Les filières de la honte CIC - CICR - IS - IOR - Vatican...
« La fuite de nazis et de criminels de guerre avec l'aide de la Commission pontificale et de la Croix-Rouge était d'ailleurs un secret de Polichinelle. Les services de renseignements américains savaient, le Département d'État, le CIC (N.d.A : Counter Intelligence Corps ou G2), le gouvernement suisse, le gouvernement italien et, au Vatican Carroll et Montini savaient. Ils étaient informés dès 1946-1947 du mauvais usage que l'on faisait des titres de voyages de la Croix-Rouge et des documents de la Commission pontificale. (...) En aidant des nazis, des collaborateurs et des fascistes issus de toute l'Europe, les organisations de l'Eglise poursuivaient deux objectifs : porter secours aux réfugiés catholiques et anticommunistes d'Europe centrale et de l'Est et faire croître l'électorat procatholique dans les pays d'accueil des réfugiés » (Les nazis en fuite, Gerald Steinacher aux éditions Perrin, 576 pages, 11 euros).
Le roman de Frederick Forsyth (1972), le film ODESSA et les dires de Simon Wiesenthal ont braqué les projecteurs sur l'Organisation der ehemaligen SS Angehörigen créée en 1947 qui pris la relève de l'« Aranha » (l'araignée) un réseau d'exfiltration des SS recherchés. Septembre 1943, Walter Rauff, chef du Sicherheitsdienst (service de sécurité) pour l'Italie, s'installe à l'hôtel Regina à Milan. L'officier SS rencontre souvent Mgr Aloïs Hudal, le recteur du Collegio di santa dell'Anima de Rome et chef spirituel des catholiques Allemands en Italie. En 1945, Hudal, auteur du livre « Die Grundlagen des Nationalsozialismus » (Les fondements du national-socialisme) se retrouve à la tête des comités d'assistance aux prisonniers de guerre. Rauff va étendre ses relations à d'autres prélats Franciscains, Jésuites et Croates ayant leurs entrées au Vatican. En quelques mois, il parvient à monter un réseau de relais qui sera l'embryon de la filière Brême - Bari ou der Romischeweg (la filière Romaine). La plupart des fugitifs nazis passent par le Tyrol du sud qui jouxte la frontière italienne, en empruntant les chemins de contrebande, les passeurs acheminant sans distinction autre que monétaire, les nazis et les Juifs désireux de rejoindre la Palestine.
Rauff va rencontrer au collège de San Giralamo degli illirici situé via Tomacellien, le père Krunoslav Draganovic, un Bosniaque proche des Oustachis. Le 18 mai 1941, Pie XII avait reçu Ante Pavelich en audience privée, le chef l'État oustachi croate proclamé le 10 avril, et agent (matricule 435 FMG) du SR allemand (OVRA). Le père Draganovic, représentant officiel de l'État Croate auprès du Vatican, a deux obsessions, baptiser de force les Yougoslaves orthodoxes et éliminer tous les « rouges » qui ont massacré les Yougoslaves favorables aux allemands ainsi que les catholiques. La réalité est plus prosaïque : « En l'espace d'un an, le gouvernement oustachi fit assassiner un demi-million de Serbes orthodoxes de Bosnie-herzégovine » .
La défaite allemande entraîne l'effondrement de l'État indépendant de Croatie et la fuite de milliers de criminels : « des Comités pontificaux d'assistance aux réfugiés croates, slovènes, ukrainiens et hongrois agirent de façon semblable, aidant d'anciens collaborateurs des régimes fascistes ou nazis à fuir leurs pays respectifs ». « ... afin de pouvoir émigrer, les réfugiés avaient besoin de titres de voyage internationalement reconnus et sur lesquels figuraient les visas d'immigration accordés par les pays hôtes. A cette fin, en octobre 1946, vingt et un pays signèrent l'accord de Londres sur les titres de voyage. (...) ... étant donné la masse de réfugiés et de personnes déplacées, il était difficile pour les autorités d'enquêter de façon précise sur les détenus. (...) La majorité des réfugiés étaient de facto apatrides et ne possédaient pas de documents d'identité valides. (...) En conséquence, des criminels de guerre et des collaborateurs du régime nazi parvenaient à fuir grâce à l'aide de l'OIR (Organisation Internationale des Réfugiés). (...) En septembre 1947, le pape Pie XII et le sous-secrétaire d'État aux Affaires ordinaires Giovanni Montini firent pression sur l'OIR afin d'obtenir pour les réfugiés yougoslaves, y compris les fascistes croates, un permis de résidence » (cf. in). La Yougoslavie avait réclamé au Saint-siège, le 1 février 1947, l'extradition de plusieurs criminels de guerre réfugiés au Vatican, lui rappelant au passage que : « les accords internationaux prévoient la remise des criminels de guerre à la justice, et non leur sauvetage ».
