Les amis de Bachar el-Assad
Pour l’extrême-droite du monde entier Bachar el-Assad est désormais le prototype de l’excellent chef d’état nationaliste et anticommuniste. Il aime son peuple comme Hitler aimait le peuple allemand. Il s’empresse donc d’en éliminer tous les éléments nuisibles c’est-à-dire tous les opposants qui sont, pour lui, des rebelles et par conséquent des terroristes. L’extrême-droite admire ce dirigeant fort qui n'a pas peur du jugement du monde. Il s’agit d’abord d’une fascination pour la violence, cette puissance sans limite d’un Assad qui s'abat contre des gens qui méritent d'être punis. El-Assad représente dans cet imaginaire collectif une stature peu commune, le modèle du leader fort qui impose l’ordre et la stabilité face à des résistants qu’il mâte. Il devient le symbole de l’extrême-droite d’occident qui veut une internationale nationaliste autoritaire déterminée à combattre. Il est, de plus, l’allié de l’un des « prophètes de l’extrême-droite » : Vladimir Poutine.
Avec un moteur de recherche, on trouve facilement sur le net une quantité d’articles sur le sujet.
Le Rassemblement National toujours plus proche de Bachar al-Assad.
Pour Marine Le Pen, Bachar Al-Assad n’est pas un « barbare ».
Quatre élus FN de Paca au pays de Bachar al-Assad.
Bachar al Assad est « la seule solution viable » dit Le Pen.
L’extrême-droite française en campagne pour Assad
Syrie 10 ans : l’extrême-droite au service exclusif des bourreaux.
Le régime Assad et ses nombreux soutiens d’extrême-droite.
Bachar : le lion des fascistes.
La visite de l’extrême droite allemande en Syrie choque.
Bachar el-Assad a reçu des députés d’extrême droite belge
Extrême droite : les liaisons dangereuses entre Valeurs actuelles et le régime syrien.
Bachar al-Assad, la figure adorée des mouvements racistes et d’extrême droite.
Comment Bachar el-Assad séduit les extrémistes jusqu’à Charlottesville
Pourquoi les identitaires américains se réfèrent aussi à Bachar al-Assad ?
L’attaque chimique en Syrie, un "canular, pour l’extrême droite pro-Trump.
Bachar al-Assad, nouvelle coqueluche de l’extrême-droite en Occident
Quand William Goldnadel soutient Bachar el-Assad.
C’est l’occasion de faire la tournée des amis de Bachar el-Assad. Dans son fan-club, on trouve bien évidemment la famille le Pen. L’eurodéputé du RN, Thierry Mariani, a fait plusieurs fois le voyage en Syrie. Il s'y est notamment rendu accompagné par trois autres eurodéputés : Virginie Joron, Nicolas Bay, et d’Andréa Kotarac, (ex-militante de La France insoumise passée au RN). Le magazine français d’extrême droite Valeurs actuelles décrivait la visite du RN en Syrie comme « Une manière, pour le parti de Marine Le Pen, d’exprimer son soutien envers le régime de Damas et de le féliciter pour sa lutte contre le terrorisme islamiste ». Julien Rochedy, ancien directeur national du Front national de la jeunesse (FNJ), avait lui-même rencontré el-Assad dans une délégation de l'aile droite républicaine et il s’était fait remarquer en s’affichant sur un selfie avec le dictateur. Ce n’est pas seulement au RN qu’on trouve de fervents défenseurs de Bachar el-Assad mais aussi dans toute l’extrême-droite française. Sur le site web de « l’Humanité », à la date du lundi 5 mars 2012, le journaliste remarque judicieusement :
« Chaque fois qu’un média évoque un tant soit peu les tueries en Syrie et les crimes d’Assad, des militants viennent accuser l’auteur de n’être qu’un chien à la botte de l’Otan et de l’impérialisme américain. A l’origine, une campagne de propagande pro-Assad savamment organisée par l’extrême-droite. Les interventions mêlant aussi allègrement islamophobie - l’opposition syrienne, c’est Al-Qaida - et au bord de l'antisémitisme - c’est les sionistes et Israël qui manipulent l’opinion contre Assad - polluent les sites internet. En appui, moult liens pointant vers les sites infoSyrie et du Réseau Voltaire, entre autres. Cette offensive de propagande pro-Assad est le fruit de militants d’extrême-droite français. Et on y retrouve des proches du Front National. InfoSyrie est la création de Frédéric Chatillon (via son agence de communication Riwal), dont le parrain de la bambine n’est autre que Jean-Marie Le Pen. C’est aussi l’ancien président du GUD, dont l’agence de communication travaille activement pour le Front National et la campagne de Marine Le Pen en France, mais qui est aussi prestataire du gouvernement d’Assad. L’agence a notamment créé le site du ministère du Tourisme syrien. Chatillon est aussi proche ami du général Moustapha Tlass, ancien ministre syrien de la Défense et actuellement grand maître des services secrets du pays. Ils se seraient rencontrés pour la première fois en 1994 à Damas, afin que le militaire partage son expérience et apporte son aide au président du GUD. La Syrie finance alors l’édition d’ouvrages révisionnistes et plusieurs campagnes d’affichage du groupuscule d’extrême-droite. Le site infoSyrie est la porte d’entrée la plus évidente entre une certaine extrême-droite et Bachar al-Assad. La proximité de Chatillon et du Front National ne doit pas masquer le fait que c’est surtout une droite négationniste et antisémite qui constitue le gros de ces militants. »
Un article en provenance de Mémorial98 fait le tour des courants d’extrême-droite qui appuient Assad en France. Il mérite d’être lu en entier. Je n’en cite que de courts extraits.
« Alors que plusieurs partis de gauche ont très vite abandonné le camp du soutien à ce grand soulèvement démocratique allant parfois jusqu’à le dénoncer et le calomnier, l’extrême-droite et la droite radicale ont au contraire accentué leur dévotion politique au dictateur de Damas.
Les obsessions de l’extrême droite trouvent en Syrie un écho sur lequel Bachar Al-Assad sait parfaitement jouer : défense des régimes autoritaires et rejet de la démocratie, anti-islamisme (réduit à sa frange djihadiste), antisémitisme, défense de la chrétienté persécutée. Il n’est donc pas étonnant que la propagande du régime syrien ait trouvé un relais actif dans ces groupes extrémistes, eux-mêmes divers et fortement divisés, et dans des milieux soucieux de présenter une image publique plus modérée mais néanmoins sensibles à des thématiques sécuritaires et religieuses. (…) Une grille de lecture se réclamant d’un « anti-impérialisme » frappé de strabisme aboutit ainsi à privilégier l’axe Assad-Poutine-Iran face à un complot occidental qui serait déterminé par le pétrole et le gaz. On n’est guère éloigné de la géopolitique à la sauce complotiste. Jean-Luc Mélenchon va jusqu’à déclarer qu’il fait confiance à Poutine pour « régler le problème » des djihadistes, auxquels il assimile d’ailleurs les habitants de la Ghouta bombardés par le gaz sarin du régime. »
Elargissons maintenant notre tour d’horizon à l’Europe entière avec un article du 19 septembre 2019 intitulé « Europe solidaire sans frontières ». Aux côtés du RN, on trouve aussi le groupe néo-fasciste italien Casa-Pound appuyé par une autre organisation d'extrême-droite : "Forza Nuova". Vous trouverez un compte rendu d’un meeting de Casa-Pound sous le titre : « Bachar : le lion des fascistes". Griffin, le leader du British National Party (BNP) a aussi fait le voyage en Syrie en juin 2013, tandis que Paul Nuttal, ancien leader de l’UKIP (Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni), un parti de la droite nationaliste et xénophobe, déclare en novembre 2016 : « Poutine et Assad sont de notre côté ». Des fascistes polonais du groupe Falanga se sont aussi rendus en Syrie. En Grèce, Aube dorée soutient el-Assad tandis que les fascistes de Black Lilly ne se sont pas contentés de faire du tourisme politique. Ils ont été accusés d’avoir envoyé des militants en Syrie pour combattre aux côtés des forces du régime syrien. L’European Solidarity Front, fondé en janvier 2013, a organisé de nombreuses manifestations et conférences en faveur du régime syrien. Il regroupe diverses organisations fascistes et fascisantes de toute l’Europe (National Rebirth of Poland, Casa Pound, Black Lilly…). Un article intitulé « La visite de l’extrême droite allemande en Syrie choque l’Allemagne » rend compte du voyage de sept membres de l’AfD, dont quatre députés, Cette extrême droite allemande est la première force d’opposition au Bundestag. Du coup, les députés de l’extrême-droite belge suivent l’exemple. Une délégation conduite par Filip Dewinter, chef du parti flamand d'extrême-droite Vlaams Belang, a rencontré, lui aussi, le chef d'État syrien.
