Les chiens de garde anti-Chevènement

Dans les médias traditionnels, on tentait hier de vous culpabiliser, citoyens. On vous empêchait de penser en rond à l’occasion d’un certain référendum qui vit 55% des Français rejeter un certain projet de constitution européenne. Aujourd’hui, certains médias, visiblement coalisés, ont décidé de le faire payer cher à ceux qui ont porté l’explication des dangers de ce projet aux électeurs, dont l’éternel Jean-Pierre Chevènement.

Ce qui me fait dire cela aujourd’hui, c’est que son équipe de campagne vient de se voir refuser, vendredi 24 novembre dernier, un placard publicitaire dans un grand quotidien national qui annonçait le premier meeting de Chevènement au Gymnase Japy (Paris 11e) mardi 28 novembre prochain à 19 heures.

Où en est exactement la démocratie dans notre pays ? Je me souviens avoir vu pareille "annonce commerciale" de meeting à l’occasion d’un certain vote interne d’un grand parti historique, voici quelques semaines, donc... rien de nouveau sous le soleil.

Imaginez que même contre espèces sonnantes et trébuchantes, la presse quotidienne nationale, qui se dit au bord du gouffre financier, pousse des cris d’orfraie à la seule vue de l’ancien ministre de l’Intérieur. Le but presque avoué est que le meeting fasse un bide, et que les caméras se jettent sur le vide, donnant de la matière aux Guignols, décrédibilisant toute une pensée politique du même coup. C’est vrai que le Gymnase Japy, ce n’est pas très loin du Père Lachaise... Mais ce n’est pas à l’honneur de toute cette presse qui s’illustrait il y a quelques jours par la fausse annonce du retrait de sa candidature, alors qu’il n’en est rien.

Sacré nom d’un chien, détrompez-moi, mais je crois qu’il y a une fichue distance entre la respectabilité d’un homme d’Etat comme celui-là et un aboyeur comme Le Pen, vous ne trouvez pas ?

Depuis le 29 mai 2005, la persécution politique aurait à ce point changé de camp que l’on tienne pour acquise et légitime l’accession d’un homme aussi peu compétent dans le domaine présidentiel et aussi peu constitutionnel que Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de 2007, et que l’on fustige -par l’inertie médiatique- celui dont la politique était à l’inverse de celle observée par Sarkozy au ministère de l’Intérieur ? On voit que pour une certaine intelligentsia, quand on parle de "la France", il vaut mieux distiller un discours d’extrême droite que de vouloir réformer les institutions antidémocratiques de Bruxelles...

A qui cette intelligentsia obéit-elle ? Faut-il que le programme de Jean-Pierre Chevènement soit bigrement en phase avec les préoccupations des Français (qui ont voté non) pour qu’on le sabre avant même qu’il ait pu coup férir ?

• Maintenir les centres de décision économiques sur le territoire national, (aïe, Madame la droite a mal à son patriotisme économique), suspendre certaines clauses des traités européens notamment sur la concurrence et les services publics, réorienter l’Europe vers les pays du Sud, combattre le dumping social des pays à bas coûts de main-d’oeuvre, revoir les statuts de la Banque centrale européenne et donner à l’Union une capacité d’emprunt, voilà des positions pas timides du tout, et qui ont de quoi faire réfléchir le citoyen et surtout, valider le vote qu’il a exprimé librement le 29 mai 2005 quand il a dit non  !