Les économies de l’automédication ?
L’automédication est-elle une aberration ? Doit-on tout accepter au nom du libéralisme ?
C’est moderne de s’administrer des médicaments soi-même sans prescription médicale ?
On sait que par exemple en Espagne, 15% de la consommation de médicaments se fait sans ordonnance, 14% en Allemagne, 12% en Angleterre. Ceci a donné des idées au ministre de la Santé d’ainsi développer l’automédication qui, selon lui, permettrait de diminuer encore plus les dépenses de l’assurance-maladie. Cela va sans dire : ces achats ne seront plus remboursés.
Le ministre (ou l’homme-médecine ?) a demandé pour ce faire un rapport, l’énième, et ce rapport propose que les médicaments soient disponibles en libre-service, aujourd’hui encore dans les pharmacies mais demain, pourquoi pas, directement dans les supermarchés, comme en Grande-Bretagne.
Le ministre tente de rassurer les professionnels de la santé, les pharmaciens en premier lieu, en leur disant que les médicaments dans les supermarchés, c’est hors de question.
Malgré tout le ministre ne nous dit rien des suites que les gouvernements à venir vont donner à cette prétendue innovation, mis à part qu’on connaît la ritournelle sur le déficit de la Sécurité sociale et sur la politique de déremboursement initiée par les gouvernements de gauche.
Une chose est certaine, encore une fois on laisse aux soins des assurés sociaux la charge des dépenses, comme si l’augmentation en dernière date du forfait hospitalier ne suffisait pas. Seize euros de plus, tout de même !
Il faudrait que le ministre nous explique comment il se fait qu’avant, on nous disait que l’automédication (campagne de publicité à l’appui) pouvait être dangereuse, voire mortelle, et qu’aujourd’hui la même automédication, si bien faite, aurait des effets bénéfiques. Je me demande alors pourquoi il faudrait aller consulter pour un simple mal de tête, de gorge, d’estomac ou pour une simple petite fièvre de rien du tout ? J’ai le soupçon que les producteurs d’aspirine et de paracétamol vont s’en remplir les poches. Je me pose aussi une autre question, justement parce que je ne suis pas médecin : comment vais-je faire pour savoir si les médicaments que j’ai achetés sont compatibles avec mon organisme, si ces mêmes médicaments sont aussi compatibles avec d’autres médicaments que je serai obligé de m’administrer ? Puis-je me fier aux seules prescriptions de la notice ? Et si les doses de la notice ne sont pas compatibles avec mon corps ?
Bref, ce que les médecins appellent dans leur langue les " interactions médicamenteuses "...
Le génie ministériel paraît-il a pallié cet inconvénient fâcheux ; il fallait y penser, bien sûr ! Car le rapport "clés en main" propose d’éduquer le consommateur.
Noter la nuance dialectique : on passe du statut de patient à celui de consommateur, donc de client, et comment encourage-t-on le client ? Avec la publicité, pardi !
A ça aussi, il fallait penser !
Les laboratoires pharmaceutiques se lèchent déjà les babines en songeant à la future manne qui va leur tomber dans les poches (sans fond), les économies annoncées de 2,5 milliards d’euros prescrites vont passer par l’automédication, car qui dit automédication dit aussi prix libres, et pour s’en donner une idée, il suffit de voir la poussée qu’ont subie les produits précédemment déremboursés. Des augmentation de trois, voire quatre fois le prix d’avant le déremboursement.
De qui se moque-il, le ministre, quand il demande aux laboratoires de ne pas faire exploser les prix ?
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