Des voyages politico-touristiques en Syrie sont d’ailleurs organisés par le voyagiste français Clio. Il s’agit essentiellement de valider la propagande d’el-Assad qui prétend que la vie en Syrie serait tout-à-fait normale. Une importante polémique a contraint le Quai d'Orsay à prendre position et à déconseiller de se rendre sur place tant le risque était important. L'hebdomadaire « Valeurs actuelles », que nous avons déjà cité, retente l'expérience en association avec le voyagiste Odeia. On apprend cela sur le site web France Soir en date du 07 août 2019. Deux guides sont prévus pour accompagner la visite. La journaliste de « Valeurs Actuelles » Charlotte d'Ornellas, la nouvelle égérie de la droite ultra-conservatrice. Cette dernière a « ses entrées en Syrie notamment grâce à son engagement au sein de l'association proche de l'extrême droite "SOS Chrétiens d'Orient". Ce qui lui a d'ailleurs permis d'interviewer Bachar al-Assad en personne pour le site, d'extrême droite toujours, Boulevard Voltaire début 2017 ». L’autre guide est le directeur de "SOS Chrétiens d'Orient", Benjamin Blanchard. Il s’agit assurément d’une organisation d’extrême-droite qui cache son orientation politique en affichant qu’elle est dévolue à des projets humanitaires pour défendre les chrétiens. Nombre de ses dirigeants, de ses créateurs et de ses militants, à l’image de Charlotte d’Ornellas et Benjamin Blanchard, ont écumé les rangs de multiples organisations plus ou moins fascisantes. On compte parmi eux :
- Damien Rieu, attaché parlementaire du député RN Gilbert Collard et porte-parole du groupe d'extrême droite « Génération identitaire ».
- François Xavier Gicquel, exclu du FN car considéré comme trop radical. Membre du groupuscule d'ultra-droite « Jeunesses nationalistes ».
- Tristan Mordrelle, nationaliste historique, ancien du GRECE (Groupement de Recherche et d'Etudes pour la Civilisation Européenne).
- Charles de Meyer, président et fondateur de l'association. Il se réclame de la mouvance maurassienne, « courant royaliste d'extrême droite ».
- Rodolphe Istre, candidat du parti d’extrême droite "Ligue du Sud".
- Maxime Gaucher, dirigeant identitaire lyonnais. Il a fait partie des volontaires partis au Moyen-Orient. Il est selon le site antifasciste REFLEXes un militant identitaire « adepte de la violence ».
La complaisance de "SOS Chrétiens d'Orient" à l'encontre du régime meurtrier de Damas est régulièrement dénoncée jusque dans les rangs de l’Eglise.
De l’autre côté de l’Atlantique el-Assad a autant de succès. Sous le titre « Bachar Al Assad : la figure adorée des mouvements racistes et d'extrême-droite » le site web de TV5-Monde rapporte les incidents survenus lors des manifestations des 11 et 12 août 2017 à Charlottesville, dans l’état de Virginie aux Etats-Unis. Un défilé des membres du Ku Klux Klan, des néonazis et des suprémacistes blancs s’est heurté à une contre-manifestation. Dans l'assistance de l’extrême-droite certains arboraient des tee-shirts à l'effigie de Bachar Al Assad d’autres arboraient des messages sans équivoque comme "Bashar's barrel delivert Co." ou "Undefeated". Le président syrien est devenu une icône pour ces mouvements racistes et d'extrême-droite. Dans une vidéo diffusée sur Twitter par un journaliste du média en ligne « Vice news », des manifestants crient leur admiration pour le dirigeant syrien : "Assad n'a rien fait de mal" ("Assad did nothing wrong"). Le chef de l'Etat fascine et s'attire la sympathie d'une part importante des militants d'extrême-droite. Le site de RTL rapporte :
« Les images effrayantes de la manifestation à Charlottesville tournent toujours sur les réseaux sociaux. Des hommes blancs qui scandent des slogans racistes, antisémites, xénophobes, avec des drapeaux portant la croix gammée et faisant des saluts hitlériens...
