Les conservateurs en avance dans les sondages

Lorsque John Stuart Mill parlait de maximisation du bonheur et de minimisation de la douleur, à mon avis il ne parlait pas seulement à court terme, mais également à long terme. Pourtant, la population ne semble pas se soucier du long terme. En effet, si les Canadiens décident de réélire un gouvernement conservateur, ce qui semble être l’option la plus probable selon les derniers sondages, il sera alors évident qu’ils (je parle en "ils" et non en nous, car pour l’instant les conservateurs ne semblent pas en bonne position pour remporter beaucoup de sièges au Québec) n’auront pensé qu’à ce que le gouvernement pourra faire pour eux à court terme.

Commençons par regarder ce que les conservateurs ont à nous offrir. Je ne ferai pas ici une liste détaillée de leur programme, mais je peux en écrire les grandes lignes. Tout d’abord, comme avant chaque élection, ils baissent les taxes et impôts, font prospérer l’économie, augmentent les peines de prison pour les crimes, mettent en place des mesures pour nous protéger du terrorisme, etc. De plus, ils font d’excellentes publicités pour vanter leurs politiques. Si on ne se fie qu’à cela, on peut conclure que les conservateurs font un travail irréprochable aux communes. Par contre si on analyse plus en profondeur ces politiques, on s’aperçoit qu’à long terme les Canadiens souffrent plus d’avoir ce gouvernement qu’ils n’en bénéficient.

Tout d’abord, si on regarde l’économie canadienne depuis que Stephen Harper est premier ministre on peut croire à première vue qu’elle n’a fait que s’améliorer. Je suis d’accord avec le fait que sur papier, les chiffres indiquent une bonne croissance. Le problème se situe plus au niveau de la manière dont l’économie croît. En effet, une économie forte est une économie diversifiée, ce qui l’aide à ne pas s’effondrer si une crise survient dans l’un de ses secteurs d’activité. Au Canada, l’économie est principalement basée sur une seule ressource, le pétrole, qui est une ressource polluante et non renouvelable. En subventionnant le secteur pétrolier au détriment d’autres plus durable et moins polluant, le gouvernement du Canada ne fait pas prospérer l’économie du pays à long terme.

Si on regarde maintenant les peines de prison là aussi on peut remarquer que les politiques gouvernementales sont basées sur le court terme. En effet, si Stephen Harper voulait endiguer le crime de façon durable il s’attaquerait plus à la base du problème qu’à ses symptômes. Au lieu d’alourdir les peines de prison pourquoi ne s’attaquerait-il pas aux problèmes de pauvreté et de maladie mentale, deux grandes causes de crime au Canada ? Ne serait-il pas plus efficace et durable d’injecter de l’argent pour aider des gens à sortir de la pauvreté et pour améliorer les centres de réhabilitation plutôt que pour construire plus de prison ?

Finalement, en allant voter pour un gouvernement conservateur, les Canadiens vont certainement perdre beaucoup plus qu’ils ne vont gagner. On a qu’à penser aux coupures faites à Radio-Canada ou au bâillonnement des scientifiques du gouvernement, qui sont deux outils essentiels à la transmission du savoir, à la réduction du temps alloué aux évaluations environnementales, au retrait du protocole de Kyoto, à la perte de notre statut de pays neutre pour celui de pays guerrier à la botte des États-Unis (le Canada a récemment perdu son siège sur le conseil de sécurité de l’ONU suite à ces politiques internationales jugées douteuses). La liste des mauvaises décisions de notre premier ministre et de son parti pourrait être encore plus longue, mais je pense que celles que je viens de citer suffisent à démontrer l’ampleur des pertes que la population canadienne décidera d’accepter si elle élit le gouvernement de Stephen Harper pour une troisième fois. On ne peut qu’espérer qu’aux prochaines élections, elle fasse le bon choix.