Les artistes et la campagne présidentielle
D’ores et déjà, cette campagne présidentielle ne ressemblera pas aux autres. D'abord, le contexte en France : le nombre de contaminations dues à la Covid-19 est de nouveau en hausse. À l'échelle internationale, l'invasion de l’Ukraine par la Russie fragilise l’économie mondiale. Une autre différence notable est l’absence des personnalités de la musique, du cinéma ou de la scène aux côtés des candidats. Ils sont peu nombreux en 2022 à apporter leur soutien aux politiciens, en meetings ou dans les médias.
Tout le monde se souvient de Renaud et Daniel Balavoine apportant leur soutien à François Mitterrand ; Johnny Hallyday à Jacques Chirac ; Doc Gynéco à Nicolas Sarkozy. Ce sont des moments qui marquent les esprits.
Les artistes du showbiz sont autant prisés que les sportifs par les états-majors des candidats. Tous se doivent d'avoir un carnet d'adresses de relations bien fourni.
En 2017, une certaine réticence était déjà flagrante. S'afficher avec un candidat à l'élection présidentielle n'était pas vu d'un bon œil.
Alors que l'image d'un artiste peut facilement en pâtir, pour un présidentiable, c'est un soutien de poids que d'avoir le renfort de personnalités. C'est un bon moyen de montrer que loin des palais dorés, un homme ou une femme politique a une certaine proximité avec la population.
Le clivage gauche-droite était plus net avant l'arrivée d'Emmanuel Macron et son parti La République en Marche. Ce qui a jeté un flou sur l’engagement politique, avec une accointance pour un candidat plutôt que pour un parti. Les élections législatives de 2017 ont été un véritable raz de marée pour les candidats LREM issus de la société civile. Ils ont éliminé, dès l'issue du premier scrutin, des poids lourds de l'Assemblée Nationale. Une autre façon de faire la politique voyait le jour progressivement.
En 2022, l'engouement est beaucoup moins perceptible, presque sans intérêt.
La puissance des réseaux sociaux à faire et défaire une réputation - une carrière ? - en est la principale raison. À l'heure où l'information circule toujours plus vite, faire partie du mauvais côté du buzz peut en effrayer plus d'un. Beaucoup d'artistes ne sont pas prêts à s'engager et à prendre des risques en cas de désamour de l'opinion publique.
Ainsi que le reconnaît Gaspard Gantzer dans le Parisien paru le 28 mars, « ils sont comme les Français : ils ne s’intéressent pas à cette campagne, comme si elle était déjà pliée. »
Pour l’ancien chargé de communication de François Hollande, il faut des symboles forts pour générer l’enthousiasme : le probable retour de la Gauche au pouvoir en 2012 ou une femme présidente avec Ségolène Royal en 2007.
Le nombre de célébrités qui s’engagent pour des causes sociétales ne faiblit pas. On le voit chaque année, par exemple, lors des émissions organisées pour le Téléthon, le Sidaction ou les Restos du Cœur. La reconnaissance du public est un vecteur de notoriété pour toutes les causes qui ont besoin de soutien. Ce n’est pas nouveau aujourd’hui.
Mais l’ampleur est telle qu’il est parfois difficile de se passer de leur présence sur les plateaux de télévision ou dans les campagnes publicitaires. Leur image peut-être utile et il convient de s’en servir. Pour preuve, les actualités people occupent une large place dans les médias et sur les réseaux sociaux.
La politique ne déroge pas à la règle. Cependant, il faut garder à l'esprit que l'on ne gagne pas une élection avec ces soutiens. Tout au plus, cela peut jouer sur l’image du candidat. On se souvient de Nicolas Sarkozy et de son étiquette de président bling-bling.
Auteur : Weiss Dominique
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