Les extrémistes de droite turcs - les Loups gris - sont dans la place (France / Chypre)
Le président turc Tayyip Erdogan se rendra, en compagnie de Devlet Bahceli, dans les territoires occupés le 15 novembre pour marquer l'anniversaire de la fondation du pseudo-État, affirmant qu'ils vont pique-niquer ensemble à Varosha, la ville-fantôme ouverte à la colonisation par la Turquie et le régime chypriote turc[1]. Le néo-sultan et le chef du MHP, Devlet Bahceli, le parti turc d’extrême droite, foyer des Loups gris[2], ceux qui ont provoqué l’émoi en France au début du mois quand ils ont manifesté violemment à Vienne, Décines et Lyon à la recherche d’Arméniens pour les punir, ne cachent plus depuis 2016 leur rapprochement dangereux. Ce rapprochement entre l’islam politique d’Erdogan et le nationalisme de la pire espèce de Bahceli, conduisent la Turquie dans les zones politiques les plus sombres, celles qui rappellent d’autres pays, au début du siècle dernier, qui ont provoqué des génocides et construit des camps d’extermination.
S'exprimant à Kahramanmara, en Turquie, le président turc a déclaré : « Voici maintenant, Dieu merci, des élections ont eu lieu dans le nord de Chypre. Et à la suite de ces élections, oui, un de nos frères qui aime la Turquie est devenu président, qui a accepté la Turquie. Et, premièrement, un nouveau processus commencera à Chypre. » Effectivement, Erdogan a choisi son alter ego pour le leadership de la communauté chypriote turque, Ersin Tatar, un national-islamiste d’où le terme « frère » utilisé par la président turc pour le désigner. En plus, Ersin Tatar accepte la Turquie comme dit le président turc, car il n’exprime aucune idée propre, aucune objection aux injonctions de son maître et sultan, contrairement au leader de la communauté chypriote turque, Mustafa Akinci, qui tenait tête à l’autocrate d’Ankara[3].
Erdogan a également déclaré que « le 15 du mois, nous, en tant qu'alliance de la démocratie, avec M. Bahceli et nos délégations, nous serons dans le nord de Chypre. Nous participerons aux cérémonies là-bas. Et après les cérémonies, nous aurons tous un pique-nique ensemble dans la ville fermée de Varosia ». Quelle brochette de démocrates, en effet, le monde entier les envie ; Erdogan l’islamo-fasciste et Bahceli, l’extrémiste de droite.
Il a conclu : « Et avec nos frères du nord de Chypre, nous allons promouvoir, y faire revivre avec notre présence les liens de la patrie (Turquie) avec la petite patrie (Chypre occupée). Il y a un besoin pour cela. Et cela a été retardé. »
Pour confirmer tout cela, le leader de la communauté chypriote turque, Ersin Tatar, nouvellement choisi grâce à la volonté du président turc, Recep Tayyip Erdogan, a répondu aux attentes de son mentor et maître.
En effet, le quotidien chypriote turc Güneş écrit dans ses colonnes du 9 novembre 2020 que le dirigeant chypriote turc Ersin Tatar a déclaré que la Turquie est importante pour les Chypriotes turcs, qui ont besoin de ses garanties effectives et efficaces pour protéger leur sécurité, leur « souveraineté » et leurs droits. « Mais la Turquie a aussi sérieusement besoin de la partie chypriote turque », a-t-il déclaré au quotidien turc Sözcü lorsqu'on lui a demandé comment les perspectives des Chypriotes turcs, en particulier dans le secteur de l'énergie, pourraient être transformées en opportunité.
Soulignant l'importance de la compréhension mutuelle et de la coopération entre les Chypriotes turcs et la Turquie, Tatar a ajouté : « Lorsque je m'assois à la table (de négociations) ou que je parle à des diplomates étrangers, je protège également les droits et les intérêts de la Turquie, pas seulement ceux des Chypriotes turcs. Pourquoi ? Parce que si je ne protège pas les intérêts de la Turquie, mes droits ne peuvent pas non plus être protégés. »
Invité à commenter une déclaration qu'il a faite lors de sa récente visite à Ankara selon laquelle « la fédération est un conte de fées » et quand on lui a demandé quelles seraient ses lignes rouges dans une éventuelle reprise des pourparlers pour la solution du problème chypriote, Tatar a déclaré : « J'ai dit que la fédération est un conte de fées parce que cela n’a pas été fait depuis 43 ans. Si nous entamons les pourparlers cette fois, il y aura une solution sur la table sur la base de l'égale souveraine, c'est-à-dire des deux États. Les garanties effectives et actives de la Turquie ne seront pas discutées. « Il y aura du réalisme sur les questions territoriale, des propriétés, de la citoyenneté, des relations de la Turquie avec les Chypriotes turcs ».
