Les Etats-Unis sont nos amis, mais doit-on foncer droit dans le mur comme eux ?
A l’occasion de la visite de François Hollande aux USA, la machine à propagande fonctionne tambour battant. Si vous pensiez ne plus être américain depuis le « tous américains » de Jean-Marie Colombani en 2001, la piqûre de rappel médiatique vous fera oublier rapidement vos velléités d’indépendance.
François Hollande est reçu avec les honneurs à Washington, il monte à bord d’Air Force One, l’entente cordiale entre les deux amis s’étale au grand jour. Si notre président fait de la résistance face au pape, il se déculotte avec la plus grande joie devant Obama en évitant tout sujet qui fâche.
Alors que la plupart des américains ne savent pas où se situe la France géographiquement, la Maison Blanche a réussi à convier quelques pèlerins à l’étrange allure de crétins pour assister au discours de notre François national qui n’avait aucune honte à renier tout ce qu’il avait pu dire à l’encontre des Etats-Unis par le passé, en particulier s’agissant de politique étrangère ou de finance.
Car depuis, il y a eu le Mali et la Centrafrique. François Hollande s’est converti au réalisme d’un monde où la guerre économique fait rage. De toute façon, il n’a pas eu le choix, lui qui croyait que la croissance se générait pas la simple bonne volonté nationale avant d’accéder aux plus hautes fonctions de l’Etat.
Petit aparté : hier soir, je regardais l’émission 28 minutes sur Arte que je trouve souvent très intéressante, elle varie les points de vue et permet de creuser les sujets d’actualité. Elisabeth Quin recevait un écrivain égyptien, Alaa El Aswany. Il ne soutient pas un parti mais la démocratie, il pense que l’Egypte aura permis de tester l’Islam politique et que celui-ci ne se reproduira pas ailleurs. Dans un même temps, il est en danger de mort. Bref, à l’issue de l’interview, Elisabeth Quin montre son livre et dit : « il est bourré de sexe, c’est un signe de liberté ». Pour moi, c’est un signe de révolte morale ayant pour finalité la même chose que la morale : recréer le cocon maternel.
La suite de l’émission parla de la visite de François Hollande. J’ai assisté alors à un déluge de sermons économiques, tous plus enflammés les uns que les autres. J’étais dépité. La France et ses alliés ne voient pas qu’ils se dirigent à toute allure droit dans le mur, c’est pitoyable. Au bout d’un moment, cette absence totale de réalisme m’énerve car j’en subirai aussi les conséquences si un totalitarisme émerge dans quelques années.
Il existe en effet deux types de réalismes. Celui qui consiste à intervenir militairement pour sauvegarder une avance économique se réduisant, celui qui consisterait à voir que cette avance ne pourra durer éternellement, que le gaz de schiste et un leurre temporaire, et surtout que les nouvelles technologies ne sauveront de rien du tout : alors que les machines fabriquent à la place de l’homme, les logiciels n’ont besoin que d’une main d’œuvre très limitée. Il est donc urgent de réfléchir à une organisation sociale ne dépendant pas exclusivement du travail tel qu’il est conçu aujourd’hui, une organisation moins inégalitaire.
De plus, il faut accepter le monde tel qu’il est, avec des inégalités créées par l’Occident mais se réduisant globalement. Ne pas le faire comme c’est le cas, conduira nécessairement à un totalitarisme en France. Car mener une guerre ouverte de type colonial n’est plus envisageable, elle serait moralement impossible et c’est tant mieux. La seule issue est donc un rééquilibrage synonyme de perte de richesse en France, et plus généralement en Occident. La guerre économique outrancière manifeste le déni de réalité et la volonté de puissance.
Le problème, c’est qu’aucune réflexion sur une nouvelle organisation sociale n’est à l’ordre du jour, bien au contraire. Je vois seulement des doux rêveurs à l’héritage marxiste croyant pouvoir donner à chacun un salaire universel. Cela incite le pouvoir à continuer à copier bêtement ce que nos amis étasuniens font, que ce soit bien ou mal, intelligent ou complètement débile. Le sursaut politique qu’il y avait eu pour le gaz de schiste s’évanouit lamentablement, les déclarations de Laurent Fabius à ce sujet prouvent que le revirement risque de s’opérer d’ici l’année prochaine.
Je n’ai pas de boule de cristal, mais il est évident qu’aucune révolution technologique n’est en cours, du moins pas de celles créant ex-nihilo de la croissance, ce qui ne s'est jamais vu dans l'histoire. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’une prochaine crise ne vienne balayer les faibles espoirs caressés par nos moutons aveugles de dirigeants. Alors réveillez-vous, réfléchissez par vous-même avant qu’il ne soit trop tard !
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