Les effets collatéraux de la télé réalité ou la terrible métamorphose de Loana...
Loana…Comme une feuille tombée précocement de l’arbre des célébrités, virevoltant à présent dans le néant artistique, en attendant l’automne, pour rejoindre les milliers d’autres feuilles qui suivront son triste chemin avant de venir s’écraser mollement sur le sol. Jusqu’à ce que de nouvelles, plus vertes, plus fermes, viennent prendre leur place sur un trône éjectable.
Comme elles sont douces ces années de petites gloires, ce tourbillon d’éloges et d’invitations, avec leurs plannings surchargés et leurs belles robes de lumière qui finiront dans des cartons ou dans un book photos qui n’intéressera bientôt plus personne. Juste quelques fans égarés, qui continueront, avec peine, à vous maintenir dans une illusion que tout n’est pas encore finit. Pourtant, dès la première télévision, l’arrêt de mort était déjà signé et planifié par la Prod. Le retour sous les projecteurs tient du miracle et des centaines de candidats refoulés iront jusqu’à se mettre à nu sur les unes de magazines pour ressentir, encore une fois, l’adrénaline de l’exposition. La décomposition ne tardera pas à suivre, jusqu’à pousser certains à se jeter sous des voitures… Et l’on pensera à eux, un peu mal à l’aise, en zappant sur une nouvelle émission de télé réalité et en découvrant le visage des ses futures victimes.
Je me souviens de cette parenthèse qui semble dater d’une autre vie, lorsque France 2 m’appelait la veille d’une émission d’« Entrée d’artistes » pour me dire que j’en ferais partie. La panique, les palpitations, la sensation de jouer ma vie, à chaque fois. Naïve petite marionnette, fraîchement débarquée de sa campagne, mettant à terre ses placards pour trouver La tenue qui la sublimerait devant les caméras. Jamais rien d’assez bien à me mettre. Courir les derniers magasins encore ouverts, acheter n’importe quoi, dépenser trois fois le maigre cachet que je recevrais le lendemain, oublier de faire le repas pour mon fils, mes sorties avec mes amis, ma famille, apprendre en un temps record le morceau imposé par Pascal Sevran et oublier jusqu’à mon nom si la production décidait qu’il m’en faudrait un autre. Tout ça pour 3 minutes 50 d’apparition au milieu d’une trentaine de mes clones et le privilège d’être invitée dans des soirées malsaines, entourée de people de dernières zones…
Et puis un jour tout s’arrête, le téléphone, les rendez-vous, les interviews, les photos, le champagne… Alors on se pose un peu, on regarde nos comptes, vidés par notre éphémère enthousiasme et on comprend que les années qui ont filées n’ont laissé derrière elles que du vent. Nos amitiés, c’était du vent, nos contacts, les promesses de contrat, les albums en projets, les concerts en négociation, les compliments, tout, tout n’était que du vent. C’est lors de cette prise de conscience que trois choix s’offrent à vous :
- Le premier : s’obstiner, inonder les maisons de prod de nos maquettes, nos photos, nos C.V, accepter n’importe quelle proposition pour revenir dans la lumière, se brader, s’humilier et finalement achever l’once de crédibilité qu’il nous restait.
- Le second : oublier. Prendre enfin cette poudre magique à laquelle on avait su résister jusqu’à maintenant, y plonger tête baissée et ne plus jamais en ressortir.
- Le troisième : se résigner. Accepter que la fête est finit et céder sa place la tête haute, en trouvant, par exemple, un travail insignifiant derrière un standard. Et faire en sorte de ne pas trop réfléchir…
Pourtant, lorsque je vois les clichés de Loana aujourd’hui, j’avoue que j'ai beaucoup de mal à ne pas réfléchir.
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