Les amis de Sarkozy, fort mal placés pour donner des leçons
A peine élu, ça a commencé. Le soir-même. C'est dire à quel point ils sont à cran, les anciens supporters de Nicolas Sarkozy, à vouloir charger autant le candidat socialiste dès les premières minutes de son élection, celle qui leur reste en travers. Manque de chance pour eux, on est doté d'une assez bonne mémoire, et on va donc se permettre de leur rappeler ici quelques petites choses qui vont immédiatement leur rabaisser le caquet, ce qu'il convient de faire très tôt si on souhaite que ça s'arrête assez vite, ses rancœurs et ses fausses polémiques montées en épingle par ce qui ne sont finalement, que des aigris. Ça a donc commencé très tôt par une histoire d'avion...
François Hollande ayant souhaité faire sa déclaration dans sa ville de Tulle et assister en même temps à la fête prévue à la Bastille, il fallait bien trouver un moyen de transport pour s'y rendre. Ayant quitté Tulle à 22h45, il ne lui restait que l'avion pour rejoindre Paris : hélas à cette heure, il n'y a plus de train là-bas. Pas de ligne régulière non plus, c'est donc le jet privé qui est réquisitionné par le PS, à savoir un Falcon 900B, le F-GXRM, datant de 1994, qui atterrira à 23h35 sur la piste du Bourget, pour être suivi par une meute de motards photographes que le Canard Enchaîné du jour à comparé à ceux du Tour de France "avec la chute en plus". Un deuxième Falcon (HB-JEI, datant de 1990) emmenant des ténors socialistes locaux est affrêté pour environ 30 000 euros, annonce le lendemain Bruno Le Roux, un des porte-parole du candidat. Le même jour, la polémique commence, avec une volée de bois vert de la droite (nous verrons plus loin laquelle) qui rappelle qu'Hollande a promis de baisser les dépenses de l'Etat et a promu "l'exemplarité du Président", tant moquée chez Sarkozy par le PS. En oubliant au passage qu'à ce moment-là, Hollande a beau avoir été élu, il n'est toujours pas président (il ne le deviendra qu'après la cérémonie d'investiture). Rien sur l'origine des appareils, dont le F-GXRM, avion qui appartenait à Foncia et qui est aujourd'hui en vente chez Boutsen Aviation (Monte Carlo), la société créée par l'ancien pilote belge de F1. Les deux appareils ont été certainement loués chez lui.
C'est oublier beaucoup de choses en effet : que toute la campagne effrénée des deux candidats a été faite ainsi, en partie en avion. Le reste par la route, plus rarement le train. François Hollande utllisant le plus souvent les bimoteurs BE1900D de Twinjet, un B200 d'Air Taxi ou un Citation d'Alsair (F-GLTK) lors de ses déplacements. Nicolas Sarkozy étant vu à bord de Falcon 900 exclusivement, confirme un posteur travaillant au Bourget. Un Falcon 900 qui ne peut être celui de l'ETEC (ancien Glam), et qui semble avoir été toujours le même, sans qu'on ait davantage d'informations à ce sujet. Le 16 février 2012 par exemple pour se rendre à Annecy, c'est d'un Falcon 900 "loué pour la campagne" qu'il débarque nous enseigne la presse (loué par l'UMP, donc). Mais on ne sait pas de quel firme de location l'appareil provient. On peut chercher dans les habitudes déjà prises... par son premier ministre, gros consommateur de jets.. ; pour en avoir une idée. Habituellement, ce sont souvent 3 Falcons qui servent aux déplacements officiels, comme ici en Alsace le 8 mai 2010.
Mais nous pourrions aussi ajouter un épisode que tout le monde a oublié, cinq années après : celui des fameux conseils des ministres "décentralisés", où cette fois c'était effectivement tout le staff gouvernemental qui avait été embarqué... en avion, direction en premier Strasbourg, le 7 septembre 2007. Ce qui avait donné l'occasion à une belle valse de policiers, de CRS... et de jets privés. On en a compté pas moins d'une quarantaine entre Colmar et Strasbourg, ce jour-là, entre avions emportant des ministres, la presse... et les services de sécurité. Interrogé par le PS sur la question, Laurent Wauquiez, avait alors tout simplement refusé de communiquer le coût de cette délocalisation en forme de cirque médiatique. Il avait à l'époque répondu que le "surcoût" se "limitait à des billets de TGV et d'avions de ligne" pour "permettre aux membres du gouvernement et aux collaborateurs des ministres de s'y rendre". Pour la presse ; c'étair clair en tout cas : "La tenue de la réunion hebdomadaire entre membres du gouvernement dans la ville alsacienne, avait déjà valeur de symbole, 31 ans après le précédent, organisé sous la présidence Giscard à Lille. [...] L'annonce de la possible délocalisation du conseil des ministres pourrait faire grincer des dents. Jeudi déjà, le porte-parole de l'Elysée David Martinon, avait dû répondre aux journalistes qui l'interrogeaient sur le coût de cette initiative, qu'il fallait ''multiplier le nombre de ministres plus un officier de sécurité par le prix du billet de train''. [...] L'opposition socialiste a critiqué vendredi la tenue ''à grand frais'' de ce conseil hors de Paris. ''Est-ce qu'on peut gouverner et présider la France en étant en perpétuelle campagne électorale '', s'est notamment interrogé Stéphane Le Foll, directeur de cabinet du premier secrétaire du PS François Hollande." On croyait l'affaire close, mais il y en aura un second.... encore plus coûteux : en Corse, cette fois, le 31 octobre 2007, où les ministres invités là-bas pour se sentir plus "proches des gens" ne verront.... personne, tant Ajaccio avait été quadrillé au préalable par des escouades de policiers. Un blogueur s'amusera à compter les Airbus inhabituels sur le tarmac d'Ajaccio : il en dénombrera cinq ! Un reporter dépêché sur place précisera que c'était "beaucoup de bruit pour rien" dans "ville en état de siège" et en terminant qu'il y en avait néanmoins un autre de prévu... en Outre-Mer, en Réunion, Guyane ou en Martinique. L'idée tombera heureusement aux oubliettes des projets ratés sarkoziens : "A l’automne 2007, Nicolas Sarkozy délocalise le Conseil des ministres à Strasbourg, puis à Ajaccio. A chaque fois, la ville croule sous les bouchons, et l’initiative paraît trop artificielle. Il n’y aura pas de troisième fois" note un site ayant répertorié les ratages manifestes du pouvoir. Et cela, que pour l'usage des avions ! Mais la présidence n'utilise pas que cela comme moyen de déplacement.
Et autant les prévenir à l'avance, cette fois, les thuriféraires du sarkozysme défunt, la voiture présidentielle ce sera une DS 5 Citroën-Peugeot "gris galéna" métallisé, produite à Sochaux. Une voiture hybride "qui émet 99 grammes de C02 par kilomètre." Autant couper court tout de suite en effet : oui, Sochaux, c'est là où est député Pierre Moscovici (je le fais, ça vous évitera de le faire !). Pour l'instant, on ne sait pas si cet engin subira des modifications, à part un toit ouvrant et de quoi se tenir comme sur les autres modèles (elle sera elle aussi blindée à coup sûr !). Rappelons plutôt les tribulations des voitures de Nicolas, en regard de ce choix de modèle... plutôt commun. À peine débarqué, l'ancien président, hérite d'une Peugeot 607 modéle Paladine, qu'il fait mettre au musée car elle ne lui plaît pas (dedans il y a un bar et il ne boit pas ?), pour choisir à la place une Renault Vel Satis. Ce n'est pas n'importe laquelle, celle-là : c'est une voiture lourdement blindée par le spécialiste breton Centigon-France, une filiale d'un goupe... américain, issu du carrossier Labbé et racheté plus