Les fugitifs passent par l'Autriche et/ou la Suisse avant de rejoindre Milan. Là, les nouveaux arrivants sont soumis de la part de prêtres, à un interrogatoire d'identité et sur leurs antécédents impossibles à vérifier... Cette étape accomplie, ils reçoivent des instructions de sécurité et un viatique. Certains sont hébergés dans des couvents et monastères de la région. Ante Pavelitch va se réfugier, déguisé en prêtre, dans les couvents de Saint-Gilgen et de Bad-Isch (Autriche) avant de rejoindre Rome, pseudonymes utilisés, Père Gomez et Pèrer Benarez. Il embarque en novembre 1948 à bord du Sestriere dans le port de Gênes à destination Buenos-Aires. Le passager " Pablo Aranjos ", un ingénieur hongrois, est porteur d'un passeport du CICR... « En 1951, la Croix-Rouge, essentiellement à Rome et à Gênes, en avait délivré au moins 120 000. (...) Comme les photographies d'identité étaient fixées avec de la colle et souvent sans aucun tampon, il était aisée de les remplacer ». Klaus Barbie, le « boucher de Lyon » hébergé par le père Weber à Rome et protégé par le CIC, a quitté l'Europe en 1951 en empruntant une filière en lien avec Caritas...
« En 1947, le CIC Counter intelligence Corps, commença à se servir des réseaux d'exfiltration nazis, les " ratlines " dans le jargon des renseignements américains. (...) Du point de vue du CIC, les SS et les agents du contre-espionnage allemand, dotés d'une expertise spéciale pour ce qui concernait l'Union soviétique et l'Europe de l'Est, pourraient servir leurs objectifs d'après guerre » (cf. in). Les historiens passent sous silence les filières destinées à l'évasion des pilotes abattus en territoire ennemi (MI-9), filières restées actives durant la guerre froide pour l'infiltration et l'exfiltration d'agents œuvrant dans les pays de l'Est. James Angleton, le représentant de l'Office of Strategic Services en poste à Rome, est en contact avec le Special Counter Intelligence. Angleton sera à l'origine de l'Office of policy Coordination, l'ancêtre de la Central Intelligence Agency.
Le pape Pie XII décède dans la nuit du 9 octobre 1958 victime d’un AVC, à l'âge de quatre-vingt-deux ans. Les jours de Krunoslav Draganovic : alias Bloody Draganovic - alias Dr Fabiano - alias Dynamo, agent de la CIA et de l'IS (MI6) sont désormais comptés. Le 25 octobre 1958, le conclave élit le cardinal Angelo Giuseppe Roncalli. Le souverain pontife âgé de soixante-dix-sept ans adopte le nom de Jean XXIII. Draganovic est prié de quitter sa paroisse de San Girolamo. Le nouveau pape a pris la décision de normaliser les relations entre le Vatican et Belgrade.
Des organisations croates dissimulent sous couvert de « sociétés culturelles » en Europe, les activistes oustachis qui reçoivent armes, explosifs et fonds d'Allemagne ! Une station de radio diffusion installée à Madrid émet trois heures d'émissions quotidiennes à destination des réfugiés croates. L'association Croates unis de France compte seize sections à travers tout le pays. Le 26 novembre 1966, deux bombes explosent dans un local de l'ambassade yougoslave à Paris. Le 1 juillet 1967, trois Croates membres de la section niçoise sont interpellés à la frontière italienne en provenance de Yougoslavie, les douaniers découvrent dans leurs bagages des armes, des explosifs et des instructions... Un nouvel attentat survient le 18 février 68 à Paris, aucune enquête n'aboutira à la découverte des auteurs...
