Les escadrons de la mort sociale
Le fascisme est un système autoritaire qui associe populisme, nationalisme et totalitarisme au nom d'un idéal collectif. Il s'oppose à la démocratie parlementaire et au libéralisme traditionnel. Le Néofascisme innove en ce qu’il n’a besoin d’aucun chef providentiel, une minorité agissante se reconnait dans le système et fait appliquer les commandements sans qu’elle ait à recevoir des ordres.
Le fascisme nécessite l’installation d’une caste dirigeante. Il rejette la notion d’égalité, un ordre hiérarchique doit apparaître avec à son sommet le plus apte, le plus grand, un leader égal d’un dieu. Un idéal de pureté ethnique en découle qui conduit à l’antisémitisme, à l’homophobie, à l’exclusion des personnes handicapées. Le fascisme exalte la force et s’appuie sur la virilité et célèbre les vertus guerrières. Le parti fasciste est contre la démocratie, l’individualisme, la société libérale, le capitalisme, le socialisme et le communisme. Le néofascisme sera pour l’individualisme, la société libérale et le capitalisme mais restera contre le socialisme, le communisme... et la démocratie prise au sens strict impliquant une possibilité d’expression égale pour tous.
Oeuvrer pour le bien du capitalisme présente l’immense avantage de pouvoir se passer d’un Chef source de toute directive suprême. En effet se doter de valeurs (morales ou non) conduit inévitablement à un foisonnement d’idéologies pas toujours incompatibles les unes avec les autres mais malgré tout difficilement conciliables engluées qu’elles sont dans des incarnations d’idées venant de tous horizons. Tout au contraire, le culte de l’argent fournit une valeur commune à tous sans même qu’il soit nécessaire d’expliciter ses commandements. Le néofascisme se débarrasse ainsi de tout lider maximo qui devient vite gênant car il prend vite toute la place dans les médias et foisonne dans le coeur des militants. Une nébuleuse prend sa place sous forme d’un réseau complexe grâce à des affinités électives et surtout des intérêts communs : le centre de décision, délocalisé, perd toute visibilité.
Toute domination a tendance à s’étendre en éliminant ceux qui ne se rangent pas sous sa bannière. Le néofascisme, qui est en quelque sorte une version doucereuse du fascisme, doit séduire s’il ne veut pas avoir à réprimer trop visiblement. Toutes sortes de délices sont offertes à ceux qui acceptent, plus ou moins volontairement, plus ou moins consciemment, de renoncer à leur intelligence personnelle pour adopter les pensées gazeuses à la mode. Chaque citoyen est en particulier réduit à son état d’électeur et le système lui fournit ce qu’il réclame souvent à cor et à cri en tant que sous-groupe social : quelques subsides puisées dans l’argent magique des dettes, des libertés sociétales plus ou moins imaginatives, la possibilité de faire repentance pour tenter de se faire pardonner les exactions commises dans le passé, donner à ceux qui le souhaitent le plus ardemment un statut de victime lui permettant un accès à diverses facilités... et tant d’autres choses n’ayant pas grand-chose à voir avec la vie politique de la Cité.
La volonté de puissance de l’élite n’étant pas complètement satisfaite, elle se détache de ses semblables nationaux et fait sécession en jetant son dévolu sur des forces de travail lointaines et encore peu protégées de l’esprit de rapine des plus cupides. Une gouvernance mondiale fut rêvée sous l’égide du pays phare du néofascisme, la seule envisageable, mais il fallait pour ce faire contraindre sous une forme ou sous une autre l’ensemble du continent asiatique et ses cinq milliards d’habitants, et distraire aussi les presque 2 milliards de musulmans de leurs habitudes religieuses dans lesquelles ils se sont réfugiés pour avoir raté l’accès à la modernité occidentale. Le déclin étatsunien menaça avant que le gouvernement mondial puisse émerger, mais la gouvernance imposée par d’immenses compagnies multinationales avait beaucoup progressé jusqu’à transférer les centres de décision des conseils d’administration encore quelque peu peuplés d’humains aux nébuleuses financières impalpables, vaporeuses, insaisissables.