Parmi eux, certains portaient des tee-shirts à la gloire de Bachar al-Assad et l'inscription "Undefeated" (en français, "invaincu"). L'homme qui a tué une contre-manifestante le jour de la manifestation en fonçant dans la foule avec sa voiture exhibe par exemple fièrement ce genre de clichés sur sa page Facebook. »
Mais, j’ai gardé le meilleur pour la fin. Un article de l’association MEMORIAL98 rapporte des faits étonnants. L’association « France-Israël – Alliance Général Koenig » présidée par l’avocat franco-israélien Gilles-William Goldnadel a organisé, le 21 mars 2013 à 20h30, une conférence exceptionnelle avec « la très sainte Mère Agnès-Mariam de la Croix Higoumène du Couvent de Saint Jacques de l’Intercis en Syrie » (Je n’invente rien !). L’événement a été signalé sur le site de l’UPJF (Union des patrons et des professionnels juifs de France). Il semble étonnant qu’une religieuse catholique soit invitée à faire une conférence par une organisation sioniste d’extrême-droite soutenue par « l’Union des Patrons Juifs ». N’aurait-elle pas dû être invitée par une organisation catholique ? Tout s’explique quand on sait que la religieuse, les patrons juifs de France et l’association France-Israël ont en commun d’être de fervents défenseur de Bachar el-Assad. L’association France-Israël est connue pour son soutien indéfectible au régime de Damas et pour ses attaques violentes contre les opposants et les journalistes étrangers qui n’acceptent pas la propagande officielle. La catholique-conférencière est, quant à elle, une des plus virulentes propagandistes de Bachar el-Assad. Bien évidemment, en bonne catholique en quête de béatification, il faut bien qu’elle affiche parfois un peu de distance par rapport aux idées du président-alaouite mais elle a toujours soutenu sa politique dictatoriale à l’égard de toute opposition. Le journaliste Christophe Ayad note qu'elle « multiplie, sur des sites chrétiens mais aussi sur le réseau Voltaire de Thierry Meyssan, tribunes et entretiens en faveur du régime de Bachar Al-Assad, auprès duquel elle semble avoir ses entrées ». Il rapporte également qu'un diplomate en poste à Damas la qualifie de « chabiha médiatique », soit d'être une milicienne à la solde du régime.
Ce soutien de sionistes d’extrême-droite se comprend car le pire danger pour eux serait une victoire d’une révolution dans un pays arabe. La montée de la révolution en Syrie avait de quoi les inquiéter et ils ont apprécié qu’Assad fasse son possible pour y mettre un terme. Les palestiniens réfugiés en Syrie ont d’ailleurs payé au prix fort la répression du régime d’el-Assad notamment ceux du camp de Yarmouk dans le sud de Damas.
« « Ce qui s’est passé à Yarmouk, personne ne l’avait fait avant, pas même Ariel Sharon. Plus de 70 % du camp a été détruit », s’insurge Abou Salma Khalil, 53 ans, originaire du camp où il travaillait comme instituteur. »
Quand je publie sur Agora Vox un article intitulé « Plus que jamais : soutien au peuple palestinien », il se trouve, fort heureusement, quelques sionistes de service pour venir porter la contradiction. Je leur pose la question : « Bien que ce soit sans rapport direct avec le sujet, j’aimerais savoir ce que vous pensez de Bachar el-Assad. Votre opinion est-elle plutôt favorable ou défavorable ? ». L’un d’eux me répond notamment : « Personnellement je préfère vivre sous une dictature militaire que de vivre sous un régime dirigé par vos camarades les islamistes ». Cette réponse n’est pas très claire et je lui ai demandé en vain de préciser sa pensée. Il faut cependant comprendre que ce sioniste, comme beaucoup d’autres, préfère qu’un dictateur comme el-Assad dirige la Syrie et combatte les syriens qui s’engagent vers une voie révolutionnaire plutôt que de voir une révolution l’emporter. Une révolution victorieuse dans un pays si proche d’Israël serait évidemment un grand danger pour le projet sioniste. Mais sa réponse n’est pas exactement celle-ci. Il dit qu’il préfère la dictature d’el-Assad que d’avoir « un régime dirigé par vos camarades les islamistes ». Il craint donc qu’une révolution victorieuse se trouve confisquée par une théocratie musulmane. Ce risque existe en effet puisque c’est ce qui s’est passé en Iran. Evidemment, même s’il devait advenir en Syrie la même chose que ce qui s’est passé en Iran ce serait une catastrophe pour les sionistes.
Quelle position devons-nous adopter à ce sujet ? Bien évidemment, il faut avant tout soutenir et défendre le peuple syrien quand il s’engage dans la voie révolutionnaire mais il faut aussi éviter, qu’à la suite d’une éventuelle victoire, la révolution puisse être confisquée. C’est pourquoi, avec mes camarades de l’UIT-QI (Unité Internationale des Travailleurs – Quatrième Internationale) et de la LIT-QI (Ligue Internationale des Travailleurs – Quatrième Internationale), nous pensons qu’il faut construire des partis révolutionnaires dans tous les pays et notamment en Syrie. J’invite les syriens, notamment ceux de l’émigration, qui souhaitent en discuter à prendre contact avec l’AGIMO
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