tard par le groupe Carat-Duchatelet. La société est installée à Lamballe, dans les Côtes d’Armor, et le véhicule sarkozien assez étonnant :"cette Vel Satis dispose d'un blindage en acier capable de résister aux balles de Magnum, aux fusil d’assaut, en passant par la kalachnikov. Sans oublier la protection contre les grenades et autres bombes improvisées, indique la société bretonne. D'autres matériaux comme le Kevlar et céramique sont utilisés sous caisse et le vitrage dispose d'une épaisseur de 70 mm (visible ici à droite dans un agrandissement de la coupe des vitres) ! Cette voiture à faire rougir la papamobile est équipée d'un intérieur luxueux et "tuné", blin-bling oblige. On parle d'ordinateur, de TV, etc. La valeur de cette Vel Satis est estimée autour des 150 000 €." On ne sait pas d'où lui est venu cette passion pour le blindage, ni pourquoi, durant sa campagne il fonçait plutôt à bord d'une Peugeot 508 (en fait si, car il ne pouvait utiliser sa voiture présidentielle pour faire campagne, logiquement). Chez Centigon, ils ont senti l'année le vent du boulet du sarkozysme libéral dans l'industrie et ont mêle manifesté... Pour garder le même patron lors du rachat. "À Lamballe, les salariés de Centigon, fabriquant de véhicules blindés, ont débrayé cet après-midi pour empêcher les actionnaires du groupe Carat-Duchatelet de mettre un nouveau PDG à la tête de l’entreprise lamballaise nous signalait le jeudi 28 octobre la presse.. Ils craignent qu’un nouveau patron soit plus conciliant vis-à-vis de la stratégie financière du groupe et fragilise ainsi la trésorerie de Centigon. 180 emplois sont concernés" Car l'entreprise à beaucoup bougé : Rachetée en 1997 par l'américain O'Gara Hess & Einsenhardt, la société est passée sous le contrôle, quatre ans plus tard, d'Armor Holdings. Nouveau changement en 2008 avec l'arrivée du groupe belge Carat Duchatelet. Mais tout cela ne nous explique pas pourquoi Sarkozy avait désiré un tel char d'assaut...
Après un tel bilan... négatif, question Sarkozystes et membres de l'UMP, venons maintenant d'où viennent ces acccusations de gabegie reprochées à celui qui n'était même pas encore chef de l'Etat officiellement quand elles ont été faites. Vous allez voir, c'est... savoureux. Elles sortent en effet de la bouche d'un député, qui a aussitôt évoqué un quinquennat qui "commence dans le luxe et l’opulence, alors qu’on est en temps de crise économique" ; de façon un peu... forcée, allant jusqu'à dire en effet qu' "« A peine élu le soir du 6 mai, François Hollande et son équipe ont emprunté deux jets privés de type Falcon 900 pour un coût total estimé à près de 50.000 euros l’heure de vol »... comme on vient de le voir ; c'est plutôt le tarif de la location, en fait. Et notre député acrimonieux d'ajouter que "son quinquennat (celui de François Hollande, bien sûr) serait le mandat de l’exemplarité et de la morale en politique, il a déjà menti aux Français". Cet homme, particulièremernt excité, ce n'est autre qu'un député belfortain, inscrit à l'UMP : il s'appelle Damien Meslot. Et aurait mieux fait de se taire, à lire son curriculum et ses exploits antérieurs.
Pas vraiment celui à même de venir parler éthique, en effet : le tribunal correctionnel de Montbéliard l'a jugé en première instance comme en appel (le 15 novembre 2009) d'être coupable d'outrage à magistrat, et l'a condamné pour cela à 700 euros d'amende avec sursis, et 1 euro de dommages et intérêts (demandé par le procureur en personne). Il n'avait rien trouvé de mieux que dire du procureur Bernard Lebeau que ce "gaucho de merde, nous fait chier", ce qu'il avait ensuite rectifiié en "procureur de gauche" seulement. Hélas pour lui, c'est un policier, venu lui apporter sa convocation qui avait témoigné au tribunal avoir bien entendu la première formulation injurieuse et non la seconde. Selon la presse du moment ""le député a indiqué qu'il avait l'intention de se pourvoir en Cour de cassation et qu'il était prêt à aller devant la Cour européenne des Droits de l'Homme." Depuis, on ne sait pas si cela a été fait ou non.
