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Accueil du site > Tribune Libre > Les cendres de Mozart et de l’opéra rock

Les cendres de Mozart et de l’opéra rock

Ils ont déversé leurs grands mots d’intellos déjantés sur les consommateurs incultes. Ils ont illuminé le tout-Paris de leurs tours de passe-passe. Ah, qu’ils sont forts ! Qu’ils sont impénitents ! A les entendre, ils connaissent tout de Wolfgang. Calculateurs au possible, ils savaient leur projet gagné d’avance. Même au profit des plus beaux sacrilèges lexicaux. The Who et Pink Floyd peuvent se gargariser. Il y a autant de rock dans cette « comédie musicale » que de musique classique dans The Wall. Mais c’est que Dove Attia veut présenter Mozart comme « la première rock star de l’histoire ». Pardi, Mozart c’est rock, et le rock c’est Mozart ! Sombres inepties.
 
Sous couvert d’une approche moderne, il faut vulgariser, détourner, dénaturer. La Fronde culturelle n’est pas loin. Le délit pour télescopage abusif semble poindre son nez. On a déjà eu droit aux 10 commandements, au Roi-Soleil. Mais ici c’est différent dit-on. Plus ingénieux, plus osé. Mais tout aussi formaté, surtout. Dove Attia a le chic pour les variétés insipides, rajouté à cela un livret peu recherché, des décors kitsch ; on a atteint la médiocrité du divertissement. La ménagère de 50 ans se sera rassasiée. Les prépubères aussi. Et puis ? Et puis plus rien. Car ce sera suffisant pour sanctifier l’évènement. En effet, à quoi bon chercher midi à quatorze heures quand l’objectif est de composer un spectacle familial ? Le drame artistique de notre époque est bien là. Se reposer sur le divertissement, ne plus s’interroger, ni sur le sens des mots ni sur le sens du spectacle. Tout vaut tout et rien. Qu’a-t-on appris musicalement de Mozart à sa sortie ? Certainement pas l’envie d’en savoir davantage. Que sait-on d’un opéra-rock ? Une image tronquée, tout au plus croit-on à L’assasymphonie en gros résumé. En fait, on est parvenu en un soir à éluder les fondamentaux classiques de la musique...en parlant de Mozart. Et d’accroitre les confusions chez les jeunes. Chapeau bas.
 
Ce n’est plus la même magie. La véritable musique ne fait plus recette, il faut sans cesse la réinventer, comme si les références d’il y a 30 ans ou 100 ans ne semblaient jamais composées. Mozart l’Opéra Rock est l’incarnation par excellence d’un beau méli-mélo de notre temps offert au profane, un écran de fumée qui abaisse le niveau artistique, une ancre de plus au navire de la déculturation. « Mozart rock star »...Dove Attia a la rime aussi désespérante que son riche parcours de producteur.
 
 

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6 réactions à cet article    


  • Fergus Fergus 6 janvier 2010 13:36

    Dans l’oeuvre immense de Mozart, il suffit d’écouter ne serait ce que quelques mesures des oeuvres suivantes pour comprendre l’abyssal fossé qui sépare ce compositeur génial de la mascarade qui consiste à associer son nom à cette production vulagire et purement commerciale :
    - Gran Partita (sérénade pour 13 instruments à vents)
    - Quintette avec clarinette
    - La flûte enchantée
    - Les concertos pour violon 3 et 5
    - Les concertos pour piano 20 et 21
    - Le Requiem
    etc, etc, etc.............

    Un grand merci à l’auteur pour cette mise au point.


    • Lapa Lapa 6 janvier 2010 14:36

      Il y a fort longtemps, mon père pestait contre les superlatifs dogmatiquement énoncés par les systèmes d’information et s’insinuant dans le langage populaire. Tout était prétexte à qualifier n’importe quoi ou qui de « génial », « d’extraordinaire », de « super », « fantastiques » et autres hyperlatifs. C’était le début du plan de bataille du relativisme culturel et informatif qui met tout au même plan et sur lequel prospèrent ceux qui ont tout pigé du système transformant un simple divertissement familial en « oeuvre d’art » surmédiatisée hyperrentable ; ou un banal fait divers en occupation cérébrale permanente pendant des jours. 

      Mozart Rock Star est un pur produit de consommation engendré par ce système et merchandizé comme tel.


      • ZEN ZEN 6 janvier 2010 18:09

        C’était le début du plan de bataille du relativisme culturel et informatif qui met tout au même plan et sur lequel prospèrent ceux qui ont tout pigé du système transformant un simple divertissement familial en « oeuvre d’art » surmédiatisée hyperrentable ; ou un banal fait divers en occupation cérébrale permanente pendant des jours.

        Bien vu, Lapa
        On peut dater ce « plan de bataille » de l’insignifiance (Castoriadis) du début des années Giscard, à mon sens, avec le début de l’hyperaffairisme, de la mise en place des règles ultralibérales et du règne de la consommation de masse, qui finit par niveler les valeurs et effacer les repères au nom du « modernisme » (tarte à la crème), sous l’influence de l’argent-roi( A.Minc), cet « équivalent général »...
        Tout est culture revient à dire que rien ne vaut vraiment. D’où à l’école, le début de l’apprentissage du français à partir de n’importe quel texte,et le recul progressif de la fréquentation des auteurs qui donnent à penser. Lit-on encore Voltaire au Lycée ?



      • zelectron zelectron 6 janvier 2010 17:43

        Que dire aussi des publicitaires ou organismes de toutes sortes qui s’emparant sans vergogne d’un fragment de musique qui (aussi) de Mozart, Beethoven, Wagner, Vivaldi et combien d’autres pour les associer à une marque de charcuterie ou de chaussure en passant par des esquimaux glacés...sans oublier les matchs de « foutreballe »


        • Gabriel Gabriel 7 janvier 2010 11:26

          A notre époque, l’art mineur a enc..... l’art majeur. S.Gainsbourg

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