"Un test décisif pour la démocratie géorgienne" : c'est dans ces mots que s'est exprimé Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l'Otan, à l'occasion d'un déplacement à Tbilissi la semaine dernière. Alors que la Russie augmente sa pression dans la région à l'approche des élections géorgiennes, la communauté internationale s'inquiète d'une destabilisation dans le Caucase.
"Le déroulement des élections parlementaires en octobre et de la présidentielle en 2013 sera un test décisif pour la démocratie géorgienne", a estimé jeudi en conférence de presse Anders Fogh Rasmussen à l'occasion d'un déplacement à Tbilissi.
La démocratie géorgienne est en effet à un tournant. Le Mouvement national démocrate – le parti du président Mikheïl Saakachvili – doit faire face à la
campagne populiste et xénophobe du "Rêve géorgien" de Bidzina Ivanishvili, un oligarque proche des intérêts russes. Ce qui n'empêche pas Saakachvili de garder le cap. "Le 1er octobre, nous organiserons les élections les plus libres, les plus transparentes dans l'histoire de la Géorgie indépendante" a-t-il déclaré.
Pour la Géorgie, le choix de réaliser les manoeuvres "Caucase 2012" du 17 au 23 septembre a tout d'une provocation en raison des élections législatives qui se tiendront quelques jours plus tard. Alors que les Géorgiens se rendront aux urnes, 8 000 soldats russes soutenus par la marine et l'aviation seront stationnés dans le Caucase russe. Ces excercices impliqueront les Forces armées russes, le Service fédéral de protection (FSO), le Service fédéral de sécurité (FSB) et le ministère de l'Intérieur, ainsi que les troupes de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, deux provinces séparatistes de la Géorgie.
Même si Moscou a assuré que ces manoeuvres n'impliqueront pas ses bases militaires du Caucase – notamment les troupes de la 58ème armée célèbres pour avoir conduit l'offensive de 2008 sur la Géorgie – plusieurs observateurs notent que les manoeuvres des prochaines semaines viseraient à remettre en condition opérationnelle ces unités russes qui composent le District militaire du Nord-Caucase et à faire pression sur la population pour qu'elle apporte ses voix au parti d'Ivanishvili, l'homme soutenu par le Kremlin.
Pour la Russie, la Géorgie pourrait en effet représenter un modèle de développement attractif pour les anciennes républiques soviétiques. C'est donc pour tenter de garder la main sur son "étranger proche" que Moscou cherche à destabiliser la Géorgie pour briser son élan. C'est la thèse notamment avancé par la célèbre blogueuse russe Zabugina. Même son de cloche chez le journaliste russe Alexandr Podrabinek pour qui l'hypothèse d'une guerre, comme en 2008, est loin d'être écartée.