Les conséquences à tirer du Brexit en matière de recherche et développement industriels
La panique actuelle créée par le Brexit conduira probablement inéluctablement l’UE à accoucher d’une souris, et encore, probablement cette dernière sera-t-elle technocratique en matière de politique de R&D industrielle comme nous allons tenter de le prouver avant de donner de vraies pistes de réflexion.
Pour nous convaincre de la velléité, au mieux, des instances européennes, voire nationales dans la plupart des cas, en la matière, il suffit de regarder ce qui s’est passé dans la dernière décennie en termes de décisions. Et l’exemple de la France est pour cela édifiant. Nous avons eu le grand emprunt prôné par Nicolas Sarkozy et ce dernier a non seulement été confirmé mais même augmenté par le gouvernement de François Hollande, version Montebourg avec les 34 projets industriels. En réalité, tous ces milliards d’euros, même ces dizaines de milliards d’euros, n’ont servi à rien. La raison en est simple, on a demandé aux acteurs industriels de faire des propositions et ils n’ont fait que se servir dans la caisse qui leur était ouverte à bon compte pour consolider d’abord leurs bénéfices avant de préparer réellement un quelconque avenir. L’incompétence de l’État a fait le reste en acceptant des projets insignifiants.
Au niveau européen, la situation n’est pas meilleure, hélas. Il existe de grands projets lesquels coûtent des fortunes pour à la fois des objectifs et des résultats qui ne sont même pas à la hauteur d’un quelconque pays sous-développé. Si l’on reprend la formule de la délégation générale pour l’armement des années 80 qui estimait (de manière très optimiste !) qu’un projet européen avec n coopérants voyait son coût croître comme la racine de n, on comprend dès lors ce que gabegie peut vouloir dire. Si l’on ajoute à cela le fait que les acteurs, au niveau européen, ne jouent pas vraiment le jeu de la vraie rupture, il ne faut pas s’étonner que les dernières inventions en vogue se soient faites avant tout aux USA.
Que faire alors ? En réalité l’UE marche sous l’influence du lobbying. Tuer ce dernier serait lui rendre un grand service, car, si les femmes et les hommes politiques devenaient compétents, ils pourraient alors faire des choix judicieux pour promouvoir les intérêts d’acteurs prometteurs quant aux perspectives qu’ils offrent à notre continent. En général, ces acteurs, peu argentés, n’ont pas les moyens du lobbying et sont donc condamnés au silence et à ne pas émerger.
Si nous nous penchons maintenant sur le Brexit lui-même, la Grande-Bretagne, toutes proportions gardées, va devenir une PME quand le reste de l’UE reste un grand groupe si on veut bien accepter l’analogie. En tant que PME, la Grande-Bretagne va devenir plus proactive et probablement aussi plus compétitive. Pour la grande structure européenne qui reste, la seule façon de faire la différence, reste celle des activités très intensives en capital, hors de portée des puissances moyennes, à condition toutefois que les coûts de la grande structure ne viennent pas grever de trop une certaine compétitivité d’une part et surtout que l’imagination prenne le pouvoir au détriment du style « Union Soviétique » auquel nous sommes, hélas, bien trop habitués depuis des années sinon des décennies. Car il est un fait que l’UE est un tueur d’idées originales et a une aversion au risque plus que considérable, ce qui, à terme, la condamne irrémédiablement si elle ne se réforme pas rapidement.
Nous en sommes donc là ! Il est urgent que l’on donne la parole et une partie du pouvoir à ceux qui ont des idées et en général pas d’argent ; il est urgent de savoir prendre des risques ; il est urgent de vouloir promouvoir de vraies ruptures ; il est urgent, en bref, de se prendre en main et d’avoir la volonté de réellement compter dans le monde autrement que par des hommes de salon qui, au demeurant, ne brillent plus depuis bien longtemps.
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