Lorsqu'on lui a demandé si le pique-nique annoncé par le président Erdogan à Varosha le 15 novembre aurait lieu et ce qui serait au menu, Tatar a déclaré : « C'est un message au monde. »
Et ce message n’est pas bon pour Chypre car la machine de l’annexion pure et simple de la partie occupée de l’île est en marche ; il n’est pas bon non plus pour l’Europe et pour le monde, car l’autocrate d’Ankara ne recule devant rien, surtout pas devant ceux qui se prosternent devant lui, lui passant tous ses caprices, sans ciller, sans penser au lendemain et surtout sans vergogne…
Avec de tels interlocuteurs, personne ne peut négocier, à moins qu’il n’accepte le dictat turc. Et avec la collaboration de plus en plus étroite entre les islamo-conservateurs de l’AKP et les fascistes du MHP, la Turquie prend une voie qui mène encore plus vers la dictature et l’arbitraire total, même si ces dernières années elle n’en était pas loin.
Enfin, les soubresauts de la dissolution de l’organisation des Loups gris par la France continuent à faire de remous en Turquie. Un petit extrait de la revue de presse turque de ce 9 novembre en dit long sur la question : Sous le titre « la France retourne au Moyen-Âge », le journal ultra islamo-conservateur Yenisöz consacre sa Une à « la police française qui a interpellé à l’issue d’une perquisition matinale, 4 enfants dont 3 d'origine turc âgés de 10 ans à Albertville en raison des réponses qu’ils auraient données à leur professeur concernant les caricatures insultant le prophète Mahomet ».
Le journal indique que « les actions illégales visant les musulmans continuent d’augmenter après la polémique sur la décapitation d’un professeur ayant montré des caricatures du prophète Mahomet à ses élèves. Le 5 novembre dernier, des enfants de 10 ans ont vu leurs domiciles perquisitionnés, et ont été arrêtés et auditionnés dans les commissariats pendant 11 heures, seuls la présence de leurs parents » s’indigne le journal qui précise que « c’est le professeur des élèves qui aurait alerté la police après qu’ils aient critiqué et réagi contre les caricatures du prophète Mahomet ». Le journal rapporte les informations de l’agence de presse turque Anadolu, qui a réalisé un reportage avec deux des parents d’élèves. « L'un critique le comportement des policiers à l’égard de son enfant l’ayant traité comme un terroriste », tandis qu’un autre parent d’élève s’étonne que « la police ait pris en photo, pour preuve, le saint Coran ». Selon le journal, « la police a questionné les enfants sur leurs croyances religieuses, leurs convictions politiques ainsi que leurs avis sur les présidents Emmanuel Macron et Recep Tayyip Erdoǧan ». Le journal rapporte par la suite les réactions du président de la Grande assemblée nationale de Turquie, Mustafa Şentop, qui a qualifié cette action de « banditisme » : « il y a depuis longtemps en France des événements qui inquiètent tous les musulmans du monde de l’Islam. Nous devons réagir face à cette situation dans le cadre de la justice car la situation devient incontrôlable ».
Par ailleurs, le chroniqueur Hüseyin Likoğlu (Yeni Şafak) s’interroge : « les écoles françaises illégales seront-elles également soumises au boycott » contre la France ? « Nous ignorons en effet si les caricatures qui insultent notre prophète sont montrées à nos propres enfants dans ces écoles françaises qui se trouvent illicitement sur nos territoires. Si ce qui est enseigné sur le PKK dans les écoles en France est également enseigné à nos enfants ? (…) On refuse l’accès de ces établissements aux autorités turques sous prétexte que ce serait des écoles d’ambassades ; or la scolarisation des enfants de nationalité turque dans les écoles des missions est clairement contraire à la Constitution, à la Loi sur l’Education Nationale et la loi sur les établissements d’enseignement privé. Par ailleurs, le boycott observé ces jours-ci contre les produits français couvre-t-il aussi ces écoles illégales où est-ce qu’on fait le mort ? », commente le journaliste.
Faut-il faire encore un commentaire sur ce qui précède ? Je ne le pense pas nécessaire…
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