Les curieux absents de la politique de l’emploi
========== L'article cité
"Contre le chômage, on a tout essayé " affirmait François Mitterand, amer, à la fin de son mandat. A t-on bien évalué le problème, ses causes et ses solutions ?
On peut se demander par quelle alchimie magique un stage d'insertion pour des jeunes proches de l'illettrisme réussirait à pallier aux lacunes de 10 années d'échec scolaire ou pourquoi une mission locale réussirait mieux que l'ANPE à mettre des "primo-demandeurs" à l'emploi.
C'est une pratique bien française que de chercher à résoudre les problème en superposant les structures. Dans ce domaine on a inventé le "traitement social du chômage" qui a surtout eu pour effet de sortir des statistiques les jeunes en insertion.
Les dispositifs successifs
Après le premier choc pétrolier le chômage s'aggrave de façon inquiétante, notamment celui des jeunes sans qualification.
Raymond Barre, qui n'y croit pas, met en oeuvre en 1979 un premier PACTE pour l'emploi des jeunes, et en 1980 un second. On parle alors d'INSERTION pour ceux qui ont un fort déficit de formation initiale, et de QUALIFICATION pour les autres, l'ensemble étant conçu sur le mode de l'alternance (théorie en centre -pratique en entreprise).
Dès l'élection de François Mitterand (1981), Pierre Mauroy confie à Bertrand SCHWARZ - auteur du livre "une autre école"- une mission d'étude, et un grand dispositif comprenant de nombreux stages d'insertion et de qualification, et la création des missions locales. C'est le secteur associatif qui assurera le travail.
Par la suite, B.SCHWARZ initiera le dispositif "Nouvelles qualifications" qui donnera peu de résultats malgré l'intérêt de l'initiative.
1988, Michel Rocard instaure le RMI, pour les adultes (plus de 25 ans) sans ressources. Il exige pour les allocataires un contrat individuel d'insertion avec formation et recherche d'emploi.
En 1993, Martine Aubry, initie le dispositif PAQUE (Préparation active à la qualification et à l'emploi), qui ressemble au plan Schwarz, avec une organisation différente, une prime pour l'organisme à chaque mise à l'emploi, et une très timide tentative d'inventer de nouveaux emplois qui ne donne rien de très significatif. L'arrivée d'Edouard Balladur et son collectif budgétaire met un point d'arrêt à l'aventure (certains centres de formation ne s'en relèvent pas).
Le volet "emploi" du récent plan banlieue de Fadela Amara, sous des allures plus branchées (avec des "coaches" en guise de formateurs-grand frère), reprend les mêmes idées.
Deux types de problèmes
Il existe deux familles de causes qui augmentent le chômage :
Coté entreprises : c'est la chute de grands secteurs industriels (métallurgie, sidérurgie, textile ), l'informatisation et la robotisation, la délocalisation, ect...
Coté individus : c'est l'absence de formation initiale et professionnelle et le déficit d'employabilité (savoir se lever, respecter des horaires et des rêgles, ...).
Sur les grands bassins d'emploi ouvrier, il a été démontré que l'appareil scolaire s'est habitué à fournir de la main-d'oeuvre non qualifiée. On se trouve très en porte-à-faux lorsque l'offre massive d'emplois de premier niveau de qualification disparaît.
On a longtemps cru à tort que le problème résidait dans une mauvaise communication entre l'offre et la demande. En y regardant de près, il n'y a que très peu d'emplois non couverts, y compris les moins intéressants.
Cette pratique permanente ne s'attaque qu'à une partie du problème, le plus grave étant le déficit d'emploi adapté au public demandeur. On peut toujours tenter de préparer 1000 chômeurs, s'il n'existe que 100 emplois à la sortie, l'opération est vaine pour 90% d'entre eux qui sortiront du dispositif un peu plus aigris.
Il faut aussi se rappeler que les tenants de l'économie libérale apprécient un "certain volant" de chômage qui refroidit bien des revendications salariales, ceux qui possèdent un emploi s'estimant privilégiés.
L'invention de nouveaux emplois
Depuis que l'idée d'insertion existe, on entend parler de "nouveaux gisements d'emplois" et ce sont toujours les mêmes serpents de mer qui reviennent : l'environnement, l'aide à la personne, la qualité de la vie .... Ceci indique certes des "besoins" d'emplois, mais pas leur financement. Un vrai emploi est un emploi directement productif.
Certains pensent aujourd'hui qu'avec la fin de l'ère pétrole, et la protection de la planète, on sera obligé de repenser la place de l'emploi dans l'économie, mais on est encore dans le rêve ...
================= Fin d'article
PS : l'image d'illustration est un artpaint de mes créations personnelles (ne confondez pas avec un Pollock) pour mettre un peu de couleur.
7 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON