Les associations et le lien social

Auteur prolifique, donc, Jean-François Chalot n’est pour autant pas un auteur prolixe : ses prises de positions sont nettes, sa prose tranchée, et on sent dans son écriture bouillonner la colère sourde de l’homme qui ne s’est pas résigné à subir le poids (et une certaine injustice) de la société, mais qui n’hésite pas à s’emporter contre des situations qu’ils perçoit comme profondément injustes. 

Alors le texte n’est pas nécessairement exempt de critiques, et certaines positions défendues pourront laisser le lecteur quelque peu dubitatif, Par exemple, l’article écrit à la veille des élections présidentielles de 2012 appelant à un véritable soulèvement populaire n’emportera pas nécessairement la franche adhésion des plus modérés. Pourtant malgré ces passages pouvant laisser songeur, il faut bien reconnaître que le texte de ce dernier ouvrage est incisif, les analyses hardies et les positions militantes dénotent un réel engagement politique. Le ton, bien évidemment volontairement marqué à gauche, est assumé et fluctue entre une sage critique sociétale, et une certaine indignation révolutionnaire.

Ainsi, par cet opuscule, il cherche à réveiller les consciences en associant à la fois la proximité de l’analyse du militant avec le recul de l’intellectuel témoin de son époque, Jean-François Chalot nous livre ainsi aujourd’hui dans son troisième livre « les associations pour le lien social et la réduction des inégalités », un portrait engagé de la situation de l’agglomération de Melun, et plus largement de la Seine-et-Marne pour élargir sa vision à la France. Les sujets abordés sont multiples et touchent le quotidien de tous les français : le « vivre ensemble », la mixité sociale, le logement, le système de santé … Et puis en marge de ces chapitres, il ose parler des maux et des monstres qui rodent aux abords de notre civilisation : la misère, l’isolement, la violence, cette guerre du « tous contre tous » qui délite le lien communautaire. Non content de mettre en exergue ces problèmes, il se propose de les affronter, et cela, sur la base d’un bilan simple, mais pas simpliste. En effet, pour lui les associations locales, particulièrement lorsqu’elles œuvrent en commun, sont les plus à même de travailler avec les populations afin de rendre ces dernières actrices et responsables de l’amélioration de leur conditions de vie. 

C’est bien là le point de vue défendu par ce livre : un constat dont tout le monde, de droite comme de gauche, à l’exception des hiérarques les plus déconnectés du terrain, saura reconnaître la véracité.

D’un point de vue d’une analyse plus personnelle, j’ai trouvé extrêmement intéressante la façon dont ce recueil laisse transparaître en filigrane l’itinéraire militant de l’auteur, Son action pour la réduction des inégalités accompagne progressivement la critique politique, et elle apporte la conclusion que la « politique de terrain » conjuguée avec « l’action du terrain » et l’implication dans le monde associatif sont la meilleure façon d’améliorer le monde. Jean-François Chalot illustre ainsi parfaitement à sa manière la citation de Jaurès, qu’il aurait cependant pu faire sienne : « il ne peut y avoir de révolution que là où il y a conscience ».

Jean-François Chalot

Les associations pour le lien social et la réduction des inégalités

Témoignage et réflexions

TBE-Le Scorpion brun
108 p. 8 €
en vente chez l’auteur
ou sur le site thebookedition.com