Le marché pharmaceutique représente environ 1000 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Les cinq premiers groupes à l’échelle mondiale comportent deux américains, deux suisses et un allemand. Lors de la récente pandémie, un vaccin a été mis sur le marché en évinçant les autres plus pour des raisons politiques que médicales. Une clause aurait été signée pour dédouane le laboratoire de toute responsabilité dans le cas de la survenance d’effets indésirables. L’efficacité du vaccin s’est révélée bien au-dessous des annonces. Des attaques d’une violence extrême furent menées contre ceux qui mettaient ces faits en lumière et d’autres promoteurs de molécules susceptibles d’amoindrir les problèmes liés à la maladie.
Mais rien, ou pas grand-chose, ne fut décidée au niveau gouvernemental pour tenter de conduire à une mort sociale les déviants de la doxa vaccinale, le néofascisme n’agit pas ainsi. L’un des intéressés fut menacé de mort. Une plainte fut déposée, une enquête menée, le coupable fut trouvé. Il ne s’agissait pas d’un illuminé, ni d’un nervi d’un groupuscule d’activistes mais du chef de service infectiologie du CHU de Nantes. Ainsi, nul besoin d’engager des paramilitaires pour faire régner l’ordre dans un secteur professionnel, quelques uns de celui-ci, les plus sensibles à la vulgate du temps, se donnent pour tâche d’éliminer tous ceux qui tentent de réfléchir par eux-mêmes y compris contre la bien-pensance du moment ce qui peut aller jusqu’à remettre en question d’in-évidentes preuves scientifiques.
Pour déclencher les vagues d’insultes, les menaces, les remises en cause personnelles ou professionnelles, pouvant conduire à la mort sociale, il suffit d’activer un des mots clés contre lesquels s’est bâti le néo-fascisme.
« Quelques jour après sa mise en ligne, ma vidéo sur la théorie du grand remplacement fait l’objet d’une campagne d’insultes et d’avis négatifs sur YouTube. Plus de 3 500 « dislikes », de « pouces rouges » accompagnent les commentaires haineux »
Tout autre mention même parfaitement policée à un sujet considéré comme sensible s’accompagne des mêmes réactions.
« Depuis plusieurs semaines, tribunes et articles de presse d’une particulière virulence se multiplient , pour désigner à la vindicte populaire un seul homme, T. R. sur lequel pèse l’accusation infamante d’ antisémitisme. Une publication a été faite récemment intitulée ‘Critiques des intellectuels communautaires’ où est pourfendue le soutien exclusif de certains intellectuels français envers Israël au mépris de leur prétention à l’universalité. Cela est fâcheux car depuis longtemps le philosophe est dans la ligne de mire des personnalités dont il fustige l’alignement systématique sur les positions israéliennes. » Et les choses ne resteront pas là car des actions pour agressions sexuelles vinrent prendre le relais des diatribes.
« L’homosexualité reste un des derniers tabous de notre société dite ’libérale et avancée’. Les organes de presse évitent en général d’en parler sauf lorsqu’il s’agit de renforcer le caractère particulièrement odieux d’une agression ou d’un crime. Le journaliste soulignera alors avec effroi et délectation que l’agresseur est homosexuel. » Cette assertion peut être contestée, le gouvernement ayant financé une vaste campagne d’affichage indiquant en lettres immenses : ‘Oui, mon père est gay.’ ‘Oui, ma coloc est lesbienne.’
Les escadrons de la mort sociale ne sont pas organisés selon une hiérarchie stricte mais ils sont puissants, ils peuvent détruire en un instant une vie, une vie professionnelle, sans aucun tribunal autre que celui de la rumeur. Les persécuteurs sont animés par des rancoeurs ancestrales et ont à leur disposition les tout derniers moyens technologiques. Tous les champs leur sont accessibles : recherche, industrie,moeurs,politique, vie privée et ils s’adossent aux réseaux numériques pour satisfaire leur appétit de puissance en tablant sur le fait qu’éliminer les contradicteurs permet de faire apparaître la vraie raison, la leur.
En France, plus de 40 % des moins de 50 ans ont subi des attaques répétées sur les plates-formes sociales en ligne. Doit-on s’habituer au lynchage médiatique impuni et servant constamment les intérêts d’une même caste ?
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