Or Meslot n'est pas non plus un député lambda : il est depuis 2009 secrétaire national de l'UMP "en charge de l’accueil et de la formation des nouveaux adhérents du parti" (bonjour la formation, avec les "éléments de langage" qu'il a déjà pu montrer !). Et c'est cet homme, qui fait visiblement beaucoup d'efforts pour ressembler à Cauet (*), qui viendrait chercher des poux le soir même de la victoire de la gauche ? Lors des débats, il avait ajouté d'autres amabilités pour la Justice : "transformés en commissaires politiques, ils préfèrent s'attaquer aux élus de droite plutôt qu'aux voyous. Ces gens-là, je demanderai qu'ils soient mutés." Avant d'ajouter, au sujet de la mise en liberté sous contrôle judiciaire de deux braqueurs : "Il y en a marre de voir des policiers qui risquent leur vie pour arrêter les voyous et de voir des juges rouges qui s'opposent à la volonté du peuple et au travail des policiers." Une tirade que n'aurait sans doute pas renié Jean-Marie LePen ! Au tribunal, rappelons-le aussi, Damien Meslot s'était présenté aussi comme "un ami" de Nicolas Sarkozy... à rester dans son sillage, tant qu'il le pouvait, le style verbal aurait-il déteint ? Le vocabulaire de l'UMP dans les mois à venir va-t-il être une réminiscence constante de celui employé sur un quai un jour, par ce président parlant comme un charretier ? "Exemplarité et morale en politique", il disait, l'autre, là, Meslot, c'est bien ça ?
PS : les coûts à l'heure des appareils de l'Etec sont ici :
http://www.crash-aerien.aero/forum/post205918.html
dans coût n'est pas inclus le coût des personnels :"Le coût global des rémunérations et charges sociales pour l'ensemble du personnel de l'ETEC, soit 165 personnes, s'est élevé à 111 530 550 euros en 2007".
(*) pendant la campagne 2007, Cauet avait écrit ce chef d'œuvre de poésie contemporaine qui, cinq ans après, résume finalement assez bien ce qui s'est passé :
Si vous êtes mes amis ...à moi
Va falloir voter ...pour moi
...dent, j'veux être président
Cauet président
Oui président ...dent ...dent
Cauet président
J'payerai plus mes impôts
Et je ferai l'con avec des meufs dans la safrane ...frane ...frane
J'veux passer au JT d'Jean-Pierre Pernault
Et faire la bise à Claire Chazal ...zal ...zal
Ohhhh oui président
...dent, j'veux être président
Cauet président
Oui président et pour longtemps
Ça c'est évident
Je veux des purs costards
Les vannes pourries d'Bouvard
Les dents de Joey Starr
J'veux rouler en Lada
Une moche une Samara
Qui broute et qui avance pas
Alors...
Alors voter pour moi
Voter Cauet
Au palais d'l'Elysée j'vais tout casser
Tout transformer pour faire la bringue bringue bringue
Dans mon bureau j'mettrais l'chauffage à donf
Pour que les filles enlèvent leurs fringues fringues fringues
J'peux tout faire
J'serai président ...dent
J'veux être président
Cauet président
Oui président et pour longtemps
Oui parce qu'avec moi il y aura plus de quinquennat,
Il y aura plus de septennat,
Il y aura le "trentennat",
Je suis élu pour trente ans,
On fait tout péter,
J'suis même élu à vie,
Avec moi j'vais exploser l'Elysée,
On en fait une gigantesque piste de danse,
Vous serez invité tout les samedis soirs,
Avec moi la pollution c'est pas propre,
Le chômage j'suis contre
Et l'insécurité c'est pas gentil
Alors, alors, alors...
Si j'étais toi, j'voterai pour moi
Il veut être président ...dent
Il veut être président
Cauet président
Oui président et pour longtemps
Cauet président
Alors pourquoi tu voterais pas pour moi.
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