Les armes modernes françaises
Après quelques années d’essais comparatifs des fusils d'assaut étrangers qui remplaceront les FAMAS, le ministère de la Défense a notifié en 2016 un contrat à un des cinq armuriers européens qui étaient encore en compétition. Ces 5 armuriers, tous étrangers, étaient le belge FN Herstal, l'italien Beretta, l'allemand Heckler & Koch (HK), le suisse Swiss Arms (ex-SIG Arms) et le croate, HS Produkt qui se sont disputés le marché français de remplacement des FAMAS dans le cadre de l'appel d'offres européen AIF (armement individuel du futur) évalué entre 200 et 250 millions d'euros, soit environ 90.000 fusils d'assaut, les pièces de rechanges et l’entretien, destinés aux trois armées, dont 70.000 pour l'armée de terre, et aussi théoriquement pour le commandement des opérations spéciales (COS), mais j’y reviendrai plus tard.
En 2017, la Direction Général de l’Armement a nommé comme heureux élu le HK416 de la firme allemande Heckler & Koch. Mon avis personnel est que cette arme peut avoir son utilité dans les forces de polices, mais est trop sensible et trop fragile pour être utilisé en « tout terrain » comme l’exige les troupes combattantes. Mais c’est une arme utilisée par beaucoup d’armée, donc fidèle à leur devise, les généraux pensent à tort que si c’est employé partout c’est forcément bon. L’exemple du lance-roquette AT4 est là pour démontrer le contraire. Donc la France va abandonner son FAMAS de fabrication française qui a fait ses preuves auquel elle a dépensé des millions pour l’équiper du système super pourri nommé FELIN, et sans même récupérer les retours d’expérience de ce qui était perfectible sur cette arme, va changer de système pour faire tendance avec les autres armées du monde. Tout cela n’est pas très original, mais l’armée française n’est pas connue pour son originalité.
Et la souveraineté nationale dans tout ça ?
Beaucoup de politique se sont offusqués qu’ils n’y ait pas d’entreprise française en compétition et se sont inquiétés du sort de la société NEXTER, qui avait en charge la fabrication et l’entretien des FAMAS. Le ministre de la Défense de l’époque, Jean-Yves Le Drian, avait estimé en juin 2014 à l'Assemblée nationale qu'il était "très ouvert à ce que des entreprises françaises répondent d'une manière ou d'une autre à cet appel d'offres, et je les incite fortement à le faire". Mais dans le même temps, il refuse de faire figurer dans ce contrat une clause permettant de localiser en France certaines opérations de fabrication et d’entretien. Selon les intéressés, la première raison de ce choix d’un fournisseur étranger, c’est la disparition des sites capables de produire de telles armes répondant aux besoins de nos armées. La manufacture d’armes de Saint-Etienne, où étaient fabriqués les Famas et toutes les armes qui ont équipé l’armée française depuis François 1er, a fermé ses portes au début des années 2000. La Manufacture de Tulle ou encore les usines munitionnaires de petit calibre du Mans et de Cusset ont subi le même sort. Donc la DGA, ainsi que les politiques en charge du dossier, viennent verser des larmes de crocodiles, se désespérant d’un abandon de souveraineté, mais ne font pas l’effort d’orienter ce besoin vers ce que produit la France.
Faisons un aparté sur les forces françaises non conventionnelles, c’est à dire les troupes du COS et du service action de la DGSE. Ces soldats appelés opérateurs agissent au-delà des lignes de front et sur des théâtres d’opération où théoriquement elles n’ont pas à y être. Pour ces opérateurs, c’est l’objectif qui compte et leur armement est qualifié de peu conventionnel. En une phrase : ils utilisent ce qui marche le mieux ou ce qui est le plus compatible avec leur mission. Pendant longtemps c’était le HK47 et le colt A1 ou le Beretta, puis ils sont passés au GLOCK17 et au M4A1 pour passer ensuite au HK416. Mais en fait c’est à chacun de faire sa soupe comme il l’entend et sans contrainte de sa hiérarchie. En ce moment la tendance dans ces troupes est une arme utilisant du calibre 5.56x46OTAN nommé F90, considéré par beaucoup de militaires aussi bien français qu’étranger, comme le meilleur fusil d’assaut au monde
Cette arme est conçue par une société française Thales et fabriquée par sa filiale en Australie. Elle équipe l’armée australienne et néozélandaise et va très prochainement équiper l’armée polonaise. Cette arme la plus légère du marché (3.8kg avec un magasin de 30 cartouches) utilisable aussi bien par un gaucher qu’un droitier avec un système « chargé c’est armé » (pas besoin de réarmer), précis jusqu’à 600m, a tous les avantages d’une arme moderne et pratique.
Un contrat avec Thales et une fabrication en France sous licence chez Nexter était à mon avis une solution frappée du bon sens. Mais le bon sens n’est pas non plus une spécialité de l’armée française.
On est donc parti pour 25 ans d’armes allemandes.
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