Les cachets non autorisés de Sarkozy : la santé des Présidents reste tabou

Deux journalistes, Denis Demonpion et Laurent Léger, ont publié hier un livre " Le dernier tabou. Révélations sur la santé des présidents" dans lequel ils explorent les relations toujours complexes entre le secret médical et la raison d’État.
Depuis toujours, en effet, le bulletin de santé du chef de l’État français fait l’objet de toutes les manipulations. Et pourtant, tous, la main sur le cœur, jurent, en franchissant les portes de leur château parisien, qu’ils joueront la transparence… surtout depuis le cas François Mitterrand. Et pourtant…
Différés, édulcorés ou mensongers, les bilans publiés ne renseignent en rien sur l’état de forme réel du président, comme l’ont montré en leur temps Georges Pompidou et François Mitterrand.
Nicolas Sarkozy s'était engagé à publier deux bulletins de santé par an, a-t-il tenu parole ? Que nenni, nous n'avons pas vu l'ombre d'une publication en 5 années !
Denis Demonpion invité sur Europe1 dans l'émission d'Emmanuel Faux "C'est arrivé demain" a rappelé que dès l'automne 2007, Nicolas Sarkozy a été hospitalisé pour un phlegmon au Val-de-Grâce, dans le plus grand silence.
Dans leur livre, les auteurs reviennent également sur le « malaise vagal » de Nicolas Sarkozy, en juillet 2009. Le quotidien Le Parisien, nous en donne un extrait :
"Le 26 juillet 2009, Nicolas Sarkozy fait un malaise après son jogging, dans la résidence d’État de la Lanterne. Alerté par un garde du corps, l’Elysée appelle le Samu. S’ensuit une grande confusion.
Ce jour-là, croyant à une mauvaise blague, celui qui a décroché a reposé le combiné sans crier gare. Par acquit de conscience, quelqu’un qui avait entendu l’échange a tout de suite rappelé (…) et enclenché la procédure d’urgence.
Sur place, le médecin du Samu se heurte au médecin militaire. Une certaine confusion s’ensuit : deux hélicoptères arrivent bientôt. Un du Samu Ile-de-France, l’autre de la sécurité civile. (…) Des conciliabules s’engagent, car chacun veut avoir le privilège de prendre en charge le chef de l’Etat. (…) Pourtant, il aurait été plus rapide de recourir à l’ambulance du Samu, la première sur place. Si le malade n’avait pas été président de la République, c’est ce qui se serait passé.
Une heure et demie environ après que Nicolas Sarkozy se fut effondré, l’hélicoptère décolle enfin. A son bord, Michel Bénard, le commandant de police (…) est effaré par le spectacle. Le président a les yeux révulsés. Un proche se souvient : Peu à peu ; alors qu’il était dans les airs, Sarkozy a repris connaissance. Il a recouvré la parole, et s’étant ressaisi, il s’est mis à trépigner. Il assurait que tout allait bien et il voulait rentrer chez lui au lieu d’aller à l’hôpital."
Parmi les nombreuses révélations, on y découvre aussi, selon les auteurs, que l’actuel locataire de l’Elysée se soigne avec des comprimés qui n’ont pas reçu d’autorisation officielle (AMM), ce sésame indispensable à la commercialisation en pharmacie et à sa prescription médicale". Une facilité sûrement dû au pouvoir de la fonction !
Un proche de Nicolas Sarkozy, cité dans le livre, déclare que le président prend des médicaments qui n'ont pas d"AMM qui le remettent d'aplomb. Mais il ne précise pas le nom de ces médicaments, ni leur composition.
Les auteurs du livre s'interrogent : "S'agit-il de traitements interdits à la vente en France, comme la DHEA, l'hormone anti-vieillissement, particulièrement stimulante, mais qui n'a jamais obtenu l'autorisation pour être commercialisée en France, contrairement aux Etats-Unis ?"
Ou bien est-ce "de l''EPO, la protéine favorite des sportifs, augmentant la production de globules rouges, et dont seule la prescription pour soigner certains cancers et l'insuffisance rénale est autorisée sur le marché français ?"
Ou peut-être "s'agit-il de simples stéroïdes ou corticoïdes, prescrits au président avant l'obtention du feu vert des autorités sanitaires de commercialisation ?"
Ou bien "tout simplement des vitamines ?",
L'Elysée interrogé sur cette prise de médicament du président n'avait pas encore réagi hier mardi en milieu d'après-midi.
Il faut préciser que l'érythropoïétine ou EPO, largement détourné dans le sport, est une hormone qui stimule la production de globules rouges et permet d'augmenter le volume d'oxygène dans le sang. Sa prescription médicale concerne certains insuffisants rénaux, elle est utilisée également pour soigner de graves anémies et aussi dans les traitements des cancers. L'EPO dispose en France de l'AMM.
Quant à la DHEA (déhydroépiandrostérone) qui est également appelée hormone de jouvence, elle figure sur la liste des produits interdits par le Code mondial antidopage. La DHEA, est un précurseur d'hormones sexuelles masculine (testostérone), et ne dispose pas d'AMM en France.
Denis Demonpion a précisé sur Europe 1 au sujet de ces cachets pris par Nicolas Sarkozy : "ça peut être des médicaments pour être plus en forme ou pour se calmer un petit peu (...).
Pour ma part, cela explique ses changements d'humeur et d'attitude qui d''un jour à l'autre passe de la nervosité et de l'excitation à la décontraction et au calme. Un jour il est plein de tics, le lendemain ils ont disparus.
Le livre "Le dernier tabou, révélations sur la santé des présidents" (éd. Pygmalion), (19,90 euros) de Denis Demonpion, rédacteur en chef au Nouvel Observateur et Laurent Léger, grand reporter à Charlie Hebdo.
Ensemble, ils ont publié "Cécilia, la face cachée de l’ex-première dame" et "Tapie-Sarkozy, les clefs du scandale", deux livres également édités par Pygmalion.
Sources : Slate, Le Parisien, AFP,
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