On retrouvera la trace du père Draganovic en Yougoslavie en 1967... A sa mort en juillet 1983, disparaît l'espoir de mettre la main sur le trésor de guerre des Oustachis, huit cents millions de dollars, fruits des pillages et des spoliations. Un rapport du département du Trésor américain (1998) affirme qu’une : « partie du trésor a été détournée sur vingt-deux comptes dans quatre banques suisses. L’opération a été menée par l’évêque slovène Gregory Rozman. À la fin de la guerre, le gouvernement yougoslave de Tito demandera à plusieurs reprises l’extradition de Gregory Rozman, mais la résistance de la Grande-Bretagne, des États-Unis et bien sûr du Vatican rendra son procès impossible. Pour ces trois puissances, la remise d’un haut dignitaire de l’Église catholique à un gouvernement communiste est impensable » (Cf.in les nazis en fuite).
L'affaire Walter Rauff resurgit en 2007 avec l'article « Au service de l'État juif ». Le quotidien Haaretz révèle qu'Israël a recruté puis protégé Walter Rauff en 1948-49 ! Arrêté par des troupes américaines en avril 1945, il est parvenu à s'enfuir du camp en 1947. En novembre 1948, Rauff embarquait clandestinement pour la Syrie, bientôt rejoint par sa femme et ses enfants, pour occuper le poste de conseiller du chef d’état-major de l’armée syrienne, le général Hosni Zaïm (Alois Brunner, condamné par contumace pour crimes contre l’humanité par la France, est mort à Damas en 2010). Ce dernier ne va rester président que quelques mois. Après la défaite de la ligue Arabe (1949), Rauff quitte Damas pour Rome, via Beyrouth. Au mois de novembre 1949 il séjourne à la Pensione Telentino sous le nom de Walter Ralf. L'ancien SS fut signalé à deux fonctionnaires du ministère israélien des Affaires étrangères (ancêtre du MOSSAD). En échange d'informations sur le dispositif militaire syrien, W. Rauff reçoit l'assurance d'une assistance pour rejoindre l'Amérique Latine. Le 17 décembre 1949, la famille Rauff s’embarquait pour Quito (Équateur)... On ignore, qui, des Israéliens ou des Britanniques lui a remis les documents de voyage ? Selon les dossiers de la CIA, Rauff a remis le plan de réorganisation des services de renseignement syriens et ceux de la police politique aux Britanniques.
Ben-Natan livre un récit différent. Le commandant SS Walter Rauff fut un des responsables de l'opération Bernhard (fausses livres sterling destinées à ruiner l'économie britannique) dans laquelle Freier, l'officier traitant de W.R, aurait été impliqué. À la fin de la guerre, Jacques Van Harten aurait offert de grandes quantités de faux billets à des soldats juifs stationnés en Italie du Nord en échange d'une protection, fausse monnaie qui aurait financé les filières clandestines d'immigration (Aliyah Bet) et d'achat d'armes de la Haganah ! On retrouvera un certain Van Harten, bijoutier en Palestine...
Après la nationalisation du Canal de Suez en 1956, Nasser va accueillir de nombreux criminels de guerre nazis, parmi ceux-ci, l'ancien SS Gerhard Mertins représentant de Mercedes au Caire… En 1978, le Premier ministre israélien Menachem Begin, charge le Mossad d'enlever les criminels de guerre nazis ou de les éliminer. Walter Rauff figure sur la liste. La tentative d'assassinat (mars 1980) est un échec : « Ils étaient sur le point de le tuer, c'était pratiquement à notre portée. (...) Mais avec tout le désir de mener à bien la mission, cela n'a pas été accompli ». Rauff décéde en mai 1984 d’un cancer du poumon à l'âge de 77 ans.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
17 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON