ravitailler des engins repartant... par le chemin des vallées, sans repasser par Tarbela !!! Si les appareils devaient avoir un volume plus conséquent, les C-17 vus également à Tarbela permettent d'en amener. Ou d'amener des hélicoptères plus imposants que des Blackhawks... or Tarbela fait 2700 m de long, et le C-17 a besoin de 2200 m pour décoller.
Et Quid des radars pakistanais me direz-vous ? Eh bien pas grand chose : le pays ne possède pas de radars pour détecter les avions volant bas, seulement de vieux AR-15 Plessey fixes ; des ex-Decca datant question technologie de l'après guerre. Une poignée de modèles autoportés ont bien été aussi achetés il y a plus de cinquante ans.... et se retrouvent dépassés. L'achat récent d'avions radars suédois, des Saab 2000 sélectionnés à 4 exemplaires après l'essai d'un modèle chinois ZDK-03" Karakoram Eagle", sur base lointaine d'Antonov (un Y-8 F-600 chinois) ne permet pas encore au pays d'assurer une couverture radar totale de protection, loin s'en faut, même si un seul Saab peut couvrir 500 000 km2. Les avions sont trop récents encore pour être pleinement effectifs, et ce soir-là aucun vol de ce genre ne semble avoir été lancé.
Les pakistanais réagiront plus que mollement au raid, en donnant deux explications à leurs manquements ce soir-là. "Une autre anomalie au sujet de l'armée et du raid est l'explication de la façon dont quatre hélicoptères américains ont évité le système de défense pendant une heure environ (près de 30 minutes de chaque côté) et comment ils ont volé vers Bagram au de retour après une incursion de 40 minutes de durée. Un fonctionnaire a affirmé que les hélicoptères avaient réussi à éviter la détection par un "Nap of the earth flight" (vol en rase-mottes, comme ici à l'entraînement en Blackhawk) une tactique militaire impliquant de voler à faible altitude pour échapper aux systèmes de défense. Pourtant, un autre a soutenu que les systèmes de défense aérienne avait été brouillés par les Américains". A noter que les pakistanais donnent un indication préciseuse : pour eux le vol a été très court... le temps de rejoindre Tarbela ?
Au final, les américains profiteront de l'élimination du cas Ben Laden (je n'ai pas dit du corps, mais du "cas") pour... légitimer leurs tirs de drones. En effet, selon, Brennan, toujours, les américains auraient récupéré dans la maison des documents qui "prouveraient" l'efficacité des bombardements de Predator pour décimer l'organisation. Un must ! C'est à vrai dire un des maigres exemples du document de 17 pages sortis d'après ce qui a été saisi à Abbottabad. Un bien maigre résultat, pour une si longue traque est-on fort tenté de dire. "Evoquant la campagne de bombardements de drones américains qui ont coûté la vie à de nombreux cadres de la nébuleuse extrémiste ces dernières années, notamment au Pakistan, John Brennan a assuré qu'"avec ses chefs les mieux formés et les plus expérimentés qui ont disparu si vite, Al-Qaïda a du mal à les remplacer". "C'est l'une des nombreuses conclusions que nous avons pu tirer des documents saisis dans le repaire de Ben Laden, dont certains vont être publiés en ligne, pour la première fois, par le Centre de lutte contre le terrorisme de West Point", une prestigieuse école d'officiers militaires, a-t-il révélé. "Par exemple, Ben Laden était inquiet, et je le cite, de la montée dans la hiérarchie de (combattants) qui ne seraient pas aussi expérimentés, et cela aurait pour conséquence de répéter des erreurs", a expliqué John Brennan. Aujourd'hui, "les dirigeants d'Al-Qaïda continuent à avoir des difficultés à communiquer avec leurs subordonnés et groupes affiliés (...) le moral est bas", a assuré ce conseiller". Brennan ajoutant même qu'il était temps qu'ils interviennent en quelque sorte : "Ben Laden, selon la même source, "avait exhorté ses chefs à fuir les régions tribales (du nord-ouest du Pakistan) et à aller dans des endroits éloignés des lieux sujets à des photographies aériennes et des bombardements".
Bref, même mort (depuis longtemps), Ben Laden continuait à servir les intérêts US... dans la région. Et faire fuir ses troupes... au Yemen, pour recommencer la même histoire en Afrique, prochain terrain d'expérimentation et d'essaimage de la "guerre au terrorisme". En fait de données saisies, annoncées comme faisant 3,4 terabytes "according to an intelligence source"), on aura droit à 17 documents seulement, un an après : de simples lettres ou des courriers, mis en ligne en avril 2012. Comme moisson d'informations, la villa n'avait rien apporté de transcendant, donc, loin de là !! 17 lettres font donc 3,4 terabytes.. pour le Pentagone. Oussama écrivait des romans, pas des notes... dans la même note annonçant la découverte de ce "trésor", on glissera une phrase presqu'anodine : "aucune trace sur la complicité pakistanaise n'a été trouvée, cependant, et aucune accusation n'a été portée". Bref, les pakistanais et l'ISI se voyaient... absous.
Eh bien il semble que nous ayons pas mal avancé sur ces explications salutaires, il nous reste maintenant à étudier les fausses pistes inventées ici et là pour jeter le trouble un peu plus davantage, celle du "courrier" bien entendu, mais aussi celle de sa voiture, ou l'épisode de la fausse campagne de vaccinations, qui a connu un épisode assez inattendu avec la condamnation par un tribunal tribal de celui cloué au pilori comme "ayant aidé la CIA"...
(*) ici vu de jour :
http://www.thebureauinvestigates.com/wp-content/uploads/2011/08/Abbottabad-Environmentalist.jpg
on peut relire aussi :
Le pays du mensonge :
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/au-pays-du-mensonge-1-52050
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/au-pays-du-mensonge-2-52384
(**) lire la bonne analyse de Muhammad Abd al-Hameed de l'arrivée des hélicoptères via Tarbela et non par l'Afghanistan. Une affirmation faite également par Najam Sethi, de Geo News, dit l'auteur, et qui a été quelque temps contredite par son auteur sur pression gouvernementale. Ses réflexions sont pleines de bon sens, telle celle-ci :
"Il est également inconcevable que Oussama pourrait dépendre entièrement sur un seul courrier pour faire fonctionner son organisation depuis de nombreuses années. Supposons qu'il ait tué dans un accident, ait été enlevé ou arrêté pour une raison quelconque. Comment Oussama aurait pu trouver quelqu'un pour le remplacer ? En mettant des nnonces dans les journaux ? (Soit dit en passant, la CIA recrute désormais des agents par voie d'annonces dans les journaux.)"
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